Home INTÉGRATION CONTINENTALE En quête de croissance…: la Cemac à faille que vaille

En quête de croissance…: la Cemac à faille que vaille

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La Beac, pointée du doigt.

Du 24 mars au 5 avril 2025, l’actualité économique sous régionale a été marquée par des décisions importantes. Entre la mise en circulation de nouvelles pièces de monnaie, les prévisions optimistes de la BEAC, la situation financière sous régionale et la prochaine élection au Gabon, cette période illustre les dynamiques internes d’une communauté en mutation.

Siège de la Beac à Yaoundé.

1-De nouvelles pièces avec un objectif opérationnel précis
Le 2 avril 2025, la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) a déployé une nouvelle gamme de pièces dans les six pays membres de la CEMAC. L’objectif affiché est double : répondre à la pénurie chronique de pièces dans les transactions quotidiennes, et renforcer l’identité communautaire à travers une iconographie représentative. Les nouvelles dénominations vont de 1 à 500 FCFA, avec notamment l’introduction d’une pièce de 200 FCFA. Les motifs célèbrent l’intégration régionale, l’éducation, la santé, ou encore l’autonomisation des femmes. Cette mesure s’inscrit dans le cadre d’une réforme plus large de la circulation fiduciaire. «Ce qui est mis en œuvre ici rentre dans le cadre des mesures en faveur de la croissance», glisse Yves-Blondeau Mbassa, expert camerounais des questions monétaires. Pour lui, l’atonie de l’activité économique due à la pénurie des pièces de monnaie a fortement créé un creux dans l’économie informelle de la Cemac. « Alors, l’objectif opérationnel de la mise en circulation de ces nouvelles pièces est d’anticiper sur les incertitudes entourant la reprise. C’est pourquoi, prévenante, la BEAC ambitionne d’injecter 500 millions FCFA, en pièces chaque année, avec un objectif de 3 milliards FCFA d’ici à 2030 », explique Yves-Blondeau Mbassa.  


Politique monétaire : une détente prudente face à l’inflation
Lors de la session du 24 mars 2025 à Malabo, le Comité de politique monétaire (CPM) de la BEAC a prévu une inflation moyenne de 2,9 % pour l’année 2025, contre des taux supérieurs à 3 % observés depuis 2022. Cette baisse marque une stabilisation économique attribuée aux politiques de substitution aux importations et à la rigueur monétaire. En réaction, la Beac a abaissé son taux directeur principal à 4,5 %, amorçant un cycle de détente monétaire pour la première fois depuis trois ans. Cette décision vise à encourager les banques à accorder davantage de crédits aux entreprises et aux ménages, dans un contexte de relance post-crise.


Au regard de tout cet ensemble, une analyse parue le 25 mars dernier sur le site internet de Economist Intelligence voit plus loin : « Nous prévoyons que la BEAC réduira son principal taux directeur de 50 points de base supplémentaires d’ici la fin de l’année 2025, pour le ramener à 4 % d’ici la fin de l’année. Nous prévoyons également que la BCE procédera à des baisses de taux plus importantes que celles de la Beac (de 125 points de base cumulés en 2025, contre 100 points de base), creusant ainsi l’écart de taux d’intérêt par rapport aux niveaux de 2024 (plus proche de la moyenne historique) et renforçant les réserves de change de la Beac.  Cela améliorera les conditions de liquidité régionales et soutiendra l’activité économique», écrit le magazine britannique. 


Des réserves de change sous surveillance pour éviter la dévaluation
Encore Economist Intelligence. «La BEAC accorde la priorité au maintien de l’ancrage du franc CFA à l’euro, et ses politiques sont largement guidées par la disponibilité et l’évolution des réserves de change, ainsi que par la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) ». Le journal prévoit par ailleurs que « la BEAC maintiendra son principal taux directeur à 5 % tout au long de 2024, malgré une inflation toujours élevée, tout en continuant de privilégier l’activité économique. L’assouplissement monétaire attendu de la BCE en 2024 creusera l’écart de taux d’intérêt, contribuant ainsi à soutenir les réserves de change de la Beac ». En clair, souligne Vincent Awoumou, « compte-tenu des objectifs que la Beac poursuit et des actions qu’elle compte mettre en œuvre pour les atteindre, il apparaît qu’à travers ses nouveaux taux directeurs, elle s’applique également à la gestion des moyens de paiement et à la stabilité financière ». Plus concrètement énoncé :  en 2024, le solde courant de la Cemac est resté positif à 6,8 % du PIB, malgré une baisse par rapport à 7,9 % en 2023. Ce maintien repose en grande partie sur les performances du Gabon et du Tchad, principaux contributeurs aux réserves de change. La BEAC a également annoncé un renforcement prévu de ces réserves à hauteur de 7 600 milliards FCFA, soit environ 4,8 mois d’importations, grâce au rapatriement de fonds à l’étranger. « Ces efforts sont cruciaux pour maintenir la stabilité du franc CFA, alors que la zone demeure exposée aux fluctuations des cours des matières premières. Avec la fin programmée de certains programmes du FMI (Congo en avril, Cameroun en juillet), les pays de la CEMAC s’orientent vers un recours accru aux financements domestiques. Cette dépendance, bien que nécessaire, met sous pression la liquidité bancaire dans la zone. Le FMI et la Banque mondiale incitent la région à négocier de nouveaux accords de financement et à accélérer les réformes structurelles pour assurer une diversification économique effective», traduit Vincent Awoumou.

Jean-René Meva’a Amougou

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