Dans une note de service signée le 28 avril dernier, le commissaire Narcisse Magloire Fotso Makok (chef par intérim du centre régional de traitement des titres identitaires de Yaoundé) signale à ses collaborateurs que quelques fraudeurs, étrangers pour la plupart, ont déjà été interpelés et sont en exploitation à la police judiciaire.

«Mon attention a été attirée par le nombre croissant des étrangers, en particulier ceux de nationalité nigériane, qui tentent d’obtenir un passeport ordinaire camerounais, sur présentation de la nouvelle carte nationale d’identité (CNI) ». L’alerte du commissaire Narcisse Magloire Fotso Makok (chef par intérim du centre régional de traitement des titres identitaires de Yaoundé) est d’autant plus pertinente qu’elle se situe en amont d’un point d’irréversibilité. Dans une note de service qu’il a signée le 28 avril dernier, le flic signale à ses collaborateurs que quelques fraudeurs ont déjà été interpelés et sont en exploitation à la police judiciaire.
Orientations
Comment connaître, comprendre et déjouer cette délinquance qui se développe quelques mois seulement après le lancement de la production des CNI informatisées en 48 heures, et comment combattre son préjudice sur la nationalité camerounaise, le commissaire Narcisse Magloire Fotso Makok souligne que la vérification pointilleuse des documents est essentielle pour s’assurer qu’ils sont authentiques et que leur titulaire est légitime. Pour aider les autres unités d’identification disséminées dans la région du Centre (et dans d’autres régions) à relever ce défi, les orientations qu’impulse le chef par intérim du centre régional de traitement des titres identitaires de Yaoundé, convoquent des exigences d’identification beaucoup plus élevées et une surveillance sévère. Lors des opérations d’enrôlement physique des usagers, les fonctionnaires de police devront désormais contrôler systématiquement l’authenticité des documents relatifs à la nationalité camerounaise (actes de naissance et certificats de nationalité). Les chefs de centres d’enrôlement devront également interroger les usagers en cas de doute sur la personne physique afin de confirmer leurs identités. Ils devront par ailleurs rejeter systématiquement les demandes des usagers âgés de plus de 30 ans, sollicitant leur toute première CNI, sans justificatifs convaincants. En ce qui concerne les compatriotes de la diaspora, il leur est exigé la présentation du passeport ordinaire ou du laisser-passer muni des cachets et visas, de la carte de séjour ou de résidence du pays de provenance.
En partant de cette actualité…
Il n’est pas inutile de relever qu’au Cameroun, la fraude identitaire résiste et pose toujours son lot de questions sur la fiabilité des données d’état-civil et les risques de manipulation de celles-ci. C’est que, malgré les dispositifs intelligents mis en place par les autorités publiques, le processus d’identification reste sujet aux attaques des criminels. « Très souvent, explique Maître Alphonse Tsoungui, la défaillance des services de l’état-civil à travers les dix régions du pays qui est mise en cause. Le contrôle insuffisant desdits services au Cameroun a pour corollaire, entre autres, le développement de ce qu’on appelle généralement la fraude documentaire qui affecte les actes de naissance, les actes de mariage et les actes de décès. Il est difficile d’indiquer, chiffres à l’appui, l’ampleur du phénomène, mais on sait qu’à côté des documents authentiques dressés conformément à la loi, circulent d’autres qui ne sont que le fruit de l’imagination sans limite de certains usagers malhonnêtes. Les anecdotes, fondées sur des faits réels, sont légion à ce sujet. C’est ainsi qu’il n’est pas rare de rencontrer des individus possédant plusieurs actes de naissance, l’objectif étant généralement de rajeunir de plusieurs années pour pouvoir se présenter à un concours administratif ou intégrer une équipe de football où il y a des exigences liées à la limite d’âge ».
Bobo Ousmanou