Les horticulteurs exerçant tout le long du cours d’eau qui traverse la capitale se plaignent des multiples déplacements dont ils font l’objet. Ils sollicitent une prise en compte de leurs aspirations par le prochain président de la République.

Les fleuristes de la capitale ont d’ores et déjà choisi leur président de la République. Il s’agit de celui qui leur offrira un espace où ils pourront se mouvoir sur les rives du fleuve Mfoundi. « Notre choix est simple, c’est celui qui nous permettra d’exercer en toute sécurité. Tous les jours nous sommes confrontés aux multiples menaces et délogements », fulmine un planteur de fleurs à Nsam, dans le 3e arrondissement de Yaoundé. En moins de 3 ans, il a subi deux déplacements qualifiés de déguerpissement.
Au départ, il exerçait en face du palais des Sports, au quartier Warda, dans le 2e arrondissement. « Nous avons été chassés, le super maire nous avait dit qu’il nous relogerait ici à Nsam. Mais, avant d’avoir pu retrouver notre santé financière, l’entreprise Razel vient déjà établir sa base – vie pour les travaux de construction de la deuxième phase de l’autoroute Yaoundé-Nsimalen ». Sa collègue Hortense est également désespérée depuis l’installation du dépôt des détritus, face lycée technique bilingue de Nsam. A cet endroit, se trouvait sa pépinière.
Aujourd’hui, n’ayant plus d’espace pour produire des fleurs, Hortense propose ses services de fleuriste aux particuliers. « Je suis souvent sollicitée par de riches clients qui me payent pour entretenir leurs fleurs. Je fais ces jobs en attendant trouver un espace et redémarrer mon activité », indique la maman. Son souhait : un président qui prendra en compte les besoins des horticulteurs, en leur trouvant un espace dédié à leur activité. A l’en croire, les producteurs de fleurs sont très marginalisés. « Voilà un secteur qu’on néglige, alors que c’est une très grande source de revenus », ajoute-t-elle. « L’Éthiopie, le Kenya et d’autres pays d’Afrique de l’Est ne négligent pas cette source de revenus », poursuit-elle.
Toujours sur les rives du Mfoundi, entre Olozoa et Mvog-Atangana Mballa, c’est le même rêve. Les semenciers de cet espace ne redoutent pas les déguerpissements. Ils veulent un espace plus important. « Ici, nos fleurs se vendent beaucoup grâce au trafic routier, mais la surface est très réduite. Cette petite portion de terre provoque des conflits entre horticulteurs. Nous voulons avoir un marché spécialisé dans la vente des semences », rêve Christine, jardinière du coin.
Les semenciers localisés le long de la « nouvelle route Bastos » misent sur le statut quo. Tous trouvent leurs comptes à cet endroit. Guillaume, l’un des producteurs de fleurs, se dit satisfait. « Nous déplacer d’ici pour où ? Nous sommes bien à Bastos. Si on nous envoie ailleurs, nous n’aurons plus de clients. Avec le retour des pluies, je suis content. Aujourd’hui (jeudi 4 septembre), je suis à plus de 70.000 FCFA de recette », se satisfait -il. Guillaume pense que les horticulteurs de la « nouvelle route Bastos » méritent les félicitations de la part du prochain locataire d’Etoudi, parce qu’ils embellissent cette partie de la capitale.
André Gromyko Balla