Home ACTUALITÉ Colloque sur le ministère de guérison de l’abbé Barthélemy Gobou

Colloque sur le ministère de guérison de l’abbé Barthélemy Gobou

106
0

Le colloque de Dabou, qui a débuté aujourd’hui, est un moment de grande importance pour notre Église et pour tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, ont été touchés par le ministère de guérison de l’abbé Barthélemy Gobou

Ce rassemblement ne se veut pas seulement un hommage, mais aussi un temps de réflexion, de discernement, et d’approfondissement spirituel. Car, en vérité, la mission de guérison qui est la sienne ne concerne pas uniquement le corps, mais rejoint aussi le cœur, l’âme, et les fondements même de notre foi.

Dans l’Église catholique, le chrétien est souvent défini comme un autre Christ – « christianus alter Christus ». Cette expression nous rappelle que nous sommes appelés à reproduire dans nos vies les gestes, les attitudes et les choix du Christ. Or, la première chose qui frappe chez Jésus, lorsque nous lisons les Évangiles, c’est sa compassion. Le mot « compassion », issu du latin cum patire, signifie littéralement « souffrir avec ». Jésus ne regarde pas de loin la misère humaine. Il s’en approche, il en souffre, il s’y engage.

Que ce soit devant la foule affamée qui le suit depuis le matin, la veuve de Naïm éplorée par la perte de son fils, ou encore Marie, accablée par la mort de son frère Lazare, les entrailles de Jésus sont remuées. Il est bouleversé dans ses profondeurs. Et cette compassion n’est jamais un sentiment stérile. Elle se traduit en actes. Il nourrit les affamés avec cinq pains et deux poissons, il ressuscite le fils de la veuve, il appelle Lazare hors du tombeau. La compassion du Christ n’est jamais séparée de l’action. Il ne se contente pas d’aimer: il guérit, il relève, il nourrit, il sauve.

C’est cette double dynamique – compassion et action – que nous retrouvons chez l’abbé Barthélemy Gobou. Il ne se limite pas à constater la souffrance: il s’en émeut profondément et, surtout, il agit. Il agit à travers la prière, les sacrements, mais aussi par l’usage des plantes médicinales. Ce faisant, il suit une tradition biblique millénaire, enracinée dans la parole du Seigneur transmise par le prophète Ézéchiel : « Leurs feuilles serviront de remède » (Ez 47, 12). En cela, il ne fait que réconcilier foi chrétienne et médecine traditionnelle, sans les opposer, mais en les intégrant harmonieusement, à la lumière de l’Évangile.

Il est légitime de se poser cette question: pourquoi, nous Africains, continuons-nous parfois à mépriser ou à diaboliser notre pharmacopée traditionnelle alors même que la majorité des médicaments de la médecine moderne tirent leurs principes actifs des plantes ? Pourquoi la prière et la science seraient-elles incompatibles ? Pourquoi la sagesse de nos anciens, transmise de génération en génération, serait-elle moins digne de confiance qu’un savoir importé ? L’abbé Gobou, en artisan de la réconciliation, pose ces questions de manière silencieuse, par ses gestes et ses soins. Il réconcilie l’homme avec son environnement, avec sa culture, et avec son Dieu.

Il y a chez lui une écoute attentive de la souffrance humaine, qu’elle soit d’ordre physique, psychologique ou spirituel. Il accueille ceux qui souffrent, quelle que soit leur confession ou leur situation. Son centre de soins ne connaît pas de frontières confessionnelles. On y rencontre aussi bien des catholiques que des protestants, des musulmans ou des personnes sans religion définie. Ce témoignage d’accueil inconditionnel est un puissant message d’unité dans un monde encore trop divisé par les appartenances religieuses ou ethniques. Là encore, il suit l’exemple du Christ qui disait: « Je ne suis pas venu pour les bien portants, mais pour les malades » (Mt 9, 12).

Une autre tentation que l’abbé Gobou nous aide à éviter, c’est celle de la déresponsabilisation. Trop souvent, nous attendons de Dieu qu’il agisse à notre place. Nous prions pour la guérison, pour la paix, pour le développement, mais nous restons passifs. Jésus a pourtant dit à ses disciples : « Donnez-leur vous-mêmes à manger » (Lc 9, 13). Il leur confie une mission. De même, l’abbé Gobou comprend que la foi appelle à l’engagement. Il prend soin des autres, avec les moyens que Dieu lui donne, dans une fidélité concrète à l’appel évangélique et à la dignité de chaque être humain.

Dans cette dynamique, je ne peux m’empêcher de penser à une parole forte du pape Paul VI dans l’encyclique « Populorum progressio », publiée le 26 mars 1967. Il y affirmait que le développement ne peut se concevoir que comme « le développement de tout l’homme et de tous les hommes ». Cette vision intégrale du progrès humain rejoint le ministère de l’abbé Gobou, qui s’adresse à la personne humaine dans toutes ses dimensions: corps, âme, esprit, culture et relation sociale.

Je voudrais, à ce moment de mon intervention, exprimer mes plus vives félicitations à l’abbé Gobou pour son engagement pastoral, spirituel et humain. Mais je tiens aussi à remercier toutes les personnes, proches ou lointaines, qui ont eu la belle idée d’honorer cet homme de Dieu de son vivant. Trop souvent, nous attendons qu’une personne nous quitte pour lui rendre hommage. Il est juste et bon que le Père Gobou entende aujourd’hui les témoignages de reconnaissance, d’admiration et d’amour de ceux qu’il a touchés.

Enfin, je voudrais exprimer ma profonde gratitude au professeur Alphonse Sékré pour m’avoir donné l’occasion de prendre la parole à l’ouverture de ce colloque. Je souhaite que les échanges de ces prochains jours soient féconds, porteurs de lumière, de guérison et d’espérance pour notre Église, pour notre pays et pour notre continent tout entier.
Que le Seigneur bénisse ce colloque, qu’il bénisse l’abbé Gobou, et qu’il nous donne, à chacun, d’être à notre tour des témoins de sa compassion agissante. Merci.


Jean-Claude Djéréké

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here