Après le rappel de lots de Blédina en France et au Gabon, le ministre de la Santé publique, Manaouda Malachie, a ordonné le retrait préventif de ces produits au Cameroun. Quelques jours plus tard, c’est une référence de Nestlé qui est pointée pour « non-conformité ». Entre démentis des entreprises et inquiétudes des consommateurs, la confiance dans la chaîne agroalimentaire est mise à l’épreuve.

Le 26 septembre 2025, le ministre de la Santé publique (Minsanté), Manaouda Malachie, a créé la surprise en annonçant le retrait « préventif » et « immédiat » de tous les produits Blédina présents dans les circuits de distribution camerounais. Une mesure radicale, motivée par des soupçons de contamination aux aflatoxines, des toxines issues de moisissures déjà signalées en Europe. « Nous proscrivons toute consommation jusqu’à nouvel ordre », précisait le communiqué officiel.
Comme si cela ne suffisait pas, un nouvel épisode est venu accentuer la tension. Le 30 septembre, le Minsanté a ordonné le retrait immédiat du lait en poudre Nido Choco de Nestlé, invoquant un cas de « non-conformité » signalé par un tiers. Aucun détail n’a cependant été donné sur la nature du défaut constaté, ni sur l’identité de l’informateur.
Contre-attaques
Du côté de l’entreprise, la riposte n’a pas tardé. Contactée par Intégration, l’équipe de communication de Blédina assure que « bien que des lots de produits concernés par le rappel aient été importés au Cameroun, la totalité du stock est restée dans l’entrepôt du distributeur ». Une déclaration qui, faute de preuves concrètes, entretient le doute.
Réaction immédiate de Nestlé Cameroun, qui s’est dite « surprise » par une démarche jugée brutale. Dans un communiqué, la filiale de la multinationale suisse estime que l’annonce « porte préjudice » à sa marque et regrette de n’avoir pas été consultée avant diffusion. « Nous sollicitons une audience auprès du Ministre afin de clarifier et résoudre une situation qui porte préjudice à notre marque et à notre réputation », indique la note transmise à la presse. L’entreprise tente néanmoins de rassurer ses consommateurs : « NIDO® Choco est produit dans le strict respect de toutes les normes de qualité et de sécurité sanitaire des aliments en vigueur. Nous traitons toutes les observations des consommateurs avec rigueur et transparence ». Nestlé promet de coopérer pleinement avec les autorités.
Ces deux affaires, rapprochées dans le temps, mettent en lumière les fragilités de la chaîne de distribution alimentaire au Cameroun et l’importance du contrôle public. Entre la méfiance des consommateurs, le besoin de transparence des autorités et la défense de réputation des industriels, la question de la sécurité alimentaire prend une dimension stratégique. Au-delà des polémiques, un constat s’impose : face aux crises sanitaires internationales, le Cameroun ne peut plus se contenter d’attendre que les informations viennent de l’étranger. Des mécanismes de contrôle plus rigoureux et plus réactifs apparaissent désormais indispensables pour garantir la confiance des citoyens dans leur assiette.
Jean-René Meva’a Amougou