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On attend des Africains qu’ils remplissent les églises, mais pas qu’ils dirigent l’Église

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Jour historique au Vatican ce jeudi 8 mai 2025. L’Américain Robert Francis Prevost, 69 ans, est devenu le premier pape de l’Histoire originaire des États-Unis. Celui qui se nomme désormais Léon XIV a été choisi par ses pairs cardinaux réunis à la chapelle Sixtine.

Alors que le conclave de 2025 nourrissait l’espoir d’un tournant historique, l’Église catholique a, une nouvelle fois, laissé l’Afrique dans ses illusions. Ici, le mot garde bien sa vivacité. Car, comme l’on pouvait d’y attendre, les modulations de cette actualité viennent rappeler les limites du cosmopolitisme affiché par le Vatican. Dans les couloirs des conférences épiscopales africaines, le ton est plus mesuré, mais la déception est palpable. Beaucoup espéraient une reconnaissance symbolique forte : celle de voir enfin une figure africaine incarner l’autorité suprême du catholicisme.
En Afrique où des voix timides commentent une possibilité qui s’éloigne et qui s’annihile, l’on pense que l’Histoire de l’Eglise catholique romaine s’écrit dans une marche mensongère, décidément portée non seulement au rang de norme, mais de valeur. Mais dans un contexte mondial où l’équité, la représentativité et la justice sont des valeurs réclamées à voix haute, la répétition de ce scénario commence à poser problème. Et pourquoi ? Parce que le continent africain brille par son poids croissant dans la démographie chrétienne mondiale. Avec plus de 281 millions de fidèles, des vocations religieuses en forte croissance et des communautés paroissiales vibrantes, le continent noir le cœur battant du catholicisme mondial. De nombreux observateurs estiment que l’Afrique n’est sollicitée que pour sa vitalité démographique et sa fidélité doctrinale.
Malgré ces vérités incontestables, le choix du pape de l’Eglise catholique romaine reste le lieu où se réaffirme la prédestination des cardinaux non-africains. Et dans ce cas, l’élection d’un pape, originaire d’un continent plus traditionnellement représenté dans les sphères de pouvoir ecclésiastique reste encore une illusion. D’un certain point de vue, nous n’assistons plus à la « fin de l’histoire » caractérisée par l’élection d’un pape africain, mais bien à la confirmation et à la continuité de la relégation de l’Afrique au second, mieux au dernier plan. « On attend des Africains qu’ils remplissent les églises, mais pas qu’ils dirigent l’Église », lâche un théologien ivoirien. En l’état, il faudra encore attendre. Attendre que les mentalités évoluent, que les logiques internes du conclave se réinventent, et que l’Église fasse réellement de la diversité une réalité, pas seulement un discours.
Et maintenant, l’Afrique ne se détournera pas de l’Église pour autant. Mais la frustration pourrait laisser des traces. La jeunesse catholique africaine, éduquée, connectée et plus consciente des enjeux de pouvoir, attend des signes tangibles d’ouverture et de réforme. Même si, entre temps, Mgr. Donatien Nshole, secrétaire général et porte-parole de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), a déclaré à la Deutsche Welle que « nous ne sommes pas en politique où on doit réfléchir en termes de quotas, de rotations, surtout pas par les races. Nous sommes dans l’Église universelle où tout le monde a sa place ».

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