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Passé colonial au Cameroun: Allemagne et France soupçonnées de yoyotter

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Leurs déclarations respectives sur l’histoire du Cameroun analysées comme une posture qui essore toute franchise.

C’est parti ! Après Yaoundé, c’est au tour de Douala d’accueillir l’exposition « Il était une fois la naissance du Staat Kamerun 1884-1914 ». Pour les organisateurs, l’exposition met en dialogue des objets camerounais provenant de musées allemands avec les œuvres d’art contemporain de 12 artistes camerounais. Portée par quelques musées allemands, le Musée national du Cameroun, le Centre culturel Doual’art, le Goethe-Institut à Yaoundé et le ministère des Affaires étrangères d’Allemagne, cette activité ouvre un dialogue entre les faits historiques et les objets d’art abordant la période de la violente intrusion de l’Allemagne impériale sur le territoire camerounais.

Dans le discours de lancement de l’exposition le 7 août dernier à Douala, l’ambassadeur allemand au Cameroun, Christian Sedat, a souligné l’engagement continu du gouvernement fédéral à tout mettre en œuvre pour le rapatriement des œuvres d’art camerounaises. Le diplomate confortait ainsi les propos tenus en octobre 2024 par la secrétaire d’État allemande, Katja Keul. « Des personnes venues du Cameroun se rendent dans les musées en Allemagne pour retrouver des objets.

Mais il faut un processus non seulement en Allemagne, mais aussi au Cameroun. Le gouvernement camerounais a d’ailleurs mis en place une commission pour que nous puissions échanger sur les questions de restitution. Car c’est complexe : il ne s’agit pas seulement de restituer des objets, mais de mener un processus de recherche de vérité, de traçabilité des provenances. Aujourd’hui, je perçois une dynamique positive autour de ce processus », avait-elle déclaré dans les colonnes d’Intégration.

De même que l’Allemagne se montre désormais « ouverte » aux négociations, le président français, Emmanuel Macron, a reconnu mardi 12 août 2025, l’existence d’une guerre menée par la France contre les indépendantistes camerounais. Une reconnaissance attendue, face à un passé marqué par la répression, les exécutions et les camps de regroupement.

« Si les déclarations de la France mettent fin à des décennies de silence institutionnelle et ouvrent la voie à une réconciliation autour de ce passé colonial violent, il n’en demeure pas moins intéressant de s’interroger sur la concomitance des procédures françaises et allemandes, relativement au passé colonial du Cameroun », nuance l’historienne et universitaire camerounaise Arielle Ntoungou Mpile. A son avis, « les déclarations allemandes et françaises donnent l’impression que le processus en cours n’est qu’un alibi de parole servant à masquer l’inertie dans l’action».

Rémy Biniou

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