Se basant sur des informations précises issues de signalements reçus, le ministre camerounais des Finances (Minfi), Louis Paul Motaze, « constate avec une préoccupation croissante que l’activité de change clandestin gagne de l’ampleur dans les principales métropoles, notamment à Yaoundé et Douala ».

En sus de ce constat, le Minfi est formel dans son communiqué signé depuis 4 avril 2025 (et repris le 12 mai 2025 par le quotidien Cameroon Tribune) : « cette pratique illégale est menée par des individus qui envahissent les espaces publics et proposent des services de change aux usagers, en dehors de tout cadre réglementaire ; elle porte préjudice non seulement aux structures agréées, mais aussi au climat des affaires et à l’image de marque de notre pays ».Traduction Ceux qui exercent cette activité proposent à leurs clients des taux de change plus attractifs que ceux affichés sur les panneaux des points officiels. Ils sont dans la rue, aux abords des aéroports ou encore des hôtels, ne sont ni autorisés, ni outillés. Et pourtant, à en croire le Minfi, les transactions ayant cours dans des espaces qui échappent à tout contrôle légal sont relèvent de la clandestinité. Bien plus, il incombe uniquement aux acteurs agrées de mener les activités de change au Cameroun. «Le change clandestin baisse l’activité de change formel et, en réduisant le régime des opérations de ce côté, il réduit le développement de l’activité de change de manière générale. Il y a également un impact sur la fiscalité que l’Etat est en mesure de collecter dans ce secteur. De manière insidieuse aussi, la clandestinité réduit de manière considérable le nombre d’emplois qui aurait pu être enregistrés dans ce secteur si cette concurrence déloyale n’avait pas cours », explique un responsable à la direction de la coopération financière et monétaire (DCFM) au Minfi. Pour cela, rappelle Louis Paul Motaze, les dispositions visant à lutter contre ce fléau sont inscrits dans Le Règlement N° 02/18/CEMAC/UMAC/CM du 21 décembre 2018. Ce texte qui porte réglementation des changes dans les Etats membres de la CEMAC, interdit formellement l’exercice de cette activité sans agrément. Conformément à l’article 166, l’exercice d’une activité de change sans agrément expose à une amende de 5 millions FCFA assortie de la cession immédiate des devises à la Banque centrale.
Rémy Biniou