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Intelligence artificielle : le Camerounadopte sa stratégie nationale

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Les travaux y relatifs s’ouvrent ce 7 juillet au palais des Congrès de Yaoundé sur le thème « Promouvoir une économie numérique inclusive et durable par l’adoption de l’intelligence artificielle pour un Cameroun émergent ». C’est dans le cadre de la deuxième édition des Concertations Nationales sur l’Intelligence Artificielle au Cameroun (CONIA 2). La Ministre des Postes et Télécommunications donne les tenants et aboutissants de la CONIA 2. Son propos liminaire le 3 juillet dernier au cours d’un déjeuner de presse organisé dans ses services à Yaoundé.

1-Au commencent, l’IA
Cette rencontre a lieu à quelques jours de la tenue du 07 au 08 juillet 2025 au Palais des Congrès de Yaoundé, de la deuxième édition des Concertations Nationale sur l’Intelligence Artificielle au Cameroun (CONIA 2), sous le haut parrainage du Premier Ministre Chef du Gouvernement. Son importance n’est donc plus à démontrer. En effet les concertations qui s’annoncent marquent l’aboutissement d’un processus entamé l’année dernière, en vue de bâtir une véritable politique gouvernementale pour une meilleure appropriation de l’intelligence artificielle au Cameroun.

Comme vous le savez certainement, l’intelligence artificielle n’est plus un concept de laboratoire ou une tendance marginale. Elle n’est non plus une perspective lointaine ni un simple objet de fascination technologique. L’intelligence artificielle est désormais au cœur des transformations économiques, sociales, culturelles et politiques qui redéfinissent le monde contemporain. Créditée de plusieurs avantages, l’IA favorise le gain de productivité, l’amélioration de la compétitivité, la capacité d’innovation des organisations. Elle est désormais un levier concret de performance, d’optimisation des services, et d’innovation dans tous les secteurs.

De fait, l’intelligence artificielle (IA) a connu ces dernières années un développement fulgurant, passant de simples algorithmes à des systèmes complexes, capables d’apprendre et de s’adapter. C’est ainsi que les technologies telles que le machine learning, le deeplearning et le traitement du langage naturel, sont devenues des éléments cruciaux dans divers domaines, allant de la santé à l’éducation, en passant par la finance, l’agriculture et la sécurité. Des avancées qui dénotent de l’évolution rapide de l’IA à l’échelle mondiale, et de la transformation profonde que cette technologie entraîne dans nos sociétés.

2-Une société d’intelligence numérique
Nul doute aujourd’hui que, pour nos sociétés, l’Intelligence Artificielle représente une opportunité unique d’accélérer le développement socio-économique, tant elle est capable de transformer de manière significative divers secteurs, en optimisant les processus, améliorant l’efficacité et créant de nouvelles opportunités d’emplois. En dépit des nombreuses opportunités, qu’elle offre, l’IA pose également des défis éthiques et sociétaux importants. Aussi, les questions de confidentialité des données, de biais algorithmiques et d’impacts sur l’emploi doivent-elles être abordées de manière proactive.

C’est la raison pour laquelle les gouvernements, travaillent à la mise en place de stratégies, ou encore la création de cadres réglementaires, et de politiques éthiques solides, visant à garantir une utilisation responsable et équitable de l’IA.
Sur le plan stratégique également, il est important de relever parmi les problématiques que pose l’IA, les questions liées au positionnement géostratégique des pays. L’IA joue en effet, un rôle crucial dans la compétition mondiale, pour ce qui est de la suprématie technologique et économique, de l’innovation militaire, de la cybersécurité et de l’économie numérique ainsi que de la souveraineté numérique, où la dépendance aux technologies étrangères pourrait menacer l’autonomie des pays.

C’est dire qu’ à bien des égards, la position géostratégique des pays aujourd’hui dépendra de leur capacité à adopter et à intégrer efficacement l’IA, tout en développant des stratégies pour minimiser les risques et maximiser les bénéfices. Partout sur la planète, les nations s’organisent, se structurent, investissent massivement dans la recherche et le développement afin, de ne pas rater le tournant de cette révolution technologique. Dans la mesure où elle n’est plus une option, l’intelligence artificielle appelle à la réflexion et à l’action. Il s’agit de s’assurer que l’on n’est pas réduit au statut de « consommateurs passifs des services de l’Intelligence Artificielle ». On s’en rend compte de plus en plus, à la faveur de fora, colloques, concours, et autres Sommets : l’IA est devenue un sujet de préoccupation pour divers acteurs (les individus, les chercheurs, les entreprises, les créateurs, la société civile, les Etats).

3-La démarche pro-active du Cameroun
Le Cameroun, conscient des enjeux multiples liés à l’IA – en matière de développement, de souveraineté, d’innovation et d’inclusion – ne pouvait rester en marge de cette dynamique mondiale. L’IA représente en effet, une opportunité unique d’accélérer le développement de compétences, de générer de nouveaux modèles économiques, et d’améliorer l’efficacité de l’action publique. Encore faut-il que cette technologie soit intégrée de manière stratégique, dans un cadre structuré, respectueux de nos priorités nationales, de notre souveraineté numérique, et des besoins réels de nos populations.

Les actions et les initiatives gouvernementales en la matière montrent bien que les pouvoirs publics sont pleinement conscients des enjeux et de leur rôle, en droite ligne du cap fixé par le Président de la République, qui affirme, dans son livre Pour le libéralisme communautaire. Une pensée dynamique à la mesure des temps présents, paru aux éditions Favre, en 2024, (je le cite) : « Mon action consiste et consistera à m’assurer que le Cameroun est dans le train de la révolution numérique qui transforme progressivement tous les secteurs de la vie humaine, que la démarche nationale pour l’Intelligence Artificielle puisse nous permettre de bénéficier davantage des gains de productivité en économie, dans le secteur public et dans le secteur privé ». Et l’illustre auteur d’ajouter : « Le pari de l’Intelligence artificielle est à la mesure des défis actuels et à venir : l’intelligence artificielle est un démultiplicateur de développement, de croissance et de démocratisation, à condition que son usage soit éthique ». (Fin de citation) (p.82)

C’est dans cet esprit que le Gouvernement camerounais, à travers le Ministère des Postes et Télécommunications, a engagé depuis l’année dernière une large concertation nationale sur l’IA. La première édition des CONIA, en juin 2024, a permis d’ouvrir un dialogue multisectoriel sur les politiques, les risques et les opportunités liés à l’intelligence artificielle. Plusieurs recommandations fortes ont émergé de cette rencontre, dont la principale est la nécessité de doter le pays d’une stratégie nationale de développement de l’IA.

C’est donc tout logiquement que l’édition 2025, organisée sous le thème : « Promouvoir une économie numérique inclusive et durable par la mobilisation de l’Intelligence Artificielle pour un Cameroun émergent », va marquer un tournant décisif pour notre pays. Pourquoi ? Parce qu’elle apparaît comme l’aboutissement de tout un processus de maturation, avec l’adoption attendue de la toute première Stratégie Nationale de développement de l’Intelligence Artificielle du Cameroun. Cette seconde édition réunira des acteurs nationaux et internationaux, publics et privés, experts et praticiens, dans une dynamique de co-construction.

Ce sera effectivement un virage crucial, qui permettra au Cameroun : de sortir de la logique de dispersion des initiatives, d’aligner les efforts publics et privés, de garantir une appropriation souveraine et responsable de l’IA, et surtout, d’inscrire notre pays sur la carte des nations africaines qui prennent pleinement part à la révolution technologique mondiale. Le document stratégique de référence, en cours d’élaboration définira : les orientations prioritaires du Gouvernement en matière d’IA, les domaines d’application ciblés selon nos besoins spécifiques, les mécanismes de gouvernance, de régulation et de financement, et les partenariats à activer, tant sur le plan national qu’international. La deuxième édition des CONIA n’est pas un événement parmi d’autres. Elle constitue un jalon structurant dans la marche de notre pays vers un numérique responsable, souverain, au service de l’humain.

Minette Libom Li Likeng
Ministre des Postes et Télécommunications

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