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La peur a changé de camp

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En pleine campagne électorale, Alassane Dramane Ouattara s’est permis de railler l’opposition ivoirienne avec une désinvolture déconcertante :« Les autres ne veulent pas venir aux élections. Ils ont peur… S’ils sont garçons, qu’ils viennent… Au lieu de rester dans leurs salons climatisés. »

À ses côtés, son frère Tené Birahima — promu non pas par mérite mais par un odieux système de rattrapage ethnique — est allé jusqu’à expliquer que c’est à cause de « l’incompétence » des Ivoiriens que Ouattara se voit contraint de briguer un quatrième mandat. Il faut le dire: ce genre de provocation, en plus d’être méprisante, traduit une fébrilité évidente au sommet de l’État.

Une confiscation du pouvoir éhontée

Peut-on décemment parler de courage quand on s’accroche à un pouvoir usurpé, confisqué au prix de fraudes, de répressions sanglantes et d’exclusions arbitraires ? Peut-on se vanter d’être « majoritaire » quand on verrouille tout l’appareil électoral, qu’on musèle la presse, qu’on disperse violemment les manifestations pacifiques et qu’on met les citoyens sur écoute ?

Ce pouvoir, ce n’est pas le peuple qui l’a donné à Ouattara. C’est Sarkozy. Et cela suffit à comprendre la nature de cette gouvernance : une présidence imposée, illégitime, tenue par la force et par le silence complice de certaines puissances étrangères.

La peur, elle est de leur côté

Car les vrais peureux, ce ne sont pas ceux qui réclament des conditions de vote justes. Les vrais peureux, ce sont ceux qui installent des caméras de surveillance dans toutes les rues, ceux qui envoient, à la nuit tombée, des hommes encagoulés arrêter des opposants ou de simples citoyens critiques, ceux qui tremblent à l’idée de voir émerger une candidature capable de cristalliser l’espoir d’un peuple. Ce sont eux qui ont peur. Ils savent que leur popularité est en lambeaux, qu’ils ne sont plus désirés à la tête d’un pays qu’ils n’ont fait que piller, fragmenter, diviser et maltraiter. Ils savent que si la parole était libre, s’ils ne truquaient pas les règles du jeu à chaque élection, ils seraient balayés par les urnes. Alors, ils préfèrent jouer les durs, se cacher derrière une rhétorique guerrière pour masquer leur panique.

Le vrai courage commence par l’honnêteté

S’ils étaient aussi courageux qu’ils le prétendent, ils n’excluraient pas des candidats majeurs de la course à la présidentielle. Ils n’interdiraient pas les meetings de l’opposition. Ils accepteraient un audit international de la CEI. Ils ouvriraient un dialogue national sur la réforme du processus électoral. Bref, ils accepteraient de jouer la démocratie à armes égales.

Mais cela, ils n’en sont pas capables. Parce que gouverner dans la transparence, sans fraude, sans intimidation, sans favoritisme, exigerait un courage moral qu’ils n’ont jamais montré. Un respect des institutions qu’ils ont toujours bafoué. Une loyauté envers le peuple qu’ils ont trahi depuis longtemps.

Un pouvoir imposé, une fin inévitable

Le temps des impostures touche à sa fin. Où sont Blaise Compaoré, Alpha Condé, Ali Bongo ou encore Nicolas Sarkozy ? Ces parrains d’un système violent et corrompu ont tous fini par tomber ou se retrouver marginalisés. L’histoire ne ment pas: les régimes qui refusent l’alternance, qui piétinent les libertés et méprisent la souveraineté populaire finissent toujours par sombrer. Le peuple peut plier, mais il ne rompt pas. Et un jour, il se lève.

L’arrogance n’est pas une preuve de force

Messieurs Ouattara et Birahima devraient se souvenir que l’arrogance est souvent le masque de la peur. Quand on est vraiment fort, on n’a pas besoin d’humilier ses adversaires. Quand on est vraiment légitime, on n’a pas besoin d’écraser les autres pour exister. Et surtout, quand on est vraiment patriote, on est fier de ses origines, on respecte son peuple, on l’écoute, on le protège.

Parfois, il vaut mieux se taire que d’ouvrir la bouche pour débiter des inepties. Car, à force de jouer avec le feu, on finit toujours par se brûler.

Jean-Claude DJEREKE

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