Après l’avoir niée, la Cameroon Telecommunications (Camtel) reconnait implicitement sa responsabilité dans la panne d’internet survenue au Cameroun au courant d’un jour présenté comme celui du président de la République.
C’est comme qui dirait, le ver est dans le fruit. Et à la Camtel, cela se murmurait depuis fort longtemps. A l’occasion de la Journée internationale du travail célébrée le 1er mai dernier, la directrice générale de la Cametl, Judith Yah Sunday Achidi est passée à la dénonciation ouverte. Selon elle, il y a au sein de l’entreprise des personnels qui investissent temps et énergie pour poser des actes de sabotage sur le réseau de fibre optique du Cameroun. Pour la dirigeante de Camtel, ces personnels sont animés par une très grande soif de détruire cette infrastructure stratégique pour le pays. Ces sabotages ont des conséquences graves : perturbation des services numériques dans les écoles, les entreprises et les administrations, affectant ainsi l’économie numérique nationale. « Quand un agent de Camtel détourne, revend ou pille les biens de l’entreprise – qu’il s’agisse de câbles, de batteries, de terminaux ou de cartes SIM – ce n’est pas un acte sans conséquence. C’est l’outil de production qui est fragilisé, c’est l’infrastructure commune qui est vidée de sa substance », a déclaré Judith Yah Sunday Achidi. Face à cette situation, Camtel a annoncé le renforcement des contrôles internes, la mise en place de sanctions pour les actes de déloyauté et l’engagement des communautés locales dans la surveillance des infrastructures.
Reste qu’en filigrane, le propos de la patronne de Camtel rappelle la date du 13 février 2025. Dédié à la célébration du 92e anniversaire du président Paul Biya, ce jour avait connu une panne d’internet de grande envergure. En haut-lieu, des jours durant, l’incident n’en finissait pas de faire grand bruit. Dans sa recherche des causes de cette infortune, l’Agence de régulation des télécommunications (ART) avait constaté « une panne sur les câbles sous-marins à fibre optique gérée par Camtel ». Comme réplique, l’entreprise publique, gestionnaire de l’infrastructure à fibre optique au Cameroun avait publié un communiqué. Dans le document, elle accusait un opérateur de téléphonie mobile de saboter sa réputation.
Depuis septembre 2024, Camtel a recensé plus de 1 000 incidents de sabotage sur ses installations, avec une augmentation de plus de 40 % des coupures de fibre optique par rapport à l’année précédente. Ces actes de vandalisme, souvent attribués à des tentatives de discréditer l’entreprise, ont également été dénoncés par d’autres opérateurs comme Orange Cameroun, qui a signalé 15 coupures majeures en février 2025, affectant des régions clés du pays.
Jean-René Meva’a Amougou
