Le bloc européen entend jouer sur l’intensité des relations commerciales afin de faire pression sur le Cameroun.

L’échéance électorale de 2025 au Cameroun continue d’alimenter des préoccupations au-delà des frontières nationales. Après les risques à l’investissement relevés par les agences de notations. C’est autour du Parlement européen de mettre au goût du jour l’incertitude autour des droits de l’homme et de la liberté de la presse dans le pays de Paul Biya. Et comme pour éclairer l’opinion autour de ce problème, l’institution communautaire exhume les cas de Mancho Bibixy, Thomas Awah Junior et Tsi Conrad; des journalistes arrêtés et condamnés à des lourdes peines après avoir rendu compte des répressions dans les régions en crise du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, du point de vue du Parlement européen. Un discours contraire à celui émis par la justice militaire camerounaise qui les avait condamnés courant 2018 pour des faits d’hostilité à la patrie, diffusion de fausses nouvelles, révolution, insurrection, sécession, terrorisme, etc, dans le cadre de la crise anglophone.
D’autres noms apparaissent dans la short list européenne. Notamment celui de l’ancien directeur général de la Cameroon radio and television (CRTV), Amadou Vamoulke, et de Kingsley Founyuy Njoka. Les députés européens demandent leur « libération immédiate et inconditionnelle ».
Loin de procéder à un simple plaidoyer, le Parlement européen se place dans une posture de défi face au régime de Yaoundé. Et pense jouer sur ses relations commerciales avec le Cameroun comme moyen de pression. Ainsi donc, le Parlement européen considérant que « l’Union européenne est le principal partenaire commercial du Cameroun ; demande à l’Union et aux Etats-membres d’aborder avec les autorités camerounaises les cas des journalistes détenus, demande à l’Union d’utiliser son influence diplomatique et économique pour obtenir des améliorations tangibles en matière de droits de l’homme au Cameroun », mentionne la résolution adoptée le 3 avril 2025. Il appelle également à la surveillance des procès intentés contre des journalistes, et à des actions d’information auprès de missions d’enquêtes de l’Organisation des Nations unies (Onu).
Louise Nsana