Confronté à une pression budgétaire sans précédent, l’Etat se donne d’autres moyens de gratter le contribuable jusqu’au dernier centime.

« Croire en Dieu est le dernier luxe qui échappe encore à une taxe ». Parmi ceux qui répètent cette maxime, il y a les importateurs de véhicules d’occasion. Depuis 1er juillet dernier, ils doivent payer 29 813 FCFA (TVA comprise) pour chaque véhicule d’occasion. A la Direction générale des impôts (DGI), l’on explique que ledit montant représente à la fois les frais de vérification SGS (Société Générale de Surveillance) et du contrôle d’identification obligatoire. Officiellement, derrière cette mesure se profile une triple ambition : renforcer les contrôles à l’importation ; encadrer le parc automobile d’occasion et accroître les recettes fiscales.
Confronté à une pression budgétaire sans précédent, l’Etat se donne d’autres moyens de gratter jusqu’au dernier centime. Parmi les pistes étudiées, figurerait la création de nouvelles niches non fiscales dans 5 ministères (Relations extérieures, Enseignement supérieur, Recherche scientifique et Innovation, Mines, Industrie et Développement technologique, Développement urbain et Habitat). Dans ces structures gouvernementales, une pluie de taxes pourrait s’abattre sur les usagers à partir de de 2026. Par exemple, au ministère de la Recherche scientifique et de l’Innovation (Minresi) des frais pour la création des structures privées de recherche ou de l’enregistrement des chercheurs pourraient être instaurés. De même, au ministère des Relations extérieures (Minrex), les associations et organisations étrangères pourraient payer des frais pour être autorisées à mener leurs activités au Cameroun. Du côté du ministère de l’Enseignement supérieur (Minesup), la traduction et la délivrance des rapports liés aux carrières universitaires seront soumis au paiement de frais. Un agrément payant sera exigé aux bureaux de contrôle incendie par le ministère du Développement urbain et de l’Habitat (Mindhu). Egalement, une taxe sur le contrôle d’équipement industriel pourrait être accompagnée par le paiement des pénalités pour infraction technique au ministère des Mines, Industrie et Développement technologique (Minmidt). Derrière, soufflent nos sources, une volonté de capter au moins 600 milliards FCFA de recettes non fiscales.
Une recette au goût amer, difficile à avaler
Dans les milieux d’affaires, ces orientations essuient déjà de vives critiques. Quelle que soit la solution retenue, certaines voix font déjà part de leur irritation. « Dans un contexte économique déjà extrêmement tendu, une morosité ambiante sans visibilité économique, ces nouvelles taxes s’apparentent à un coup de massue pour nos entreprises, et plus particulièrement pour nos TPE et PME, qui constituent l’épine dorsale de notre économie », déploré Jean Motué, importateur de véhicules d’occasion. Et d’ajouter : « On pourrait penser qu’une petite taxe par ici, un impôt par-là, n’ont pas un impact significatif. Mais c’est l’accumulation de ces charges qui crée une pression fiscale insoutenable sur nos entreprises ».
« Alors que l’on aurait pu croire que suite à la forte inflation que connâit notre économie ces temps-ci, les usagers auraient enfin pu profiter d’une baisse de la fiscalité et alléger par conséquent le poids de cette dépense dans leur budget, ils vont au contraire devoir continuer de la supporter au détriment d’autres charges », fulmine Aboubakar Bouba, homme d’affaires.
Bobo Ousmanou