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Visages d’anciens challengers

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Akere-Muna et Joshua-Osih

Ils ont en commun d’avoir, au moins une fois, tenté de succéder à Paul Biya.

Akere-Muna et Joshua-Osih

Joshua Osih

Président national du SDF (Social Democratic Front) depuis octobre 2023, Joshua Osih a été investi candidat unique du SDF pour la présidentielle d’octobre 2025, à l’occasion d’un congrès extraordinaire en mars 2025, marquant sa seconde tentative après 2018. Il y a peu, il a inauguré une tournée nationale en voulant rassembler les jeunes et les autorités traditionnelles, notamment dans les régions du Grand Nord, pour populariser ses idées. Son « programme choc » comporte un plan en cinq temps visant à ramener la stabilité, restaurer la dignité des populations, proposer une réforme constitutionnelle, supprimer l’examen probatoire et rendre la carte nationale d’identité gratuite.

Sur la scène internationale, il a promis de reconnaître l’État de Palestine, marquant un tournant diplomatique pour le Cameroun, qui ne l’a pas fait jusque-là. Bien qu’ouvert aux alliances sensées, il exclut toute alliance avec des partis d’idéologie extrémiste, mais pourrait envisager des partenariats avec l’UDC ou le PCRN après une éventuelle victoire. En juin dernier, Osih s’est déclaré confiant sur sa capacité à gagner l’élection présidentielle, affirmant que le SDF est officiellement prêt à présenter un candidat, là où d’autres aspirants ne disposent pas encore de la légitimité de leur parti.
S’il l’emporte, il prendra les rênes du pouvoir suivant son plan de réforme nationale et sociale. Son style devrait être centre-gauche pro-fédéralisme et justice sociale avec une ouverture diplomatique.

Akere Muna

« Servir puis partir ». A travers ce slogan, on a vite reconnu Akere Muna. Il affirme clairement : « Servir puis partir. Je veux assurer une transition en douceur… et ensuite, me retirer ». Investi par le parti Univers et soutenu par une coalition d’une vingtaine de partis, l’avocat international est officiellement candidat pour la présidentielle de 2025. Le projet politique d’Akere Muna se présente comme une alternative centrée sur une transition démocratique, une rupture avec les dynasties au pouvoir, et un redressement national fondé sur la justice, l’inclusivité et une gouvernance jeune.

Son succès dépendra non seulement du vote en octobre 2025, mais surtout de sa capacité à mobiliser, articuler ses réformes et résister aux résistances structurelles du régime en place. Il propose de gouverner uniquement pendant 5 ans, avec un mandat non renouvelable, afin de rompre avec la logique du « président à vie Servir puis partir ». Ce mandat de transition servirait, selon lui, à poser les bases d’une nouvelle République démocratique, transparente et inclusive. Comme chantiers prioritaires : la reconnaissance de la double nationalité, la création d’un Conseil National de la Diaspora et encouragement aux retours d’expertise et investissements. Quelle que soit l’issue électorale, Akere Muna pourrait s’imposer comme un catalyseur d’une nouvelle génération politique, centrée sur la diaspora, la société civile et la lutte anti-corruption. Il y a également la restauration du rôle de tête de pont de Cameroun au sein de l’Union africaine, notamment via le Mécanisme d’examen par les pairs (APRM).

S’il met en œuvre efficacement ses réformes, il pourrait être perçu comme un leader transformatif, même sans tentative de prendre un second mandat.

Cabral Libii

Leader du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN), Cabral Libii devrait interpréter sa présence dans la short list des présidentiables comme une confirmation de la vérité. Bruyamment contesté un camarade, le natif du Nyong-et-Kelle a, à deux reprises (TPI de Kaélé en septembre 2024 et Cour d’appel en juin 2025),, été confirmé comme président légitime du PCRN.Voilà sans doute ce qui est venu étoffer sa posture de présidentiable aux yeux d’Elecam. Investi par le PCRN dès mai 2025, Cabral Libii, fidèle à ses convictions, a dénoncé une tentative de corruption via une offre de 200 millions FCFA et des postes ministériels en 2018, qu’il a refusés.

Il appelle à un débat politique basé sur des propositions concrètes plutôt que sur des postures traditionnelles d’opposition. Sa stratégie repose sur une coalition ouverte ou sur une transition préparatoire. S’il est élu, il ambitionne une transformation institutionnelle progressive via réformes constitutionnelles et électorales. S’il échoue à l’élection, il reste un acteur structurant de l’opposition, capable de peser dans un éventuel futur mouvement de transition ou de réforme institutionnelle.

Bello Bouba Maïgari

À 78 ans, Bello Bouba Maïgari revient sur la scène politique nationale avec une posture inattendue : rupture avec le régime sortant et ambition présidentielle. Dans un contexte de fragilisation du système RDPC, son implantation dans le Grand Nord et ses tentatives de coalition pourraient redessiner les rapports de force. Reste à voir si son poids sera davantage symbolique ou stratégique d’ici à octobre prochain. Le 28 juin dernier, lors du congrès extraordinaire de l’UNDP à Yaoundé, Bello Bouba Maïgari, président de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès, a officiellement accepté de se présenter comme candidat à l’élection présidentielle d’octobre 2025, marquant la rupture avec le RDPC, le parti au pouvoir.

Après plus de deux décennies en alliance avec Paul Biya, cette décision fait suite à une pression interne croissante de militants UNDP souhaitant un positionnement plus engagé face à une gouvernance perçue comme défaillante. Il reste au moment de l’annonce ministre d’État chargé du Tourisme, bien qu’ayant annoncé son intention de remettre officiellement sa démission à Paul Biya pour se consacrer à sa campagne. Originaire du Nord, ainsi qu’Issa Tchiroma Bakary, Bello Bouba pourrait fragmenter l’important électorat septentrional (environ 40 % de l’électorat), historiquement acquis au RDPC. Certains observateurs, comme l’écrivain Haman Mana, estiment que son poids politique sera limité, sauf s’il joue un rôle d’arbitre régional. En cas de bonne campagne dans le Grand Nord, il pourrait jouer un rôle.

Surtout s’il réussit à fédérer une force commune avec d’autres leaders de l’opposition, il pourrait influencer substantiellement le jeu électoral face au RDPC.

Bobo Ousmanou

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