Le 12 octobre 2025 est désormais gravé dans la mémoire du Cameroun.

Dans les villes et les campagnes, l’ombre de l’élection plane encore, comme un vent chaud qui caresse et tourmente à la fois. Depuis cette date, le pays retient son souffle, scrutant avec une attention quasi scientifique chaque indice, chaque statistique, chaque tweet. Les populations attendent le verdict de la Cour constitutionnelle, comme on attend la dernière note d’un morceau de jazz : avec impatience, curiosité et un brin d’inquiétude.
Sur les réseaux sociaux, l’écho est immédiat et explosif. Les coups de gueule fusent plus vite que les graines dans un vent de brousse. Chaque post, chaque commentaire devient une onde qui secoue les consciences. Mais derrière cette agitation numérique, les appels au calme résonnent comme des berceuses dans un chaos électrique. Les habitants, jeunes et vieux, urbains et ruraux, tentent de se raccrocher à la raison, tout en regardant ce feuilleton national se jouer en direct.
L’axe Nord-Sud est au cœur de toutes les attentions. Les analystes politiques, armés de graphiques et de cartes, observent ce corridor comme un astrophysicien scrute la trajectoire d’une comète. Chaque voix, chaque vote, chaque tendance devient un fragment d’histoire à déchiffrer. Dans les marchés, les écoles et les cafés, on débat, on s’exclame, on rit parfois jaune. Le Cameroun, vaste mosaïque de langues et de couleurs, semble suspendu à l’instant.
La désinformation, elle, danse sur cette scène nationale avec une énergie inépuisable. Les rumeurs se propagent plus vite qu’un camion fou sur l’autoroute de Douala. On raconte tout et son contraire, et chacun y va de sa propre version. Certains y voient une stratégie politique, d’autres un simple jeu de dupes. Dans ce maelström, le citoyen devient un détective involontaire, un enquêteur des mots et des images. Il apprend à lire entre les lignes, à sourire des exagérations et à soupirer devant les absurdités.
Le vent du changement souffle fort, secouant les habitudes et les certitudes. Dans les villages, les jeunes discutent autour d’un café brûlant, imaginant des scénarios parfois drôles, parfois inquiétants. Dans les villes, les conducteurs klaxonnent comme pour exprimer une impatience collective, tandis que les anciens, assis sur les bancs publics, observent le ballet des nouvelles avec une sagesse teintée d’ironie. Le Cameroun se découvre un visage à la fois familier et étranger : il est celui de l’espoir, mais aussi de l’inattendu.
Le 12 octobre a révélé plus que des chiffres. Il a montré des divisions, des passions et des rêves. Il a mis en lumière l’importance de chaque voix, de chaque geste citoyen. Les électeurs, qu’ils aient voté tôt le matin ou tard le soir, qu’ils aient parcouru des kilomètres pour atteindre leur bureau ou simplement suivi la cérémonie à la télévision, sont tous devenus acteurs d’un théâtre politique intense. Et comme dans toute bonne pièce, il y a de l’humour, parfois involontaire, dans les réactions humaines, dans les situations absurdes et dans ces petites anecdotes qui font sourire malgré le sérieux du moment.
Dans ce climat électrique, la patience devient un art. Les populations s’accrochent aux bulletins officiels et aux annonces formelles, tandis que les médias multiplient les analyses, parfois plus poétiques que strictement factuelles. Les experts y vont de leurs prévisions, certains prudents, d’autres audacieux. Les habitants, eux, oscillent entre inquiétude et amusement, entre espoir et sarcasme. L’humour, parfois grinçant, devient un outil de survie face à l’intensité du moment.
Alors que la Cour constitutionnelle prépare son verdict, chaque région, chaque ville, chaque village retient son souffle. Les discussions autour des repas, dans les transports, dans les salons et même sur les réseaux sociaux tournent autour d’un mot : attendre. Attendre l’issue, comprendre le message, accepter ou contester le résultat. Et dans cette attente, il y a de la poésie : celle des voix qui s’élèvent, des mains qui se joignent, des regards qui se croisent. Il y a aussi de l’humour : celui qui permet de sourire malgré l’angoisse, de relativiser face à l’incertitude, et de transformer le tumulte en une expérience collective.
Le Cameroun vit un moment unique, où le passé, le présent et l’avenir se confondent. Les vents du Nord et du Sud, ceux de l’Est de l’Ouest, les voix des jeunes et des anciens, les réseaux et les places publiques, tout semble conspirer pour créer un instant suspendu. Un instant où chaque citoyen se sent partie prenante d’une grande histoire. L’histoire d’un pays qui, malgré les tensions et les divergences, continue de rêver, de rire et d’espérer.
Dans ce souffle électoral mêlé de poésie et d’humour, le Cameroun se rappelle à lui-même : il est vivant, vibrant et imprévisible. Et lorsque le verdict tombera enfin, il ne marquera pas seulement la fin d’un suspense, mais le début d’une nouvelle page, pleine de promesses, de défis et, pourquoi pas, de quelques éclats de rire bienvenus.
Jean-René Meva’a Amougou