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Journal Intégration

Catégorie : LIBRE-PROPOS

  • Cameroun: le parcours de Baba Simon comme réponse critique à une lecture ethnique du fait social

    Cameroun: le parcours de Baba Simon comme réponse critique à une lecture ethnique du fait social

    Mouafo Djontu

    L’action de Baba Simon nous servira de trame critique de cette obsession paresseuse, voire handicapante, à lire l’action sociale et même politique sous le prisme identitaire ou même ethnique. 

    L’ancien leader estudiantin est aujourd’hui chercheur en sociologie des conflits. Celui qui se présente comme un errant porté par la pensée de l’exode, a séjourné dans la région de l’Extrême-nord pour diverses recherches dans le secteur de l’éducation. Il y a découvert l’œuvre du père Simon Mpéké. Ce prêtre catholique originaire d’Edéa dans le Littoral, a réussi à se sentir «chez lui» «chez les kirdis» et à participer à leur émancipation. Son parcours va inspirer la réflexion autour du vivre ensemble que l’ancien président de l’Association de défense des droits des étudiants du Cameroun (Addec) va mener à travers une série qui s’ouvre par cette communication introductive.

    «Aujourd’hui, plusieurs fils et filles de cette localité [Tokombéré] occupent des postes stratégiques dans le gouvernement camerounais, grâce au travail titanesque abattu il y a des dizaines d’années, par Baba Simon. D’ailleurs, c’est le village du président de l’Assemblée nationale, Cavaye Yeguié Djibril», (Cameroon tribune, n°10641, 30 juillet 2014, p. 16)1. Les propos de l’actuel président de l’Assemblée nationale du Cameroun rendent compte de l’action d’un homme dans le secteur de l’éducation dans la localité de Tokombéré située dans la région de l’Extrême-nord.

    Le succès de l’action de Baba Simon de son vrai nom Mpéké Simon, dans cette localité est riche d’enseignements tant elle renseigne entre autres sur le refus de ce dernier à se laisser enfermer ou piéger par les frontières internes d’un pays, sa capacité à s’approprier les lieux quels qu’ils soient… L’action de Baba Simon nous servira de trame critique de cette obsession paresseuse, voire handicapante, à lire l’action sociale et même politique sous le prisme identitaire ou même ethnique. En d’autres termes, en quoi l’action de Baba Simon participe-t-elle à affirmer notre droit à la circulation pour faire société ou pour créer le commun au Cameroun ?

    Dépasser l’autochtonie
    Proclamer son droit à la circulation en allant vers d’autres personnes et d’autres lieux nous donne à penser aux idées de relation, d’ouverture ou encore de rencontre avec l’autre. Circuler dans un espace tranche avec toute forme de sacralité du lieu de naissance d’un individu. Le lieu ici est une forme d’opportunité qui prédispose l’individu à s’ouvrir aux autres et au monde. Ce lieu ne s’appréhende pas comme la chose d’un groupe. Mais il apparait comme une fenêtre pouvant faire évoluer la conception que l’on se fait du bien fondé du rapprochement avec l’autre comme mode de réinvention d’une façon de faire. Une réinvention chargée d’ingrédients qui participent à donner un certain sens à la relation et qui permet, par extension, aux uns et autres de se connaitre. Cette réinvention exige, par ailleurs, la mobilité et le refus de se considérer comme l’unique centre d’un lieu.

    Baba Simon, en affirmant son droit à la circulation au Cameroun, s’est donc refusé de promouvoir son lieu de naissance comme un centre qui regarde les autres lieux comme des périphéries. Par la trajectoire et l’action de Baba Simon dans la région de l’Extrême-nord, on pourrait interroger la pertinence de ces catégories floues et ambiguës comme celles d’«autochtones» et d’«allochtones» qui figurent dans la Constitution du Cameroun. En observant la mobilité de Baba Simon, ce dernier ne s’est pas encombré de savoir s’il était autochtone ou allochtone. Ce qui le préoccupait c’était la rencontre avec ces semblables en humanité tout en mettant en évidence le fait que l’ouverture participe à créer du commun suivant cette maxime d’Edouard Glissant, «changer en échangeant».

    Au regard de ce que l’on observe aujourd’hui dans l’espace public au Cameroun où la question ethnique est largement usitée, investir la trajectoire de Baba Simon avec l’affirmation du droit à la circulation interroge sur la capacité que nous avons à créer du commun. En effet, la trajectoire de Baba Simon fondé sur son droit à circuler au Cameroun donne à voir que sa préoccupation première n’était pas d’aller vers des personnes venant de son lieu de naissance et encore moins de s’ériger en défenseur absolu de ce lieu ou de la communauté ethnique à laquelle on pourrait être tenté de l’assigner.

    Dans la localité de Tokombéré où il a été, son investissement dans le secteur de l’éducation est resté gravé dans les mémoires. Un de ses anciens élèves, Jean-Baptiste Baskouda lui a d’ailleurs consacré un livre dont le titre est fort évocateur, «Baba Simon, le père des Kirdis», publié aux éditions Cerf en 1988. Si on s’arrête sur le titre de ce livre, on pourrait bien se demander si Jean-Baptiste Baskouda ne fait pas de Baba Simon l’ancêtre des personnes s’identifiant comme Kirdi, mais que non. L’auteur met en évidence l’œuvre d’un homme qui, par son dévouement pour les petites gens, aura montré que les catégories constitutionnalisées d’autochtones et d’allochtone ne sont pas toujours pertinentes à convoquer dans l’optique de donner un contenu à ce qui pourrait être «un Camerounais». Vaste programme de réflexion sur cette question : c’est quoi être camerounais.

    …Par la trajectoire et l’action de Baba Simon dans la région de l’Extrême-nord, on pourrait interroger la pertinence de ces catégories floues et ambiguës comme celles d’«autochtones» et d’«allochtones» qui figurent dans la Constitution du Cameroun….

    Dans la préface de ce livre cité précédemment, Hyacinthe Vulliez parlant de Baba Simon écrit: «…celui que tous les villageois qui l’ont rencontré et fréquenté ou tous ceux qui vivent encore de sa présence dans la plaine assoiffée de Kudumbar ou sur les pentes austères et grises du Mandara aiment à nommer tout simplement « Baba », [c’est-à-dire], « Papa »…[il] eut l’audace folle de vaincre toutes les peurs, toutes les critiques et tous les refus pour partager leur [kirdis] sort et témoigner». On pourrait se dire qu’être camerounais en nous référant à la trajectoire de Baba Simon, c’est se considérer partout chez soi comme co-héritier avec les autres de l’espace que l’on occupe, c’est reconsidérer les assignations identitaires en laissant éclore des logiques d’appartenance des personnes à divers groupes aux valeurs et intérêts également divers, c’est intégrer que le sujet politique ne saurait être réduit à une identité ethnique…

    Casser les murs de la prison ethnique
    Baba Simon est né en 1906 à Edéa, dans la Sanaga-Maritime. Se sachant partout chez lui au Cameroun, l’exercice de son droit à la circulation ne fait pas de son appartenance à un groupe ethnique, un fétiche qui exclut. Baba Simon s’est pensé en relation avec l’autre. L’autre ici n’est pas réduit à celles et ceux qui partagent son groupe ethnique. On pourrait qualifier cet autre de semblable en humanité. Porté par son droit à la circulation, il s’est retrouvé dans la plaine de Kudumbar dont la signification en zoulgo veut dire «terre de combat», «champ de bataille». Car, dans cette plaine, on a enregistré divers combats entre groupes s’identifiant comme autochtones (entre autres, Mada, Mboko, Moloko, Mouyang, Zoulgo) et le groupe identifié comme peulh qualifié par les premiers d’envahisseurs (allochtones). C’est donc dans cet endroit que Baba Simon va s’installer. Animé par sa passion d’aller à la rencontre de l’autre, ses actions dans cette plaine visent dès lors à inviter les différents groupes en conflits à embrasser l’Humanité. Le sens de l’écoute dont il a fait preuve, a été déterminant dans son action. Un sens de l’écoute qui l’a amené à aller vers tous les acteurs. Il a ainsi pu établir un rapport de confiance avec les acteurs en conflit et bien d’autres.

    La passion de Baba Simon à se rendre dans la région de l’Extrême-nord du Cameroun rame à contre-courant de cette mentalité ambiante qui sature l’imaginaire dans la partie sud du Cameroun au sujet de cette région. Les populations de cette partie septentrionale sont, très souvent, qualifiées de «haoussa» alors que les personnes s’identifiant comme telles sont à retrouver au nord du Nigéria et au sud du Niger. En outre, la situation de décalage géographique de cette région génère dans l’imagerie populaire l’idée selon laquelle cette région serait un véritable «territoire à part». D’ailleurs la décision de Baba Simon de se rendre dans cette région ne va pas être approuvée tant par ses amis que ses supérieurs hiérarchiques au sein de sa communauté religieuse. «C’est fou, c’est suicidaire» lui disait-on.

    Animé par sa passion d’aller partager la parole de Dieu avec les populations de la région de l’Extrême-nord, Baba Simon nous donne à réfléchir sur ce qu’on pourrait appeler la pensée de l’exode. Cette pensée rompt avec les catégories floues et ambigües que l’on retrouve dans la Constitution du Cameroun, autochtones et allochtones. Une pensée de l’exode qui affirme son droit à la circulation et qui ne s’encombre pas de l’enfermement ethnique. Une pensée de l’exode qui fait de l’ouverture et de la rencontre avec les autres une approche pour bâtir le commun. La trajectoire de Baba Simon offre donc des idées pour construire une philosophie du commun. Il nous revient donc de nous saisir de ces idées pour fuir cette lecture handicapante du fait social sous le prisme ethnique.

    En nous saisissant de la trajectoire de Baba Simon, cette réflexion tente d’imaginer le commun à partir d’une lecture critique de la notion d’ethnie comme modalité explicative d’un fait social. La trajectoire de Baba Simon met en lumière la beauté d’une pensée de l’exode dans un pays qui se singularise par sa diversité. Ce faisant, on est préoccupé de voir comment la trajectoire singulière de Baba Simon pourrait nourrir notre imaginaire à partir des idées neuves à même de penser un commun où les sujets politiques sont tous co-héritiers de ce lieu nommé Cameroun et de l’espace monde en général.

    Après ce premier texte liminaire, les réflexions suivantes prendront ancrage sur la trajectoire de Baba Simon et permettront de s’appesantir sur la question de l’appartenance à un territoire que d’aucuns tentent d’ériger comme un fétiche. On sera préoccupé de voir comment l’action de cette figure historique, dans son engagement dans la plaine de Kudumbar, déconstruit l’idée d’une appartenance territoriale considérée comme un lieu sacré qui exclut. On va conclure cette petite série sur Baba Simon par une autre analyse qui postule qu’une lecture ethnique comme modalité explicative d’un fait social trahit non seulement la défaite de la pensée mais elle révèle également une forme de paresse dont le simplisme est son ADN.

    1. Cité par ZELAO Alawadi, « Elite traditionnelle et domination dans le champ politique local:

    illustrations à partir de l’arrondissement de Tokombéré1 dans l’Extrême-Nord Cameroun »

    in http://research.uni-leipzig.de/eniugh/congress/fileadmin/eniugh2011/papers/

    Zelao_Elit_traditionel_et_chanp_politic.pdf Consulté le 02/06/2016 à 12h25.

     

    Prochainement:Tokombéré, lieu d’action de Baba Simon

    comme lieu d’ouverture et de construction du vivre ensemble

  • Crise anglophone : Dynamique mondiale des jeunes (DMJ) écrit à Paul Biya

    Crise anglophone : Dynamique mondiale des jeunes (DMJ) écrit à Paul Biya

    Monsieur le Président, il faut redonner confiance aux anglophones

     Dupleix Kuenzob  Secrétaire Exécutif  DMJ

     

     

    Excellence Monsieur le Président  de la République du Cameroun,

    Nous avons formulé, au cours des mois passés et par voie de correspondances, des propositions adressées aussi bien à votre haute autorité qu’à la Commission nationale pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme (CNPBM), afin d’apporter notre modeste contribution à la résolution de la crise socio politique qui secoue notre cher et beau pays le Cameroun, qui pourtant se trouve en situation cruciale de veille électorale si l’on s’en tient aux échéances que vous avez bien voulu rappeler et réitérer dans vos derniers discours à la nation. Sans présager de l’issue réservée à ces précédentes suggestions, nous nous empressons de vous faire connaitre toute nouvelle idée qui nous semble pertinente et utile pour éviter au Cameroun tout enlisement.

    La situation dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest préoccupe désormais au premier chef tou(te)s les camerounais(es) que nous sommes, fiers de notre unité dans la diversité, mais aujourd’hui en mal avec la perception suspicieuse de la cohabitation entre les pratiquants des deux langues officielles. En effet, depuis presque deux ans, un ensemble de revendications ont été soulevées dans ces Régions, rendant notre fierté spécieuse. Celles-ci ont dégénéré en érection d’exo groupes armés perpétrant enlèvements et tueries, véhiculant la peur.

    Du moment où cette situation qui s’ajoute à celle des Régions septentrionales dure et prend des proportions de plus en plus inquiétantes malgré les réponses gouvernementales et les efforts consentis par les forces armées déployées sur le terrain, il devient urgent pour Dynamique mondiale des jeunes (DMJ), organisation de la société civile camerounaise jalouse des valeurs citoyennes et de paix, d’attirer votre attention sur la nécessité d’impulser une action forte de non-violence et de cesser le feu, pour guérir le malaise social et recréer dans ces régions comme dans les autres parties du territoire national, la confiance en l’Etat, aux institutions de la République et aux personnes qui les incarnent, avant que les échéances électorales de masse ne soient convoquées.

    Aussi, sur la base de nos observations et analyses, faisons-nous des propositions dont la prise en compte contribuera à mieux ancrer la cohabitation et le vivre ensemble ainsi que de meilleurs rapports entre populations et gouvernants dans cette partie du pays et ailleurs.

    • Pourquoi les démarches jusqu’ici entreprises sembleraient-elles infructueuses ?

     

    Le problème dit anglophone est presque aussi vieux que notre indépendance. Des réclamations ont toujours eu cours, de manière tacite ou clairement exprimée. Si durant toutes ces décennies beaucoup de gens ont estimé ne pas être satisfaits de l’écoute accordée à leurs préoccupations et aspirations, l’on peut logiquement parvenir à l’idée que :

    • les problèmes formulés n’ont jamais été considérés comme tels (négation des problèmes) ;
    • les parties impliquées dans la résolution n’y abordaient pas en profondeur les esquisses de solutions envisagées.

    Ces hypothèses peuvent expliquer qu’il y ait eu tant d’émissaires, tant d’initiatives de dialogue, mais que les revendications soient demeurées continues, avec la même fermeté.

    Proposition 1 : Il est reconnu au Cameroun que tous les responsables, à quelque titre que ce soit, doivent leur position à la seule personne du chef de l’Etat. Qu’ils soient élus ou nommés. Raison pour laquelle tous les remerciements s’adressent au chef de l’Etat en personne, que ce soit après des nominations ou pour l’appréciation des améliorations apportées dans la gouvernance ou le développement d’une localité, traduisant la conviction profonde que le chef de l’Etat est au centre de toutes les bonnes œuvres, et par conséquent serait la seule autorité dont les décisions sont définitives.

    Cette conception de la gestion du pays fait comprendre que la présence du chef de l’Etat en personne comme interlocuteur dans la recherche des solutions convaincrait définitivement de la bonne foi du gouvernement à vouloir résoudre le problème dit « anglophone ». D’où, au lieu de lancer seulement des appels à sa candidature à la prochaine élection présidentielle, il est aussi pertinent selon nous de vous appeler à une rencontre directe avec les principales forces vives différenciées de ces régions. Ce que nous avons qualifié de dialogue structuré dans nos précédentes propositions.

    • Comment sortir les populations des Régions dites anglophones de leur situation ?

     

    A l’état actuel des choses, les destructions de biens, les flux des déplacés et même des exilés (réfugiés) est de nature frustrante du fait des misères que les populations endurent. L’insécurité dans nombre de localités a atteint le niveau de l’horreur. Des enlèvements et des menaces de la part de ceux qui se réclament de « l’Ambazonie », territoire virtuel qui ne figure sur aucune carte géographique du Cameroun, troublent profondément les esprits dès lors que les réseaux sociaux attribuent indifféremment de tels actes aussi bien aux forces de défense qu’à des agresseurs, des ravisseurs et bandes armées non identifiables.

    Ces conditions sont de nature à semer définitivement le doute au sein des populations quant à l’assurance de leur sécurité et leur protection, surtout qu’elles ont observé que lors de l’élection des Sénateurs, des Conseillers Municipaux ont été déportés par vol militaire de leurs circonscriptions pour aller voter dans des lieux à la sécurité garantie.

    Si les grandes villes de ces régions baignent dans un calme relatif, les populations de l’arrière-pays (l’hinterland) ploient sous le coup des menaces diffuses et centrifuges.

    Proposition 2 : Si on s’imagine que les populations doivent aspirer à mieux vivre, et que d’autres élections auront lieu sous peu au cours de cette année 2018, il est nécessaire pour le chef de l’Etat de prendre des mesures fortes et urgentes pour que les fils de la Nation Cameroun sortent des forêts, déposent les armes et que l’armée retourne dans les casernes. La déclaration d’un cesser le feu formellement prononcée par le Président de la République est par conséquent souhaitée.

    • Comment mettre à contribution l’éducation dans la résolution de la crise ?

     

    En dehors des faits historiques qui ont consacré l’unification et la réunification, le Cameroun vit un système ambivalent de gouvernance. Ce n’est que récemment qu’un code de procédure pénale harmonise les règles de procédures sur l’ensemble du territoire, même si les pratiques judiciaires nous paraissent différentes. Des efforts sur le plan éducatif sont palpables, si on considère que dès la maternelle tout enfant peut côtoyer à la fois le français et l’anglais. Seulement, les systèmes éducatifs et académiques sont foncièrement différents, ce qui sur le plan des méthodes de travail dans l’administration induit certaines procédures différentes, que ne maîtrisent pas forcément ceux qui ne sont pas du sous-système appliqué dans la localité concernée.

    La non maîtrise par beaucoup de francophones travaillant dans les zones anglophones, de la langue, des concepts spécifiques au sous-système anglophone et des procédures propres au Common Law en application dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest, ont régulièrement fait croire que l’administration planifie de rendre dominant le sous-système francophone.

    Proposition 3 : En complément des réponses antérieurement apportées au problème anglophone, le Président de la République devrait mettre en place avant la prochaine rentrée scolaire et académique, un dispositif ou mécanisme qui montre que le Cameroun est en train de penser à un système éducatif unique hybride, intégrant entièrement les deux sous-systèmes.

    • Quelle politique de développement adopter à court terme ?

     

    Il est de notoriété publique que la bonne route accélère le développement. Les limites infrastructurelles font penser à une volonté d’enclavement de certaines localités parmi lesquelles les Régions anglophones. La Nationale reliant l’Ouest au Nord-ouest est impraticable à partir de plusieurs kilomètres avant Santa, première localité pour entrer dans le Nord-ouest. Aussi, une connexion routière directe entre le Nord-ouest et le Sud-ouest fait-elle cruellement défaut.

    En outre, le processus en cours de la décentralisation n’a pas encore donné une autonomie suffisante aux Collectivités territoriales décentralisées pour qu’elles soient effectivement garantes du développement local. Avec l’absence des conseils régionaux, le système central demeure très prégnant. Dans cette logique, quels que soient les efforts de développement pour ces deux régions, ces deux situations font soupçonner non pas des choix difficiles conditionnés par les ressources disponibles pour le développement, mais la manifestation d’une volonté politique expresse de marginalisation.

    Proposition 4 : Accélérer la mise en place des conseils régionaux en cette année 2018 avant toute autre élection, lancer officiellement des opérations civilo-militaires dans les villages détruits afin que les voies et infrastructures de communication soient établies et que l’éclairage public urbain et rural soit effectif, enfin, faciliter la communication par route entre les Régions du Nord-ouest et du Sud-ouest et entre ces deux régions et celles environnantes.

    Excellence Monsieur le Président de la République, la situation des populations du Nord-ouest et du Sud-ouest vous suggère de prouver qu’elles ne sont pas marginalisées ni dans le quotidien des peuples ni dans les sphères de gouvernance. Du moment où sur tant d’années le mal persiste et s’est même traduit en revendications très fortes et maintenues, sans que les autorités que vous avez commises à y trouver des solutions n’aient pu véritablement convaincre les mécontents, il vous revient de répondre aux désirs des peuples, d’agir en personne en bon père de famille, en décidant des actions pratiques et opérationnelles qui répondent directement à leurs préoccupations.

    C’est à ce prix, croyons-nous, que la confiance peut être restaurée au sein de ces populations et entre ces endo-groupes et les institutions de la République. Il est par ailleurs évident que le coût global de mise en veille (alerte) de notre armée pour assurer la sécurité des populations dans les deux régions anglophones sera à jamais supérieur aux moyens qui auraient été engagés pour répondre aux aspirations de leurs populations.

    Dynamique mondiale des jeunes, en tant qu’organisation qui prépare les jeunes à la compréhension et au portage des responsabilités publiques dans l’optique de la gouvernance et de la décentralisation, reste toujours disposée à apporter sa modeste contribution pour la construction nationale. Son action vise à mobiliser les jeunes pour la pleine réalisation de leur potentiel au plan local, la promotion de l’intégrité et le développement du sentiment national axé sur les valeurs citoyennes et le droit.

    Veuillez croire, Excellence Monsieur le Président de la République du Cameroun, l’assurance de notre participation constante dans la recherche commune des solutions aux problèmes qui minent notre pays.

    Dupleix Kuenzob

    Secrétaire Exécutif DMJ

    kdupleix6@yahoo.fr

    Tél.: (+237) 677 68 55 12

    664 79 32 32

  • ‘’Comptage physique à la caisse: les leçons d’une gestion inefficace des ressources humaines de l’Etat”

    Viviane Ondoua Biwole

    Sur 35 organigrammes dépouillés, seuls 6 (17%) indiquent l’existence d’une DRH

    L’actuel directeur général adjoint de l’Institut supérieur de management public (ISMP) a occupé de haute fonction au ministère de la Fonction publique et de la Réforme administrative (Minfopra). Entre 2007 et 2010, l’experte en management public a été tour à tour inspecteur n°1 et inspecteur général. A la lumière de cette riche expérience, l’enseignante tire les leçons de l’opération de comptage physique à la caisse du personnel de l’Etat en cours.

     

    Nous avons tous appris sans surprise, puisqu’initialement annoncé par le Président de la République, le lancement de l’opération de comptage physique à la caisse réalisée par le Ministère des finances pour la période d’avril à juin 2018. Monsieur Edou Edou Alo’o Cyrille, Directeur Général du Budget, justifie cette opération par deux raisons. La première raison est d’assainir le fichier de l’Etat; ce d’autant que plusieurs agents publics auraient déserté leur lieu de travail mais continuent de percevoir leur solde.

    La deuxième est l’engagement du Cameroun dans un programme avec le FMI. Ce «programme vise à assurer une consolidation budgétaire, et à assainir la dépense publique». Les constats révélés par le Directeur Général du Budget n’inspirent pas l’indifférence: «nous étions pratiquement à 393 milliards de F de masse salariale en 2006, aujourd’hui nous sommes à 945 milliards de F dans le cadre du budget 2017.

    Par ailleurs lorsque nous regardons les effectifs, nous étions à 163 000 agents de l’Etat en 2006, nous sommes aujourd’hui à 322 000» 1. Il s’agit pour lui d’une augmentation du simple au triple en 11 ans aussi bien pour la masse salariale que pour les effectifs. C’est une raison suffisante pour tirer la sonnette d’alerte. La question qui nous préoccupe ici est de savoir quelles sont les causes probables de cette situation.

    Deux principales causes sont évoquées: l’échec de la réforme du Système Intégré de la Gestion Informatisée des Personnels de l’Etat et de la Solde (SIGIPES) ayant favorisé la tricherie et le recel des agents fictifs ou indélicats (I) et la faible maitrise des exigences de la gestion des ressources humaines au sein de l’administration publique camerounaise (II).

    I. L’échec du SIGIPES

    De toute évidence la réforme du SIGIPES n’a pas produit les résultats escomptés. Dans ses missions originelles, il devait assurer une parfaite maitrise des effectifs et de la masse salariale d’une part et garantir une gestion efficace des ressources humaines de l’Etat. Le soupçon qui transparait de l’opération de comptage physique à la caisse est que le fichier actuel ne bénéficie pas d’une crédibilité sans faille.

    En des termes clairs, le fichier de la solde est corrompu en ce sens qu’il existe probablement des agents fictifs (déserteurs ou inexistants soit parce qu’ils sont morts ou qu’ils n’ont jamais réellement existé), des agents qui perçoivent une rémunération indue (plus que ce à quoi ils ont droit). Quoi qu’il en soit, il y a urgence de faire le ménage ! Il s’agit donc d’une opération salutaire, normale et nécessaire qui intervient 12 ans après la précédente de la même envergure (2006) qui avait permis à l’Etat d’économiser 9 milliards par an2.

    Si cette action de vérification (voire de traque) est salutaire, elle n’est pas sans révéler d’importances faiblesse. Il apparait en effet que le SIGIPES n’est pas capable avec une marge d’erreur acceptable de générer un fichier relativement fiable des agents publics de l’Etat. Deux hypothèses peuvent être convoquées dans ce cas. La première hypothèse postule que les ressources humaines impliquées dans la réforme du SIGIPES n’ont pas été à la hauteur des attentes et la deuxième est l’existence de la tricherie et du recèle des agents fictifs ou indélicats.

    • La réforme imparfaite du SIGIPES Pour avoir côtoyé cette réforme de 2007 à 2010, je puis relever la confusion qui existait dans l’esprit des agents publics sur la nature de la réforme du SIGIPES. Plusieurs, voire la majorité, l’ont assimilé à une activité prioritairement informatique. Dans certains ministères les informaticiens se sont arrogés la paternité de son implémentation.

    Si leur apport est nécessaire, il convient de relever que l’informatique, disons globalement l’infrastructure technologique n’est qu’un adjuvant à la réforme de la gestion des ressources humaines soutenues par le SIGIPES. Malheureusement, en dehors des aspects juridiques, très peu d’attention a été accordée à la maitrise des exigences de la gestion des ressources humaines (tenue du fichier du personnel, suivi des formations, de la mobilité, des affectations, gestion prévisionnelle des emplois et des compétences entre autres).

    On peut alors craindre que plusieurs failles se soient disséminées comme les métastases de cancer au sein des 37 administrations bénéficiaires de la déconcentration du SIGIPES. Par voie de conséquence, il est difficile d’utiliser efficacement le SIGIPES. Ces défaillances justifient la recrudescence de la tricherie et du recèle des agents fictifs ou indélicats.

    • Tricherie et recel des agents fictifs ou indélicats Les défaillances du SIGIPES ne sauraient à elles seules justifier l’existence de la tricherie qui consiste à accorder aux agents non méritants des avantages auxquels ils n’ont pas droit : un enseignant de lycée bénéficiant de primes accordées à un général d’armée ; un agent public rémunéré à un indice qui ne correspond pas à la réalité de ses actes de carrière ; l’attribution des rappels de salaires sans fondements juridiques ; des crédits accordés sans autorisations formelles ; la rémunération des agents décédés non déclarés. Ces actes volontaires de tricherie sont à traquer et à réprimer.

    Ils sont souvent perpétrés par les agents en charge d’introduire les données dans le SIGIPES ou de servir la solde aux agents publics. Il s’agit des cadres intermédiaires et des agents de maitrise. Le cas du recel est désespérant, car il est le fait des hauts commis de l’Etat souvent à la tête des structures (direction, lycée, délégation régionale, entreprise publique…). Ce sont ces PATRONS qui ont la responsabilité de témoigner de la présence effective des agents et de leur contribution au travail, en contrepartie de leur rémunération.

    On comprend alors que si le comptage physique est fait à la caisse c’est pour échapper à ces commis de l’Etat qui ne méritent pas la confiance de l’opération en cours. Sinon comment expliquer que les agents fictifs ou indélicats, placés sous l’autorité d’un responsable ne puissent être dénoncés par celui-ci ? On s’attendrait alors logiquement qu’au terme de l’opération, les agents fictifs et indélicats soient sanctionnés mais également que les chefs hiérarchiques de ces derniers, qui ont entretenu un silence coupable, puissent être châtiés pour tricherie et recèle d’agents fictifs ou indélicats.

    Des sanctions pénales et administratives sont alors envisageables. Au-delà des problèmes de tricherie et de recèle qui feront l’objet de surveillance permanente, il convient d’adresser la question fondamentale de la faible maitrise des exigences de la gestion des ressources humaines par les agents publics. En effet, le succès du SIGIPES et de toute autre réforme relative à la maitrise des effectifs et de la masse salariale dépendront de la capacité des responsables en charge des ressources humaines à assumer convenablement cette fonction.

    II. Faible maitrise des exigences de la gestion des ressources humaines

    Le constat de la faible maitrise des exigences de la gestion des ressources humaines s’apprécie à deux niveaux : le déploiement de la fonction et la compétence des agents publics en charge de cette fonction.

    • Le déploiement de la fonction ressources humaines

    Il est admis qu’il n’y a pas de modèle unique de la fonction ressources humaines (RH). Toutefois, l’existence d’une Direction des Ressources Humaines (DRH) rattachée au Secrétariat Générale d’un ministère indique sa prise en compte stratégique et sa capacité anticipative à impacter positivement sur la performance de l’organisation. Les différences de positionnement observées à la suite des dépouillements d’organigrammes ministériels, soulèvent tout de même des questionnements.

    Sur 35 organigrammes dépouillés, seuls 6 (17%) indiquent l’existence d’une DRH. Il s’agit de l’ancien MINATD, MINESEC, MINSANTE, MINADER, MINFI et du MINEDUB. Dans 29 ministères (83%), la fonction RH côtoie le matériel et les finances au sein de la Direction des Affaires Générales (DAG). Les dimensions de la fonction RH sont alors portées par des bureaux et de services, impliquant pour certains des mesures opérationnelles et, tactiques pour d’autres.

    Ce qui peut davantage être perçu comme un handicap pour le déploiement de la fonction au risque d’une prise en compte relativement moindre des suggestions d’amélioration, d’adaptation ou de réorientation de la fonction. Il n’est pas exagéré d’ajouter que la fonction RH a du mal à s’épanouir dans cet environnement où la gestion du matériel et du budget retient prioritairement les attentions du DAG. De toute évidence, cette fonction est inefficacement assumée au sein des ministères. Ce constat est aggravé par l’absence de compétences techniques et sociales des personnes en charge de la GRH de l’Etat au sein des ministères.

    • Incompétence des gestionnaires des ressources humaines

    L’incompétence des responsables des ressources humaines est indexée dans l’opération en cours. En effet, ce sont les actions posées à petite échelle par ces agents qui se répercutent au niveau du fichier global. L’analyse des profils des responsables de la gestion des ressources humaines laisse apparaitre une forte présence des administrateurs civils et des inspecteurs des impôts qui n’ont malheureusement pas suivi de formations spécifiques en GRH.

    C’est tout à fait prévisible qu’ils soient fortement représentés puisque dans 83% des ministères, la fonction RH est coiffée par un DAG. La plupart des DAG des ministères ont ce profil. L’analyse que nous avons effectuée révèle très peu de cas où les fonctions RH sont portées par des responsables ayant suivi une formation adéquate dans ce domaine (MINESEEC, MINEFOP, MINAT, entre autres).

    On pourrait alors comprendre que la fonction peine à s’épanouir et que les dysfonctionnements observés ne soient pas une surprise. Ils sont néanmoins très préjudiciables à l’efficacité des administrations et occasionnent des pertes financières considérables.

    En définitive, il nous semble urgent, au regard des causes exposées ci-dessus de sanctionner tout contrevenant aux exigences réglementaires (agents indélicats et responsables receleurs), de renforcer les capacités des agents en charge de la gestion des ressources humaines dans les administrations, établissements publics et entreprises publiques. Nous avons identifié en moyenne de 15 agents publics qui s’occupent de la fonction RH dans un ministère ce qui fait 525 agents pour les 35 ministères.

    Une formation de moyenne durée à l’ISMP (6 mois) sous la rubrique d’un certificat valant 1000 000 par personne soit un total de 525 000 000 permettrait d’atténuer des pertes à hauteur de milliards pour les années à venir. L’Etat dispose d’outils et d’institutions capables de résoudre le problème. Il s’agit de convenir d’actions cohérentes et convergentes entre toutes les administrations concernées.

     

    1. https://www.cameroon-tribune.cm/articles/18316/fr/ consulté le 20 avril 2018. 2. Déclaration du Directeur Général du Budget au journal télévisé de la CRTV le 17 avril 2018.­­­

  • L’éducation financière et boursière, clef du développement des marchés boursiers africains

    L’éducation financière et boursière, clef du développement des marchés boursiers africains

    Ces dernières décennies, l’on a assisté à une augmentation rapide du nombre de bourses des valeurs sur le continent africain. De 8 places boursières (3 en Afrique du Nord et 5 en Afrique subsaharienne) en 1990, on est passé à 18 en 2000, puis à 29 bourses des valeurs dont 2 bourses régionales aujourd’hui.

    Avec cette évolution, chaque région du continent dispose désormais au moins d’une place boursière et est en droit d’espérer une contribution appréciable de celle-ci au financement de son économie. Mais, le constat est tout autre ; la situation est peu reluisante. En effet, à l’exception de la Johannesburg Stock Exchange Limited, Namibian Stock Exchange, Malawi Stock Exchange et Bourse de Casablanca qui, avec une capitalisation boursière de USD 1 302 milliards, 119,655 milliards, 14,620 milliards et 68,398 milliards respectivement, représentent individuellement plus de 50% du PIB de leurs  pays, les 25 autres bourses du continent continuent encore de jouer un rôle modeste dans leurs économies.   Par ailleurs, lorsqu’on analyse le nombre de sociétés introduites en bourse, l’on  réalise qu’il y a peu d’engouement de la part des émetteurs africains de titres. Sur les 29 places boursières, seules 3 abritent à ce jour plus de 100 sociétés. Il s’agit notamment de la Johannesburg Stock Exchange Limited (377 sociétés cotées), Egypt Stock Exchange (222 sociétés cotées) et Nigerian Stock Exchange (172 sociétés cotées). Soulignons que le nombre restreint de sociétés cotées pourrait exposer une bourse au risque de concentration des transactions sur seulement 2 ou 3 sociétés comme c’est le cas pour plusieurs d’entre elles.Au niveau régional, la situation du développement des marchés bousiers se présente diversement. L’Afrique Australe qui compte actuellement 9 bourses : Malawi Stock Exchange, Johannesburg Stock Exchange Limited, Dar-es-Salam Stock Exchange, Lusaka Stock Exchange, Namibian Stock Exchange, Stock Exchange of Mauritius, Botswana Stock Exchange, Swaziland Stock Exchange et Zimbabwe Stock Exchange, occupe une position dominante sur le continent avec une capitalisation boursière totale de USD 1 460,524 milliards au 31 décembre 2017 ; soit 86,27% de celle de l’Afrique. Si l’on excluait l’Afrique du Sud, la capitalisation boursière de cette région, bien que demeurant la plus importante, serait réduite à seulement USD 158,52 milliards. En Afrique du Nord, 4 bourses des valeurs opèrent. Ce sont : la Bourse de Casablanca, Egypt Stock Exchange, Bourse de Tunis, Bourse d’Alger et Libyan Stock Market. Cette région d’Afrique affiche une capitalisation boursière totale de USD 124,431 milliards qui représente 7,35% de celle du continent. L’Afrique de l’Ouest regorge de 5 bourses des valeurs : The Nigerian Stock Exchange, Ghana Stock Exchange, Bourse Régionale des Valeurs Mobilières, Bolsa de Valores de Cabo Verde et Sierra Leone Stock Exchange. Sa capitalisation boursière s’établit à USD 69,90 milliards (4,13%).L’Afrique de l’Est a le plus grand nombre de bourses des valeurs après l’Afrique Australe. Les 8 marchés en présence sont les suivants : Nairobi Securities Exchange, Uganda Securities Exchange, Rwanda Stock Exchange, Bolsa de Valores de Mozambique, Seychelles Securities Exchange, Somalia Stock Exchange, Khartoum Stock Exchange et ALTX East Africa Exchange. Elle totalise une capitalisation boursière de USD 37,745 milliards (2,23%)L’Afrique Centrale comporte 2 bourses des valeurs qui sont sur le point de fusionner. Il s’agit de la Bourse des Valeurs Mobilières de l’Afrique Centrale et Douala Stock Exchange. La capitalisation boursière du marché des actions de cette région s’élève à USD 0,414 milliards (0,02%).

     Sources : Sites web des bourses ; African Securities Exchange Association

    S’agissant des sociétés cotées, leur nombre varie également d’une région à une autre.

    L’Afrique Australe arrive en tête avec 669 sociétés cotées. Hormis l’Afrique du Sud, le nombre de sociétés cotées dans cette région chute à 292 et passe en deuxième position après l’Afrique du Nord qui enregistre 392 sociétés cotées. Ensuite viennent l’Afrique de l’Ouest (265 sociétés cotées), l’Afrique de l’Est (190 sociétés cotées) et l’Afrique Centrale (4 sociétés cotées).

    Sources : Sites web des bourses ; African Securities Exchange Association

    L’analyse de la situation révèle que les bourses africaines dans leur majorité ont une taille modeste et par conséquent leur contribution au développement de l’économie des Etats demeure marginale. Et ce, en dépit des nombreuses reformes d’ordre légal, réglementaire et opérationnel opérées en vue de les redynamiser et développer. Dans ces conditions, il ne sera donc pas surprenant de noter que les volumes des transactions réalisées sur lesdits marchés restent aussi faibles.

    L’une des causes principales de cette léthargie est l’insuffisance de la culture boursière en Afrique. Celle-ci est traduite par entre autres la réticence des sociétés à recourir au marché boursier comme voie privilégiée pour le financement de leurs investissements, la non-spontanéité de la diffusion de l’information financière et de tout autre information pertinente lorsque la société est cotée et la rareté des opérations capitalistiques à réaliser à travers la bourse pour le financement de son développement. Elle est également exprimée par la méfiance de bon nombre d’opérateurs économiques qui considèrent toujours que la bourse est une « affaire de spécialistes et surtout de riches ». Ils préfèrent donc employer leur épargne à d’autres fins comme l’immobilier et le commerce des marchandises  que dans des actifs financiers tels que les actions et les obligations qu’ils connaissent moins. Le problème de culture boursière peut aussi se présenter quelquefois sous forme de conflit de compétence entre le secteur bancaire et le marché financier. Certaines banques considèrent que le financement à long terme longtemps pratiqué par celles-ci est une prérogative qui ne doit pas leur échapper. Aussi, voient-elles en la bourse une concurrente permanente et la traite comme telle alors qu’elles sont normalement complémentaires dans leur rôle de mobilisation de l’épargne.

    Afin de remédier donc à ce problème, la solution qui s’impose est celle de l’éducation financière et boursière. Il faut régulièrement effectuer des campagnes pédagogiques auprès des épargnants et des dirigeants de sociétés en vue de les aider à améliorer leurs connaissances des rouages de la bourse, et des produits, concepts et risques financiers de sorte à leur permettre d’acquérir les compétences et la confiance en soi nécessaires pour prendre des décisions d’épargne et d’investissement en toute responsabilité. Ils pourraient par ce biais accroitre leur intervention sur le marché.

    De même, les gestionnaires de l’épargne, conseillers et intermédiaires financiers devraient être pris en compte dans le programme de formation financière et boursière. Cela permettrait d’éviter toute confusion de rôle entre la banque et la bourse lors des opérations financières telles que les appels publics à l’épargne. La formation reçue par ces acteurs du marché pourrait les aider à adopter les bonnes pratiques. Ce qui crédibiliserait leur travail  et ainsi, rassurerait l’investisseur.

    L’objectif majeur est de faire de chaque Africain un intervenant averti pour le développement de son pays voire du continent. Pour ce faire, les autorités des bourses africaines devraient cibler avant tout, les investisseurs locaux. Ceci a pour avantage de prémunir les marchés  contre les effets spéculatifs des flux étrangers. Bien entendu, si ces investisseurs sont assez actifs sur les marchés, le volume des transactions et le ratio de liquidité s’amélioreront. Ce qui susciterait à son tour l’intérêt des investisseurs étrangers et inciterait d’autres sociétés à se faire coter en bourse.

    Précisons qu’aucune réforme ne pourra conduire à un véritable développement des marchés boursiers africains sans l’implication de la majorité des Africains. Ceux-ci auront de l’engouement pour lesdits marchés, s’ils en comprennent le bienfondé et sont débarrassés des préjugés. Et cela passe par l’éducation financière et boursière du peuple. Les dirigeants des bourses africaines devraient donc s’en servir comme point focal de leurs stratégies de développement des places financières et organiser les évènements financiers en conséquence.

  • Construire les bases institutionnelles d’un Cameroun souverain ouvert sur l’Afrique et le reste du monde

    Construire les bases institutionnelles d’un Cameroun souverain ouvert sur l’Afrique et le reste du monde

     

     

    Lettre ouverte à tous mes compatriotes

     

    Mes chers compatriotes,

    C’est en tant que citoyen, comme chacune et chacun d’entre vous, et exclusivement à ce titre, que je vous adresse cette lettre ouverte. La situation de guerre dans les Régions South-West et North-West -dont il faudra bien sortir par un Dialogue National Inclusif- est une occasion, tragique, de lancer un processus inédit. Le but ultime de ma démarche est de contribuer à enclencher un processus qui conduise le Cameroun à se doter des capacités fondamentales propres de détermination, politique et économique, c’est à dire des moyens de base de la souveraineté pour tout peuple, pour toute nation, pour tout pays. Ce processus peut s’enclencher dès aujourd’hui par l’arrêt sans délai et sans conditions de l’effusion de sang dans les Régions South-West et North-West et la fin des atrocités et tragédies de toutes natures qui sont intrinsèques à toute guerre.

    Mettre fin à l’effusion de sang, sans délai et sans conditions.

    En ordonnant le déclenchement de la guerre contre une partie de ses propres compatriotes coupables de manifestations pour l’égalité de traitement entre citoyens et entre régions d’un même pays, le Président Paul Biya a commis une faute. Il est du devoir et de la responsabilité de tout citoyen Camerounais de se dresser pour peser afin d’amener le Président de la République à se convaincre que la seule option acceptable qui lui reste est d’ordonner la fin de cette guerre, sans délai et sans conditions. Arrêter l’effusion de sang dans le South-West et le North-West honorerait sa fonction et le grandira. Persister dans la faute n’est pas une option.

    Pour un régime au service de la cohésion sociale, de l’unité et de la souveraineté nationales.

    L’année 2018 est une année chargée en scrutins électoraux dans notre pays. L’élection du prochain Président de la République en est un. Je n’ai pas de raison de douter de la capacité d’aucun des prétendants à la magistrature suprême de succéder à l’actuel Chef de l’État, ni de la volonté de ce dernier de se maintenir. En revanche, tout semble indiquer que la logique de « l’alternance sans alternative » continue de prévaloir dans l’ »opposition ». A mes yeux, la situation intérieure et l’environnement général international exigent que notre peuple soit capable de se retrouver et se nommer lui-même, condition numéro un de la stabilité d’une communauté politique, constitutive de la souveraineté nationale et creuset des affects de la cohésion sociale nationale. Sans cette dernière, tout discours sur l’unité relève de la manipulation, ou, au mieux, de l’incantation.

    Un Dialogue National Inclusif (DNI) est indispensable pour une grande respiration qui permettra à notre peuple de se retrouver pour construire les bases institutionnelles de l’unité et de la souveraineté nationales. A titre d’illustration, la souveraineté monétaire. Celle-ci est la maîtrise par un pays de sa propre monnaie, ce qui permet de décider souverainement de l’orientation, de la qualité et du volume de la production économique, c’est à dire du mode de développement auquel le pays aspire. Nous devons bien reconnaître l’impact nocif et régressif sur le développement de notre pays, de ce que feu Tchundjang Pouémi nommait « la répression monétaire », l’axe structurant de notre soumission par le biais d’accords et traités à vrai dire unilatéraux signés avec des puissances étrangères. Aucune entité étrangère ne défendra à notre place les intérêts de notre peuple et de notre pays. Nous devons changer le régime de soumission aux intérêts de puissances étrangères qui a cours au Cameroun depuis soixante ans. Changer de régime signifie sortir du régime UNC-RDPC et, dans le même mouvement, mettre en échec la logique « alternance sans alternative » qui prévaut dans l’ »opposition ».

    Comment procéder ?

    La logique d’ »alternance sans alternative » a pour finalité d’entretenir en permanence dans les esprits l’idée fausse selon laquelle, pour un pays comme le nôtre, il n’y a pas d’autre régime politique possible que celui d’une caste au service des intérêts de puissances étrangères et des siens propres. Elle a pour résultats, notamment : les capacités créatives de la société tout entière bridées; des Institutions rendues incapables de penser leur action autrement que les yeux fixés sur l’extérieur (l’ »aide au développement », les « bailleurs de fonds internationaux »), et bien sûr, la corruption et l’impunité généralisées qui gangrènent la société tout entière à partir du plus haut niveau de l’État.

    L’ouverture d’un Dialogue National Inclusif -y compris des forces qui militent pour une « Ambazonie » indépendante- est le premier acte collectif d’un changement de régime sans heurts ni tragédies supplémentaires pour aucune famille. En effet, les Institutions et le système en place seront toujours plus puissants qu’un individu, quel qu’il soit. Par conséquent, venant d’un prétendant au fauteuil présidentiel, quel qu’il soit, l’« ouverture d’un Dialogue National Inclusif«  comme ligne de son « programme électoral » ne peut pas être un engagement crédible dans le cadre du statu quo institutionnel.

    Notre pays compte d’éminentes personnalités, femmes et hommes, de grande qualité. Certaines de ces personnalités d’une grande probité réunissent des qualités humaines, des compétences techniques et administratives affirmées, une riche expérience de Haut Fonctionnaire et/ou gouvernementale, et un sens de l’État reconnu. Certaines parmi elles font consensus aussi bien dans les Régions South-West et North-West que dans le reste du pays. Dans le contexte actuel, une puissante mobilisation citoyenne est de nature à imposer l’ouverture d’un Dialogue National Inclusif ouvert, y compris aux forces qui militent pour une « Ambazonie » indépendante. Dans ce cas de figure, la mobilisation d’ampleur sera aussi capable de solliciter avec succès des personnalités telles que décrites ci-dessus, les unes pour encadrer et assurer les travaux d’un Dialogue National Inclusif serein de grande qualité, productive et utile, d’autres pour assurer la continuité de l’État pour une période de transition de deux à trois ans.

    Le Dialogue National Inclusif aurait ainsi pour missions centrales : 1/La nomination d’un Gouvernement de transition chargé de la continuité de l’État jusqu’à l’entrée en vigueur des nouvelles Institutions. 2/La définition des modalités d’organisation et la convocation d’une Assemblée Constituante qui aura mission de préparer un projet de nouvelle Loi Fondamentale (Constitution). 3/La définition des bases institutionnelles fondamentales indispensables à la construction des moyens de la cohésion sociale, de l’unité et de la souveraineté nationales.

    Notre responsabilité consiste à faire naître un puissant mouvement citoyen convergent sur deux objectifs qui sont de nature à rassembler toutes les bonnes volontés de la communauté nationale dans son ensemble : mettre fin sans délai et sans conditions à l’effusion de sang dans les Régions South-West et North-West, et ouvrir sans délai un Dialogue National Inclusif. Les bonnes volontés sont présentes partout, notamment au sein du régime et parmi ses soutiens, au sein de l’ »opposition » et parmi ses soutiens, au sein des innombrables autres entités nationales de toutes natures. Avec une totale liberté d’initiative et d’action, chacune et chacun d’entre nous pouvons faire naître et grandir ce mouvement en échangeant et débattant avec nos relations et nos réseaux d’amitié. Nous pouvons changer de régime, sans heurts ni tragédies supplémentaires. Nous le devons en particulier aux plus jeunes générations et aux générations futures.

    Cette lettre a été rédigée avec la volonté de me faire comprendre, et non pas celle de convaincre. Avec respect, je vous remercie de l’attention que vous aurez accordée à mon propos.

    ABBO A BEYECK

    18 Janvier 2018

  • Marketing territorial : pour une gouvernance stratégique et opérationnelle des CTD au Cameroun

    Marketing territorial : pour une gouvernance stratégique et opérationnelle des CTD au Cameroun

    Suite aux différentes revendications sociales qui ont marqué le Cameroun en 2017 notamment la crise dite « anglophone », le gouvernement camerounais veut « accélérer le processus de la décentralisation », a annoncé le Président de la République, son Excellence Paul Biya, lors de son traditionnel message de vœux à la Nation le 31 décembre 2017.
    Benjamin Ombe, journaliste

    Suite aux différentes revendications sociales qui ont marqué le Cameroun en 2017 notamment la crise dite « anglophone », le gouvernement camerounais veut « accélérer le processus de la décentralisation », a annoncé le Président de la République, son Excellence Paul Biya, lors de son traditionnel message de vœux à la Nation le 31 décembre 2017. Nous allons donc, si l’on s’en tient à ce vœu du Président, inexorablement vers la mise en œuvre effective du processus de décentralisation et donc de l’autonomisation des Collectivités Territoriales Décentralisées (CTD). Comment aider les CTD à se faire vendre, valoriser leur potentialité pour un développement local durable, participatif et citoyen ?

    Etat des lieux…

    Au de-là des discours, afin de rendre effective le processus de la décentralisation, l’Etat du Cameroun transfère progressivement les ressources aux Collectivités Territoriales Décentralisées (CTD). D’après les derniers travaux de la première session ordinaire du Conseil National de la Décentralisation, tenu le 21 Novembre dernier, au titre des exercices 2016 et 2017, « près de deux milliard trois cent millions (2.300.000.000) de francs CFA ont été répartis aux Communes à faibles revenus ou exposées à des contraintes particulières, dans le cadre de la Dotation Générale de Fonctionnement », annonce le communiqué qui a sanctionné les travaux. En revanche, les recettes fiscales locales mobilisées au titre des trois premiers trimestres de l’année 2017 s’élèvent à cent cinquante-trois milliards deux cent quarante-cinq millions (153.245.000.000) de FCFA, pour un paiement effectif de quatre-vingt-quinze milliards trois cent soixante-cinq millions (95.365.000.000) de FCFA. Performance relativement faible au regard des besoins exprimés et des potentialités que regorgent les CTD…

    Pour poursuivre dans la même dynamique, le Fonds Spécial d’Equipement et d’Intervention Intercommunale (FEICOM) compte investir 34,810 milliards de FCFA pour le développement des communes en 2018. Cette enveloppe, d’après La Nouvelle Expression (LNE), parue le 26 décembre 2017, était de 34,529 milliards de FCFA en 2017. Soit une augmentation en valeur absolue de 281 millions de FCFA.

    Malgré toutes ces bonnes initiatives, la décentralisation effective devant permettre aux CTD de planifier et de mettre en œuvre en toute autonomie leur modèle de développement reste une équation difficile à résoudre pour les pouvoirs publics.

    Sur le plan juridique et législatif, les lois d’orientation du 22 juillet 2004 relatives à la décentralisation, conformément aux dispositions de la constitution du 18 janvier 1996, en font ressortir les deux objectifs majeurs. Selon ces textes, « la décentralisation au Cameroun vise, en premier lieu, l’approfondissement du processus démocratique par une adaptation de l’administration aux objectifs et aux exigences du pluralisme en vue de permettre la promotion d’une démocratie locale ». En second lieu, au plan économique, elle a pour but « la promotion du développement local et régional à travers l’émergence d’initiatives par les différents acteurs ainsi que la mise en place d’un cadre de développement défini à partir des préoccupations, des ressources, des innovations et du savoir-faire des populations locales ». Les enjeux pour la démocratie et le développement socio-économique au plan local sont donc importants. Cependant, au regard de leurs configurations actuelles, l’on peut difficilement compter une municipalité qui peut quel que soit sa volonté et ses moyens, prendre entièrement en charge les compétences qui lui sont transférées par l’Etat et bien plus la charge du développement local.

    Fort de ce constat, les CTD sont soutenues au quotidien par des institutions d’appuis à la décentralisation et autres catégories d’acteurs sociaux. C’est dans la perspective de cette appropriation pour tendre vers les objectifs visés avec le maximum d’efficience et d’efficacité que les pouvoirs publics organisent des séminaires, ateliers d’information et de formation, forum etc. à l’attention de tous les acteurs concernés : autorités administratives, élus locaux, journalistes, personnels des collectivités territoriales décentralisées.

    Malgré toutes ces bonnes initiatives, la décentralisation effective devant permettre aux CTD de planifier et de mettre en œuvre en toute autonomie leur modèle de développement reste une équation difficile à résoudre pour les pouvoirs publics.

    Dans un environnement où les territoires sont désormais en concurrence, le marketing territorial est l’outil des communicants pour asseoir une stratégie de différenciation et de mise en valeur des CTD.

    Il se pose donc légitimement les questions suivantes : Les CTD peuvent-elles se développer sans compter exclusivement sur les ressources de la décentralisation ? La planification stratégique peut-elle être un levier pour le développement des CTD ? Quelles politiques ou stratégies mettre sur pied pour vulgariser les investissements réalisés auprès des CTD ? Comment faire-valoir les richesses inexploitées, sous exploitées de nos territoires ? Comment impliquer les populations locales à la conception, mise en œuvre et suivi des politiques de développement durable des localités ?

    L’implémentation des agences de Développement Territorial (ADT) capable de faire vendre, faire-valoir, faire connaître les CTD s’appuyant sur les techniques et stratégies du marketing territorial apparaît comme une solution efficace pour renforcer les compétences et la compétitivité des CTD.  Objectif : attirer les investissements locaux et les IDE, lutter contre l’exode rural, promouvoir les emplois locaux…

    Dans un environnement où les territoires sont désormais en concurrence, le marketing territorial est l’outil des communicants pour asseoir une stratégie de différenciation et de mise en valeur des CTD. La « city branding », s’impose. Avec l’objectif de vendre l’identité et les spécificités d’un territoire aux citoyens et aux acteurs économiques, le marketing territorial doit être global, décloisonné, cohérent et servir une réalité. S’il est important de promouvoir son territoire pour attirer notamment des entreprises, des médecins, des professionnels ciblés ou tout simplement de la population, le marketing territorial doit être compris comme l’accomplissement du Service public et la mobilisation des forces vives du territoire sur un projet de vie.

    Historique (Modèle français)

    Née dans les années 1970 en France, la communication territoriale a connu cinq grandes périodes, passant de la propagande au marketing territorial. Une première phase (années 70) : la phase journalistique où l’émetteur, la ville ne se préoccupe pas vraiment de savoir si son message est reçu et encore moins compris. Une deuxième phase (années 80) : la communication publicitaire durant laquelle les villes rivalisent à coup de slogans, pas toujours représentatifs d’une réalité terrain. Troisième phase (années 90) : la phase « high-tech » avec le minitel, les bornes interactives et les prémices d’internet. Quatrième phase (années 2000) : la phase relationnelle durant laquelle les villes se rendent compte que le citoyen joue un rôle essentiel en matière d’image. On retourne aux fondamentaux : mettre en relations les élus et les habitants, créer du lien et favoriser les échanges. Et puis, cinquième et dernière phase (depuis 2010) avec le marketing territorial. Les territoires vont choisir de se positionner, en dégageant une identité et une image qui leur soient propres. La communication n’est plus centrée sur l’institution mais sur le partage d’un territoire autour de projets portés par tous.

    Agenda 21 local

    Le développement des CTD a longtemps été pensé par des acteurs étatiques, non-étatiques et des partenaires au développement loin des véritables aspirations des populations locales. Une situation qui, jusque-là, n’a pas fait décoller le développement économique et social de nos localités. Pour cause : la non prise en compte des réalités endogènes (culturelle et interculturelle). Pour pallier à ce problème, lors du sommet de Rio de 1992, les Nations-Unis ont lancé le programme agenda 21 local.

    La montée en puissance des réseaux sociaux (Facebook et Twitter), des blogs et des sites internet jouent un rôle dans la construction d’une identité numérique territoriale, mais pour réussir la composante digitale de son marketing territorial trois grands principes doivent être respectés.

    Il s’agit d’un plan d’action pour le 21e siècle. Les agendas 21 locaux sont nés d’une recommandation de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement qui s’est tenue en 1992 à Rio. Un agenda 21 local est un projet territorial de développement durable, porté par une collectivité locale, et qui prend la forme d’un programme d’actions (programme d’actions pour le 21ème siècle). A cet effet, il peut être adopté par toute collectivité, quelle que soit son échelle territoriale (commune, communauté de communes, agglomération, pays, Parc naturel régional, département, région). Son objectif est de mobiliser, sensibiliser et associer l’ensemble des acteurs à la construction d’un développement durable du territoire, c’est à dire un développement qui cherche à concilier la protection de l’environnement, le développement économique et le progrès social. Il donne à la collectivité un cadre pour agir sur le court, moyen et long terme. Coordonner l’ensemble des actions de la collectivité dans une approche globale (et non pas sectorielle), qui permet notamment de mutualiser des moyens et de faciliter la maîtrise des dépenses publiques.

    Pour faciliter la mise en place des Agendas 21 locaux, il est organisé au sein des CTD des Forum agenda 21 local. Son principe est axé sur le triangle de communication publique territoriale : élus/ agents/ citoyens. Cette relation triangulaire doit s’effectuer en simultané pour vérifier la cohérence de la communication et ainsi éviter les dysfonctionnements et les couacs. Le but de cette méthode est l’implication des populations dans la conception, la mise en œuvre et l’évaluation des projets qui leurs sont destinés pour une gouvernance participative et intégrée. Ainsi, le Marketing Territorial englobe l’ensemble des actes de communication qui se produisent à l’intérieur d’une organisation. On peut déterminer quatre enjeux : L’enjeu stratégique, L’enjeu structurel, L’enjeu social, L’enjeu technologique…

    Les médias sociaux au service de la « city branding »

    La montée en puissance des réseaux sociaux (Facebook et Twitter), des blogs et des sites internet jouent un rôle dans la construction d’une identité numérique territoriale, mais pour réussir la composante digitale de son marketing territorial trois grands principes doivent être respectés.

    • Maîtriser les réseaux sociaux

    Ils doivent être utilisés comme des outils au service de la stratégie globale et en fonction des secteurs et domaines concernés.

    • Travailler et penser « collaboratif »

    Le marketing territorial repose en partie sur le concept du collaboratif : impliquer le citoyen dans les stratégies de marketing territorial est la condition de la réussite, tout comme relayer les actions d’associations ou d’entreprises, à partir du moment où elles créent du dynamisme et relaient les valeurs portées par le territoire.

    • Travailler avec des spécialistes

    Il est essentiel de préserver l’instantanéité qui fait le fondement, la règle du « jeu » du web social. Il faut donc en donner la responsabilité aux Community managers. La surveillance régulière est aussi incontournable et donc la modération.

    Actuellement, au Cameroun, des cabinets à l’instar de Knowledge Consulting possèdent une expertise locale et internationale dans l’accompagnement des CTD : renforcement de leurs capacités mise sur pied des Agences de Développement Territorial (ADT). Le développement local tant espéré passe par de tel accompagnement.

    Benjamin OMBE-Journaliste (Social Media Manager)

    Chief Executif Officer, Knowledge Consulting

    ombebenjamin@hotmail.fr

     

     

     

  • Viviane Ondoua Biwole : la mauvaise gouvernance menace les objectifs du budget 2018

    Viviane Ondoua Biwole : la mauvaise gouvernance menace les objectifs du budget 2018

    Grâce à ses nombreuses publications dans les domaines de l’entrepreneuriat et de la PME et de la gouvernance, le directeur général adjoint de l’Institut supérieur de management public est depuis la fin de l’année dernière maitre de conférences. A la lumière de cette expérience accumulée depuis une vingtaine d’année, l’enseignante à l’université de Yaoundé II-Soa estime que l’hybridation du modèle de gouvernance du Cameroun est la source des contreperformances de son administration publique. Elle explique comment et pourquoi.

    Viviane Ondoua Biwole, DGA ISMP.

    Le budget 2018 est désormais exécutoire. Cinq grandes priorités apparaissent pour le Cameroun : continuer les efforts de redressement afin d’équilibrer les agrégats macroéconomiques (programme avec le FMI), poursuivre son programme de développement avec l’exécution des grands projets et l’accélération de la décentralisation, améliorer son image en tirant avantage de l’organisation de la CAN 2019, organiser les élections prévues et assurer la sécurité intérieure et aux frontières. La question qui s’impose alors est de savoir avec quel mode de gouvernance ces résultats seront atteints ?

     

    • Tirer les leçons des échecs antérieurs

    Il n’est ni impertinent ni honteux de tirer les leçons des échecs antérieurs. En effet, il est difficile de comprendre pourquoi les outils tant vantés dans d’autres environnements pour leurs vertus peinent à produire les mêmes résultats au Cameroun. Est-ce parce que les outils de gestion importés notamment d’Europe et des USA ne sont pas viables ou sont peu adaptés à notre contexte ? Qu’est ce qui nous rassure que les grands projets structurants de cette génération ne subiront pas le même sort que les autres projets ? Quelles précautions devons-nous prendre pour que l’année 2018 soit différente ?

    Si la question peut paraitre simple, sa réponse n’est pas évidente. Elle mérite une analyse approfondie qui dépasse les anecdotes souvent entretenues par divers acteurs ou des réponses superficielles relatives à la culture camerounaise ou à son contexte souvent qualifié de spécifique. Ce questionnement est d’ailleurs au cœur des préoccupations actuelles en management. Un article a été publié en 2017 dans la revue française de gestion sur l’analyse comparative  internationale de la qualité de la gouvernance des entreprises. Son objectif était de savoir des trois modes de gouvernance identifiés (anglo-saxon, européen continental et asiatique) lequel pouvait être considéré comme meilleur au regard des scores de l’agence de notation sociétale Vigéo. Il ressort de cette étude réalisée auprès de 434 entreprises pendant la période 2010-2014 que les entreprises anglo-saxonnes détenaient les scores les plus élevées concluant sur la supériorité de ce mode de gouvernance.

    Plusieurs arguments sont utilisés pour expliquer la supériorité du mode de gouvernance du modèle anglosaxon : le contrôle des dirigeants par les marchés financiers (la force régulatrice étant ici le marché financier) ; par conséquent la nature patrimoniale et familiale des entreprises entrainerait une faible performance. Par comparaison au contexte camerounais, on comprendrait pourquoi les entreprises publiques non exposées à la concurrence, disposant d’actionnaires non propriétaires sont très peu performantes. L’une des raisons de ce constat est la défaillance de l’autorité réglementaire, la proximité que les hauts fonctionnaires entretiennent avec le ministère des Finances qui biaise l’objectivité dans le choix budgétaires. Il faut ajouter la forte influence des services de la présidence et du Premier ministre dont les missions souveraines sont convoquées par leurs représentants comme arguments pour échapper à la rationalité budgétaire pourtant retenue pour les arbitrages.

     

    • Usage peu efficace d’un mode de gouvernance hybride

    Le fonctionnement de l’administration publique laisse apparaitre une hybridation des modes de gouvernance. Cette hybridation n’est pas sans conséquence sur le contrôle des dirigeants, la rationalité dans l’allocation des ressources et la gestion des ressources humaines. A l’analyse, elle consacre une cohabitation conflictuelle entre la gouvernance empruntée au modèle anglo saxon (budget programme alors reconnu pour ses vertus) et le modèle patrimonial plus proche du modèle asiatique. Le modèle de gouvernance asiatique est caractérisé par une faible indépendance des conseils d’administration, une faible importance accordée à la fonction d’audit et au contrôle des dirigeants.

    Il est vrai que ce n’est pas la nature hybride qu’il faut blâmer mais davantage l’incohérence des outils de gestion mobilisés dans ce contexte. Il est en effet contreproductif de « faire semblant » d’appliquer les outils du modèle de rationalisation des choix budgétaires alors que l’on sait que cette décision est neutralisée par une autre pratique de nature patrimoniale qui anéantit l’effet recherché par l’outil de rationalisation. Il convient alors, à défaut d’ « inventer » des outils de gestion qui correspondent à cette hybridation (qui combine les éléments empruntés des deux modèles), de privilégier un mode de gouvernance (anglosaxon ou patrimonial de type asiatique) avec une cohérence dans l’usage des outils.

    Si c’est l’hybridation qui est privilégiée comme c’est le cas dans les discours et les actons des décideurs publics, il convient alors de questionner la nature de cette cohabitation en terme d’ampleur, de complémentarité et de cohérence. Rappelons en effet qu’en 2011, 94% d’administrations disposaient d’un cadre organique. Le cadre organique, crée et organise les emplois des fonctionnaires au sein de l’administration (attributions et exigences de chaque emploi et poste de travail). Le DSCE a prévu la mise en place des cadres organiques et leur respect en cas de nomination (DSCE, p. 100). Malheureusement, les objectifs poursuivis par la mise en place de ces cadres organiques seront difficilement atteints, car s’il est vrai que les cadres organiques ont été élaborés dans les délais, leur application lors des mouvements d’effectifs reste très mitigée (budget programme du MINFOPRA 2014, p. 41). Les critères de nomination ne sont pas toujours maîtrisés du public.

    Et pourtant, l’efficience de la fonction publique guidée par le budget de programme vise également la prise en compte de la compétence individuelle lors des recrutements et des nominations.   A cet effet,  Il existe à ce jour deux modalités de nomination dans l’administration publique camerounaise : une dite discrétionnaire et une par appel à manifestation d’intérêt (cas des projets cofinancés Etat-bailleurs bilatéraux ou multilatéraux). Quand l’Etat veut la performance il sait à quelle modalité il fera recours. Notons alors pour le regretter, l’absence de textes instituant les appels à manifestation pour le recrutement et la nomination de certains postes dans l’administration. Ce qui constitue un réel frein à l’efficacité de celle-ci. A titre d’illustration, les projets (de coopération) de l’administration dont les postes sont pourvus par appel d’offre sont plus efficaces que ceux dont la nomination est discrétionnaire. Et c’est ce mode de désignation qui est privilégié, en toute conscience dans la majorité des postes. La cohabitation des modes de gouvernance anglosaxon et asiatique (patrimonial) laisse apparaitre une prédominance du modèle patrimonial.

     

    • L’urgence d’inventer des outils de gestion cohérents à l’hybridation affichée

    L’efficacité de l’exécution du budget de 2018 est soumise à la nécessaire mise en cohérence du modèle de gouvernance et les outils de gestion qui en découlent. Il nous semble alors urgent de réinventer les outils de gestion qui tiennent compte de cette dualité pour éviter que les effets positifs de l’un des modèles soient neutralisés par l’autre modèle. Nous avons observé l’émergence de ces outils dans certains secteurs où l’impératif des résultats n’est pas une option mais une exigence. Il s’agit des secteurs des administrations financières qui comme les autres administrations sont régies par certaines règles découlant du modèle patrimonial, mais s’impose des contrats de performance. C’est le cas également des projets réalisés avec les bailleurs de fonds dans divers secteurs de l’agriculture et des forêts. Dans ces contextes, les outils (re) inventés permettent d’assurer la performance. Les responsables concernés sont conscients de la coexistence de l’hybridation en vigueur et s’adapte aux exigences de cette réalité.

    Dans d’autres cas, pour corriger les dysfonctionnements occasionnés par l’usage du modèle patrimonial, le recours aux comités (souvent perçus comme abusifs) s’avère nécessaire. La prédominance du mode de gouvernance patrimonial impose alors pour prétendre à une performance minimale, de mettre en place des comités et commissions dont l’objectif est de servir de « sapeurs-pompiers » aux secteurs et projets peu performants. C’est un choix qui n’est pas sans conséquence aussi bien en ce qui concerne le gaspillage des ressources que la confiance nouée à travers le contrat social conclut avec la population. Pour reprendre une expression connue, vous entendez souvent dire : « Au Cameroun, quand un problème survient au lieu de le résoudre ou sanctionner les coupable, une commission est créée pour noyer définitivement la question ». En fait la question n’est pas « noyée » mais la commission identifie les dysfonctionnements et y apporte des solutions sans pour autant modifié l’ordre établit par les pratiques du modèle patrimoniale.

    Il nous semble que c’est cette cohabitation inefficace, cette superposition de modèles avec une prédominance du modèle patrimonial opposer aux objectifs nécessitant plus de rationalité qui constitue un véritable frein à la réalisation des projets. En fait le mode de gouvernance actuellement en vigueur produit des effets qui se neutralisent et bloquent le système.

    Au regard de ce qui précède, deux solutions sont envisageables : décider de la primauté soit du modèle anglo-saxon ou soit du modèle patrimonial et retenir les outils de gestion cohérents qui en découlent ; inventer des outils adaptés à l’hybridation des deux modèles et les appliquer dans tous les domaines dans l’optique d’accroitre la performance. Il convient de dire que le choix du modèle hybride va nécessiter plus de cohérence et de discipline et un engagement politique fort pour arbitrer selon la rationalité économique (moins politique) au regard du contexte actuel caractérisé par le redressement de l’économie et de la rareté des ressources.

  • «La résilience tant vantée de notre économie a été mise à rude épreuve»

    «La résilience tant vantée de notre économie a été mise à rude épreuve»

    A l’occasion de la rentrée du Groupement inter patronal du Cameroun (Gicam), son président a fait une sortie le 12 janvier 2018 articulée sur trois points : la situation économique du pays, le bilan de ses premiers mois à la tête du Gicam et sa feuille de route pour 2018. Sur chacun de ces aspects, nous proposons l’intégralité de sa communication.

    A l’occasion de la rentrée du Groupement inter patronal du Cameroun (Gicam), son président a fait une sortie le 12 janvier 2018 articulée sur trois points : la situation économique du pays, le bilan de ses premiers mois à la tête du Gicam et sa feuille de route pour 2018. Sur chacun de ces aspects, nous proposons l’intégralité de sa communication.
    Célestin Tawamba, président du Gicam. © Koaci.
    • Lecture de la situation économique du Cameroun

    Comme il est désormais acté par tous, l’année 2017 aura été une année de contre-performance pour notre économie. Notre croissance a été en berne, passant de près de 6% en 2015 à 4,6% en 2016 pour se situer finalement à moins de 4% en 2017. A l’évidence, la résilience tant vantée de notre économie a été mise à rude épreuve par la crise sécuritaire et la chute drastique des cours du pétrole, notre toujours principal produit d’exportation.

    On peut se féliciter de ce que notre pays ait mieux résisté que nos voisins de l’Afrique Centrale, mais force reste de constater que notre situation aurait été meilleure si les réformes structurelles tant souhaitées avaient été implémentées dans les temps et les formes requises.

    Hélas, la situation difficile des finances publiques et des comptes extérieurs nous a contraints à nous engager dans un nouveau programme de réformes économiques et financières avec le FMI. Nous espérons tous qu’au bout de celui-ci, les résultats escomptés en termes de rétablissement de viabilité budgétaire et extérieure du pays, de promotion de la croissance et de création d’emplois seront atteints. Pour cela, il nous semble impératif d’envisager l’ensemble des réformes sous un prisme partenarial afin de préserver la capacité des entreprises à jouer leur rôle dans le processus d’émergence. Il apparaît en effet, à la lecture des initiatives engagées, que certaines peuvent s’avérer contre-productives. Nous aurons sans doute l’occasion d’y revenir dans la suite.

    Au final et au terme de cet exercice 2017, le quotidien des entreprises ne s’est pas amélioré, loin de là. Il s’est même détérioré pour un grand nombre d’entre elles. En plus du resserrement de la demande ayant induit des carnets de commande de plus en plus maigres, les entreprises ont dû composer avec des délais de paiements qui ne cessent de s’allonger, l’accumulation des retards de paiement, la multiplication des tracasseries administratives, dans un environnement global toujours très contraignant.

    Situation des entreprises

    Dans cet environnement morose, les éclairs ont été si rares qu’il convient de saluer les quelques-unes qui sont apparues. Nous voulons évoquer ici le bénéfice des avantages de la loi d’avril 2013 sur les incitations à l’investissements privé, lequel se traduit par quelques projets industriels visibles ; l’opérationnalisation de la plateforme Centrale des Incidents de Paiements (CIP) – Fichier Bancaire National des Entreprises (FIBANE) qui a permis à notre pays de gagner quelques places sur le classement Doing business ; le début de la mise en service de la plateforme du port en eau profonde de Kribi.

    Nous ne saurons passer sous silence dans cette catégorie, la priorité accordée par le Président de la République aux difficultés de trésorerie des entreprises, et particulièrement des Petites et Moyennes Entreprises lors de son message à la Nation du 31 décembre 2017. Dans un communiqué presse qui ne vous a sans doute pas échappé, le Conseil exécutif du Gicam s’est félicité, et à juste titre, de la prise en compte par le Chef de l’Etat des doléances du Groupement en faveur de la dette des Petites et Moyennes Entreprises et de leur accès au crédit.

    Nous avons affirmé notre disponibilité à contribuer et à soutenir les actions qui seront menées, nous le souhaitons, dès les prochaines semaines, une gestion transparente de cette prescription présidentielle. Au demeurant, nous espérons l’extension de l’effort gouvernemental aux crédits de TVA et autres préoccupations des PME dont leur besoin de protection.

    • Bilan des six premiers mois de l’équipe Gicam en Action

    Comme vous le savez, l’équipe Gicam a été portée à la tête du Groupement le 29 juin dernier sur la base d’un Programme dont la philosophie d’action est sous-tendue par trois orientations fondamentales : le Rassemblement, la Réconciliation et la Refondation.

    Suivant ce triptyque, nos six premiers mois ont été denses en activités. C’est ainsi qu’au titre des rencontres avec le Gouvernement, l’équipe du Conseil Exécutif a été reçue en audience par le Premier Ministre, et plusieurs membres du Gouvernement dont les Ministres en charge des Finances, de l’Economie, du Travail, des PME, de l’Industrie, du Commerce. Ce fut non seulement l’occasion de prendre contact, mais aussi et surtout de rappeler, dans les domaines respectifs de ces interlocuteurs, les problèmes qui se posent aux entreprises.

    Notre engagement pour la refondation de notre mouvement patronal a été matérialisé, au cours de ce semestre, par un réaménagement de nos Commissions. La volonté ayant guidé cette démarche est de renforcer leur proactivité, leur efficacité et leur contribution à la formulation des prises de position du Groupement.

    Nos actions les plus visibles ont sans doute été les quatre grands évènements que nous avons organisés et auxquels plusieurs d’entre vous ont sans doute pris part. Le premier a été le tout 1er Forum de la FME tenu le 24 octobre 2017. Cette rencontre a abordé trois thématiques spécifiques relatives aux PME : la protection, la fiscalité et le financement. Le Forum a débouché sur des propositions visant à structurer les efforts du secteur privé et des pouvoirs publics sur la question du développement de la PME.

    Le second évènement a été le Forum des acteurs de l’Entreprenariat féminin. Celui bouclait un programme de 18 mois conduit avec le concours du Bureau international du Travail qui a notamment mobilisé à cet effet des ressources à hauteur de 350 000 dollars, environ 200 millions de Francs CFA. Le Forum a pris note de la formation de 200 femmes entrepreneures en Gestion des entreprises et de 100 femmes en Création et développement des entreprises, ainsi que la mise en place d’un réseau de formateurs interne au sein du Gicam.

    Le troisième évènement concernait le Forum Gicam – Partenaires au développement ; une première qui visait à formaliser des contacts constants avec des institutions qui, soit développent des programmes de coopération technique avec le Cameroun, soit assistent techniquement et financièrement le Cameroun dans l’élaboration et la mise en œuvre de ses politiques économiques.

    Le quatrième évènement et non des moindres est la nuit des pionniers de l’entreprise au Cameroun. Cette rencontre, qui couronnait les festivités marquant le 60ème anniversaire du Gicam, fut un instant de rassemblement et de convivialité pour partager l’idéal de l’entreprise et de l’entreprenariat. Nous avons, à cette occasion, souhaité rendre hommage à ceux qui, dès les premières heures du Cameroun indépendant, ont eu le courage d’oser et d’innover, dans la foi et la détermination pour construire l’entreprenariat camerounais. A titre symbolique, 60 d’entre eux ont été magnifié et nous tenons encore aujourd’hui à leur témoigner toute notre admiration.

    Concomitamment à ces évènements très courus et qui ont été abondamment relayés dans la presse, plusieurs internes ont été engagés. Je voudrais évoquer ici l’Audit institutionnel et organisationnel du Gicam, la rédaction du Livre Blanc de l’Economie Camerounaise, le Groupe de travail sur la fiscalité. Nous aurons l’occasion de revenir sur certains de ces chantiers.

    • Principales orientations de l’action du Gicam pour 2018

    Dans notre vision de Refondation, de Réconciliation de Rassemblement rappelée tantôt, l’action du Gicam en 2018, premier exercice complète de l’actuelle mandature, l’action restera guide par une ambition générale articulée en trois volets : un Gicam de services ; un Gicam d’influence ; un Gicam d’intelligence économique.

    Dans le premier Volet « Gicam de services », notre volonté est de bâtir une organisation puissante au service de ses membres. Aussi, les actions déjà engagées seront poursuivies et conduites à terme. Il sera entre autres engagé une refondation complète des Services pour renforcer la fonction d’accompagnement des membres, particulièrement des PME/PMI. Notre Business Advisory Services sera notamment reconfiguré en un véritable Centre de Développement des Entreprises et sera le support d’un large éventail de Services à Valeur Ajoutée au bénéfice des PME.

    Nous entendons tirer partie des Conventions déjà signés avec de partenaires prestigieux pour promouvoir un Label Gicam et faire bénéficier à ses membres des accès privilégiés et des facilités d’accompagnement dans les domaines tels que la formation, le développement de projets, le règlement des litiges, etc.

    Afin de construire un patronat camerounais uni, plus fort, plus représentatif et plus puissant, nous entendons résolument consolider, autour du Gicam, l’interaction avec les fédérations professionnelles spécialisées et poursuivre le rapprochement entamé avec les autres organisations du secteur privé et les chambres consulaires.

    Dans le volet «Gicam d’influence », nous entendons œuvre à la mise place d’un patronat véritable force de proposition pour les pouvoirs publics et les partenaires au développement. Compte tenu des écueils rencontrés actuellement dans le dialogue avec les pouvoirs publics, nous entendons, au cours ce premier trimestre 2018, procéder à une revue en profondeur des conditions du dialogue économique et social au Cameroun. Il s’agit pour nous de donner notre vision de ce que doivent être les structures formelles ou non du dialogue, le contenu des dialogues, les modes opératoires comme le partage de l’agenda, le suivi des recommandations et leur évaluation.

    Plaidoyer

    Afin de susciter le changement de paradigme de la politique économique au Cameroun pour équilibrer son centre de gravité entre secteur public et secteur privé, les initiatives visant à étoffer notre capacité de plaidoyer seront progressivement déployées. La première porte sur la publication du « livre blanc » de l’économie camerounaise. Elle sera complétée par la mise en place d’un tableau de bord de l’économie camerounaise qui nous permettra, sur la base des données qualitatives et quantitatives venant des membres, d’élargir et d’affiner nos analyses.

    Dans la même veine, les résultats de la task force sur la fiscalité seront publiés au mois d’Avril 2018. Ils proposeront une alternative à notre modèle fiscal, à tout le moins ils fourniront des éléments qui feraient de notre système fiscal un instrument de développement. C’est sur la base de ces éléments que nous entendons améliorer les relations que nous entretenons avec les administrations fiscales et douanières. Nous avons déjà engagé des échanges pour que les plateformes déjà institutionnalisées soient définitivement activées pour qu’un véritable climat de convivialité puisse voir le jour entre, d’une part les administrations fiscales douanières et d’autre part, les contribuables.

    Le troisième volet de notre action portera sur la construction d’un Gicam d’intelligence économique ; c’est-à-dire un Gicam de défense et de promotion de ses intérêts et de ses actions. En 2018, les chantiers prioritaires porteront sur la promotion des filières d’excellence et des champions nationaux, le renforcement de la protection de l’industrie locale et la lutte contre le commerce illicite et enfin, la promotion de la bonne gouvernance et de l’éthique en affaires.

    Par ailleurs, nous entendons nous impliquer activement dans la révision engagée du Code du Travail. Dans ce chantier comme dans les autres, notre soucis premier restera le même : aménager les conditions idoines pour permettre aux entreprises de jouer pleinement leur rôle de créateurs de richesses et d’emplois.