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Catégorie : INTÉGRATION RÉGIONALE
Financements de la Banque mondiale : le genre contre de l’argent
Des appuis supplémentaires sont promis aux pays promouvant l’égalité pour tous.
Le Groupe de la Banque mondiale inaugure prochainement sa nouvelle stratégie en matière de genre de 2024 à 2030. Celle-ci engage l’institution de Bretton Woods à soutenir les innovations et l’action collective en faveur «des groupes dont le genre est corrélé à d’autres caractéristiques», les «minorités sexuelles et de genre» et les «groupes marginalisés en raison de leur convergence entre genres et d’autres caractéristiques. Ces objectifs sont sous-tendus par des actions permettant d’en finir avec les violences basées sur le genre (VBG), ainsi que celles favorisant l’extension des services de soins, mobilité et de numérique et le leadership féminin, entre autres.
C’est à ce titre que le Groupe de la Banque mondiale active d’ores et déjà des leviers de financement et de partenariat en faveur des secteurs publics et privés. Lesquels constituent la cible de la nouvelle stratégie. «La Banque mondiale a renforcé ses capacités et soutenu ses clients dans la production de données et de preuves sur le genre, et dans l’amélioration de la conception et de la mise en œuvre de politiques et programmes visant à combler les disparités spécifiques entre les genres». L’institution est engagée plus que jamais à aider «les décideurs politiques et les clients du secteur privé à renforcer leurs analyses de genre et à intégrer les dimensions du genre dans les politiques, les pratiques et les réformes institutionnelles. Elle aidera également les gouvernements à améliorer la prise en compte de la question du genre dans les systèmes budgétaires et les systèmes de passation des marchés». Elle encourage aussi la production de données et de preuves ainsi que l’analyse comportementale. Avec un accent mis sur la lutte contre les préjugés, les stéréotypes et d’autres facteurs sociaux, psychologiques et économiques qui influencent ce que les gens pensent et font. «Ces approches feront l’objet d’évaluations et bénéficieront d’un appui pendant la mise en œuvre», peut-on lire.
Quiproquo
Le Cameroun, comme bon nombre de ses voisins, pourrait tirer profit de ce nouveau levier de financement. En effet l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale cumulent à elles seules les deux tiers des décès maternels à l’échelle mondiale. Par ailleurs, les filles y sont moins nombreuses que les garçons à achever leurs études secondaires, apprend-on. Seulement, la loi camerounaise interdit les relations sexuelles entre personnes de même genre. Tout comme elle n’accorde pas de reconnaissance au transgénérisme. Un des points forts de la nouvelle stratégie de la Banque mondiale. «La Banque mondiale promeut l’égalité des genres et l’inclusion sociale, et s’est engagée, à ce titre, dans une démarche d’intégration globale des questions d’orientation sexuelle et d’identité de genre dans l’ensemble de ses travaux d’analyse et activités opérationnelles», avertit-elle en 2017, dans une note intitulée «orientation sexuelle et identité de genre» toujours disponible sur son site Internet.
La question du genre vient enrichir la palette des critères auxquels doivent répondre les projets et programmes soumis au financement de la Banque mondiale. Les autres sont centrés sur la résilience au changement climatique et à l’amélioration de la gouvernance.Louise Nsana
Me Akere Muna : «La corruption détourne des fonds publics destinés à des services essentiels»
Invité à la première édition du Forum sous-régional sur la corruption et la gouvernance, l’ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats du Cameroun fait l’autopsie de cette pratique pernicieuse en Afrique centrale.
Je suis honoré de l’invitation d’Environnement for life à prendre la parole lors de ce Forum sur la gouvernance et la lutte contre la corruption en Afrique centrale. Je félicite la Présidente Madame Marcelle Ngono Ndjobo et les membres de son organisation d’avoir choisi de mettre ce sujet en avant.
Importance
Aujourd’hui, je me tiens devant vous pour souligner l’importance primordiale de la lutte contre la corruption pour le développement durable de l’Afrique centrale, de l’Afrique et, en fait, de n’importe quelle région du monde. Le 9 décembre, dans quatre jours, ce sera la Journée internationale de lutte contre la corruption. En fait le vingtième anniversaire de la convention des Nations Unies. La Journée internationale de lutte contre la corruption est observée chaque année à cette date, depuis l’adoption de la Convention des Nations Unies contre la corruption le 31 octobre 2003, afin de sensibiliser le public à la lutte contre la corruption.Le thème retenu cette année est «Engager la transparence: Plaider en faveur de la transparence et de la responsabilité dans les pratiques gouvernementales et commerciales. Soutenir les efforts visant à améliorer la transparence dans votre communauté ou votre lieu de travail». Le choix de ce sujet par votre Forum ne pouvait donc être plus approprié. La corruption, tel un parasite, ronge le cœur même de notre société, entravant le progrès, étouffant la croissance, en nous empêchant d’atteindre notre plein potentiel. La lutte contre la corruption dans notre sous-région est donc vitale pour ne pas dire existentielle.
Perception
Alors, comment définissons-nous la corruption? Je ne vais pas vous donner de définition légale ou philosophique. La définition que nous utilisons chez Transparency International est simple. L’utilisation du pouvoir confié à des fins privées. Si vous souhaitez une définition plus détaillée, je vous conseille de lire le chapitre trois de la Convention des Nations unies contre la corruption (UNCAC). Les comportements définis comme constitutifs de la corruption y sont adéquatement décrits. De nombreux rapports et enquêtes ont conclu que la corruption en Afrique centrale est endémique et systémique. La corruption endémique fait référence à une situation où la corruption est profondément enracinée et répandue dans un système ou une société particulière. Cela implique que la corruption est devenue une pratique routinière ou normative, imprégnant divers niveaux de gouvernement, d’institutions et de secteurs. La corruption endémique est caractérisée par une culture de la malhonnêteté, de pots-de-vin, de détournements de fonds et d’abus de pouvoir; des individus ou groupes en bénéficiant aux dépens du grand public.La corruption systémique quant à elle fait référence à une forme de corruption qui a profondément imprégné les structures et les processus fondamentaux d’une société ou d’une institution. Elle ne se limite pas seulement à des actes individuels isolés, mais devient plutôt enracinée et normalisée dans le système lui-même. La corruption systémique implique souvent des distributions généralisées de pots-de-vin, des détournements de fonds, du népotisme et d’autres pratiques malhonnêtes qui sapent l’État de droit, l’égalité des chances et l’équité dans le fonctionnement d’une société. Elle est caractérisée par l’existence d’un réseau de personnes corrompues. Pour faciliter la compréhension, je dirai que la «corruption endémique» concerne le comportement de ceux qui sont au sein du système et la «corruption systémique», concerne la distorsion mécanique à laquelle les institutions d’un pays sont soumises en raison d’une corruption généralisée.
Gouvernance
Le Forum d’aujourd’hui porte également sur la gouvernance. Brièvement décrite, la gouvernance implique la direction et la responsabilité de la gestion institutionnelle d’un pays. Elle est cruciale pour atteindre les objectifs nationaux, couvrant différents secteurs et limites organisationnelles. Une bonne gouvernance intègre la responsabilité, le leadership, l’intégrité, la gestion responsable et la transparence. Elle exige de prendre la responsabilité des décisions et des actions, d’établir des normes éthiques élevées, d’agir de manière impartiale et de protéger les ressources publiques. La transparence est tout aussi essentielle, en veillant à ce que le public et les employés aient accès à des informations précises et claires. L’Afrique, qui est un continent riche en ressources naturelles et humaines, a un énorme potentiel de prospérité et d’épanouissement de ses populations. Cependant, l’omniprésence de la corruption agit comme un obstacle sur notre chemin vers le succès. La corruption détourne des fonds publics destinés à des services essentiels tels que les soins de santé, l’éducation et le développement des infrastructures. Elle prive non seulement nos citoyens de leurs besoins fondamentaux, mais perpétue également un cycle de pauvreté et d’inégalité. En outre, la corruption érode la confiance et affaiblit les institutions publiques. Lorsque les citoyens perdent confiance dans l’équité et la transparence de leur gouvernement, la cohésion sociale et la stabilité sont menacées. Les investissements étrangers et la croissance économique sont également découragés, car les investisseurs potentiels évitent les pays en proie à des pratiques de corruption. Pour attirer des partenariats économiques mondiaux et stimuler la participation des investisseurs nationaux, nous devons démontrer notre engagement à lutter contre la corruption à tous les niveaux. Comme nous le recommande la philosophe russo-américaine Ayn Rand: «Lorsque vous verrez que pour produire, vous devez obtenir la permission d’hommes qui ne produisent rien; lorsque vous verrez que l’argent coule à flots vers ceux qui négocient, non pas des biens, mais des faveurs; lorsque vous verrez que les hommes s’enrichissent davantage par la corruption et les pots de vin que par le travail, et que vos lois ne vous protègent pas contre eux, mais les protègent contre vous; lorsque vous verrez que la corruption est récompensée et que l’honnêteté devient un sacrifice de soi; Vous saurez alors que votre société est condamnée»!Propos rassemblés par
Joseph Julien Ondoua OwonaLutte contre la corruption en Afrique centrale : vaincre le «péché», gagner le développement
La toute première édition du Forum sous-régional sur la corruption et la gouvernance s’est tenue à Yaoundé du 5 au 6 décembre 2023. L’évènement initié par l’organisation non-gouvernementale Environment For Life qu’accompagnait le ministère camerounais des Relations extérieures (Minrex), a connu la participation de plusieurs autres. Notamment, la Commission économique pour l’Afrique (CEA), la Commission nationale de lutte anti-corruption (Conac)… Pendant deux jours, les participants ont débattu sur le thème «Engager la transparence: plaider en faveur de la transparence et de la responsabilité dans les pratiques gouvernementales et commerciales. Soutenir les efforts visant à améliorer la transparence dans votre communauté ou votre lieu de travail». Après avoir fait l’autopsie du phénomène, ils ont, en chœur, chanté l’hymne du plaidoyer en faveur d’une meilleure gouvernance. Un idéal qui ne peut être atteint qu’en menant une lutte acharnée et sans merci contre la corruption.
Joseph Julien Ondoua Owona
Tous contre la corruption Selon les experts et autres personnes engagés dans la lutte contre le phénomène, la mise sur pied et l’application des textes juridiques contre l’enrichissement illicite constituent la solution.
Ce n’est un secret pour personne. Les pays de la sous-région Afrique centrale ont mal à leur gouvernance, du fait de la corruption qui y est fortement élevée. Le constat fait depuis plusieurs années déjà et à divers niveaux l’a également été les 5 et 6 décembre dernier à Yaoundé. C’était à l’occasion de la toute première édition du Forum sous-régional sur la corruption et la gouvernance.
La gangrène
À les en croire, après moult sensibilisations, les adeptes de la corruption ne semblent pas prêts à revenir à de meilleurs sentiments. La «vieille affaire», selon Angeline Ndo, sénateur suppléant pour la région du Sud, est devenue systémique. Ce d’autant plus que, estime Me Charles Nguini (auteur de Plaidoyer pour un Cameroun sans corruption), c’est «la lutte la plus impopulaire» qui existe parce que, «les gens font semblant de lutter contre le fléau». C’est ce qui fait dire au révérend père Dr Thomas Tchoungui que «la corruption est un péché». Celui-là qui consiste, pour ses praticiens, à se détourner du canon légal pourtant préétablie, pour passer par une «autre voix».Situation désastreuse
En évoquant les données statistiques, Marcelle André Ngono Ndjobo fait l’autopsie de la situation dans la sous-région. «Des mesures de la perception de la corruption des organisations comme la Banque mondiale, à travers les «indicateurs mondiaux de gouvernance»; le World Economic Forum ou encore Transparency International relèvent régulièrement une situation désastreuse en Afrique subsaharienne et particulièrement en Afrique centrale. L’Indice de perception de la corruption 2022 publié le 31 Janvier 2023 par Transparency International indique que la majorité des pays de la sous-région ont des progrès lents ou inexistants dans leur lutte contre la corruption», fait-elle savoir. D’après ledit rapport, la Guinée Équatoriale fait partie des pays africains les plus corrompus d’Afrique, avec un indice de 17. Ce qui lui vaut d’être leader en matière de corruption dans la zone Cemac. À sa suite, le Tchad (19 contre 20 en 2021); le Congo (20 contre 19 en 2021); la Centrafrique (24 en 2021 et 2022); le Cameroun (26 contre 27 en 2021) et enfin le Gabon (29 contre 31 en 2022).Conséquences
Dans ces pays de l’Afrique subsaharienne majoritairement francophone, le fléau se dissimule grâce à ses mille visages. La perte de ressources économiques à travers la fuite des capitaux et la distorsion des investissements vers les secteurs corrompus et profitables; la désorganisation politique, conséquence du clientélisme et des systèmes de faveurs. Tout ceci bouscule l’efficacité gouvernementale, la réduisant à sa simple expression. Dans un tel contexte, le coût des services grimpe considérablement, rendant l’application des «bonnes» mesures gouvernementales impossible.
Pour tordre le cou à ce fléau, il ne suffit plus seulement de le dire, ni de le penser. Mais il convient de prendre des mesures concrètes. Pour Me Akere Muna, la solution réside dans la prévention. Dans ce sillage, estime l’ancien bâtonnier camerounais, il est plus qu’urgent de prendre des mesures législatives plus importantes et surtout de les appliquer. «La prévention est plus importante que la sanction. Parce que la prévention protège notre patrimoine. La sanction vient après», estime-t-il.
Pour lui, «la lutte contre la corruption n’est pas un combat insurmontable. Avec détermination, l’action collective et la mise en œuvre de mesures efficaces, nous pouvons surmonter ce défi et ouvrir la voie à un avenir meilleur».La gouvernance par l’éducation
Éradiquer la corruption en Afrique centrale passe impérativement par une sensibilisation accrue des plus jeunes.
«Les vieilles habitudes ont la peau dure». La maxime résume assez bien l’état de la lutte contre la corruption dans la sous-région Afrique centrale. Malgré les multiples actions entreprises à divers niveaux, le mal persiste. De l’avis des experts, cela est dû au fait que ces actions soient entreprises auprès des adultes embourbées dans les mauvaises pratiques depuis plusieurs années.
La situation est d’autant plus alarmante que les plus jeunes s’en trouvent mêlés. En dehors des bureaux des entreprises publiques et privées, le phénomène malsain s’est déporté dans les établissements scolaires. En ces lieux jadis plein d’innocence et de dispensation des savoirs, elle outrepasse le règlement intérieur et flâne entre bureaux et salles de classe. Conséquence: «l’élève le moins brillant a toujours des moyennes appréciables», souffle un enseignant. Alors que, le moindre service offert est rendu en échange d’un autre ou d’une somme d’argent… S’en suivent alors divers scandales.Outiller les jeunes
L’urgence d’exclure ce mauvais élève des établissements scolaires et universitaires n’est plus à démontrer. Pour Richard Howe, la restructuration doit commencer dès la base. D’ailleurs, estime l’expert, il est nécessaire de retourner à l’éducation d’antan. Celle d’après laquelle, un enfant, après avoir effectué une commission va rendre le reste d’argent à son commanditaire.
«Il est question d’imprégner les enfants, les plus jeunes de ce qu’est la corruption afin qu’ils apprennent à se mettre en marge de ces pratiques», dévoile Marcelle Ngono Ndjobo, coordinatrice de l’Ong Environment For Life. L’objectif ultime étant de disposer des jeunes suffisamment informés et bien formés pour mieux gérer les ressources de nos pays de façon responsable, dans le meilleur des mondes.L’action, apprend-on, doit se poursuivre au-delà du cadre scolaire et s’étendre aux sanctuaires de corruption que sont les entreprises. «Le renforcement des capacités à la fois des individus et des États, permettrait non seulement d’améliorer la gouvernance des entités privées et publiques, mais également de limiter et de réduire de manière significative le processus de corruption dans les pays d’Afrique centrale. Ainsi, nous, individus, entreprises et États, seront tous gagnants. Nous assurerons de la sorte, notre développement sans entraver celui des générations futures», explique Marcelle Ngono Ndjodo.
«La République exemplaire passe par des hommes exemplaires, d’où le passage par l’éducation», conclut le révérend père Dr Thomas Tchoungui.JJOO
EHT-Cemac : les étudiants congolais tiennent leurs diplômes
Après leur brillant passage dans cette école sous régionale basée au Cameroun, ils ont reçu le précieux sésame le 29 novembre dernier à Brazzaville.
«Le Congo se réjouit de ce qu’aujourd’hui nous disposons d’un nombre important des cadres qui représentent pour nous des véritables appuis dans la transition vers une économie soutenue dans d’autres richesses que le pétrole». Ces mots ont été prononcé le 29 novembre dernier, par Lydie Pontault, ministre de l’Industrie culturelle, touristique, artistique et des Loisirs de la République du Congo.
C’était à l’occasion de la toute première cérémonie de remise officielle des diplômes aux élèves et étudiants de l’EHT-Cemac (école de l’Hôtellerie et du Tourisme) ressortissants du Congo. Les «lauréats-finalistes» appartiennent aux promotions de 2008 à 2022.
Courage et honneur
A l’en croire, ces jeunes constituent une «ressource humaine» importante et bénéfique à la fois à l’Etat et aux entreprises privées. D’ailleurs, apprend-on, il leur est réservé «une place de choix» dans pour que le secteur touristique congolais connaisse de meilleurs jours. En cela, Lydie Pontault sait pouvoir compter sur ses compatriotes. « Vous connaissez le code de ce secteur et vous deviez exceller, le ministère compte énormément sur vous » leur a-t-elle martelé.
Pour Yves Martial Boutoundou, ces récipiendaires ont tout simplement et de la plus belle des manières, fait preuve de volonté. C’est d’ailleurs ce qui, selon lui, explique la présence du membre du gouvernement. «C’est un véritable honneur pour vous de recevoir ces diplômes des mains de madame la ministre. L’EHT est une école d’excellence, certains de vos camarades ont abandonné, d’autres exclus au cours de leur parcours mais vous vous êtes allés jusqu’au bout pour couronner vos études par la réussite. Je ne peux que vous en féliciter car cela démontre votre mérite, votre courage, votre travail et votre discipline », a déclaré le directeur de l’EHT-Cemac.
Intégration socio-professionnelle
Le patron de l’école inter-Etats appelle les lauréats-finalistes à ne pas s’éloigner de l’institution qui les a façonnés et à s’inscrire au sein de l’association des anciens élèves de cette école. Ce, en vue d’actualiser sa banque de données, à l’effet de faciliter l’intégration socio-professionnelle à ceux qui rencontrent des difficultés.
Pour Ngakosso Kolo Obangui, l’un des lauréats, «les promoteurs qui ont des établissements du tourisme pensent à chercher ou à se renseigner sur les lauréats finalistes de cette école afin de booster leurs activités». Car, conclue-t-il, les lauréats finalistes apporteront une bonne pierre à leur édifice ».
Joseph Julien Ondoua Owona
Afrique centrale : dernier Comité de politique monétaire de la Beac : statu quo et ponctions, les mots-clés
L’un concerne les principaux taux directeurs de la Banque centrale et l’autre va viser la réduction de l’excès de liquidité en circulation en zone Cemac. Des décision prises le 12 décembre dernier lors de la 4ème session ordinaire de l’année 2023.
Exit donc la quatrième session ordinaire de l’année 2023 du Comité de politique monétaire (CPM) présidée ce 12 décembre par Abbas Mahamat Tolli. Place désormais pour la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) aux décisions déclinées en deux principaux points. À savoir d’une part, «maintenir inchangés le Taux d’intérêt des appels d’offres à 5,00% ; le Taux de facilité de prêt marginal à 6,75%; le Taux de la facilité de dépôt à 0,00% et les coefficients des réserves obligatoires à 7,00% sur les exigibilités à vue et 4,50% pour les exigibilités à terme». Et d’autre part, précisera le gouverneur, «émettre les Bons du Trésor sur des maturités comprises entre 14 et 28 jours». Cette dernière action, est-il expliqué, est destinée à «accélérer la résorption de l’excès de liquidité bancaire sur le très court terme et mieux monitorer son évolution». Au vu notamment de la conjoncture, mais aussi des perspectives économiques mondiales et sous-régionales.
Perspectives
S’agissant des évolutions économiques et financières, le CPM parle encore «au niveau international des incertitudes fortes; et au niveau sous-régional, des réalisations macroéconomiques plutôt favorables, d’une position extérieure confortable et d’une inflation en recul depuis le troisième trimestre 2023, mais toujours persistante».
Dans le détail, le gouverneur Abbas Mahamat Tolli, annonce entre autres, «une croissance économique qui reviendrait de 2,8% en 2022 à 2,2% en 2023, grevée principalement par un recul plus important de l’activité pétrolière (-2,7% en 2023, contre -0,7% en 2022». Un point d’inquiétude, malgré une évolution dans le bon sens, demeure «les tensions inflationnistes persistantes à 5,6% en moyenne annuelle en 2023 comme en 2022».
Le CPM envisage par ailleurs «un excédent du solde budgétaire, base engagement hors dons, en repli de 2 ?4% du PIB en 2022 à 1,7% en 2023; une dégradation du solde du compte courant, dons officiels compris, qui reviendrait d’une situation excédentaire à 5,9% du PIB en 2022 à une position déficitaire à -0,2% en 2023».
On annonce enfin «une augmentation de la masse monétaire de 9,2% en 2023 contre 13,5% en 2022; un recul des réserves de change qui reviendrait de 4,95 mois d’importations des biens et services en 2022 à 4,12 mois en 2023 et un taux de couverture extérieure de la monnaie qui passerait de 73,1% en 2022 à 71,1% en 2023».
Théodore Ayissi Ayissi
Retour de la Commission à Bangui: la Cemac face aux pressions de la Banque mondiale
La Banque mondiale s’est invitée de manière inattendue au débat sur le retour dans les plus brefs délais de la Commission de la Cemac à son siège à Bangui.
Son vice-président pour l’Afrique de l’ouest et du centre a eu l’occasion de faire connaître sa position au président de l’institution communautaire lors de sa dernière tournée en Afrique centrale. «Nonobstant les difficultés pratiques liées au retour du siège de la Commission à Bangui, cela constituerait un signal fort face aux investisseurs», a insisté Ousmane Diagana auprès de Baltasar Engonga Edjo’o. En mentionnant au passage «l’importance pour la République Centrafricaine de soutenir financièrement la Commission de la Cemac pour ce retour, à l’exemple de la Côte d’Ivoire lors du retour de la Banque africaine de Développement (BAD) à son siège à Abidjan (Côte d’Ivoire)».
Le nouveau coup de pression venu de l’institution de Bretton Woods fait immédiatement apparaître l’achèvement du chantier et la réintégration des bâtiments par les dirigeants et fonctionnaires communautaires, comme un indicateur majeur, vu de l’extérieur, de la crédibilité de la Cemac et de ses institutions. Une dimension bien perçue par le président de la Commission, bien décidé à donner des gages à son hôte de marque. Baltasar Engonga Edjo’o a ainsi «informé le vice-président de la Banque mondiale de la mise en place d’un comité dont est membre la Centrafrique». Sur la foi des déclarations du dirigeant communautaire, «ce comité est chargé des modalités pratiques de ce retour. En outre, la Commission de la Cemac, reste en attente de la mise à disposition de l’ancien bâtiment de la Beac, de la part de l’État centrafricain».
Des difficultés somme toute surmontables. Au vu de la volonté plusieurs fois affirmée et manifestée par le président centrafricain, président en exercice de la Cemac, de voir également ce retour au bercail définitivement s’opérer. L’onction de la Conférence des chefs d’État étant par ailleurs acquise. «Une visite du siège de la Commission par le Représentant de la Banque mondiale à Bangui sera d’ailleurs programmée dans les jours à venir», apprend-on. La Banque mondiale est en effet un partenaire de premier ordre de la sous-région et son avis compte. Le président de la Commission a d’ores et déjà «exprimé la satisfaction de la Cemac, pour les profondes relations qui s’opèrent avec le Groupe et a salué les différentes opérations en faveur des États membres, à travers notamment les financements des projets intégrateurs, du Programme statistique communautaire et l’assistance technique multiforme».
Diane Kenfack
Visibilité de la Cemac en Europe: nouvel ordre de mission des diplomates des pays membres
Une rencontre en date du 24 novembre 2023 a réuni les ambassadeurs des pays de la Cemac accrédités en France et le président de la Commission de la Cemac.
Cet échange avait pour objectif d’«établir une collaboration en vue de contribuer à rendre notre sous-région plus attractive et à assurer sa promotion tout en mettant en exergue l’action de la Communauté», a expliqué Baltasar Engonga Edjo’o. La rencontre stratégique s’est tenue la veille de la table ronde prévue les 28 et 29 novembre 2023 et consacrée à la présentation de 13 projets intégrateurs de la Cemac.
Pour le chef de l’exécutif communautaire, «si la Cemac a pour objectif de conduire l’intégration de ses États membres, cette mission ne peut pas s’effectuer efficacement sans la contribution et la participation des pays eux-mêmes», insiste-t‐il. En soulignant l’importance du secteur privé pour le développement des États, le président de la Commission a en outre fait savoir aux chefs des missions diplomatiques que l’institution communautaire «compte largement sur leur implication et leur disponibilité pour rendre la Communauté plus visible auprès des partenaires et des acteurs du secteur privé».
Par ailleurs, il a informé les ambassadeurs de la Cemac que dans le cadre de la diversification des économies des pays de la sous-région, son institution entend renforcer ses relations avec celles européennes. Aussi, entend-elle les sensibiliser sur les nombreuses opportunités de l’Afrique centrale afin qu’ils encouragent les entreprises européennes à investir dans la zone. Le souhait a enfin été exprimé de voir des rencontres de ce genre se multiplier. «Elle doit être l’ouverture d’une longue période de franche collaboration dans l’intérêt de notre organisation commune», a martelé Baltasar Engonga Edjo’o. La Commission se propose à cet égard de créer un bureau de représentation dans l’une des capitales européennes.
Diane Kenfack
Pépinières doctorales de la Cemac : au-delà des résultats, l’institutionnel et le protocolaire
Les lauréats et quelques membres du jury Cameroun 4 Congo 1, voilà le verdict rendu par le jury à l’issue de la 2e édition des pépinières doctorales (PépiDocSEGes) de la zone Cemac. Événement organisé du 5 au 6 décembre dernier à l’Institut des Relations internationales du Cameroun (IRIC) sous l’égide du ministère camerounais de l’Enseignement supérieur et de l’ambassade de France au Cameroun. Les 5 ambassadeurs de la Cemac sont donc connus. La prochaine étape est la France. Ces derniers y sont attendus pour une durée de 6 mois. Ils y vont dans le cadre de la bourse de mobilité. Celles-ci leurs pourront également bénéficier d’un accompagnement de l’expertise des chercheurs français. Le but visé par les pépinières doctorales est de leur donner les meilleurs outils de travail, nécessaires pour le développement de leur pays et de la sous-région. Mieux, le Pr Kouayep, président du comité d’organisation attire l’attention des nouveaux boursiers. Il ne faut pas tomber dans le piège d’une recherche sans apport pour le développement. « L’objectif est aussi de faire sortir le chercheur de la sous-région de cette zone de désenclavement. Ce hub leur permet de pouvoir côtoyer les maîtres. Lesquels donnent l’opportunité aux jeunes de trouver les sujets dans leur environnement», précise-t-il.
Genre
Hasard de calendrier ou pas, la femme occupe le haut du podium. Ceci en pleine campagne de lutte contre les violences faites aux femmes. Elle s’appelle Signin Tchoupe Michèle Pierrette, elle est doctorante à l’Université de Douala. Et son thème porte sur «les mécanismes spécifiques de régulation des conflits d’agences dans les entreprises éponymes». C’est également une femme qui ferme la marche. Elle est Congolaise, doctorante à l’Université Marien Ngouabi de Brazzaville. Son thème s’intitule, « L’essai sur la complexité économique dans les pays en développement ». Les trois hommes occupent les 2e, 3e et 4e places. Tous doctorants dans les universités camerounaises.Symposium méthodologique
Lors de l’ouverture des premiers travaux de Yaoundé, les experts réunis en présentiel et en visioconférence tiennent un grand débat sur la finalité de la recherche. Question de trouver un cadre approprié pour le développement de l’Afrique. Pour ces derniers, la convergence des points de vue conduit au pragmatisme qui est le fait d’avoir à la fin un chercheur entrepreneur. C’est un modèle où le doctorant travaille dans une entreprise et traite un sujet ayant un lien avec cette entreprise. Ou alors avoir un docteur propriétaire, voir créateur d’entreprise pouvant recruter.Recommandations
Le Pr Jean Michel Plane, enseignant de gestion à l’Université de Montpellier, prenant la parole en premier, intervient sur les critères de production scientifique de la recherche. Pour lui, la recherche n’est pas facile. Ce n’est pas plus une simple compilation de données. Elle doit apporter quelque chose dans notre environnement. Il prescrit rigueur, pertinence et impact. «Il faut être résilient. Il ne faut pas craindre la concurrence. Elle doit progresser», déroule le professeur.
Le Pr Igalens quant à lui fait une mise au point en insistant sur les produits de la recherche en gestion. Il tient à dire aux 37 doctorants, ainsi qu’à ses collègues que la gestion est une science de l’action, c’est-à-dire qu’on travaille avec des objectifs. Toujours selon lui, c’est une science réflexive. Elle favorise le questionnement de l’action. «Cela permet l’amélioration de l’efficacité des organisations. Il ne faut pas les sujets de recherche en Afrique chercher dans les ouvrages, dans les articles, dans les citations. On peut trouver les sujets de recherche en Afrique en gestion dans les pratiques africaines», exhorte le Pr Igalens.Le Pr Christine Dugoin Clément, de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, bien que gestionnaire, invite les chercheurs africains à faire des recherches pas essentiellement à fort impact social ou sociétal. Mais avoir des travaux ayant des sujets, ayant un intérêt pour les professionnels. Elle enjoint «les jeunes chercheurs à se saisir des sujets émergents».
Le Pr Jean Claude Maboundou incite aussi les chercheurs à se poser les questions. Essayez d’abord en vous demandant pourquoi ce qui avait été fait avant n’a pas marché avant de mettre en place de nouveaux projets». Il a rencontré en exergue le triptyque gouvernement-université-étudiants.Passage des candidats
L’amphithéâtre 500 et les salles NB1 et NB2 de l’Iric sont les laboratoires où la meilleure graine est sélectionnée. Et dans ces jurys à coloration cosmopolites, les 37 candidats présentent leurs travaux. Chacun aura 10 à 12 minutes pour présenter ses travaux. Dans les 9 jurys, l’on enregistre 17 doctorants présentant leurs travaux en ligne et 20 en présentiel. Tous les candidats de la 2e éditions répondront présents. «C’est une source de satisfaction. Nous sommes contents de voir que nos jeunes apprenants sont enthousiastes», se réjouit le Pr Kouayep.S’agissant de la première journée, elle connaît le passage de 22 candidats. La deuxième quant à elle concerne 15 candidats. Bien que strict et rigoureux, les jurys accordent la chance aux retardataires. Bref, tous les moyens sont mis pour qu’aucun candidat ne reste à la marge. Comme illustration à la 2e journée dans le jury présidé par le Pr Vivianne Ondoua Biwole (Université de Yaoundé II), le candidat Charly Mengue présente son projet de thèse en ligne. Pourtant, il doit le faire en présentiel. Et malgré les difficultés liées à la connexion, la présidente lui permet de passer devant le jury.
Observations
Lors du déroulement des travaux l’on remarque la simplicité et l’aisance des membres du jury. Ceux-ci sont très étendus et exigeants des candidats de sortir du carcan du tout-académique. «Laissez-vous emporter, lisez moins vos diapositives, ils vous enferment alors que vous avez du potentiel», martèle le Pr Soufyane Frimousse de l’Université de Corse. Le Pr Jean-Michel Plane de l’Université de Montpellier, va plus loin en demandant aux jeunes chercheurs de sortir du rigorisme académique, « depuis l’Afrique, vous avez encore des siècles de retard en matière de développement ».Nombres sont les doctorants qui croient que la présentation est l’un des éléments, avec l’objet de recherche entrant dans la sélection des candidats. Le cas d’Aristide Merlin Ngono. Ce dernier a candidaté à la 1e édition. Après avoir été recalé, il est revenu étant bien préparé. «Aujourd’hui, je suis vice-major», se réjouit-il. C’est le même constat fait par Pierre Junior Djieugoue Acheugui, de l’Université de Douala. «J’ai beaucoup appris et je suis prêt à revenir pour être sélectionné», se console le doctorant.
André Gromyko Balla et Joseph Ndzie Effa (stagiaire)
La partition du ministère camerounais de l’Enseignement supérieur et de l’ambassade France au Cameroun.
La cérémonie de proclamation des résultats se déroule en présence de Jean Paul Mbia, représentant du ministre de l’Enseignement supérieur. Il est tout à fait aisé de voir les Camerounais occuper les 4 premières places. De plus, il félicite les organisateurs de choisir l’Institut des Relations internationales du Cameroun pour cette sélection. Car «l’Iric est un observateur permanent auprès de l’Union africaine. Tout événement qui se passe ici a une répercussion au niveau de l’UA», se félicite-t-il. Pour Stéphanie Mailles Viard Metz, représentante de l’ambassadeur de France au Cameroun, c’est une satisfaction de voir les chercheurs français travailler pour l’éclosion du développement de la Cemac.
Ils ont dit
Mohamed Njoya Bachirou (Université de Dschang), 4e de la promotion. Moyenne de 12,64/20
Je tiens d’abord à remercier les organisateurs des PépiDocSEGes, ainsi que l’ambassade de France qui nous permettent de bénéficier de cette bourse de mobilité. C’est impossible d’exprimer mes sentiments parce que je suis ému. Bref, participer à cette compétition était déjà une victoire. Et bénéficier de cette bourse de mobilité va me permettre de développer mes travaux. Ils me permettront peut-être de transformer notre sous-région.
Aristide Merlin Ngono (Université de Dschang), 2e de la promotion. Moyenne 13,40/20Je suis tellement fier d’être deuxième de la promotion et major en économie. Je dis merci aux organisateurs, au ministre de l’Enseignement supérieur qui a dépêché un représentant. Maintenant en ce qui concerne la pépinière doctorale, elle nous permet de sortir de nos frontières et d’aller chercher au-delà pour renforcer nos capacités dans le sens de la recherche.
Je tiens également à préciser que j’ai été lauréat KOYIMBA africain de l’Université de Poitiers où je suis en novembre. J’étais le seul africain et cette année, je répare pour la bourse pépinière doctorale. On voit les efforts de la coopération Cameroun-France pour améliorer le champ scientifique et avoir demain les meilleurs. Puisqu’on dit que les Africains ne peuvent pas bien faire les recherches. Je pars et je reviens pour contribuer au développement. Mais aussi pour aider mes jeunes frères, afin qu’ils goûtent à la bonne recherche dont nous bénéficions aujourd’hui.Michèle Pierrette Signin Tchoupe (Université de Douala), majore de la promotion. Moyenne 14,61/2
En tant que gente féminine, je suis hyper hyper contente parce que le domaine de la recherche est un monde d’hommes. Même à l’université, peu importe où on va, on trouve beaucoup d’hommes. Du coup, je suis très contente que nous soyons deux femmes parmi les lauréats. Ce qui montre que les femmes montent petit à petit dans la recherche. Peut-être que nous serons autant que les hommes d’ici peu. Je demande aux femmes d’oser. Je suis de nature timide, mais j’ai osé postuler. Il faut aussi bien se préparer. J’ai passé de très nombreuses nuits blanches. Même à la veille de votre présentation, vous pouvez avoir une idée et elle fait la différence lors de votre présentation. Il faut être prêt à tout moment.
Pierre Atangana Zambo (Université de Ngaoundéré), 3e de la promotion. Moyenne 13/20C’est la deuxième fois que je postule à ce concours. L’année dernière, je n’ai pas eu la chance. Cette année, je me suis donné à fond et je suis ravi d’être parmi les 5 bénéficiaires de cette bourse de mobilité. Je travaille sur des thématiques assez nouvelles. Je dis grand merci à mes deux encadreurs qui me guident depuis et me donnent beaucoup de conseil.
Pari gagnant pour la Cemac : plus de 6000 milliards FCFA déjà engrangés
C’est dans le but de mettre fin aux effets néfastes de la crise économique par une approche régionale que les Chefs d’État ont décidé de mettre en place lors de leur Sommet tenu à Malabo le 30 juillet 2016, le Programme des réformes économiques et financières de la Cemac (Pref-Cemac) dont l’objectif principal est de concevoir et de mettre en œuvre des actions rapides, vigoureuses et coordonnées, aussi bien au niveau national que sous-régional, pour la stabilisation du cadre macroéconomique et une transformation structurelle et profonde des économies de la sous-région, afin d’en renforcer la résilience et de les placer sur le chemin de l’émergence.
La mise en œuvre des réformes engagées dans le cadre de ce programme, aussi bien par les États membres que par les institutions communautaires, a permis à ce jour, d’inverser la tendance à la dégradation des indicateurs macroéconomiques observée en 2020, et de renouer avec la dynamique macroéconomique.
Pour accélérer l’intégration régionale et le développement socio-économique des pays membres de la Cemac, les chefs d’État ont adopté à Yaoundé, le 22 novembre 2019, onze projets intégrateurs avec pour objectif de contribuer au développement des infrastructures physiques en soutien au développement et à la compétitivité des économies de la sous-région et de favoriser le développement du capital humain.
La mise en œuvre satisfaisante de ces projets intégrateurs prioritaires nous a conduits, lors du Sommet extraordinaire du 18 août 2021, à donner de nouvelles orientations pour la mise en place d’un nouveau programme de projets intégrateurs nécessaires à la diversification de nos économies et au renforcement de l’intégration régionale.
Par ailleurs, il me plaît de rappeler qu’au cours de ce même Sommet extraordinaire, les chefs d’État se sont également engagés en faveur d’une nouvelle génération de réformes structurelles et financières en vue d’accélérer la diversification économique et la croissance inclusive. Dans leur déclaration, les chefs d’Etat ont réaffirmé l’importance cruciale du développement du capital humain et de la résilience de leurs peuples pour l’avenir économique de leurs pays.
Le choix des projets intégrateurs a été fait par le Comité de pilotage du Pref-Cemac, suite à un exercice de priorisation bâti sur des critères de dimension régionale, de facilitation de l’intégration, de faisabilité économique, de la maturité du projet et d’impacts positifs sur les populations. Ces critères ont été établis et approuvés de concert avec les États membres.
Le coût total des treize projets du deuxième programme de projets intégrateurs prioritaires de la Cemac, adopté le 17 mars 2023 à Yaoundé par la 15e session ordinaire de la Conférences des chefs d’État, est estimé à 8835,875 millions d’euros. Sur ce montant 1513,701 millions d’euros soit 17,13% du coût total ont déjà été mobilisés. Le financement à rechercher se chiffre à 7322,174 millions d’euros, soit 82,38% du montant du coût global.Discours d’ouverture de Son Excellence professeur Faustin-Archange Touadera, président de la République Centrafricaine et président en exercice de la Conférence des chefs d’État de la Cemac à Paris le 28 novembre 2023.
Dans les coulisses de la table-ronde de la capitale française sur le financement des projets intégrateurs de deuxième génération.
Le pouvoir d’attraction de la Cemac intact Succès total à Paris pour le deuxième programme de projets intégrateurs de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac). «Le montant global des financements mobilisés à cette table ronde s’élève provisoirement à environ 9 209,95 millions d’euros (près de 6041 milliards FCFA)», se félicite Jean-Baptiste Ondaye. Cela représente pour le ministre congolais des Finances et président du Comité de pilotage du Programme des réformes économiques et financières (Copil du Pref-Cemac), «104,2% du financement attendu pour les 13 projets intégrateurs présentés; et un surplus de 374,08 millions d’euros».
L’objectif de départ de l’expédition communautaire était en effet d’obtenir «auprès de tous les partenaires, le financement de 82,87% du coût de ses projets intégrateurs correspondant à un montant de 7 322,174 millions d’euros, soit 4802 milliards FCFA», est-il précisé. C’est la preuve et un autre «signe de l’attractivité de la zone Cemac et du sérieux dans la préparation de la table ronde», a souligné la délégation de la Cemac. Elle était conduite les 28 et 29 novembre 2023 en France par le Pr Faustin Archange Touadéra, président centrafricain et président en exercice de la Cemac.
Les héros de ce happy end se comptent également parmi d’autres responsables sous-régionaux. Entre autres, les ministres camerounais des Finances, Louis Paul Motaze; et de l’Économie, Alamine Ousmane Mey; le président de la Commission de la Cemac, Baltasar Engonga Edjo’o; de la Bdeac, Dieudonné Evou Mekou; le gouverneur de la Beac, Abbas Mahamat Tolli; et le secrétaire permanent du Pref-Cemac, Pr Michel-Cyr Djiena Wembou. La Communauté a par ailleurs pu compter, dans la phase préparatoire, sur le soutien et l’appui de plusieurs partenaires techniques et financiers. La Banque africaine de développement (BAD) et la Banque mondiale sont de ceux-là. «À la vérité, organiser une deuxième table ronde après celle de 2020 était un réel défi. Les progrès enregistrés dans la mise en œuvre du premier programme et les engagements que nous enregistrons aujourd’hui témoignent de la volonté de la communauté internationale de nous accompagner sur le chemin de l’émergence», est-il rappelé.
Théodore Ayissi Ayissi
Numérique et développement local : connexion haut débit sur le réseau Camtel
Une convention-cadre est à signer dans les prochaines semaines entre d’une part l’opérateur historique des télécommunications et les CVUC, et d’autre part avec le Feicom. Annonce faite ce 5 décembre 2023 à Yaoundé lors de la Journée Camtel de la décentralisation, commémorative du 25ème anniversaire de l’entreprise publique camerounaise.
Grand moment d’échange et de réseautage que la Journée Camtel dédiée ce 5 décembre 2023 à Yaoundé à la décentralisation au Cameroun. Experts et acteurs du processus ont répondu nombreux à l’appel de l’opérateur historique des télécommunications aujourd’hui âgé de 25 ans. Un engouement et une participation active récompensés par une annonce forte. Celle de «la signature dans les prochaines semaines d’une convention-cadre entre d’une part la Cameroon telecommunications (Camtel) et les Communes et villes unies du Cameroun (CVUC), et d’autre part avec le Fonds spécial d’équipement et d’intervention intercommunale (Feicom)», est-on informé. En lien avec l’ambition de l’entreprise publique camerounaise de brancher les Collectivités territoriales décentralisées (CTD) sur le réseau de la transformation digitale. Le curseur de la célébration étant positionner sur «le développement du numérique: vecteur d’accélération du processus de développement local au Cameroun».
Défis
De nombreux actes sont déjà posés par l’opérateur public des télécoms en faveur du développement local. Les communes, les régions, le Feicom et autres Bureau national de l’état civil (Bunec) ont convenu de cela. Ces derniers ont «salué ces efforts», tout en reconnaissant cependant que de nombreux défis restent encore à relever. «Ma commune n’est pas encore couverte par le réseau Camtel et la réalité dans les zones rurales n’est pas celle des grandes villes», dira en guise d’illustration le maire d’Olanguina, Alphonse Didier Bikoula Bekono. Un constat qui justifie d’autant plus le signal encourageant envoyé par le top management de Camtel à tous ces acteurs.
Deux challenges parmi tant d’autres pressent: «le fibrage de toutes les communes et villes à l’horizon 2026 et le fibrage des habitations (courant faible)», ont évoqué d’autres élus locaux et experts dont le discours a d’ailleurs trouvé un écho favorable auprès du directeur général de la Cameroon Telecommunications. «L’essor du numérique et le développement local tel qu’envisagé dans la Stratégie nationale de développement (SND30), se feront avec la contribution des différents acteurs que nous sommes et Camtel entend jouer sa participation», a rassuré Judith Yah Sunday épse Achidi, aujourd’hui mieux connectée aux attentes des CTD.
«La Journée Camtel de la décentralisation nous a donné une image plus nette du processus de décentralisation au Cameroun et des défis qu’il présente pour le développement du numérique». La dirigeante d’entreprise se félicite en outre de ce qu’«elle a également permis de mettre en évidence l’apport du numérique dans la promotion du développement local et de comprendre les progrès réalisés par les CTD dans le développement de l’économie numérique et de la e-gouvernance, ainsi que ses contraintes».
Résolutions
Des recommandations ont été faites autant à l’adresse des principaux acteurs institutionnels de la décentralisation que de Camtel. En plus de la convention-cadre dans le pipe, celle-ci est aussi attendue sur le terrain de l’élargissement de l’accès à la fibre optique et de la révision à la baisse de ses coûts. Il est par ailleurs envisagé un partenariat spécifique avec les grandes villes du Cameroun. Le gouvernement est quant à lui interpellé au sujet du renforcement du cadre juridique, mais aussi de la facilitation de l’émergence d’une fonction publique locale. Sans parler de la nécessité, y compris pour les CTD, de relancer les télécentres communautaires et de créer des cellules informatiques, entre autres.
Applications
De nombreuses applications pourraient découler du renforcement en perspective de la collaboration entre les collectivités publiques, les autres institutions impliquées dans la décentralisation et l’opérateur historique des télécommunications au Cameroun. Dans l’annuaire des possibilités formulées, il y a par exemple au bout du fil «une meilleure gestion des inondations, de la circulation, des empiètements et chevauchements (cadastre numérique); le développement du marketing des territoires et la numérisation des actes d’état civil». Les participants au Forum ont également cliqué sur «la consolidation de l’infrastructure numérique et l’hébergement local des données; l’élaboration et la mise en œuvre de la stratégie de numérisation des communes; l’interopérabilité et la généralisation de l’interconnexion, etc».
Théodore Ayissi Ayissi
Marché mondial : le Cameroun affiche 0,002% des parts en 2022
En dépit des résultats globalement insatisfaisants du Comité de compétitivité, le pays reste leader dans la fourniture du bois, du cacao et de la banane en Afrique centrale.
Le bois, le cacao et la banane sont les porte-flambeaux du Cameroun sur le marché international, en dépit des résultats insatisfaisants du comité de compétitivité, un organe spécialisé du ministère de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire. .
Selon un rapport qui vient d’être publié par ledit Comité de compétitivité, le Cameroun a affiché 0,002% de parts du marché mondial. Et malgré cette contreperformance, le pays se trouve à la première place des fournisseurs de certains produits à l’international.
Le rapport du Comité de compétitivité, indique que le Cameroun est «le premier exportateur mondial» des bois de types «Sapelli et iroko sciés» au cours de l’année 2022. Le pays pointe également au 3ème rang mondial des exportateurs des «autres bois tropicaux sciés» sur la même période. Concernant les «feuilles de placage», le Cameroun occupe la 6ème place sur la liste des exportateurs dans le monde.
Du côté du bois camerounais, principalement exporté vers les pays de l’Union européenne (UE) et la Grande-Bretagne et vers l’Asie ces dernières années, le cacao produit au Cameroun ne fait pas piètre figure sur le marché. Selon le document du comité de compétitivité, le pays est le 4ème exportateur mondial des pâtes de cacao en 2022. À l’analyse, le pays tient cette position de l’arrivée depuis environ 3 ans sur le marché de la transformation locale, de nouveaux broyeurs venus booster l’industrie de chocolaterie.
Fèves de qualité
Le positionnement du Cameroun sur le marché mondial des pâtes et du beurre de cacao peut également s’expliquer par « la qualité de sa fève, très prisée par les chocolatiers. De couleur rouge brique et doté de caractéristiques organoleptiques rares», explique une source. Le cacao camerounais a d’ailleurs intégré en juin 2023, le club «très sélectionné» des producteurs de «cacao fin, jusque-là réservé aux seuls pays d’Amérique du Sud», a annoncé Luc Magloire Mbarga Atangana, ministre camerounais du Commerce , au sortir d’une rencontre avec le panel des experts de l’organisation internationale de cacao (ICCO), organisé du 13 au 14 juin 2023 à Antananarivo, à Madagascar.La banane fraîche fait également partir des produits porte-flambeaux du Cameroun. Le comité de compétitivité indique que le pays est le 10ème exportateur au monde et le 2ème producteur de l’espace Afrique-Caraïbes-Pacifique (ACP).
Louise Nsana
Sylvestre Essono : «Nos objectifs sont liés à la valorisation du café camerounais»
Le directeur des opérations du Conseil interprofessionnel du cacao et café (CICC) donne un aperçu des innovations attendues dès 2024 dans l’optique d’améliorer les conditions d’accès à de nouveaux marchés de café.
Le Conseil interprofessionnel du cacao et du café lance dès janvier prochain la «Décennie du café camerounais». De quoi s’agit-il concrètement?
Le CICC, en partenariat avec tous les autres acteurs voudrait engager le secteur vers le grade supérieur, notamment avec l’amélioration de la qualité des produits. Il y a aujourd’hui des marchés auquel le café camerounais n’a pas accès parce qu’il ne remplit pas un certain nombre de conditions. Dès 2024, nous engageons le travail et le processus devant nous conduire vers la catégorie qu’on appelle le «café de spécialité». C’est tout un segment de marché. Et il commence dès la plantation jusqu’au moment où on va le livrer. Tout doit être tracé, les processus doivent être connus et documentés de telle sorte que, celui qui prend une tasse de ce café peut cliquer et savoir que ce café vient de la plantation d’un tel; cette plantation est étendue sur deux Hectares; au moment où le café a été récolté, il l’a été grâce aux efforts de dix personnes; il a suivi tel traitement post-récolte… C’est tout ce travail que nous allons engager avec le café camerounais dès l’année 2024.Où en sont les travaux autour de ce système de traçabilité auquel vous faites référence?
Le système de traçabilité est aujourd’hui très avancé pour ce qui est du cacao. Nous allons faire de même en ce qui concerne le café. Un premier pas est déjà fait. Une bonne partie des producteurs, et notamment tous les jeunes qui sont dans le programmes «New generation» sont déjà identifiés. C’est-à-dire que nous pouvons leur produire des cartes aujourd’hui et nous pouvons vous dire avec exactitude où ils sont situés.La 2e phase du système de traçabilité c’est de géolocaliser leurs plantations. À ce niveau, il s’agira de mesurer les superficies de plantation de manière à améliorer la productivité. En mesurant les superficies, cela va nous permettre de rationaliser les interventions et d’améliorer la productivité. Et toutes ces données vont entrer dans le système. À partir de là, on pourra connaitre le lieu et la superficie des plantations; ainsi que le profil du planteur en peu de temps. Si c’est une femme, est-ce qu’elle est veuve? Est-ce qu’elle est allée à l’école? Si c’est un homme, est-ce qu’il travaille en groupe dans une coopérative? Maintenant il faut savoir qui achète le café auprès des producteurs. La personne revend à qui avant que le produit parvienne jusqu’en Europe. En Europe on veut savoir quel est l’itinéraire que le café va suivre. On ira même jusqu’à préciser les différents produits qui auront été utilisés pour les traitements de ces plantations. Voilà un peu le dessin du système de traçabilité qui va être lancé pour le café, dans les prochains mois. Pour ce qui est du cacao, il reste juste à finaliser mais on a déjà les chiffres. Actuellement, nous comptons près de 90 000 producteurs identifiés. Dans le même sens, on a près de 60 000 parcelles géolocalisées.
Cette décennie qui commence doit nous conduire en 2026 vers l’essor des cafés de spécialité «made in Cameroun». À quoi doit-on s’attendre?
Ce sont des cafés de luxe et quand vous êtes reconnus dans cette catégorie, les acheteurs ne discutent pas le prix du produit. Un travail a commencé dans ce sens. Nous avons des groupes de jeunes que nous avons enrôlés dans la caféiculture. Ils produisent aujourd’hui du café de qualité. Nous continuons à travailler pour que, dans les prochains mois, ils améliorent encore la qualité. De ce fait, d’ici l’année 2026 ils seront des producteurs de café accomplis. Surtout qu’entre temps, la traçabilité et l’amélioration des traitements post-récoltes seront optimisés. Le secrétaire exécutif a parlé de tout ce que nous développons comme partenariat avec ceux qui achèteront ce café hors de nos frontières. Nous sommes en train de travailler avec les indiens, qui sont réputés pour leur expertise dans le domaine, à l’effet d’atteindre ce niveau. Entre temps, des torréfacteurs français seront dans nos murs en janvier 2024. Nos partenaires indiens aussi. Ce qu’il faut savoir c’est qu’en matière de café de spécialité, le producteur vend ce qu’il produit. Donc on entre dans un système où c’est l’offre qui conduit la demande.Interview menée par
Louise NsanaRelance de la filière café : OIC et Cameroun main dans la main
Yaoundé, la capitale politique camerounaise a accueilli les pontes de la production de café. Pendant deux jours, ils ont parlé et reparlé de ce produit très prisé dans le monde, à la faveur de la toute première édition de l’OIC coffee meet Cameroon. Un évènement qui, au-delà de sa réussite à saluer, a permis de faire le point sur la situation de production de ce précieux sésame. Le cadre d’échanges a permis aux uns et aux autres participants de trouver leur compte, avec le renforcement de la coopération et de nouveaux partenariats et des découvertes… Dans ce dernier, registre, l’on apprend justement que, depuis ses tout premiers débuts dans la culture de ce produit, le Cameroun a fait du chemin, même si, il faut le dire beaucoup reste encore à faire pour atteindre sa vitesse de croisière aux larges du monde.
Les deux parties renforcent leur collaboration dans l’optique de l’augmentation des échanges intra-OIC.
Le commerce de café entre les États membres de l’OIC est en perte de vitesse. Les marges y relatives passent de 25,7% en 2017 à 18,15% en 2022. Soit une baisse de 490 à 425 millions de dollars en six ans, selon des données actualisées du CIDC. À l’opposé, les transactions avec le reste du monde suivent une courbe positive de 2 307 millions de dollars. L’organisme veut remédier à cette situation et se tourne vers le Cameroun pour y parvenir. Et pour cause, la part de commerce de ce pays dans l’espace OIC est en baisse. Elle a chuté à 7,89% en 2022, après avoir atteint un pic de 22,24% en 2020. C’est tout l’intérêt du 1er OIC coffee meet Cameroon tenu à Yaoundé du 28 au 29 novembre 2023.
Avec des importations de café de l’ordre de 2 millions de dollars, la Turquie, l’Arabie Saoudite, la Malaisie les Émirats Arabes Unis, l’Égypte, le Maroc, l’Algérie, la Jordanie, l’Indonésie, le Liban, la Lybie, le Koweït, la Syrie, le Qatar, le Soudan, la Tunisie, le Kazakhstan, l’Iran, le Bahreïn et les Maldives constituent un marché sous exploité par les exportateurs camerounais. Ces derniers sont principalement tournés vers l’Algérie, le Sénégal, le Gabon, le Maroc, l’Albanie, les Émirats arabes unis, la Guinée, le Tchad, la Côte d’Ivoire et le Liban. Le tout pour un montant cumulé d’échanges de 6,94 millions de dollars.
Amélioration
«Nous encourageons les exportateurs de café camerounais à se tourner vers les pays du Maghreb qui sont de grands consommateurs. Mais le Cameroun doit au préalable relever quelques défis», déclare Jacqueline Salguero Huaman, chargée du programme Intelligence commerciale et du marché du Centre du commerce international. Elle cite l’amélioration du transport et des systèmes de payement; ainsi que la conformité aux normes internationales. Mais plus encore: «Il faut connaitre les besoins des différents pays pour y répondre au mieux. Le problème c’est que le Cameroun ne commercialise qu’un seul type de café et à côté de cela le café est vendu brut parce que le pays ne transforme que 5% de sa production. Donc, il faut améliorer cela si on veut conquérir le marché», déclare-t-elle de concert avec les acteurs clés de ces rencontres. Ces derniers énoncent à leurs tours des difficultés liées à la croissance rapide de l’urbanisation, l’accès difficile aux intrants agricoles de qualité et aux équipements de production, entre autres.Une opportunité pour la SND30
Cette pensée autour de l’augmentation des marges de production et d’exportation nationales de café représente une opportunité pour le gouvernement. Celui-ci en fait un des maillons essentiels de sa Stratégie nationale de développement à l’horizon 2030 (SND30). Dans cette démarche, le gouvernement cherche à faire émerger des «champions nationaux autour desquels la production, la transformation et la commercialisation de ces filières vont s’organiser et se structurer (SND30 P44, Ndlr)». Cette vision est mise en œuvre par le CICC au travers du «Programme New generation». Celui-ci vise le recrutement, la formation et l’installation de jeunes dans le domaine concerné. À côté d’eux, l’attention a été portée à Yaoundé sur les besoins en investissement des entreprises évoluant dans le secteur. «Nous avons besoin des crédits des campagnes. Ce sont des espèces de fonds de roulement. Parce que lorsque les producteurs donnent leur café aux Gic (Groupe d’initiatives communes), ces derniers n’ont pas forcément d’argent pour payer directement. Le crédit de campagne va constituer une avance sur solde en attendant que le torréfacteur vende tout son stock. Or la plupart des banques refusent de nous délivrer ce service», déclare Jean Kamdem, promoteur de la société Tobitor.Culture du café au Cameroun: «Trop beau pour être vrai»
L’idylle entre le Cameroun et le café remonte à 1884. Mais c’est en 1927 que les premiers caféiers Arabica seront mis en terre avec succès dans les plantations de l’Ouest avant de s’étendre dans la région du Sud, puis à l’Est. En 1928, 200 000; 97 000 et 17000 graines de café seront semées respectivement à Dschang, Koutaba, Lomié. Puis 110 000 à Ebolowa et 28 000 à Sangmelima. C’est au sein de la «Coopérative des planteurs de café d’Arabie du pays Bamoun» que les tout premiers tonnages de café Arabica seront décortiqués et un premier lot de six tonnes vendu comme échantillon à un marchand de café de l’époque «La maison P. Jobin». Le lot sera ensuite expédié au Havre, en France, mais l’origine camerounaise de ce café véhémentement contestée par les douanes françaises sous prétexte que cette qualité exceptionnelle de café ne pouvait pas venir d’un territoire comme le Cameroun. Une enquête s’ensuivra. Celle-ci établit que, ce désormais célèbre café de grande qualité porte l’estampille «Cameroun». Et la presse locale ne manquera pas de titrer à sa une «Trop beau pour être vrai…» Ce sera le départ d’une fantastique aventure qui conduira le Cameroun à occuper, à l’issue de la campagne 1991/1992, le troisième rang des pays producteurs de café en Afrique et le 12e rang à l’échelle mondiale, avec une qualité unique en son genre.
Exportateurs de café
Le Cameroun est aujourd’hui 5e producteur africain de ce précieux sésame. Il est classé 21e du genre à l’échelle mondiale. Grâce à des ventes de l’ordre de 42 millions de dollars (25 291 milliards FCFA), il trône à la 8e place des exportateurs de café dans le continent. C’est dire que beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis ces lointains événements que narrait ce 28 novembre 2023, le ministre du Commerce Luc Magloire Mbarga Atangana. C’était à l’occasion de la 1ère édition de l’«OIC coffee meet Cameroun»; un évènement co-organisé par son département ministériel; le centre islamique pour le développement du commerce (CIDC) et la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (Badea). Il vise à rassembler les opérateurs locaux de la filière autour des opportunités d’investissement et de commerce dans la zone de l’Organisation de la coopération islamique (OIC). Il vise aussi la promotion de la filière café du Cameroun au travers de la présentation de sa chaine de valeur et ses besoins d’investissement et de financement.C’est à ce titre que «24 projets ont été élaborés selon un canevas convenus et soumis au CIDC, qui les a transférés à ses partenaires. 1400 échanges B2B sont annoncés, dont certaines en visioconférence et jusqu’ici le plus petit besoin de financement exprimé se chiffre à 64 millions FCFA», précise Omer Gatien Maledy, secrétaire exécutif du Conseil interprofessionnel du cacao et café (CICC).
Louise Nsana
Lutte contre la corruption : pour une meilleure gouvernance en Afrique centrale
Du 5 au 6 décembre prochain, les acteurs des secteurs publics et privés se réuniront à Yaoundé pour échanger sur la gouvernance et la lutte contre la corruption.
Véritable fléau en Afrique, la corruption est un phénomène qui est presque ancré dans les mœurs des pays de la Cemac. C’est ce que donne à voir l’Indice de Perception de la Corruption (IPC). Dans son édition 2022, celui présente la Guinée Équatoriale comme l’un des pays les plus corrompus d’Afrique, avec un indice de 17. Vient ensuite le Tchad (19 contre 20 en 2021) ; le Congo (20 contre 19 en 2021) ; la Centrafrique (24 en 2021 et 2022) ; le Cameroun (26 contre 27 en 2021) et enfin le Gabon (29 contre 31 en 2022).
Parce qu’aussi important, ce fléau constitue un frein majeur pour le développement socioéconomique de ces pays. D’ailleurs, apprend-on, la corruption concourt à l’amplification du taux de Flux financiers illicites. La situation perdure depuis des années et ne profite qu’à une poignée d’individus. Cela a un impact négatif sur la gouvernance.
Amenuiser cette situation dans la sous-région nécessite de prendre le taureau par les cornes. C’est précisément dans cette lancée que s’inscrit l’Ong Environment For Life. En collégialité avec le ministère des Relations extérieures du Cameroun (Minrex), elle organise du 5 au 6 décembre prochain un Forum sous-régional sur la gouvernance et la corruption. D’après Stéphane Nama, l’initiative découle du fait que «dans la pratique, les activités liées à la bonne gouvernance sont très peu utilisées dans les structures, qu’elles soient privées ou publiques».
Au cours de ces deux jours, il sera donc question de déconstruire la réalité apparente aujourd’hui imposée par les adeptes de la corruption. Pour la communicante, «il est inadmissible qu’on dise que c’est ancré dans nos mœurs, je ne pense pas que mal se comporter c’est quelque chose que nous devons promouvoir».
Pour cela, apprend-on, le Forum sera l’occasion idéale de débattre sur « la nécessité de communiquer sur les bonnes pratiques en matière de gouvernance et de lutte contre la corruption, que ce soit dans le secteur privé, le secteur public et au niveau national et sous-régional».
Objectif ultime, trouver, à l’issue des échanges, des voies et moyens de barrer la voix au fléau, à l’effet de doper la gouvernance en zone Cemac. Ce qui, va permettre de «préserver les ressources qu’elles soient environnementales, qu’elles soient financières ou socioéconomiques pour que les générations futures puissent en jouir autant que les générations présentes» dixit la responsable de la communication de l’Ong.
Stratégie
Pour lutter contre la corruption, l’institution non gouvernementale ne mise pas que sur la dénonciation des corrompus. Elle compte donc, au cours de ces échanges, « encourager celles [les entreprises] qui ont du mal à véritablement implémenter des actions en la matière échanges sur les bonnes pratiques ».Elle envisage d’ailleurs d’aller au-delà des entreprises pour impliquer les plus jeunes, convaincus de leur rôle capital dans la lutte contre cette gangrène. La méthode est simple, mais vise des solutions durables. «Nous pensons que si très tôt, nous commençons déjà à investir sur la jeunesse, à leur dire dès le bas âge que ce genre de pratique n’est pas bon pour les générations à venir, on pense que les projets de développement seront plus porteurs. », détaille le cadre de Environment For Life.
Joseph Julien Ondoua Owona
Électrifier l’Afrique de l’ouest et du centre pour un avenir plus lumineux
Si le niveau d’électrification du Sénégal est l’un des plus élevés d’Afrique de l’ouest avec un taux d’accès de 80%, de nombreux pays du continent font face à une véritable crise énergétique.
En effet, 220 millions de personnes – soit près de la moitié de la population de la région – n’ont pas accès à l’électricité, limitant ainsi leur capacité d’entreprendre ou d’accéder à des services d’éducation et de santé adéquats. Pour atteindre l’accès universel à l’électricité, le rythme d’électrification en Afrique de l’Ouest et du Centre doit tripler d’ici à 2030.
L’accès à une énergie abordable, fiable et durable constitue une condition essentielle pour améliorer la qualité de vie de chacun et aussi une nécessité pour transformer le continent.
La bonne nouvelle, c’est la révolution amorcée dans le domaine de l’accès à l’énergie hors réseau dans nos pays. Lors de l’Appel à l’action de Dakar du 7 juillet 2022 à l’occasion de l’IDA 20, les dirigeants africains ont exprimé un engagement fort en faveur de l’accès universel à l’énergie et ont rappelé l’importance d’une transition juste et équitable pour le continent. Dans ce contexte, les pays africains comptent utiliser notamment leurs ressources en gaz naturel comme énergie de transition pour atteindre les objectifs d’accès universel à l’électricité à moindre coût tout en facilitant la création d’emplois.Avec un pétrole à prix élevé, l’Afrique reste dépendante des énergies fossiles surtout que les subventions aux carburants ont fortement augmenté, pesant lourdement sur le budget des États. La mauvaise qualité de la fourniture d’énergie figure en tête des préoccupations en matière d’évaluation du climat d’investissement et entrave la numérisation des économies. Le doublement des financements annuels de la Banque mondiale dans le secteur de l’énergie au cours des trois dernières années a permis des améliorations significatives dans les états fragiles.
Par exemple, en République centrafricaine (RCA), un nouveau parc solaire de 25 Mégawatts avec batterie de stockage alimentera en électricité 250 000 personnes, doublant sa capacité de génération électrique. Ce parc solaire remplacera plus de 90% de l’énergie actuellement générée par diesel, représentant une économie annuelle de 4 millions de dollars en coûts de combustibles pour le gouvernement. La mise en service d’une centrale solaire de cette envergure en RCA, ainsi que de cinq mini-réseaux et de l’électrification de plus de 600 écoles et hôpitaux ainsi que de 50% des foyers d’ici 2030, est source d’espoir pour d’autres pays.Un autre exemple d’investissement à grande échelle dans le solaire, à savoir le projet régional d’intervention urgente dans le secteur de l’énergie solaire, propose un modèle d’appel d’offres concurrentielles pour augmenter l’accès à l’électricité pour des millions de consommateurs au Tchad, Liberia, Sierra Leone et au Togo, en stimulant la capacité énergétique renouvelable connectée au réseau, ainsi que la transmission et les interconnexions régionales.
Atteindre un accès universel à l’électricité en Afrique subsaharienne nécessitera plus de 200 milliards de dollars de financements avec un rôle essentiel de l’investissement privé. Pour y parvenir il est impératif de renforcer les cadres réglementaires et de développer des compagnies d’électricité financièrement solides.
Au Nigéria, la plateforme DARES (Distributed Access through Renewable Energy Scale-Up Nigeria) vise à étendre l’accès en développant les énergies renouvelables, tout en levant plus d’un milliard de dollars de financement privé pour donner accès à l’électricité à plus de 15 millions de personnes.
Le Sénégal quant à lui a signé en juin 2023 avec ses partenaires, notamment l’Allemagne, le Canada, la France, le Royaume Uni et l’UE un Just Energy Transition Partnership (JETP), au titre duquel le pays s’est engagé à porter de 31 à 40% la part des énergies renouvelables dans son mix énergétique d’ici 2030 avec l’accompagnement des partenaires (mobilisation de 2,5 milliards d’euros en financements nouveaux et additionnels sur une période initiale de 3 à 5 ans).
Parmi ces projets, celui relatif à l’extension de l’accès à l’énergie permet au pays d’améliorer la résilience des infrastructures publiques essentielles, telles que les écoles et les centres de santé, ainsi que de développer les petites et moyennes entreprises en les connectant au réseau, ou à des centrales solaires off-grid.Par ailleurs, le pays progresse dans la mobilisation des financements des secteurs public et privé pour soutenir ses objectifs d’expansion d’accès à l’énergie. Des investissements supplémentaires se concentrent à présent sur la réduction des écarts et le raccordement de tous au réseau.
Faciliter le commerce de l’énergie au niveau régional pour faire baisser les coûts et offrir un accès plus large et plus fiable constitue une priorité. À cet égard il faut saluer le lancement réussi de l’interconnexion des réseaux électriques de 14 de ses 15 pays membres de la CEDEAO, une initiative comportant de nombreux avantages dans le cadre du système d’échanges d’énergie électrique ouest-africain (EEEOA). La Guinée-Bissau devrait rejoindre prochainement cette interconnexion pour en tirer les avantages en termes d’accès à une énergie régulière et fiable.
L’accès universel à une énergie abordable est essentiel pour améliorer les conditions de vie des populations africaines et faciliter davantage le fonctionnement des services sociaux. Il est indispensable pour la transformation structurelle des économies, stimulant ainsi la compétitivité et la création d’emplois. L’utilisation appropriée de l’expertise et des ressources de la Banque mondiale dans le cadre d’une coopération élargie aux institutions bilatérales et multilatérales en collaboration étroite avec les pays de la sous-région constitue un gage pour l’électrification accélérée de notre continent – un message important à la veille de la COP28.Macky Sall, président de la République du Sénégal et Ousmane Diagana, vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre
«Un marché qui n’a pas d’indice n’est pas référencé sur le plan international»
Parce que quand on émet une action, cela veut dire qu’on vient prendre de l’argent gratuitement sur le marché financier. Et lorsqu’une personne achète l’action que vous avez émise, cela veut simplement dire qu’elle vous fait confiance. Si vous gérez mal votre entreprise, l’acheteur s’en ira. Ce qui est totalement différent du cas de la dette parce que vous devez rembourser tout en payant des intérêts. Les actions c’est de l’argent gratuit. Nous voulons que ceux qui s’endettent sur les marchés montrent patte blanche. Nous ne pouvons pas permettre que les épargnants vous donnent leur argent et que vous disparaissiez du jour au lendemain.
Le directeur de la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale (Bvmac) fait l’état de l’Indice boursier nouvellement mis en place en Afrique centrale lors du jeu de questions-réponses avec les journalistes le 1er décembre 2023.
Pensez-vous que le principe du fixing ne va pas être un problème à la représentativité d’économie de cet indice?
Le fixing ne va pas déteindre sur la crédibilité même de l’indicateur que nous sommes en train de mettre en place. La cotation en continue c’est le fixing répété plusieurs fois dans la journée. Puisque nous sommes à cotation au fixing, nous aurons un indice qui va être publié. Par conséquent, les pointes ne seront déterminées qu’à la fin d’une séance de cotation au fixing à 11h. C’est-à-dire que, l’indice, comme il est sous-jacent est calculé sur la base des mouvements qui ont affecté son panier de valeur. L’indice est articulé sur les fluctuations des six titres qui sont actuellement cotés sur le compartiment action. Si nous avions la cotation en continue, il était possible qu’on observe l’évolution des pointes d’indice plusieurs fois dans la journée. Les régulateurs pensent que nous devons aller progressivement avec nos outils, mais également avec la profondeur du marché.
Malheureusement sur la base de ce que nous faisons comme fonctionnement, nous aurons le récapitulatif seulement en fin de semaine. Sur le temps hebdomadaire, nous montrerons l’ensemble des pointes. Parce que chaque jour nous aurons une pointe et on présentera la courbe à la fin de la semaine. On ne cote pas plusieurs fois. Lorsqu’on le fait, l’indice est instable. À ce sujet, le régulateur a indiqué que ce n’était pas une réforme urgente. Nous devons déjà calculer l’indice et le publier correctement. Il interviendra exactement comme les valeurs interviennent. On a un prix d’ouverture et un prix de clôture.L’implémentation de l’indice est donc un simple désir de modernité…
Un marché qui n’a pas d’indice n’est pas référencé sur le plan international. L’indice peut être parfait ou imparfait. On a un problème de visibilité, de comparabilité, de jauge. Et nous avons besoin d’un thermomètre. Pour une entreprise qui ne distribue pas de dividende, après un certain nombre d’années, risque d’être confronté au fait que, tout le monde veuille vider ses titres. On peut le voir une ou deux fois, mais avec un indice on verra comment les hauts et les bas vont se traduire. Quand ça grimpe, on pourra dire qu’il y a eu de bonnes nouvelles et vice-versa. Lorsqu’une entreprise annonce des résultats trimestriels performants, tout le monde anticipe sur le fait qu’elle va distribuer un gros dividende on commence à acheter. La loi de l’offre et la demande, c’est-à-dire que plus vous demandez à acheter quelque chose, plus les prix ne commencent à grimper jusqu’à ce que le marché se corrige lui-même.Quels sont les efforts qui vont être fait très prochainement pour faire en sorte qu’il y ait une vraie démocratisation du marché?
À partir d’aujourd’hui la Bvmac va publier un avis qui va annoncer le nom de l’indice, ses modalités de calcul et son nombre de points. Notre indice va démarrer avec 1000 points. Parce que l’indice c’est une valeur qui est cotée, mais elle fonctionne sur la base des titres. Il est présent sur six lignes au niveau du compartiment action aujourd’hui. Chaque fois qu’il aura un élément qui affecte la capitalisation boursière d’une des lignes, elle va se répercuter sur l’indice. L’indice est là comme un baromètre. Nous retenons comme mode de calcul, de faire en sorte que les entreprises soient représentées par leur poids dans le flottant. Donc, c’est une moyenne pondérée du flottant. Si vous avez une capitalisation de 10 dans une capitalisation globale de 100, vous pèserez 10%; si vous disposez d’une de 15, vous pèserez 15%, ainsi de suite et la somme devra donner 100%. Chaque entreprise viendra avec un poids relatif au volume des titres qui sont actuellement en circulation. L’indice sera diffusé à chaque séance de cotation. À la fin de chaque semaine, on va tracer un histogramme qui montre un tout petit peu quelle était la tendance sur la semaine.Le marché s’analyse sur deux piliers. Pour qu’il y ait marché, il faut qu’il y ait adéquation entre l’offre et la demande. Nous analysons le marché coté investisseurs et coté émetteur ceux qui sont dans le besoin de financement et qui ont des fonds alternatifs qui ne sont pas des prêts bancaires. Nous observons qu’au niveau de la Cemac, le travail que tous ces gens font porte des fruits.
Nous avons décidé de créer un comité scientifique qui va se réunir autant de fois que nécessaire, pour pouvoir définir la périodicité d’incorporation des valeurs nouvelles au niveau de l’indice. Ceci va permettre de préparer la communication nécessaire à l’attention du marché pour que l’effet de base ne surprenne pas les gens. On espère qu’au plus tard le 11 décembre de cette année, l’indice sera publié l’indice. Puisque nous disposons déjà du nom, on va commencer le paramétrage, mais on fera également quelques textes, parce que nous sommes un marché ouvert à l’international.
Pourquoi n’y a-t-il pas d’engouement sur notre marché?
Le marché s’analyse sur deux piliers. Pour qu’il y ait marché, il faut qu’il y ait adéquation entre l’offre et la demande. Nous analysons le marché coté investisseurs et coté émetteur ceux qui sont dans le besoin de financement et qui ont des fonds alternatifs qui ne sont pas des prêts bancaires. Nous observons qu’au niveau de la Cemac, le travail que tous ces gens font porte des fruits. Pour renforcer ce côté, l’inclusion financière reste le principal problème. Le fonctionnement de nos économies avec les cadres règlementaires empêche qu’on puisse accepter l’argent du pousseur ou du moto-taximan. C’est le carcan règlementaire qui limite l’accès du secteur informel à l’épargne.
Pour aborder ce sujet, on a parlé de fractionnement. Parce qu’aujourd’hui son principal socle c’est le marché bancaire. Vous êtes bancarisés, vous avez accès au marché financier. Hors, cela est possible. Avec la financiarisation progressive de l’économie, la Banque centrale est venue faire en sorte que ceux qui ont du wallet (mobile money) puissent aussi être considérés comme le secteur formel. Cela implique l’inclusion des pousseurs, des moto-taximen. Une fois qu’ils sont inclus, on se dit que le wallet peut aussi acheter les actions. Puisqu’on les a sortis du secteur informel, en leur permettant d’avoir du wallet. Vu que dans le wallet, il y a les IOSn il est possible d’acheter des puces sans carte d’identité. Nous vous identifions, mais on limite le montant des transactions que vous pouvez faire. Une fois que c’est fait, on se dit que le prix des actions cotées est trop élevé. Après l’avoir traité, nous pouvons avoir des actions qui valent 1000 FCFA. Cela implique l’intervention de plusieurs acteurs. Et nous sommes dans une marche où nous essayons d’inclure tous les peuples dans la dynamique de gestion, la dynamique d’activité d’un marché financier;Pourquoi les gens n’émettent-ils pas des actifs financiers puisqu’il en faudrait?
Parce que quand on émet une action, cela veut dire qu’on vient prendre de l’argent gratuitement sur le marché financier. Et lorsqu’une personne achète l’action que vous avez émise, cela veut simplement dire qu’elle vous fait confiance. Si vous gérez mal votre entreprise, l’acheteur s’en ira. Ce qui est totalement différent du cas de la dette parce que vous devez rembourser tout en payant des intérêts. Les actions c’est de l’argent gratuit. Nous voulons que ceux qui s’endettent sur les marchés montrent patte blanche. Nous ne pouvons pas permettre que les épargnants vous donnent leur argent et que vous disparaissiez du jour au lendemain. Raison pour laquelle il y a des critères à la base.Propos rassemblés par Diane Kenfack
Louis Banga Ntolo L’indice boursier est le seul indicateur qui permet de présenter une bourse sur le plan mondial
Propos liminaire du directeur de la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale (Bvmac).
Objectif
Cette journée consistait en la journée de sélection du nom du «naming» boursier de la Bvmac, mais également de sélection du gagnant qui aura proposé ce nom suite à un challenge très rapide qui s’est étalé sur la période du 22 au 27 novembre 2023 à 18h. La journée d’aujourd’hui a été ponctuée par deux principales articulations : la première a consisté en la réunion du comité. Le comité de sélection a servi de jury, composé des personnes que vous voyez là, mais également d’une table virtuelle qui a regroupé des participants au Congo à Brazzaville, au Gabon à Libreville et à Yaoundé. La deuxième phase c’est celle-ci.
Sur la première phase, nous vous avons réuni aujourd’hui pour vous donner les résultats des délibérations de cette séance de dépouillement des soumissions au challenge que nous avons appelé le «naming de l’indice». Nous sommes heureux de vous annoncer aujourd’hui que dans le cadre des réformes qui sont mises en place par la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale (Bvmac) et des autres parties prenantes du marché financier et régional, la Commission de surveillance du marché financier (Cosumaf) a autorisé la Bourse à calculer et à publier son tout premier indice boursier.
Indice boursier
L’indice boursier est un indicateur de performance d’un marché financier. Il est obtenu sur la base des comportements des investisseurs. Donc c’est un instrument de sondage d’opinion, de sondage de la confiance des investisseurs, mais également des peurs que les investisseurs peuvent avoir sur l’économie en général et particulièrement qui se reflète sur leur attitude ou leur propension à vendre pour acheter un certain nombre de valeurs, ou vendre ou d’acheter beaucoup de valeurs.
Le crash boursier est mesuré par la perte de la valeur d’un indice. Quand un indice dévice au cours d’une même séance de plus de 25%, nous sommes dans une situation de crash. Si une bourse n’a pas d’indice boursier, elle ne peut pas mesurer le crash. Parce que le fait que le coût des actions baisse, ne veut pas dire qu’il y a un crash. Un indicateur d’opinion, un indicateur de performance, un baromètre de la confiance des investisseurs dans une économie dans la gestion d’une entreprise.
L’indice boursier sert aussi selon les conventions internationales à être le seul indicateur qui permet de présenter une bourse sur le plan mondial. On ne présente pas la bourse par son nom ou par le nom de ses dirigeants. On présente les bourses par l’indicateur qui est l’indice boursier. Donc une bourse qui n’a pas d’indice comme la Bvmac l’est à la date actuelle, n’est pas visible sur la plateforme internationale. Pour tous les agrégateurs privés ou associatifs, nous ne sommes pas visibles. Parce que nous n’avons pas d’indicateur que nous avons pu capter pour présenter les tendances de comment le marché financier de la Cemac se comporte. Nous sommes en train de corriger. Nous sommes en train de choisir un nom.
Régulateur
Nous avons eu l’accord du régulateur de créer notre premier indice boursier, de le calculer et de pouvoir le publier. Nous avons une infrastructure de cotation électronique qui nous permet de coter les lundi, mercredi et vendredi. À compter de ce 1er décembre, nous vous annonçons que la Bvmac est passée à la cotation journalière, de lundi à vendredi. Nous avions cet accord que le régulateur nous a donné, nous devions paramétrer cet indicateur dans notre infrastructure de cotation électronique, mais il se pose un problème, nous devions avoir un nom.
Dans notre ambition de vulgariser les activités de marché, mais également de faire la promotion du marché financier, d’ensemencer la culture boursière, nous avons décidé de lancer un challenge régional. Il y a eu beaucoup de participants, la diaspora depuis la France, le Sénégal, le Maroc, les États-Unis et l’Allemagne. La cérémonie de ce matin a consisté à dépouiller les 250 propositions pour arriver à un gagnant. Nous avons fait cet exercice depuis 10h30 du matin. Vous voyez à quelle heure on finit, parce que les propositions sont tout aussi intéressantes. Il était très difficile de partager les concurrents. La Bvmac a déjà trouvé le nom de son premier indice boursier. Il y a 3 gagnants. Mais celui qui vient en pole position est celui dont le nom va être exploité pour la première fois.
Nous avons mené ces travaux sous l’œil vigilant d’un huissier de justice. Il pourra témoigner du fait que les délibérations, les votes, les procédures ont été faites de manière très équitables. La preuve, les gens qui ont participé à ce concours n’ont pas donné leurs noms dans les applications via lesquelles nous avons demandé une soumission. Nous n’avions que les numéros de téléphone et les adresses mail. Nous avons dû appeler pour découvrir l’identité des gagnants.
L’indice boursier du marché financier de l’Afrique centrale dont le nom a été retenu respecte les critères suivants. Premièrement, véhiculer l’identité de la marque sur le plan international. Nous avons eu plein de noms qui étaient assez intéressants. Nous avons eu aussi des noms où le nom contracté de l’entreprise est survenu plusieurs fois. Et toutes les personnes qui soumissionnaient disaient qu’ils pensent que comme la Bvmac n’est pas très connue, si on va sur un nom encore plus exotique, ça peut ajouter de la confusion à la méconnaissance. Du coup, le jury a retenu le nom de BVMAC ALL SHARE INDEX. Donc l’indice qui reprend la totalité des actions cotées à la Bvmac. Le nom contracté est BVMAC ASI.
Propos recueillis par Diane Kenfack
Marché financier de la Cemac: la Bvmac tient son premier indice boursier
En vue de vulgariser ses activités, de faire la promotion du marché financier et d’ensemencer la culture boursière, la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale (Bvmac) a obtenu l’autorisation de la Commission de surveillance des marchés financiers de l’Afrique centrale (Cosumaf). Ceci afin de calculer et de publier son tout premier indice boursier. Chose faite le 1er décembre dernier au siège de l’institution boursière sous-régionale, à Douala, au cours d’une conférence de presse.
Bvmac All Share Index (BVMAC ASI) est le nom de ce tout premier indice boursier retenu par la Bourse unifiée de Douala. C’est celui qui reprend la totalité des actions cotées à la Bvmac dans le but de véhiculer l’identité de la marque sur le plan international. Ainsi, il «fait référence au caractère composite de cet indice boursier. C’est un agrégat de l’évolution de fluctuation des différentes actions que nous avons dans notre panier de valeur à la Bvmac dans le compartiment des actions. C’est également la langue de la finance, elle permet de vulgariser mieux cet index sur nos marchés et sur le marché international. Lorsqu’on suit la presse internationale et qu’on écoute les différents index qui sont énoncés, la plupart porte le nom de la place boursière à laquelle ils sont attachés. C’est le premier principe sur lequel je suis parti afin de faire en sorte que cet index puisse bénéficier de la notoriété naissante de la Bvmac et vice versa». Allende Douanla Fouekeng, 1er lauréat, explique ensuite que «plus tard lorsque l’indice aura acquis également une plus grande notoriété, qu’on puisse identifier facilement la place boursière à laquelle il est rattaché. Si l’index ne comportait pas le nom de la Bvmac, à l’international, il aurait été difficile de reconnaître».
Diane Kenfack
Cemac: chaleur entre le Représentant-résident au Cameroun et les institutions spécialisées
Pierre Guillaume Boum, le représentant-résident de la Cemac et ses collaborateurs ont été chaleureusement accueillis les 8 et 9 novembre derniers au sein des institutions spécialisées de la Cemac à Yaoundé. Ceci dans l’optique «d’optimiser la collaboration entre la Commission et les institutions spécialisées de la Commission de la Cemac accréditées au Cameroun». Dans le même ordre, il était également question de «présenter ses civilités auprès des premiers responsables des institutions spécialisées de la communauté basée à Yaoundé». Comme institutions, il s’agit de l’Institut sous-régional de la Statistique et de l’Économie appliquée (ISSEA), de l’Organisation de coordination pour la lutte contre les endémies en Afrique centrale (OCEAC), et du Comité des chefs de police d’Afrique centrale (CCPAC). Au-delà des civilités, ces visites de courtoisie ont été l’occasion d’évoquer le renforcement des synergies entre les institutions spécialisées d’une part, et le renforcement des échanges avec la représentation d’autre part.
Olivier Mbessité
Monnaie électronique : taux d’utilisation en hausse en zone Cemac
Selon le rapport de la Beac, la sous-région Afrique centrale fait des progrès dans le recours à ce moyen de paiement. Tous les 5 indicateurs sont au vert.
Le rapport 2022 de la Beac montre que l’activité des services adossés à la monnaie électronique progresse. Le lien en avant a été déclenché en 2021 lors de l’apparition de la pandémie à coronavirus. Cette percée des monnaies électroniques est perceptible tant sur les plans nationaux, qu’à l’échelle sous-régionale. Cela est dû à la hausse des principaux indicateurs relatifs à l’accès et à l’utilisation de ce mode de paiement par les populations. Et le Cameroun étant la principale place financière de la Cemac, la monnaie électronique et booste cette activité. Pour comprendre cette évolution, la Beac fait une comparaison sur 2 années. Elle va de 2021 à 2022. Cinq indicateurs sont mis en avant.
Indicateurs
Le premier concerne l’évolution de l’activité. Dans le rapport, au soir du 31 décembre, l’on dénombre 329 911 distributeurs Mobile Money au sein de la zone Cemac. Alors qu’en 2021 on comptait 24 576 distributeurs à la même période. On enregistre une progression de +34,15%. Celle-ci découle de la suppression de l’exclusivité des points de distribution et à la vulgarisation des distributeurs de proximité lit-on dans le rapport. En termes de transactions, la zone Cemac a effectué 2,3 milliards de transactions à travers le système de paiement par monnaie électronique en 2022. En termes de pourcentage, l’on enregistre une évolution de 20,66% différemment à l’année 2021. En termes de valeur, on passe de 20 596 milliards FCFA en 2021 à 23 332 milliards FCFA en 2022.S’agissant de l’évolution des comptes de souscripteurs aux produits de monnaie électronique, la Cemac connaît aussi une grande. L’on compte 35 millions en décembre 2021. Alors qu’en fin 2022, l’on enregistre 37 millions de comptes. Soit une augmentation de 6,74%. Cette année-là est qualifiée par les experts de la Beac d’année de la maturité parce que le taux d’actifs est resté constant autour de 40% entre 2021 et 2020.
Recharges de portemonnaie électronique
Selon le rapport de l’institution bancaire, les recharges de portemonnaie électronique plus connues sous l’appellation des dépôts en espèces, ont atteint 8 015 milliards FCFA. Alors qu’ils sont de l’ordre de 7 419 milliards en 2021, soit une hausse de 8,03%. Au même moment, la valeur moyenne de l’opération de la monnaie électronique dans la Cemac passe de 10 817 FCFA en 2021 à 9 685 FCFA en 2022. Cette baisse «est une conséquence de la massification numérique et de l’inclusion financière», apprend-on.Quant au paiement par monnaie électronique, l’on enregistre une forte augmentation en 2022. Le mode de paiement a en effet permis aux citoyens de la Cemac de payer leurs biens et services. Soit 2172 milliards FCFA, contre 1480 milliards en 2021. Deux facteurs justifient cette évolution. Il s’agit de l’abandon progressif du crédit téléphonique comme moyen de paiement et de la multiplication des points de distribution.
D’après le rapport, l’interopérabilité de la Gimac (Groupe interbancaire monétique de l’Afrique centrale) a traité plus de 7,303 millions de transaction de monnaie électronique en 2022. Soit un montant dépassant 224,199 milliards FCFA. Cette transaction est plus accrue entre le Cameroun et le Gabon, avec 60,5%.
André Gromyko Balla
Rapport sur les surveillances de paiement dans la zone Cemac en 2022
Rappel des dispositifs juridiques
Dans son rapport, la Banque des États de l’Afrique centrale fait une mise aux points pour les acteurs de son système financier.
«Nul n’est censé ignorer la loi». Un dicton que la Beac reprend à son compte dans son rapport. Le but est de rappeler aux États membres qu’il existe certaines dispositions légales. Elle profite aussi de l’occasion pour s’arrimer aux standards de la finance internationale. Elle rappelle alors qu’elle dispose d’une série de loi permettant de ne pas être en marge de ses homologues. Pour plus de précision, le rapport fait état de cinq règlements et deux instructions.
Règlements
Le rapport de 2022 dénombre sept lois. Parmi ces dernières, on compte la loi sur le Règlement N03/16/CEMAC/UMAC/CM du 21 décembre 2016 relatif aux systèmes, moyens et incidents de paiement. Cette dernière définit le moyen comme un «instrument qui permet à toute personne de transférer des fonds en inscrivant le montant réglé au début d’un compte ouvert dans les livres d’un établissement assujetti». Le rapport va plus loin lorsqu’il précise les moyens de payement de la zone Cemac. On a, entre autres, le chèque, la lettre de changes, le billet d’ordre, le virement, le prélèvement, la carte de paiement et la monnaie électronique. L’article 1 définit également les différents moyens de paiement dans le texte.Le deuxième règlement est relatif aux services de paiement dans la Cemac. Il s’agit du règlement N04/18/CEMAC/COBAC du 21 décembre 20218. Ce dernier définit les activités entrant dans ce qu’elle appelle «service de paiement», sans oublier la typologie des ordres de paiement.
Le rapporté évoque également l’adoption d’un règlement sur la protection des consommateurs des produits et services bancaires de la Cemac. On parle du règlement N01/20/CEMAC/UMAC/COBAC du 03 juillet 2020. Pour cela trois types d’établissements sont identifiés comme «prestataires de service de paiement». On a: les établissements de crédit; les établissements de microcrédit et les établissements de paiement qui sont des personnes morales prestataires de services de paiement autre qu’un établissement de crédit. À en croire le rapport, ces établissements de paiement sont «soumis aux mêmes réglementations que les établissements financiers».Le quatrième règlement est relatif à l’agrément et aux modifications de situation des prestataires de services de paiement. On parle de Règlement COBAC R-2019/01. Il est question ici de responsabiliser les opérateurs de télécommunications, «en les incitants d’une part à créer des filiales dédiées aux services de paiement et opérer par-là, une scission entre leurs activités de télécommunication et leurs activités financières».
Le dernier règlement est relatif aux normes prudentielles applicables aux établissements de paiements. On parle de Règlement COBACR-2019/02. Ici, le numéro de téléphone portable fonctionne comme un compte de dépôt ou un compte de paiement.
Instructions
Deux instructions récemment introduites figurent dans le rapport. Il s’agit précisément de l’instruction N 001/GR/2018 du 10 août 2018. Cette dernière est relative à la «définition de l’étendue de l’interopérabilité et de l’interbancarité des systèmes et moyens de paiement en zone Cemac. La dernière instruction quant à elle date du 12 mai 2021. Cette dernière est relative à la normalisation et fonctionnements des comptes de paiement et du compte de cantonnement. Il s’agit de l’instruction N 002/GR/2021.AGB
Explosion du potentiel énergétique de la CEEAC: l’étincelle de Luanda
Le destin énergétique de la sous-région Afrique centrale s’est peut-être joué la semaine dernière à Luanda en Angola. À s’en tenir à l’objectif poursuivi par la Commission de la CEEAC bien représentée et à l’initiative de la première rencontre des organes de gouvernance du Centre pour les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique de l’Afrique centrale (CEREEAC) . Car pour Marie Thérèse Chantal Germaine Ngakono épse Mfoula Edjomo, «le défi majeur reste en effet l’accès aux formes modernes de l’énergie, alors que paradoxalement, la région est particulièrement bien dotée en ressources énergétiques aussi bien fossiles que renouvelables». Le commissaire de la CEEAC appelle pour cela à considérer que c’est cette « inadéquation entre le potentiel et sa mise en valeur qui explique en partie, le faible accès à l’énergie dans la région Afrique centrale (inférieur à 40% pour l’ électricité), et le faible niveau de développement économique et social, avec une industrialisation encore insignifiante».
Jean Pierre Ndoutoume, chef de l’Unité de démarrage du CEREEAC, était partie de la délégation. Un attelage dont la mission était en définitive «d’obtenir un consensus sur l’ensemble des textes fixant les règles d’organisation et de fonctionnement du Centre». Marie Thérèse Chantal Germaine Ngakono épse Mfoula Edjomo a notamment insisté sur « l’appui et une forte implication de l’Angola qui abrite pour la première fois une institution spécialisée de la CEEAC ». Dans l’intérêt bien compris des populations et des économies de la sous-région. Et compte tenu du «potentiel en énergies renouvelables très appréciable et qui devrait permettre de satisfaire la demande en électricité de la région, voire au-delà», a souligné la responsabilité communautaire.
Certains indicateurs lui donnent raison. Entre autres, « le gisement solaire qui offre des flux comprend entre 5 et 7,5 kWh/m²/jour ; le gisement éolien qui recèle un potentiel de développement important; et le potentiel hydroélectrique de la région qui représente environ 58% de celui de tout le continent». Son listing mentionne en outre « l’immense forêt du Bassin du Congo qui constitue une source importante de biomasse, qui demeure encore l’énergie utilisée par 80% des ménages dans la région ; et enfin, le potentiel géothermique, qui pourrait également constituer l’un des socles du développement énergétique en Afrique centrale».Théodore Ayissi Ayissi
L’énergie : parent riche de la coopération Cameroun/Banque mondiale
Le Cameroun peut capter davantage de financements de l’institution mondiale en misant sur l’énergie. Celle renouvelable notamment.
Les questions d’énergie sont au cœur de la visite qu’a effectué le vice-président de la Banque mondiale au Cameroun du 20 au 28 novembre 2023. C’est que le secteur occupe une place importante dans la Stratégie nationale de développement pour l’horizon 2020. Il apparait comme «un secteur porteur qui va attirer des investisseurs privés. Un secteur qui doit participer à l’émergence et l’industrialisation du Cameroun», a déclaré lundi dernier Alamine Ousmane Mey.
Le gouvernement entend porter à 5000 MW la capacité d’énergie installée dans le pays. Ce qui permettra d’atteindre un taux d’accès à l’électricité de 90% d’ici 2030 contre 63% actuellement. La stratégie gouvernementale pour parvenir à ces objectifs repose principalement sur la construction de barrages hydroélectriques à l’instar de Nachtigal-Amont (420 MW); Bini à Warak (75 MW); Menchum (72 MW); Song-Ndong (270 MW); Grand-Eweng (1 800 MW); Katsina-Ala (485 MW); Makaï (350 MW); Mouila-Mogue (420 MW); Kikot (450MW); Ndjock (200 MW); Ngoila (84 MW); et Cholet (600 MW). Pour l’’heure, la vétusté des lignes de transport et les retards dans la réalisation de ces projets, constituent encore un frein pour ces objectifs de développement. La situation peut être pire, fait savoir la Banque mondiale dans son rapport national sur le climat et le développement. «On s’attend, de façon générale, à ce que le changement climatique affecte le ruissellement des bassins fluviaux au Cameroun de façon significative, ce qui aura éventuellement des effets sur le potentiel de production d’énergie et la performance économique des projets hydroélectriques», révèle ledit document.Le développement d’une énergie renouvelable à la faveur de la coopération avec la Banque mondiale. Le Cameroun pourrait alors bénéficier des mesures incitatives adoptées par l’institution dans le cadre de son nouveau mode opératoire. «Nous étudions la possibilité de réduire les taux d’intérêt pour inciter les pays à sortir du charbon dans le cadre de transitions énergétiques. Et dans les pays qui ont recours à la fois à l’IDA et à la BIRD, nous cherchons des moyens d’encourager le passage à des énergies de source renouvelable en augmentant la part des financements concessionnels dans le bouquet», déclarait le président de la Banque le 13 octobre dernier à Marrakech.
Cet attrait pour les énergies renouvelables est conforme à la vision de la SND30. Celle-ci prévoit d’exploiter au mieux les ressources éoliennes et solaires, entre autres. Le gouvernement est cependant tenu d’améliorer ses politiques à court et moyen termes. En recherchant notamment l’expertise technique et le savoir-faire qui permettront de dégager les contraintes de financement directes et indirectes.
La coopération entre le Cameroun et la Banque mondiale sur les secteurs extractifs et de l’énergie est riche d’un portefeuille de 3,3 milliards FCFA au 1er novembre 2023. Ce qui représente 18% des engagements de l’institution dans ce pays d’Afrique centrale.
Louise Nsana
Suivi-évaluation des projets
Pour un portefeuille qui peut mieux faire
La Banque mondiale met désormais l’accent sur le suivi et l’évaluation des projets financés par ses soins.
Le portefeuille de la Banque mondiale au Cameroun se chiffre à 3,3 milliards FCFA pour 18 projets nationaux et quatre projets intégrateurs. Ceux-ci couvrent les secteurs extractif et de l’énergie (18%), du transport (13%), la santé et la nutrition (13%) de l’agriculture et de l’agroalimentaire (13%). À ceux-ci, s’ajoutent le développement social durable et inclusif (9%), la protection sociale et l’emploi (9%), l’éducation (9%), l’eau (4%), le développement numérique (4%), le développement urbain (4%) et la gouvernance (4%).
L’impact des projets concernés tarde pourtant à se faire ressentir du fait de la lente évolution des chantiers. Cette situation est quelques fois imputable à l’indisponibilité des fonds approuvés; elle-même provoquée quelques fois par l’incapacité du gouvernement à mobiliser les fonds de contreparties. La corruption et des lenteurs administratives sont également citées au chapitre des blocages récurrents. Résultat: près de 1100 milliards de solde engagés restent non décaissés selon des données officielles.
Face à l’embarras que suscite la situation, Alamine Ousmane Mey se veut rassurant. «Des mesures ont été prises tant au niveau de la préparation des projets pour la passation de ces projets au niveau du Conseil d’administration, la mise en vigueur et le suivi-exécution de ces projets. Un élément fondamental vient compléter le texte du Premier ministre sur la maturation des projets, c’est l’évaluation des gestionnaires de projet à partir de 2024. Ça va permettre d’améliorer fortement et sensiblement la performance globale du portefeuille pour le relever à des niveaux qui correspondent à la position que le Cameroun a eu à occuper entre 2019 et 2021». Et d’ajouter: «je voudrais aussi vous rassurer que les soldes engagés et non décaissés ont fait l’objet d’une analyse approfondie dans la perspective de libérer rapidement ces ressources pour les injecter dans l’économie à travers les projets. Comment est-ce que nous comptons le faire, c’est à travers l’appropriation de toutes les étapes de passation des projets jusqu’au financement et à l’exécution. Avant, nous avions connu des problèmes au niveau des fonds de contreparties, passation de marché, contractualisation. Ce sont des choses qui ont été identifiées et bénéficient des solutions avec pour objectif de réduire les soldes non décaissés, pour avoir l’impact recherché par les projets financés par le groupe de la Banque mondiale».
La gouvernance au prix d’or
La Banque mondiale attache du prix à l’amélioration de la gouvernance au Cameroun. Elle s’attèle par conséquent à soutenir la décentralisation et les efforts de développement des collectivités territoriales décentralisées (CTD). La principale innovation dans ce domaine s’appuie sur des dispositions de la loi portant Code de la décentralisation en vigueur au Cameroun. Laquelle autorise les CTD à établir des partenariats avec les bailleurs aux fins de capter les ressources nécessaires à leur développement. Une exigence est tout de même adoptée par la Banque mondiale. Celle-ci concerne «la façon dont la passation des marchés doit être faite, la façon dont les investissements doivent être exécutés. Toute ressource mise à la disposition de quelque partenaire que ce soit doit aussi faire l’objet d’une évaluation à postériori, mais aussi en amont», a laissé entendre le vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’ouest et du centre.LN
Nouvelle vision de la BM
Premiers lauriers pour le Cameroun
Les deux parties se sont liées lundi par la signature de trois conventions de financements de projets. Ces derniers répondent aux nouvelles normes de l’institution en matière d’impact.
Trois nouvelles conventions sont à mettre à l’actif des interventions de la Banque mondiale au Cameroun. Elles ont été signées le 20 novembre 2023 à l’occasion de la visite de travail de Ousmane Diagana. L’instance accorde un prêt de 300 millions de dollars en faveur du Programme axé sur les résultats dans le secteur de l’énergie (PforR). 280 millions de dollars (140,744 milliards FCFA) sont engagés en faveur du Projet pour l’amélioration de la connectivité, la résilience et l’inclusion le long de l’axe routier Mora-Dabanga-Kousseri (Pacri). Les signatures d’Alamine Ousmane Mey et Ousmane Diagana ouvrent la voie au financement du projet de gouvernance locale et communautés résilientes (Prolog).
Les trois projets se rejoignent dans leur impact sur les conditions de vie des populations et le développement communautaire. Lesquels sont centrales à la nouvelle vision de la Banque mondiale. Le PforR va permettre dans cette perspective d’électrifier 211 000 ménages et de desservir plus d’un million de personnes entre 2024 et 2028. Les autres résultats portent sur l’installation d’une production solaire photovoltaïque de 22 MW, la réduction de 47% le nombre de jours nécessaires à Eneo pour l’encaissement des factures de services publiques, entre autres. S’agissant du Prolog, il vise à soutenir la résilience des communautés par la création des opportunités socio-économiques dans les régions en crise. Il est aussi question de soutenir le processus de décentralisation par des organes de gouvernance locale; et améliorer la fourniture des services de base au bénéfice des populations affectées par les conflits.
Le Pacri permettra de remettre le tronçon susmentionné (205 Km) en état. Il induit par ailleurs la construction de cinq écoles autour du projet; la construction de 23 centres de santé et l’octroi des stages à 45 étudiants.
LN
Au commencement d’une nouvelle ère de développement
Les changements adoptés au sein de la Banque mondiale engagent le Cameroun à un changement de paradigmes dans la conception et la réalisation des programmes et projets proposés aux financements de cette instance.
L’augmentation de la fréquence et de l’intensité des crises sous-tend la nouvelle vision du Groupe de la Banque mondiale. Les autres facteurs énoncés par l’institution de Bretton Woods sont liés à la montée de la fragilité, aux changements climatiques, ainsi qu’à une précarité alimentaire grandissante. En conséquence de cela, la BM «cherche désormais la célérité dans la réalisation, l’efficacité et l’impact des programmes», déclarait lundi dernier Ousmane Diagana, en présence du ministre camerounais de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire, Alamine Ousmane Mey.
La nouvelle donne de la Banque mondiale s’accompagne de changements dans son mode opératoire. Notamment en matière de mobilisation des fonds. L’institution a de ce fait mis sur pied un scenario qui consiste à «renforcer les garanties accordées par les actionnaires de la Banque mondiale afin d’encourager les financements; mobiliser des capitaux hybrides auprès des actionnaires et d’autres partenaires de développement; avancer le chantier du Mécanisme de gestion des crises de l’IDA (un outil qui aboutira à plus de financement concessionnel aux pays les plus pauvres)», renseigne-t-elle dans une note.
Ce qui change
En des termes propres au vice-président, les principales innovations attendues en termes d’octroi de financements portent sur la nécessité de bien «identifier les réformes clés, s’assurer que ces réformes sont bien mises en œuvre pour que, par la suite les investissements puissent être faits. C’est moins le type d’investissement que le projet va financer par la capacité à créer des conditions pour des investissements plus structurants soutenus par le secteur privé».La Banque mondiale change d’approche en ce qui concerne sa définition de la lutte contre les changements climatiques. La nouvelle vision est contenue dans son Plan d’action sur le changement climatique 2021-2025. Lequel consacre le passage d’une approche «de projets verts à des économies vertes dans leur entièreté». L’institution poursuit sa politique de financement des déficits budgétaires. Elle planche toutefois sur des mesures d’allègement de la dette, en faveur notamment des pays en voie de développement.
Louise Nsana
Une histoire en pleine évolution
La Banque mondiale change à nouveau de vision. Celle-ci n’a cessé de muer depuis la création de l’institution en 1944 sous le nom de Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD). C’est tout dire sur le cahier de charges d’antan de cet organisme: aider à la reconstruction des pays dévastés par la seconde guerre mondiale. L’institution recentre plus tard sa mission sur le développement avec un accent mis sur les infrastructures. Puis en 1960, avec la création de l’Association internationale de développement (IDA), la Banque prend un nouveau virage. Elle marque un intérêt plus accru aux pays les plus pauvres du monde et se fixe pour objectif de réduire la pauvreté. Le fil d’Ariane de cette mission est définie dans sa vision de 2012: «Mettre fin à l’extrême-pauvreté et promouvoir une prospérité partagée». L’ambition ici était entre autres, de ramener l’extrême pauvreté à un taux de 3%.
L’histoire ne s’arrête pas là pour la Banque mondiale. Elle cherche désormais des solutions aux crises qui ont freiné l’élan du développement ces dernières années. C’est le fil conducteur de la nouvelle vision entrée en vigueur à Marrakech à l’occasion des Assemblées annuelles d’octobre 2023. La Banque mondiale veut désormais «mettre fin à la pauvreté sur une planète vivable». Cela passe par une réforme de ses propres modalités de fonctionnement afin de renforcer son impact sur le développement. Ousmane Diagana, vice-président de l’institution pour l’Afrique de l’ouest et du centre, s’est fait le canal de communication pour la promotion de cette vision au Cameroun du 20 au 28 novembre. «La Banque mondiale doit être meilleure, elle doit être plus forte. Elle doit être plus pertinente dans sa façon de produire, qu’elle soit plus puissante sur le plan financier et qu’elle puisse répondre avec des financements suffisants aux différentes requêtes soumises par les clients et les partenaires», a-t-il déclaré lundi dernier à Yaoundé, à l’entame de sa visite de travail. Son séjour en terre camerounaise fait office d’école pour les autorités camerounaises qui en apprennent plus sur les moyens de tirer au mieux profit de cette nouvelle opportunité.
Louise Nsana
Lutte contre le changement climatique
Passage obligatoire pour le Cameroun
La cause constitue désormais un critère déterminant dans la sélection des projets et programmes que l’institution financera.
Le Cameroun peut tirer un meilleur parti du nouveau modèle stratégique de la BM. Il doit pour cela intégrer la lutte contre le changement climatique dans les projets et programmes proposés au financement de ce bailleur de fonds. Les contours de cette exigence sont contenus dans le Rapport national sur le climat et le développement 2022 de la Banque mondiale courant 2022. Celui-ci stipule que «le Cameroun est confronté au défi de changer le modèle de développement actuel de manière à créer des opportunités pour renforcer la résilience et positionner le pays sur une trajectoire de développement plus dynamique». Il constate que «les riches écosystèmes camerounais n’ont pas amené la richesse économique, et se trouvent menacés par le changement climatique et des pratiques non durables». Actuellement, Plus de 1,5 million d’hectares de forêts ont été dévastés entre 2001 et 2020. Ce qui occasionne des troubles de température, de pluviométrie et la sécheresse. Et expose 2 millions de personnes à la pauvreté et à la famine. Certaines régions comme l’Extrême-Nord subissent davantage les affres des chocs climatiques. Ce qui entraîne régulièrement des conflits autour de l’exploitation des ressources naturelles. Des menaces sur l’évolution du Produit intérieur brut du pays viennent assombrir le tableau. La BM estime que le Cameroun pourrait perdre 10% de son PIB, si rien n’est fait.
La Banque mondiale table sur une enveloppe de 58 milliards de dollars sur les dix prochaines années pour permettre au Cameroun de capitaliser sur les mesures d’adaptation et d’atténuation. Cela conduira le pays vers la réalisation d’une croissance rapide, inclusive et résiliente. Tout en lui permettant de ramener son taux de pauvreté à 3% à l’horizon 2050. Il existe cependant deux conditions pour y parvenir. La première consiste à rompre avec le modèle de développement dirigé par l’État pour mettre le secteur privé au premier plan de l’activité économique. Dans sa nouvelle vision, la Banque se propose elle-même d’exploiter au mieux les ressources du secteur privé.
Il est par ailleurs indiqué de renforcer le cadre réglementaire en matière d’environnement dans le pays. «Le Cameroun a accompli des progrès dans le développement de politiques climatiques alignées sur sa Stratégie nationale de développement (SND30), notamment à travers une série de réformes visant à créer un environnement encourageant la croissance économique, l’amélioration de la gouvernance et des institutions, et la décentralisation. Le pays s’est également engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 35% d’ici 2030. Une prochaine étape importante dans cet engagement consisterait à adopter une loi exigeant des institutions publiques qu’elles intègrent le changement climatique dans leurs instruments de politique et de planification, ainsi que dans leur processus budgétaire. À ce jour, la plupart des secteurs n’ont pas encore de législation soutenant les objectifs nationaux en matière d’adaptation et de décarbonisation», renseigne ledit document. Lequel établit une corrélation entre les changements climatiques et les questions d’énergie, ainsi que leur incidence sur la lutte contre la pauvreté, l’insécurité alimentaire et l’industrialisation du pays.Louise Nsana
Disponibilité des carburants et du pétrole: panne sèche chronique de l’Afrique centrale
Réservoir plein, robinet sec! Ainsi pourrait-on titrer la chronique de la pénurie de carburants devenue le lot quotidien de la majorité des pays de l’Afrique centrale, pourtant réputés être producteurs et exportateurs de pétrole. Une situation insupportable pour les ménages et préjudiciable à l’économie, dont l’année 2023 aura beaucoup été le témoin. En termes de stations-service non approvisionnées et de longues files d’attente dans celles où le super, le gasoil et le pétrole lampant peuvent encore s’obtenir, sous certaines conditions. Le tout dans un environnement déjà marqué par la volatilité des prix à la pompe des hydrocarbures, du fait de la réduction par les États (sur ordre du FMI) des subventions. Et dans des pays où l’énergie électrique, la seule véritable alternative objective, n’est toujours pas branchée sur le réseau de la constance.
Les conséquences sont connues. Les économies de la sous-région, méchamment en quête de performance après les affres toujours persistantes de la pandémie de Covid-19, tournent au ralenti. En lien avec l’incapacité évidente pour les populations et les acteurs économiques à pouvoir mener leurs activités créatrices de richesse.
Cameroun
C’est l’exact reflet de la situation vécue ces derniers jours au Cameroun, la locomotive de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac). Yaoundé et Douala sont en effet en proie à une nouvelle pénurie de super sans plomb et de pétrole lampant. Après avoir connu il y a un peu plus d’un mois, celle du gasoil. Le gouvernement camerounais parle cette fois encore de problèmes «logistiques». Le ministère de l’Eau et de l’Énergie explique que «le bateau devant transporter le carburant a accusé quelques jours de retard, ralentissant la chaîne d’approvisionnement». Sans en donner la cause et sans s’attaquer au problème de fond. En l’occurrence l’anticipation, le raffinage de notre pétrole (achèvement des travaux d’extension et de réhabilitation de la Sonara), la capacité de stockage limitée de la SCDP (Société camerounaise des dépôts pétroliers), la constitution et la gestion des réserves stratégiques.Les voyants sont également au rouge dans d’autres pays de la Cemac et de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) présentant le même profile. Le cas au Tchad, RDC, Centrafrique, Burundi… qui ont tous connu au cours de ce deuxième semestre 2023 des pannes sèches. Les autres pays (Gabon, Congo, Guinée Équatoriale et Angola) étant également sur le qui-vive. Puisqu’ils ne sont pas structurellement et conjoncturellement à l’abri de la diminution dangereuse des stocks des différents hydrocarbures raffinés qu’ils importent aussi.
Tchad
Le Tchad est l’un des plus grands producteurs d’hydrocarbures de la sous-région et ses exportations passent par le Cameroun via le pipeline. Il n’est cependant pas épargné par le phénomène qui tend à se banaliser. À en croire nos confrères de TchadInfos qui rapportent que ce 6 novembre 2023, «de longues files d’attente s’observaient devant de nombreuses stations-service, affectant la vie quotidienne des N’Djamenois». En cause, «divers facteurs, notamment l’augmentation de la demande liée à la reprise économique, les perturbations dans l’approvisionnement en pétrole brut, et aussi, des problèmes logistiques», apprend-on. La solution pour garantir un approvisionnement stable en essence passe selon certaines expertises par «une action concertée de la part des autorités et de la Société nationale de raffinage (SNR)».Centrafrique
Les mois de septembre et octobre 2023 ont été particulièrement difficiles pour les Centrafricains en général et les habitants de Bangui en particulier. La situation s’est un peu normalisée le 24-25 septembre avec l’arrivée «d’une vingtaine de citernes», avant de refaire surface le mois suivant. L’explication gouvernementale relayée le 15 octobre dernier par Corbeaunews tient à «la suspension des activités de Total Centrafrique par la douane, en raison de son non-paiement des frais de fiscalité pétrolière, s’élevant à plus de 2 milliards de francs CFA». Une autre constante est que la RCA est l’un des rares pays de la sous-région totalement dépendant des importations de pétrole raffiné.RDC
«Pour éviter une crise plus profonde, le Groupement professionnel des distributeurs des produits pétroliers (GPDPP) a décidé de mettre en place des mesures urgentes en RDC». La presse locale évoque notamment «un contingentement et une adaptation des heures d’ouverture des stations-service. À partir du mercredi 18 octobre 2023, les stations-service fonctionneront de 7h00 à 17h00 afin de prolonger la disponibilité des produits pétroliers avec les stocks limités actuels». Ceci après avoir alerté le gouvernement sur «la situation critique des stocks dans l’ouest de la RDC», peut-on lire.Burundi
La pénurie de carburant était également au rendez-vous au Burundi. Elle est signalée depuis fin juin-début juillet 2023. Obligeant les consommateurs à se ravitailler au noir en RDC et au Rwanda. Ce contre quoi se battent également les autorités locales.Raffinerie sous-régionale
Cette situation remet au goût du jour le projet porté par la Beac de la mise sur pied d’une raffinerie sous-régionale. Une ambition qui présenterait plusieurs avantages. Puisqu’elle ferait des pays de la Cemac-CEEAC des exportateurs nets de produits pétroliers raffinés; permettrait de réduire l’érosion des réserves de change; et pourrait se conjuguer avec la consolidation des capacités des raffineries nationales. À en croire le rapport dont Intégration avait eu copie.Théodore Ayissi Ayissi
Mise en œuvre du Programme économique régional: l’Unesco au secours de la Cemac
Le fort déploiement de la Commission de la Cemac à la 42ème session de la Conférence générale de l’Unesco à Paris a ouvert de nouvelles perspectives pour la Communauté.
En particulier en matière d’accélération de la mise en œuvre du Programme économique régional (PER). Le programme phare de la sous-région dont la portée et les enjeux ont été rappelés les 19 et 20 novembre derniers par le président Baltasar Engonga Edjo’o et le commissaire Fulgence Likassi-Bokamba. Au point de susciter de nouveau l’admiration et l’adhésion des responsables de l’organisation onusienne. «La Commission de la Cemac peut compter sur l’appui de l’Unesco qui, dans l’agenda actuel, place l’Afrique comme priorité», assure à l’issue des échanges, la sous-directrice Stephania Giannini.
Parlant de priorités, celle du gouvernement de la Cemac dans le cadre cette coopération se rapporte logiquement à l’éducation et à l’enseignement supérieur. «La Commission sollicite l’accompagnement de l’Unesco entre autres pour l’élaboration et la mise en œuvre des programmes d‘intégration régionale visant à harmoniser les curricula et offres de formation; ainsi que pour la coordination des programmes de l’enseignement supérieur, de la recherche et de formation professionnelle», a indiqué le président de l’institution communautaire. Là où le commissaire Fulgence Likassi-Bokamba a quant lui insisté sur «la redynamisation de la formation technique et professionnelle». L’intérêt étant de doter la sous-région d’une main d’œuvre qualifiée et de compétences à même d’assurer la transformation structurelle de nos économies, tout en consolidant les bases de l’intégration physique sous-régionale.
La Commission de la Cemac et l’Unesco entendent à cet égard s’attaquer en premier lieu à la question de la qualité des enseignements. D’autant plus que dans «quelques rapports portant sur les défis de l’éducation à travers le monde dont les conclusions sont sans appel, le manque d’enseignants de qualité constitue un handicap majeur, notamment en Afrique subsaharienne», a fait savoir la sous-directrice Stephania Giannini.
L’autre chantier important devrait être celui relatif à l’élaboration «d’une stratégie pour la promotion et la protection du patrimoine culturel des États de l’Afrique centrale, conformément à l’article 46 de la convention de l’UEAC». À en croire la Commission de la Cemac, «une réunion de consultation devrait se dérouler dans les toutes prochaines semaines à Douala avec l’assistance technique de l’Unesco».
Théodore Ayissi Ayissi
Révolution verte à la Bdeac: déjà 873 milliards pour l’agro-industrie et les chaînes de valeur
De nouveaux engagements au profit du secteur agricole et de la création des chaînes de valeur ont récemment été pris par la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (Bdeac). L’institution communautaire «entend notamment renforcer ses financements en faveur des projets agro-alimentaires en vue de contribuer à opérer la migration industrielle, ainsi que la création des zones économiques spéciales regroupant plusieurs acteurs de la chaîne de valeur». Son président, Dieudonné Evou Mekou, l’a fait savoir lors du Forum OEACP tenu du 7 au 8 novembre dernier à Malabo en Guinée Équatoriale. L’idée étant de consolider l’«enveloppe de 43 milliards FCFA déjà consentie pour divers projets de transformation agricole et de 830 milliards FCFA engagés dans le financement de projets d’infrastructures visant le désenclavement des bassins de production».
Il s’agit au final d’un montant global d’investissement dans le secteur de la production agricole évalué à 873 milliards FCFA. Ce que Dieudonné Evou Mekou présente comme «la volonté affichée et assumée de la Bdeac de contribuer chaque jour davantage à la traduction dans les faits de la révolution verte et bleue». Une ambition «parfaitement» alignée sur le thème du Forum de haut niveau. À savoir : « Débloqué le potentiel du développement de l’agro-industrie et des chaînes de valeur en Afrique centrale : une approche de coopération sud-sud ». Et en conformité «avec le Plan stratégique 2023-2027 »Azobé »», est-il aussi relevé. L’institution communautaire annonce enfin dans le même cadre, le renforcement de la collaboration avec l’OEACP.TAA
Libre circulation: l’horizon encore plus inquiétant pour la femme rurale
Arrivées à Yaoundé au bout de mille peines, quelques femmes dénoncent l’application des mesures dites locales par des autorités de certains pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac).
Une vue de la tribune d’honneur lors de la clôture du Safer La situation peut paraître paradoxale. D’un côté, à quelques exceptions près, tous les indicateurs disponibles révèlent que dans les pays de la Cemac, les femmes vivantes en milieu rural africain sont plus vulnérables que les hommes face à des situations critiques. De l’autre, en situation de grande fragilité économique, ce sont elles qui sont les plus amenées à se déplacer dans l’espace communautaire. «Et pourtant, en parlant de libre circulation des femmes rurales d’un pays vers un autre de la Cemac, l’horizon est toujours inquiétant», s’emporte Sophie Gbellet. D’après cette Centrafricaine présente au Safer 2023, un des aspects de l’appréciation de la sévérité de la limitation de la libre circulation, en plus de son degré propre de coercition, est celui de ses modalités d’application soit à l’échelon. de chaque pays, soit à l’ensemble de l’espace Cemac. «Nous avons présenté l’invitation de la Première dame Chantal Biya et l’ordre de mission de notre gouvernement de voyager pour le Cameroun. Les gendarmes et policiers nous ont traités comme des malfrats. À cette allure, il est moins probable que nous soyons là pour la prochaine édition», craint Sophie Gbellet.
Au regard de la manière dont les faits sont spécifiés, il apparaît que les contraintes imposées à d’autres femmes rurales de la sous-région synthétisent la sévérité du dispositif humain déployé sur le terrain. «En termes de freinage à la mobilité des femmes en général, et des femmes rurales en particulier, du moins pour nous Centrafricaines qui sommes venues au Safer, ces dispositifs apparaissent comme les plus dommageables pour l’échange d’expériences entre femmes rurales. Ils agissent comme des forces d’obstruction incroyables à la libre circulation. Tant qu’on parlera toujours de mesure locale, rien ne va aller», jure Rajabo Obedia, secrétaire exécutif au sein de l’Organisation des femmes rurales de Centrafrique (OFRRCA).
Et pour Françoise Olle Nzure, la notion de « mesure locale » est difficile à appréhender en zone Cemac. À en croire ce lieutenant-colonel à la retraite et présidente de la Coopérative agricole Ayong-Yebe, «sa mise en œuvre sur le terrain est par nature peu précise et relève essentiellement de l’arbitraire». La Gabonaise explique : « Une fois mises en place, ces mesures locales induisent des pertes de capacité de mobilité chez celles qui nourrissent tous les citadins de la Cemac ».
Olivier Mbessité
Ils ont dit
Leila Ben Braiek Ayedi, PDG SLPI-Tunisie
«Elles doivent bénéficier de mesures concrètes»
Les femmes rurales africaines sont des actrices de développement incontournables. Elles contribuent de manière sensible à la promotion de l’agriculture durable et jouent un rôle stratégique dans la sécurité alimentaire. Pour ma part, je pense que les femmes rurales africaines qui jouent un rôle stratégique dans la promotion de l’agriculture durable et de la sécurité alimentaire doivent bénéficier de mesures concrètes visant à résorber la division inégalitaire du travail agricole entre les femmes et les hommes, le partage équitable des opportunités de propriété et de financement de projets (accès aux crédits, protection sociale).
Rajabo Obedia, organisation des femmes rurales de Centrafrique
«Œuvrer à assurer une meilleure représentativité des femmes rurales d’Afrique centrale»
Compte tenu des insuffisances de représentativité des femmes dans les différentes étapes de la décision et de leur faible accès à l’encadrement et à la formation dans plusieurs pays d’Afrique centrale, l’on devrait travailler à assurer une meilleure représentation des femmes rurales dans les organisations professionnelles, les syndicats et les coopératives à travers l’incitation à la création de projets communs pour les femmes rurales, la création de groupements de développement agricole féminin et la sensibilisation des femmes à adhérer aux associations et aux coopératives. Ces actions techniques et sociales seraient renforcées par la révision des textes ou le statut juridique des associations professionnelles en vue de favoriser l’insertion des femmes, de sensibiliser les responsables de ces associations à l’intérêt de cette insertion et aux rôles que les femmes peuvent jouer.
Nadège Deneamne, PDG Naeva-Fashion (Tchad)
«L’éducation est un facteur déterminant»
Aujourd’hui, avec l’avancée des objectifs de développement durable, il est temps pour nos dirigeants d’Afrique centrale d’accélérer les progrès vers une plus grande considération de la femme rurale. Dans ce cas, l’éducation est un facteur déterminant. En effet, des données prouvent que lorsqu’elles disposent d’un niveau d’éducation relativement élevé, les femmes rurales arrivent à bien décrocher des meilleurs postes de travail, à bien négocier leur rémunération et à bien protéger leurs droits vis-à-vis de leurs employeurs.
Repères sur le Safer 2023
– Le Cameroun a accueilli la première édition du Salon africain de la femme rurale du 14 au 17 novembre 2023 à Yaoundé.
– Cette importante rencontre du monde rural d’envergure internationale a rassemblé une dizaine de pays africains est une initiative de la Fédération des Unions des GICs de transformatrices des produits agricoles du Cameroun (FUTPAC) et de la CTPA (Confédération Africaine des Transformatrices de Produits Agropastoraux )
– Le Safer 2023 a reçu le soutien du Gouvernement camerounais, et a bénéficié de l’accompagnement du Ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille, tout au long de son processus de maturation.
– A l’origine du Safer, des membres de la Fédération des Unions des GICs de transformatrices des produits agricoles du Cameroun (FUTPAC) et à la Confédération Africaine des Transformatrices de Produits Agropastoraux (CTPA). Ils ont eu l’idée de cette belle initiative.
– Le Safer a été une occasion inédite pour mobiliser des plaidoyers et autres consultations avec toutes les parties prenantes, sur les enjeux majeurs liés à la productivité et à la transformation en vue d’une meilleure contribution de la femme rurale à l’économie des pays et du continent africain.
– Le Safer 2023 est placé sous le haut parrainage de la Première Dame du Cameroun, Madame Chantal Biya. Il a bénéficié de l’accompagnement technique et financier des administrations sectorielles.
– Il s’est tenu dans le sillage de la commémoration de la 28è Journée mondiale de la femme rurale célébrée le 15 octobre et dont le thème est : « Femmes rurales et économie verte : mieux produire et transformer pour saisir les opportunités de la Zone de Libre Échange Continentale Africaine (ZLECAf)».
– Cette thématique, autour de laquelle la réflexion doit se poursuivre jusqu’au 15 octobre 2024, interpelle les gouvernements et leurs partenaires pour favoriser un développement durable à travers la mise sur pied des stratégies d’accompagnement des femmes vivantes en milieu rural dans l’ optique de préserver l’environnement et de les préparer à saisir les opportunités de la ZLECAf. Ce vaste marché continental, tel qu’on vient de nous l’expliquer, vise parmi ses objectifs à associer les jeunes et les femmes à l’effort d’industrialisation de l’Afrique conformément à l’Agenda 2063 de l’Union Africaine.
Pour s’affirmer…qu’on cesse de voir les choses avec les paupières closes!
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Exit la première édition du Salon africain de la femme rurale (Safer). Après Yaoundé, les regards se tournent désormais vers Malabo en Guinée Equatoriale, où se tiendra l’édition 2024. En l’annonçant ce 17 novembre 2023 dans son discours de clôture du Safer 2023, la ministre camerounaise en charge de la Promotion de la Femme et de la Famille (Minproff) proclame l’attention et la bonne volonté des décideurs politiques africains à l’égard des femmes rurales du continent. «Avec la réussite éclatante de la première édition, le Safer s’est assuré une assise crédible». En droite ligne du constat que pose le Pr Marie-Thérèse Abena Ondoa, les participantes venues du Cameroun, de Tunisie, de Guinée Equatoriale, du Gabon, de la République Centrafricaine, du Tchad, du Sénégal et de Sao Tome et Principe, reprennent en chœur l’hymne de la satisfaction. Pour l’essentiel, celui-ci s’exprime en référence «au savoir-faire diplomatique du Cameroun et à la mobilisation de son gouvernement», comme le souligne le rapport général des assises de Yaoundé. Le document indique que du 13 au 18 novembre 2023 au Palais Polyvalent des Sports de Yaoundé, il y a eu une véritable effervescence, un espoir de changer la condition de la femme rurale africaine. Avec en toile de fond le thème sur «La Femme Rurale, mamelle nourricière de l’Afrique: comment capitaliser son savoir-faire pour en faire une meilleure productrice de richesses?». A travers cette question nodale et décisive, le Safer 2023 s’est attaché à jeter les bases d’accompagnement de l’autonomisation de la femme vivant en milieu rural. Il amorce la valorisation de sa contribution dans la production et la transformation des produits agropastoraux et cosmétiques, l’amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, la gestion durable des ressources, le renforcement des capacités d’adaptation face aux changements climatiques et la réduction de la pauvreté. Mais alors, quelle recette appliquer? Quels obstacles sont clairement identifiés? Autant de questions qu’aborde le présent zoom.
C’est la principale exhortation faite aux participantes à la première édition du Safer.
Des femmes rurales africaines autour de la Minproff «Que la femme rurale africaine soit enfin portée par les discours politiques». À Yaoundé, ce 17 novembre 2023, l’idée fait consensus, tant parmi les scientifiques que dans diverses délégations présentes à la première édition du Safer. À l’opposé de ceux qui voient un fort décalage entre attentes et engagements, Aimée Léocadie Tsimi brandit la logique top-down. «Les réflexions sont menées par les femmes rurales elles-mêmes et mises en œuvre par les États», explique la présidente de la Confédération des femmes rurales productrices et transformatrices des produits agropastoraux et cosmétiques d’Afrique (CTPA). Pour permettre de bien comprendre, l’économiste camerounaise Anne Bapeck estime que la tenue du Safer traduit «une nouvelle réflexion plus ouverte sur différents niveaux de compétences».
Exposés
Pour qui accepte le tableau brossé, il doit être clair que le défi que représente la valorisation de la femme rurale africaine appelle des exposés en rapport avec le thème choisi. Cela vaut pour Danielle Nlate. Dans sa leçon inaugurale, la présidente du Réseau des Femmes actives d’Afrique centrale (Refac) et vice-présidente de la Foire transfrontalière d’Afrique centrale (Fotrac), présente «les enjeux, défis, et opportunités de la Zlecaf pour l’accès des femmes rurales au marché unique continental». Danielle Nlate encourage ainsi les femmes rurales à faire de la Zlecaf une clé pour la promotion de leurs produits. «Chères sœurs et femmes rurales africaines, votre courage et votre audace reconnus dans les hautes sphères de décision devraient plus encore vous faire grimper dans le train de la Zlecaf, pour que vive la femme rurale, moteur incontestable du véhicule «Made in Africa» pour nourrir et soigner l’Afrique notre cher et beau continent», conclut-elle.Selon des observateurs, cet enchaînement est moins futile qu’il ne paraît. Il balise la manière dont les femmes rurales devraient s’approprier certaines opportunités. «Les femmes sont dans tous les combats pour l’accès aux besoins essentiels des populations. Même si au prix de multiples efforts, certaines sont parvenues à acquérir leur «autonomie», la grande majorité végète dans une précarité socio-économique qui constitue une barrière. Leurs aspirations ne sont pas toujours suivies d’effets malgré les nombreuses politiques de développement mises en place en leur faveur. Rien qu’entre les femmes paysannes, moins formées, et les citadines bien formées, il existe des spécificités dans les revendications. Les politiques mises en œuvre n’ont pas suffisamment pris en compte la variable différentielle entre les femmes vivant dans le milieu rural et celles des milieux urbains. Même la journée du 15 octobre qui leur est dédiée passe généralement inaperçue. La célébration d’une telle journée a toujours manqué d’impact contrairement à la Journée Internationale de la Femme célébrée de manière plus éclatante. Il est temps que la femme rurale africaine sorte de ce carcan aliénant», suggère Esther Nkolo Abomo, autre économiste camerounaise. Et parmi les arguments qui font scintiller un autre monde possible, la socio-économiste tchadienne Édith Sajebadoewa parle de «prise de conscience».
Jean-René Meva’a Amougou et Olivier Mbessité
Ils ont dit
Elisabeth Makota, directrice de la Promotion de la Femme au Minproff
«Au cœur de l’économie domestique»
«Il faut relever que les femmes occupent sur le continent africain une place centrale dans l’agriculture vivrière. Elles sont présentes sur tous les maillons de la chaine de valeur, allant de la production à la commercialisation, en passant par la transformation des produits vivriers. Au cœur de l’économie domestique, elles jouent un rôle social essentiel au bien-être des communautés rurales et urbaines. Cependant, cette couche de la population est celle qui a le moins accès aux actifs (terres, équipements, formations, services ruraux, etc.) à côté des charges familiales qu’elles portent. Pourtant, les observations ont montré la résilience dont elles ont témoigné lors des périodes critiques (covid-19, bouleversement des marchés internationaux, etc.), prouvant ainsi la capacité́ des femmes à réagir pour lutter contre l’insécurité́ alimentaire avec une forte dose d’inventivité́».
Yvette Fouda, présidente du collectif de femmes rurales du Centre
«Le Safer a permis de soulever publiquement des problèmes»
Il est logique de constater que les problèmes des femmes restent encore «cachés» en milieu rural. Le Safer a permis de les soulever publiquement et de dénoncer le contrôle patriarcal que nos sociétés exercent sur la conduite féminine. Les us et coutumes présents dans les espaces publics mettent clairement en évidence l’autorité masculine en zone rurale, où la pression sociale est plus forte, du point de vue des traditions culturelles présentes dans les espaces publics, des usages de la langue, des valeurs religieuses, etc. Dans certains cas, il arrive même que les femmes renoncent à leur propre réalisation personnelle. Je suis contente qu’au cours de cette première édition du Safer, l’on a abordé ces problèmes qui, chaque jour, augmentent la vulnérabilité de la femme en général et la femme rurale en particulier.
Changement climatique en Afrique centrale: la main tendue de la société civile au secteur privé
Du 16 au 17 novembre à Yaoundé les acteurs de ce secteur se sont concerté pour trouver de financements en vue d’atteindre les Objectifs de développement durable (ODD).
L’Afrique centrale connait des changements climatiques. Ce qui n’est pas sans conséquence sur les activités des populations, notamment dans le secteur agricole. C’est dans l’optique de la lutte contre la pauvreté, les inégalités et le retour aux politiques basées sur les droits fondamentaux que s’est tenu le Forum régional de la Société civile de l’Afrique centrale organisé par la division de la société civile et engagement communautaire de la Banque africaine de développement (Bad).
Sous le thème : «Engager la société civile dans la mobilisation des financements du secteur privé pour le climat et la croissance verte en Afrique». Cette thématique témoigne à suffire de l’importance de la problématique des changements climatiques dans le monde, en raison des droits nouveaux qu’elle crée pour les populations d’Afrique centrale. Et de l’impact très important qu’elle aura sur les emplois.
Selon Danielle Nlate, représentante de Rober Mabala, Coordinateur régional du Réseau des plateformes nationales d’Ong d’Afrique centrale (REPONGAC), engager la société civile à la mobilisation des financements du secteur privé pour le climat et la croissance verte en Afrique «devient urgent en Afrique centrale».
Cela s’explique par le fait que la sous-région reste en proie à plusieurs défis relatifs aux changements climatiques. L’atteinte des résultats des Objectifs de développement durable (ODD) à l’horizon 2030 est hypothétique. L’évaluation faite au mois de juillet dernier à New York montre que seuls 10% des pays engagés dans le processus sont sur le bon chemin, 40% des pays tâtonnent encore, 40% d’autres où rien ne marche et 10% ne suivent pas ces (ODD).
Secteur privé
Face au tableau peu reluisant de l’Afrique centrale dans l’atteinte des ODD, le secteur privé est l’alternative. Le secteur public ayant montré ses limites dans la lutte contre les changements climatiques.
Ainsi la mobilisation du secteur privé à financer les actions climatiques «exige une confiance totale de nos gouvernements, des institutions internationales, régionales, nationales et locales à subventionner toutes les organisations de la société civile impliquées dans la lutte contre le changement climatique, surtout celles évoluant dans les milieux ruraux vulnérables et marginalisés et très souvent victimes des phénomènes météorologiques devenus de plus en plus pressants», rappelle Danielle Nlate.
Le secteur privé doit assurer le renforcement des capacités sur la règlementation énergétique, la transparence et la recevabilité afin de rendre ses voix pour soutenir l’Afrique à pousser les pays développés à concrétiser leurs promesses de créer un fond de changement climatique de l’ordre de 100 milliard de dollars.
Pour ce faire, avec un appui permanent, les organisations de la société civile mèneront « des actions résilientes concrètes, permanentes et efficaces qui vont susciter un intérêt croissant et régulier des investisseurs du secteur privé dans la lutte contre le dérèglement climatique», conclut Danielle Nlate, présidente du Réseau des femmes actives d’Afrique centrale (REFAC).
Olivier Mbessité
Lutte contre les flux financiers illicites :le plaidoyer des parlementaires camerounais
Pour mettre fin à ce phénomène au Cameroun, les membres de APNIFT (Réseau parlementaire africain sur les flux financiers illicites et la fiscalité (Apnifft) réclament une marge d’intervention dans la prise de décisions.
Réunis le 11 novembre dernier à Yaoundé, parlementaires et experts des Organisations de la Société civile (OSC) ont échangé sur les flux financiers illicites. C’était à la faveur du séminaire de renforcement des capacités des députés et sénateurs camerounais sur l’Équité fiscale, les Flux financiers illicites et l’intensification de la campagne Stop the bleeding.
La plateforme d’échanges est l’initiative du Centre régional africain pour le Développement endogène et communautaire (Cradec). Objectifs, former, sensibiliser et engager 20 parlementaires camerounais membres de l’Apnifft sur les flux financiers illicites, entre autres thématiques.
Selon le rapport de Global Financial Integrity (GFI) publié en 2020, le Cameroun compte parmi les dix pays africains les plus touchés par les FFI entre 2008 et 2017. D’ailleurs, révèle-t-il, l’État camerounais a perdu 1,35 milliards de dollars chaque année durant la même période. Ces pertes financières sont dues à des activités telles que l’évasion fiscale, la corruption, le blanchiment d’argent, le commerce illicite et d’autres formes de mouvements de capitaux illicites.
Dispositif défaillant
Pour contrer le phénomène, le président de la République du Cameroun a signé un décret portant organisation et fonctionnement du Comité de Coordination des politiques nationales de lutte contre le blanchiment des capitaux le financement du terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive. Le texte révèle la «volonté politique» des autorités camerounaises, estime Jean Mballa Mballa, directeur exécutif du Cradec.
Dans le fond, ajoute-t-il, l’édiction dudit texte pourrait ne pas avoir un grand impact sur la lutte contre l’hémorragie financière, d’autant plus qu’il vient s’ajouter à une pile d’autres textes déjà en vigueur. «Dans la pratique, ce décret vient s’ajouter aux différents textes qui ont créé la Conac [Commission nationale anti-corruption Ndlr], qui créent l’Apnifft, qui créent un ensemble d’institutions, y compris le contrôle supérieur de l’État qui a pour mission aussi de juguler ce phénomène. Maintenant on se pose la question de savoir, est-ce que ces différents actes se mettent effectivement en œuvre de manière à pouvoir réduire le risque de blanchiment d’argent de flux financiers illicites», s’interroge-t-il.
Dans son élan, l’expert sur les questions financières fait allusion aux «failles dans le dispositif actuel». Pour s’en convaincre, le membre de la société civile évoque «une loi qui a été adoptée et dont on attend tout simplement le décret d’application sur la déclaration des biens et des avoirs. Il suffit que le président de la République énonce la composition et désigne la commission de déclaration des biens qu’on pourrait voir véritablement ceux qui s’enrichissent légalement et ceux qui s’enrichissent illégalement. Mais nous constatons que depuis 2008, ce décret n’est pas appliqué.»
«Ce n’est pas suffisant», estime le sénateur Pierre Flambeau Ngayap. Pour le président du groupe de parlementaires camerounais engagés dans la lutte contre les FFI, la situation peut être améliorée. À condition qu’on implique plus d’acteurs dont les parlementaires dans la chaine de prise des décisions. «Nous parlementaires aurions souhaité que le rapport que produit ce comité (de l’Anif Ndlr) semestriellement et annuellement puisse également être disponible annuellement afin que nous sachions exactement quelles sont les identifications qui y sont faites au niveau des flux financiers illicites afin de mieux contrôler ce que fait le gouvernement», fait savoir le sénateur Ngayap.
Joseph Julien Ondoua Owona
L’université au cœur de la transformation économique en Afrique centrale
Universitaires et décideurs viennent de mener (15 – 17 novembre) à Douala une réflexion en vue de mettre sur pied les piliers d’une économie plus diversifiée. En effet, deux années après la mise en place de la phase-pilote de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), sa promotion s’étend désormais dans les universités.
D’après la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique centrale (CEA), cette rencontre avait pour objectif «de faire en sorte que les universités, les centres de recherche, les laboratoires que nous avons aujourd’hui soient placés au cœur de toutes les stratégies que nous menons au niveau de nos pays» à l’effet de diversifier l’économie de la sous-région Afrique centrale.
Le séminaire de Douala, apprend-on, fait suite à un constat. «L’Afrique centrale est la seule région du continent qui a aujourd’hui le plus besoin de tirer le meilleur profit de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) parce que nous n’échangeons que 2% de produits manufacturés. C’est l’occasion ou jamais pour les économies de l’Afrique de prendre à bras le corps la question et de mettre en place dans l’urgence les plans directeurs d’industrialisation et de diversification économique», fait savoir le Dr Adama Coulibaly. À en croire cet économiste de la CEA, l’Afrique centrale n’est pas suffisamment industrialisée pour tirer son épingle du jeu dans l’implémentation de la Zlecaf.Diane Kenfack