Celle-ci met en exergue un renchérissement des enchères autour de l’accompagnement de ces supers puissances au pays d’Afrique centrale.
La République démocratique du Congo (RDC) n’en finit pas avec des galères. Le gouvernement de Felix Tshisekedi a à peine remporté ses premières victoires sur la scène diplomatique contre le Rwanda et le Mouvement du 23 mars (M23); qu’il doit déjà payer le prix du soutien accordé par les Etats-Unis et le bloc européen. Cela s’est traduit le 8 avril 2025 par le rapatriement de trois détenus de nationalité américaine condamnés à mort en RDC pour leur rôle majeur dans la tentative de coup d’Etat du 19 mai 2024. Les nommés Marcel Malanga Malu, Taylor Christa Thompson et Zalman Polun Benjamin Reben ne connaitront cependant pas la peine capitale dans leur pays. Celle-ci a mué en servitude pénale à perpétuité. «Cette décision s’inscrit dans une dynamique de renforcement de la diplomatie judiciaire et de la coopération internationale en matière de justice et de droits humains entre les deux pays», renseigne la présidence Congolaise dans une note d’information.
Liberté contre sécurité
L’affaire aurait simplement été prise comme telle si la libération d’un précédent détenu n’avait mis la puce à l’oreille au sujet de pressions diplomatiques sur Kinshasa ; Car s’en souvient-on après la condamnation de Jean Jacques Wondo – présenté comme l’un des cerveaux du coup d’Etat manqué – Bruxelle a procédé au rappel de son ambassadeur et les relations entre les deux pays n’ont alors cessé de se dégrader. Le 4 février, Jean-Jacques Wondo, pour le nommer est remis en liberté et rapatrié en Belgique. Tout est désormais au beau fixe. Bruxelle continue de jouer un rôle important dans le front dressé par l’Union européenne contre le Rwanda dans le cadre du conflit à l’Est de la RDC. Le bloc a pris depuis le début de l’année diverses actions contre le régime de Paul Kagame. Notamment : la suspension de l’accord commercial sur les minerais critiques avec le Rwanda, des sanctions contre plusieurs chefs militaires rwandais et dirigeants du groupe rebelle M23, ainsi que la suspension de ses consultations en matière de défense avec le Rwanda.
Matière premières en gage
Les matières premières sont au centre du conflit à l’Est de la RDC. Kinshasa doit pourtant procéder à leur bradage pour solutionner le conflit. Illustration en a été donnée dans la capitale congolaise le 3 avril 2025, à l’occasion de la visite du conseiller principal Afrique du président américain, Massad Boulos . Lequel s’y trouvait dans l’optique de fixer le prix de l’aide américaine suivant le modèle deal minier contre appui sécuritaire. «Vous avez entendu parler d’un accord sur les minéraux. Nous avons pris connaissance de la proposition de la RDC et je suis heureux d’annoncer que le président et moi avons convenu d’une voie à suivre pour son élaboration. Je me réjouis de collaborer avec le président Félix Tshisekedi et son équipe pour rétablir une relation plus profonde qui profite au peuple congolais et au peuple américain, et pour stimuler des investissements du secteur privé américain en RDC, notamment dans le secteur minier», déclarait-il ce même jour au sortir de l’audience au Palais de la nation. Mettant ainsi en lumière l’importance accordée au Congo (principale réserve minière au monde) dans un contexte marqué par le désintérêt du président Donald Trump pour l’Afrique.
Louise Nsana
