À Bangui, les 9 et 10 septembre 2025, la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) a confié ses rênes à Denis Sassou-N’Guesso.
Une passation qui, au-delà du protocole, soulève une question brûlante : le vétéran de la scène politique congolaise saura-t-il transformer l’éternel discours d’intégration en résultats tangibles pour les 60 millions de citoyens de la sous-région ? Les attentes sont immenses. Depuis des décennies, la CEMAC peine à franchir le pas décisif vers une véritable union économique.
Libre circulation des personnes inachevée, infrastructures déficientes, commerce intracommunautaire marginal : les obstacles sont connus, les diagnostics répétés. Ce qui manque, c’est la volonté d’action. Sassou-N’Guesso a promis de brandir le maillet du panafricanisme, de poursuivre la libération économique et de « faire bon usage » de son mandat. Mais les peuples de la CEMAC n’attendent plus des promesses ; ils veulent du concret.
L’homme fort de Brazzaville hérite aussi d’un outil stratégique : le PREF-CEMAC, ce programme de réformes censé relancer la croissance et moderniser les institutions. Il lui revient d’en assurer la deuxième génération. À condition que les États membres jouent le jeu, en respectant engagements budgétaires et réformes structurelles, sans céder à la tentation du repli souverainiste. Bangui a marqué une étape symbolique, mais l’histoire retiendra surtout la capacité de Sassou-N’Guesso à transformer le symbole en levier.
Si, sous son impulsion, la CEMAC passe du bavardage institutionnel à l’intégration effective, il laissera l’empreinte d’un véritable panafricaniste. Dans le cas contraire, ce mandat ne sera qu’un rendez-vous de plus manqué avec l’histoire. La balle est dans son camp, mais aussi dans celui de ses pairs : l’intégration ne se décrète pas, elle se construit. Les peuples, eux, n’attendront pas indéfiniment. A ce sujet, quelle est la portée de ce qu’a dit Sassou-N’Guesso à Bangui. C’est la question centrale du présent zoom.
