Home Uncategorized Abdoulaye Cissoko : des rêves d’Europe qui butent au Cameroun

Abdoulaye Cissoko : des rêves d’Europe qui butent au Cameroun

66
0
Abdoulaye Cissoko devant son domicile.

Parti du Sénégal avec l’objectif de s’expatrier en Allemagne, le septuagénaire trouve son oasis au pays de Paul Biya.

39 ans. C’est le temps passé par Abdoulaye Cissoko au Cameroun. Le Sénégalo-malien ne compte pourtant plus le temps. Tout comme dans son imaginaire, il n’y a plus de place pour un retour au pays natal, alors il occupe son temps libre à socialiser avec des personnes de son voisinage. « J’arrive au Cameroun le 20 mai 1986. J’étais de passage, je ne voulais pas m’installer au Cameroun. Je voulais travailler un peu avant de continuer mon chemin. Mais, c’est ici au Cameroun que j’ai fait ma vie. Je n’ai rien au Sénégal. Néanmoins je reste en connexion avec mon pays natal au travers des nouvelles que me donnent les membres de la famille au téléphone », admet-il sans une once de regret. L’histoire de Abdoulaye Cissoko est relative à une quête de soi fructueuse. En amont de celle-ci, un enfant abandonné par des parents et confié à des membres de famille. L’enfant décide un jour de l’année 1975 de prendre sa vie en main, à tout juste 17 ans. Cette prise en main commence à Bamako au Mali et se poursuit en Côte d’Ivoire où l’adolescent se rend pour retrouver sa maman. « Quand je suis arrivé là-bas, j’ai vu ma mère. Je n’avais plus beaucoup d’argent, j’ai donc commencé le commerce pour me débrouiller. Je vendais des boucles et des chaines en marchant partout dans la ville de Bouake. J’ai fait ça pendant un an. J’ai pu acheter le billet d’avion pour aller au Congo Brazzaville en 1977. J’y suis resté. Je vendais dans la boutique d’un ami de mon père. En 1978, on a refoulé les Sénégalais et Maliens », relate-t-il.

Résilience
Avec cet épisode, c’est le retour au point de départ pour Abdoulaye Cissoko. Le jeune homme se retrouve nouveau chez des proches parents au Sénégal. Sans le moindre sou, sans issue, mais avec une détermination débordante. Avec l’aide d’un oncle bienfaiteur, il s’oriente vers l’apprentissage de la conduite automobile. Il trouve son premier emploi au sein de l’auto – école qui le forme. Il réussit à faire des épargnes suffisantes pour reprendre son aventure en quête de son destin. « Je prends encore le même trajet. Je me retrouve à Bouake en Côte d’Ivoire, je n’arrive plus au Congo. Un ami m’a dit : allons au Gabon et me voici toujours sur la route du Gabon ».

Installation et vie paisible
L’intégration de Abdoulaye Cissoko au Cameroun certainement fait partie de ces histoires qui sortent quelque peu du commun. En deux jours, l’homme obtient un emploi qu’il exercera jusqu’à sa retraite. « Je suis arrivé juste avec juste l’adresse d’un frère, Gole Doukouri. Je ne l’ai pas trouvé, il était allé se faire opérer en France. On m’a emmené là où il hébergeait ses étrangers ici à Yaoundé. Une chambre et un salon, il y avait plus de cinquante personnes. Je n’ai pas dormi de la nuit. Le matin je suis parti sans dire au revoir à quelqu’un ; je suis arrivée à Rond-Point Nlonkak. Vers Nkol Eton, je vois un grand chantier et je me dis que je vais me reposer un peu à cet endroit-là. Couché là, j’entends des gens parler ma langue, moi je suis Salakouné. Ils étaient tous des Salakouné. Le chef magasinier m’a emmené me reposer, je me suis lavé et j’ai mangé au restaurant. Je lui ai demandé si je peux me débrouiller dans le chantier avec eux, il m’a demandé si je n’ai pas un métier ; je lui ai dit ; alors, il m’amène chez son patron à Essos et me présente en tant que chauffeur de camion. Son patron lui demande d’aller avec moi à Douala afin que je voie l’état de la route. Nous y sommes allés, on charge le camion. A la sortie de la ville, j’ai demandé à ce frère de me donner le volant et nous sommes arrivés à Yaoundé ». Depuis son recrutement, Abdoulaye Cissoko poursuit une carrière paisible. Laquelle lui permet d’acquérir des biens immobiliers au quartier Nkolmesseng, dans le 5e arrondissement de la ville de Yaoundé, ainsi que dans la localité d’Obala; et d’assurer l’éducation de ses neuf enfants nés à la suite de liens maritaux avec deux Camerounaises.


Louise Nsana

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here