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Plaidoyer: l’écho catholique de la campagne

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Urnes

Alors que les Camerounais s’apprêtent à aller aux urnes dans une douzaine de jours, la lettre pastorale de Mgr Samuel Kleda, archevêque de Douala rendue publique le 8 aout 2025, et une vidéo de Mgr Paul Lontsie-Keune, évêque de Bafoussam, diffusée le 31 juillet 2025, n’en finissent pas de susciter des réactions diverses chez les électeurs, partagés entre attentes, scepticisme et espoir de changement.

Urnes

À Douala, la lettre pastorale de Mgr Kleda a été diffusée dans les paroisses de son diocèse le 10 aout 2025, à l’occasion des messes. Elle met en avant des problématiques connues : chômage, pauvreté, manque de perspectives pour les jeunes. « C’est notre quotidien », confie Pierre, un commerçant du marché Nkoulouloun. « Quand l’archevêque en parle, on se sent au moins entendus ». À Bafoussam, la vidéo de Mgr Paul Lontsie-Keune a été largement partagée sur les réseaux sociaux. On y voit l’évêque insister sur la difficulté des familles à assurer l’essentiel. « Beaucoup de parents vivent ce qu’il décrit », commente Aline, enseignante au lycée de Ngouaché. « Ce n’est pas une découverte, cela rappelle aux responsables politiques ce qui se passe réellement sur le terrain ».

Si certains saluent la prise de parole de l’Église, d’autres se montrent plus prudents. « Les évêques parlent, mais au final, est-ce que ça change même quelque chose ? », s’interroge Joseph, étudiant à l’université de Yaoundé I. « Le problème, c’est que les dirigeants nous écoutent rarement ». Dans plusieurs quartiers, les discussions tournent autour de l’impact réel de ces interventions. Pour certains fidèles, elles renforcent la nécessité d’aller voter. Pour d’autres, elles ne suffisent pas à lever le sentiment de résignation.

Un rappel sans consigne électorale

Les responsables de l’Église insistent sur leur neutralité : aucune consigne de vote donné, aucun candidat désigné. Mais la portée de leurs paroles est indéniable. En évoquant la pauvreté, ils replacent les enjeux sociaux au centre du débat politique. « Quand un évêque parle, il ne dit pas pour qui voter », explique Martin, catéchiste à la paroisse catholique de Mélen à Yaoundé. « Mais il nous rappelle que rester à la maison le jour du vote, c’est laisser les autres décider à notre place. Il faut aller rempli son droit civique ».

À mesure que le 12 octobre approche, ces prises de parole semblent agir comme un rappel collectif. Dans les marchés et les réunions de quartier, les électeurs en discutent. Certains affirment qu’ils iront voter pour « essayer quelque chose de nouveau ». D’autres doutent que les élections changent leur situation immédiate, mais reconnaissent que « ne pas voter revient à ne rien tenter ». Pour beaucoup, le message principal de l’Église est clair : la participation citoyenne est essentielle. Dans leurs sorties, les évêques soulignent que la précarité ne peut être combattue que par des choix politiques adaptés.

À travers ces interventions, l’Église catholique ne cherche pas à orienter les suffrages, mais elle rappelle l’importance de la responsabilité citoyenne. Dans un pays où l’abstention est souvent élevée, ce rappel résonne fortement. Le 12 octobre, les électeurs auront l’occasion de s’exprimer. Reste à savoir dans quelle mesure ces appels contribueront à renforcer la participation et à orienter les attentes autour de la lutte contre la précarité.

Tom

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