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Fédéralisme ou centralisme : le Cameroun face à un choix décisif

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En octobre, les urnes ne choisiront pas seulement un président : elles décideront du futur de l’État camerounais. Fédéralisme ou centralisme ? Le pays est confronté à un choix historique qui pourrait redessiner son destin politique et sceller, pour des décennies, l’équilibre entre unité nationale et diversité régionale.

Un vieux débat ravivé

Le Cameroun a longtemps fonctionné comme un État unitaire, mais avec des degrés variables de décentralisation. Les revendications en faveur d’un fédéralisme accru sont particulièrement portées par les communautés anglophones et certaines forces politiques de l’opposition, qui y voient un moyen de mieux gérer les spécificités régionales. « Le débat sur le fédéralisme n’est pas seulement technique : il touche à la cohésion nationale, à la représentation des minorités et à l’équilibre des pouvoirs. Les partisans du centralisme, insistent sur la nécessité de maintenir un État fort et unifié, capable de garantir la stabilité et de coordonner le développement économique à l’échelle nationale », commente Abba Djakaye, élite de Mozogo dans le Mayo-Moskota.

Candidats dans l’expectative

Dans ce contexte, chaque candidat est scruté pour ses positions sur la forme de l’État. Or, jusqu’à présent, peu ont pris de positions claires et détaillées sur le fédéralisme ou le renforcement du centralisme. Ibrahim Désiré, enseignant de français au lycée de Domayo à Maroua estime que « cette ambiguïté traduit une prudence politique, mais elle laisse le débat institutionnel en suspens, à quelques semaines d’un scrutin décisif. Surtout que cette présidentielle pourrait marquer un tournant historique pour le Cameroun ». « Au-delà de l’élection d’un président, il s’agit de savoir si le pays restera centré sur un modèle unitaire ou s’il acceptera d’innover avec un fédéralisme adapté à sa diversité », rajoute-t-il.

Une opinion nationale partagée

Des enquêtes d’opinion et discussions publiques entrepris par Intégration, votre journal, montrent que l’opinion camerounaise reste divisée. Une partie de la population considère le fédéralisme comme une solution pour pacifier les tensions régionales, tandis qu’une autre redoute qu’une trop grande autonomie des régions ne fragilise l’unité nationale. « Cette tension se manifeste également dans les débats médiatiques et sur les réseaux sociaux, où le fédéralisme est souvent présenté comme un choix historique pouvant réconcilier mémoire, identité et modernité politique, ou, au contraire, comme un risque de fragmentation de l’État » argumente Alioum Siddi, élite de Kaliao à Maroua.

Au-delà d’une simple élection

Le scrutin d’octobre 2025 ne se limite donc pas à la désignation d’un chef d’État. Il est également l’occasion de réfléchir au cadre institutionnel du Cameroun et à la manière dont le pays souhaite gérer sa diversité culturelle et linguistique. Pour conclure, Alioum Siddi soutient que « les décisions prises lors de ce scrutin pourraient avoir des conséquences durables sur la gouvernance, le développement et la stabilité nationale ».

L’appel du CIPA-CAM

Dans une lettre ouverte publiée le 25 aout dernier, le Collectifs d’Intellectuels Patriotes (CIPA-CAM) regroupant 43 personnalités camerounaises de renom affirme que « la réforme de l’État est fondamentale et nécessite la convocation d’assises nationales pour redéfinir notre pacte républicain, l’octroi d’une autonomie réelle aux régions, et la clarification des rôles entre l’État central et les collectivités ».

Le CIPA-CAM ne prône pas explicitement le rétablissement du fédéralisme, mais il souhaite avancer vers un système où les régions jouissent de compétences et d’autonomies accrues, au sein d’un cadre national unifié. Pour lui, « l’élection d’octobre 2025 n’est pas un scrutin ordinaire. C’est notre dernière chance de reprendre en main notre destin brisé. L’Histoire jugera sévèrement ceux qui, ayant le pouvoir de changer les choses, auront préféré leurs petits intérêts au salut national ».

TOM

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