Home COMMUNAUTÉS Le Grand Nord à l’épreuve de l’« effet Tchiroma ».

Le Grand Nord à l’épreuve de l’« effet Tchiroma ».

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A quelques semaines d’une présidentielle sous haute tension, Issa Tchiroma s’impose à nouveau comme un acteur incontournable du jeu politique dans le Grand Nord.

Fin manœuvrier, l’ancien ministre et leader du FSNC sait toujours tirer parti des contextes électoraux pour exister sur la scène nationale. Entre déplacements à Garoua, prises de parole médiatiques et rencontres avec les élites locales, Tchiroma entend jouer un rôle actif dans le jeu électoral à venir. « Il s’agit d’un « retour en force » destiné à rappeler que le Grand Nord reste son terrain naturel », rappelle un militant de son parti à Garoua. L’« effet Tchiroma » traduit une réalité politique : celle d’un homme qui, malgré les critiques et les années, parvient encore à attirer des sympathisants et à imposer son agenda dans le débat public.

Un discours calibré

Issa Tchiroma a l’art d’adresser ses messages à la fibre sensible des populations septentrionales. Ses interventions mettent en avant les thématiques qui touchent directement le quotidien : chômage des jeunes, marginalisation économique, faiblesse des infrastructures et inégalités dans le développement. En habile communicateur, il manie le fufuldé, langue populaire, et donne l’impression de parler directement au « peuple du Nord ». Dans ses meetings, il se présente comme le défenseur des oubliés, celui qui n’hésite pas à interpeller Yaoundé sur les manquements en matière d’équité régionale. Cette rhétorique, loin d’être nouvelle, trouve cependant un écho favorable au sein des populations nordistes. Le mécontentement de nombreux jeunes crée un terreau favorable à son discours.

Les alliances et contre-alliances

Mais au-delà des slogans et des discours, Tchiroma sait que la politique se joue aussi dans les salons feutrés, auprès des notables et des figures d’influence. Sa récente visite à Garoua, capitale régionale du Nord, a été ponctuée de rencontres discrètes visant à bâtir, ou à rebâtir, des alliances capables de lui assurer une visibilité accrue le 12 octobre prochain. Toudjani Philémon, étudiant et sympathisant de l’UNDP dans la commune de Pitoa pense que « l’effet Tchiroma n’est rien d’autre qu’une tentative de repositionnement pour se rapprocher du RDPC. Ses gestes peuvent être interprétés comme une préparation à un rôle de « faiseur de roi ». Dans un contexte où chaque voix compte, Issa Tchiroma veut être l’homme capable d’influencer les équilibres. Son profil de vétéran politique, sa fine connaissance des codes du Septentrion et son talent oratoire sont des atouts susceptibles d’en faire un potentiel allié mais aussi un adversaire redoutable.

Une image contrastée de l’homme

Si l’ancien ministre conserve une influence indéniable, son image n’est pas exempte de controverses. Ses passages successifs dans plusieurs gouvernements et son soutien affiché au régime de Paul Biya lui valent des critiques acerbes de la part de l’opposition et d’une partie de l’opinion publique. « Cet homme est un « caméléon politique », prompt à changer de position pour sauvegarder ses intérêts », s’écrit une vendeuse à la sauvette à un groupe de jeunes hommes abordant l’actualité politique. Pourtant, cette flexibilité est aussi ce qui lui permet de rester au-devant de la scène depuis plus de trois décennies.

Tom

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