Réunis le 15 septembre, à l’occasion de la Journée internationale de la démocratie, les acteurs regroupés au sein de la coalition « Tournons la page ! » ont clairement averti : ils appelleront à disqualifier tous les candidats incapables d’incarner une véritable alternative pour le Cameroun.

À moins d’un mois du scrutin présidentiel prévu le 12 octobre, une partie de la société civile a décidé de hausser le ton. Le message, porté par la Centrale syndicale du secteur public (CSP), Dynamique citoyenne et la Jeunesse rurale active du Cameroun (Jeurac), est sans détour. Jean-Marc Bikoko et ses pairs dénoncent une élection verrouillée, réduite à un simple jeu de chaises musicales au sommet de l’État. « Changer de visage à Etoudi n’a jamais suffi à changer la vie des Camerounais. Il ne s’agit pas d’homme, mais de système », a lancé le syndicaliste, visiblement déterminé à briser l’omerta qui entoure la scène politique.
Dans le viseur
Les douze candidats officiellement en lice. La coalition exige que chacun s’engage publiquement à organiser, dès son arrivée au pouvoir, des États généraux de la Nation. Faute de quoi, ils seront sanctionnés dans les urnes. « Le Cameroun n’a pas besoin d’une alternance factice. Il a besoin d’une refondation nationale », martèle Bikoko. Derrière ce mot d’ordre se dessine une dénonciation frontale : l’État camerounais reste, selon eux, une construction coloniale bricolée pour les intérêts étrangers, jamais repensée par et pour ses citoyens. L’absence de contrat social réel expliquerait l’enlisement actuel : pauvreté massive, institutions discréditées, fractures communautaires.
La coalition va plus loin : elle propose la mise en place d’un gouvernement de transition restreint à une vingtaine de technocrates, désignés par les forces sociales – société civile, syndicats, partis, autorités religieuses et traditionnelles, patronat. Un cabinet resserré qui aurait pour mission unique de piloter les États généraux et d’ouvrir la voie à un nouveau contrat social, bâti sur la justice, l’égalité, la transparence et la participation citoyenne.
Les ambitions affichées sont radicales : réécrire l’histoire nationale à partir des communautés, revisiter les fondements institutionnels, économiques et culturels, et replacer l’État au service des citoyens, non d’intérêts privés ou étrangers. « Le pays étouffe dans une crise systémique. Seule une réorganisation profonde de l’État peut éviter l’implosion », tranche un militant de Dynamique citoyenne.
À travers cette sortie, les membres de « Tournons la page ! » ne cachent plus leur amertume. Pour eux, la présidentielle de 2025 s’annonce comme une énième mascarade électorale. Mais ils refusent de rester spectateurs. Leur mot d’ordre est clair : pas de compromis, pas de complicité.
Jean-René Meva’a Amougou