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Batailles et pagailles: l’opposition s’auto-sabote

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À quelques semaines du 12 octobre, l’opposition camerounaise apparaît plus divisée que jamais. Rivalités, querelles d’ego et fractures idéologiques font voler en éclats le rêve d’un front commun.

À moins de deux mois du scrutin, SDF, PURS, FSNC et UDC se retrouvent devant le Conseil constitutionnel dans un contentieux inattendu : Joshua Osih accuse Serge Espoir Matomba d’avoir repris le symbole électoral du SDF – le poing levé – sur les bulletins de vote. Pour Osih, cette appropriation pourrait créer une confusion chez ses électeurs et révèle des tensions internes qui minent la capacité de l’opposition à se rassembler.

Coalition mise à l’épreuve

Au lancement des discussions, les leaders de l’opposition affichaient leur volonté d’unité, avec des discours et slogans fédérateurs. « Nous croyions au départ qu’un front commun de l’opposition s’organisait enfin pour défier le RDPC. Mais nous sommes de constater que derrière cette mise en scène, la coalition reposait sur du sable », commente Djaoyang Luc, client d’un débit de boisson à Domayo, un quartier populaire de Maroua. Il faut admettre que les jours qui ont suivi le contentieux pré-électoral du 5 aout dernier ont exposé au grand jour la fragilité d’un mariage politique de circonstance.

Récemment encore l’on a vu les partis d’opposition se mettre en scène devant le Conseil Constitutionnel. « Mon frère, lorsque tu vois le pugilat dans lequel ceux sur qui nous avons mis les espoirs d’une alternance se sont lancé ces derniers jours pour faire reconnaître leur droit exclusif à leur couleur ou emblème électoral devant le Conseil Constitutionnel, tu ne comprends pas quoi ? c’est chacun qui s’assoit, Dieu le pousse », rétorque Tizi Jean, à son interlocuteur.

Un clivage idéologique

Le problème dépasse largement les disputes sur les symboles. La présidentielle d’octobre se profile comme un référendum sur la forme de l’État. Essomba Dieudonné note que les partis se répartissent en deux camps distincts : les fédéralistes et les défenseurs d’un État unitaire centralisé. « Certains demandent une union de l’opposition, au point de s’accuser mutuellement de trahison. Trahison de quoi ? Quel lien peut-on avoir entre un parti qui prône un Etat fédéral avec un autre qui prône le maintien d’un Etat unitaire ? ce sont deux mondes totalement différents et qui n’ont aucune articulation. Comment peut-on logiquement attendre, qu’un Osih ou un Cabral, fédéralistes authentiques, s’associent à Bello Bouba, l’un des héritiers les plus purs d’Ahidjo et le clone achevé de Biya Bi Mvondo, tous rejetons intégristes d’un Etat centralisé où un seul individu contrôle tout et réfléchit pour tout le monde ? », s’interroge Essomba.

Des ambitions personnelles

Chaque parti garde ses priorités et sa stratégie, entre ceux qui privilégient un affrontement direct avec le régime et ceux qui misent sur des compromis institutionnels. Abali Abakar, doctorant en science politique et animateur radio à Maroua, rappelle que « le point de rupture est la désignation d’un candidat unique. Chacun veut être le visage de l’opposition. Les ambitions personnelles prennent parfois le dessus, au détriment d’un projet commun ».

Un boulevard pour le RDPC

Cette fragmentation historique profite au parti au pouvoir. Depuis plusieurs décennies, l’opposition promet l’unité mais se retrouve souvent divisée. Avec des candidats dispersant leurs voix et des programmes hétéroclites, le RDPC avance vers un scrutin dans lequel l’absence d’un front uni de l’opposition lui laisse le champ libre pour une victoire facile.

Tom

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