Le pays entend accélérer sa marche vers la modernité. Avec ses 19 millions d’habitants dont une majorité de jeunes, le pays ambitionne de devenir un pôle de compétitivité et d’innovation en Afrique centrale.

Pour y parvenir, le président Mahamat Idriss Déby Itno a présenté « Tchad Connexion 2030 », un plan stratégique évalué à 30 milliards de dollars, soit 18 000 milliards FCFA. Pas moins de 268 projets et réformes sont prévus, couvrant l’énergie, les infrastructures, le numérique, l’éducation ou encore l’agriculture.
Les infrastructures constituent le socle du programme. L’accès à l’eau potable doit être garanti à 11 millions de personnes supplémentaires, grâce à la modernisation des réseaux et à une implication accrue du secteur privé. Dans le domaine énergétique, l’objectif est d’atteindre 60 % d’électrification nationale et 90 % en zone urbaine d’ici 2030, en exploitant le potentiel solaire. Soutenu par la Banque mondiale et la BAD, le Pacte Énergétique National prévoit aussi des mini-réseaux pour les zones rurales.
La révolution numérique est un autre axe fort : le pays vise 80 % de couverture internet, un niveau qui le placerait parmi les leaders sahéliens. Côté transports, le plan table sur la modernisation des routes, la création de corridors régionaux et la relance de la navigation sur le Lac Tchad. De quoi fluidifier les échanges avec le Nigeria, le Cameroun et, plus largement, dans le cadre de la Zlecaf.
L’inclusion sociale figure au cœur du dispositif. La scolarisation devrait atteindre 80 % au primaire et 60 % au secondaire, avec un accent particulier sur les filles et les zones rurales. Le système de santé vise l’accès universel aux services de base et une espérance de vie portée au-delà de 60 ans. Pour sortir de la dépendance aux hydrocarbures, le gouvernement mise sur la diversification. L’agriculture devra doubler sa production et garantir l’autosuffisance alimentaire. Avec 39 millions d’hectares cultivables et un cheptel de 140 millions de têtes, le Tchad espère bâtir une véritable filière agro-industrielle. Le secteur minier, encore peu exploité, est appelé à représenter 5 % du PIB d’ici 2030.
Enfin, pour attirer les capitaux, l’État promet un cadre juridique et fiscal modernisé, une justice commerciale plus efficace et des conditions favorables aux investisseurs. Près de la moitié des projets sont ouverts au secteur privé, à travers des partenariats public-privé et des investissements étrangers.
Bobo Ousmanou