Home ENTREPRISE 400 milliards FCFA injectés par la Beac dans les banques secondaires

400 milliards FCFA injectés par la Beac dans les banques secondaires

85
0

Que doit-on espérer pour l’économie de la Cemac ? Pr Anyou Bene donne des clés de lecture.

Pour une bonne compréhension, de manière terre à terre, il faut d’abord répondre à la question : c’est quoi une injection de liquidités pour la banque centrale. Il faut dire que la banque centrale et les banques secondaires sont réunies dans une plateforme qu’on appelle communément le système bancaire. Cette plateforme tient office de marché inter- bancaire. Alors, le système bancaire justement, c’est le système de toutes les banques dans lequel ces dernières interagissent par l’échange des instruments financiers. Ça veut dire que j’ai un instrument financier, je te le revends. Ou alors, j’initie un instrument financier, je le mets à la disposition de ceux qui veulent me l’acheter pour m’offrir des liquidités, en contrepartie d’un engagement que je prends. Le système bancaire aussi, c’est le lieu où la banque centrale exerce son activité de supervision et de contrôle. Parce que quand on dit la banque centrale en zone Cemac, on a la Beac et les organismes de vigilance tels que la Cobac, les organismes de monétique (Gimac…)

Alors, dans sa fonction marché inter- bancaire, la banque centrale est également le dépositaire de ce qu’on appelle la politique monétaire. Celle ci est nécessairement la définition du niveau de monnaie que la banque centrale met en circulation. Et cette politique monétaire a des objectifs et des instruments. En ce qui concerne les objectifs, deux sont souvent poursuivis par presque toutes les banques centrales à travers le monde. Le premier objectif, c’est celui de la croissance économique. Le deuxième, c’est celui de maîtrise de l’inflation.

Alors, en fonction de l’objectif que la banque centrale poursuit, elle définit une politique monétaire. Et il y en a essentiellement deux : la politique expansionniste et la politique restrictive. La première vise nécessairement à mettre plus de liquidités dans le circuit pour alléger les conditions d’accès à l’argent, principalement au crédit. La seconde consiste à retirer une grande quantité de liquidités sur le marché, pour que l’argent soit d’accès un peu moins facile. Donc, en fonction des objectifs de la banque centrale, un objectif de politique monétaire basé sur la croissance économique et la maîtrise de l’inflation, elle peut adopter une politique monétaire expansionniste ou bien une politique monétaire restrictive. Expliquons : quand on veut promouvoir la croissance économique, la banque centrale met à disposition du système bancaire et donc du système économique, beaucoup de liquidités, principalement en allégeant les conditions d’accès à l’argent. S’il est facile d’accéder à l’argent dans une économie, vous vous rendez bien compte que les agents économiques peuvent facilement emprunter, et donc investir. Si on investit, il y a deux effets possibles : soit on crée de la richesse, les entreprises peuvent créé de la valeur, puisqu’on investit, on innove, on produit davantage, et on a donc la possibilité de vendre davantage. Et donc l’excédent brut d’exploitation des entreprises augmente. Cela a pour avantage l’amélioration des conditions de vie là où les choses sont normalement définies, la promotion de l’emploi, bref une augmentation généralisée du revenu de l’Etat. Parce qu’en réalité, vous aurez des entreprises qui produisent plus, il y en a qui sont créées, l’assiette fiscale de l’Etat est relevé et cela a un effet de ramification qui va jusqu’à l’offre de services publics qui est amélioré. Bref, c’est le bien-être.

Le revers ici c’est que plus les entreprises produisent, plus elles doivent vendre. Alors, si les entreprises produisent en innovant beaucoup, et qu’elles ont la capacité d’exporter ailleurs, dès que le marché local est saturé. Et même là, il y a toujours une saturation. Il va arriver un certain moment où les biens produits en excès ne pourront pas être écoulés et l’offre des biens va commencer à devenir supérieur à la demande. Si cette situation se vérifie, les prix vont commencer à chuter, parce que plus on produit, plus il y a de la marchandise, la demande étant stable, les prix vont baisser. Et là, on court le risque d’une déflation, c’est à dire une baisse généralisée des prix qui peut paralyser l’économie. La banque centrale peut dans ce cas revenir à un autre objectif de politique monétaire qui est la maîtrise de l’inflation. Il faut dire que l’inflation a deux versants : soit la hausse généralisée des prix ou leur baisse généralisée. La hausse généralisée des prix se vérifie quand la demande devient supérieure à l’offre. Et c’est en ce moment là que la banque centrale avertit souvent l’exigence de relâcher en termes de politique monétaire, pour aller vers la politique expansionniste, afin de donner les moyens aux entreprises de produire davantage et de renflouer les marchés, de renforcer l’offre pour contenir les prix. Parce que quand la demande est supérieure à l’offre, les prix grimpent. Donc, il faut trouver un mécanisme pour que ces prix baissent, et l’un des mécanismes c’est l’injection des liquidités à travers une politique monétaire expansionniste. Généralement, c’est la politique monétaire restrictive qui conduit à l’inflation parce que s’il y a moins d’argent, les entreprises n’ont pas d’argent pour investir, elles produisent moins et la demande grimpant ou restant constante, les prix vont augmenter.
Les instruments de politique monétaire sont lesquels ? C’est principalement les taux d’intérêt et le marché inter- bancaire où la banque centrale et les banques secondaires interechangent des liquidités entre elles.

S’agissant du taux d’intérêt, quand la banque centrale veut injecter des liquidités, elle adopte une politique de baisse des taux d’intérêt directeurs. Cela veut dire qu’elle allège les conditions d’accès à l’argent à partir du coût, puisque le taux d’intérêt c’est le coût de l’argent. Si on baisse le coût, les banques secondaires qui sont sur le marché inter- bancaire peuvent emprunter à court terme à des taux un peu moins élevés, et donc en principe, les taux peuvent baisser de manière générale jusqu’au taux d’intérêt usager, c’est à dire, le taux d’intérêt que la banque pratique en matière de crédit vis à vis de ses clients qui sont les banques secondaires. Une première manière de mettre en place une politique monétaire expansionniste, c’est de baisser les taux d’intérêt directeurs. L’autre manière, c’est la banque centrale qui rachète les effets de commerce détenus par les banques secondaires, ou alors elle refinance une partie de leur portefeuille de crédits.


Pr Marius AYOU BENE
PhD Financial Mathematics
Senior Risk Analyst
Financial Engineer

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here