Home PANORAMA Veillée d’armes pré-électorale : par son « silence » et sa « parole », le Grand-Nord...

Veillée d’armes pré-électorale : par son « silence » et sa « parole », le Grand-Nord épuise

41
0
Quelques jeunes militants d’un parti après une réunion à Maroua.

Scrutées avant et pendant la campagne électorale, disséquées le soir des résultats, les régions de l’Adamaoua, du Nord et
de l’Extrême-Nord sont également des baromètres de l’animation politique au Cameroun.

Quelques jeunes militants d’un parti après une réunion à Maroua.

D’aucuns y voient un mauvais présage. Parvenu au quatrième mois de l’année électorale qui suit son cours, le Grand-Nord politique n’est toujours pas animé. « « L’Union Nationale pour la Démocratie et le Progrès (UNDP) et le Mouvement Démocratique pour la Défense de la république (MDR) qui faisaient office de partis politiques les plus en vogue ces dernières décennies ici sont presqu’absents des débats. Ils ne sont plus coutumiers de l’occupation du champ politique en période non électorale. Personne pour faire véritablement bouger les lignes, hormis quelques sorties résiduelles du Front National pour le Salut du Cameroun (FNSC) d’Issa Tchiroma (actuel ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle) et de Salmana Amadou Ali, son député dans le Diamaré. On dirait que ce grand bloc politique peine à se réinventer», constate une ancienne parlementaire.  Ces dernières semaines, en référence à la sortie médiatique d’Hamadou Babba Abdouraman qui a appelé à fédérer tous les partisans du changement pour libérer le Cameroun lors de l’élection présidentielle d’octobre prochain, quelques esprits ont même fantasmé sur l’irruption d’outsiders locaux, capables de bousculer les rapports de force. C’est ce qui se fait constater avec le Mouvement Patriotique du Salut Camerounais (MPSC) d’Aboubakar Sidiki. Après avoir pris ses marques lors de la célébration de la fête de la jeunesse le 11 février dernier, le MPSC occupe tout doucement les espaces électoraux. « Nous proposons une nouvelle offre politique aux populations désabusées du Grand-Nord. Les partis classiques que sont l’UNDP et ses extensions, le FNSC et l’ANDP, ont déçu les attentes mises en eux. Nous allons redonner l’espoir aux jeunes qui croient en nous », soutient Hamadou Bello, militant MPSC de Maroua 1er. 


Entre temps…
D’autres nuancent, pointant l’absence des fils du Grand-Nord apparentés à l’opposition classique. Habituels animateurs de la scène politique locale, ils font encore l’économie de leurs stratégies politiques. D’avis d’expert, Messimgtan Diallo, politologue à l’université de Maroua pense qu’« il n’est pas possible que les leaders de l’opposition puisse se projeter actuellement sur le terrain. Ils ne sont même pas encore situés quant à leurs véritables statuts. A la vue des dissensions internes, beaucoup d’entre eux ne savent même pas encore s’ils pourraient prendre part aux compétitions électorales prochaines. Les situations que traversent le MRC, le MDR et le PCRN font école. Ce méli-mélo participe de la stratégie du pouvoir à maintenir l’opposition dans un état de latence permanente. Le mutisme de l’opposition politique sur le terrain politique du Nord-Cameroun est donc compréhensible ».


« Sortilèges »
Les dernières nominations au sein du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), le parti au pouvoir, sont des marques d’un début d’accaparement des espaces politique par cette organisation partisane. Selon une certaine lecture, cet exercice a une vertu : tester l’opinion publique locale par le truchement de strapontins au comité central du parti de Paul Biya et des paroles bienveillantes face aux problèmes des populations. Seulement, dégainent certains élus locaux, cette mise en scène a fini par sonner faux ; tant et si bien que lors de sa visite dans la région de l’Extrême-Nord, Ferdinand Ngoh Ngoh, le ministre d’Etat, secrétaire général de la présidence de la République, a été contraint de scénariser la spontanéité et programmer l’imprévu.


Dans un contexte où les appels à la candidature de Paul Biya tendent à s’imposer comme le tube de cette année électorale, le RDPC est là pour tenter de déboulonner le mutisme ambiant dans l’espace public du Grand-Nord. Cela implique d’établir une stratégie spécifique. Alors, de façon silencieuse, on procède au recrutement de l’électorat et à l’éducation des militants. On les incite de plus en plus à s’inscrire sur les listes électorales, malgré la difficulté réelle à défendre un bilan à la vue de la situation économique des régions septentrionales. Dans un communiqué qui circule dans les réseaux, les pontes du régime annoncent l’organisation d’un meeting de soutien à la candidature et à la victoire de Paul Biya à l’élection présidentielle de 2025. Une opération visant à rassembler 100 000 jeunes issus des 47 communes de l’Extrême-Nord est prévue pour le samedi 10 mai 2025 à 10 heures à la place des fêtes de Maroua.


Mais il est évident que les ségrégations sociales dans le Grand-Nord impactent considérablement sur les attitudes politiques des potentiels électeurs. Certains d’entre eux, issus des milieux confessionnels animistes estiment que « cette nouvelle offre s’inscrit indubitablement dans la dynamique d’une passe de relais entre anciens et nouveaux leaders politiques islamo-peuls. Les nouveaux acteurs estiment que leurs ainés ont déçu et souhaitent par le biais, des scrutins à venir, reprendre le flambeau de la conquête du pouvoir. Mais nous allons leur opposer un contrepoids conséquent », soutien Abba Fils, délégué du MRC à Badankali, un village situé dans la vallée de la Bénoué. 

TOM

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here