Home AMBASSADES Affaire Diane Yangwo : la vérité est restée muette…

Affaire Diane Yangwo : la vérité est restée muette…

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Ce n’est pas de la tarte à résumer, cette histoire. Il faut procéder calmement. C’est une histoire vraie, comme on dit.

Le 18 novembre 2023, Diane Yangwo, enseignante de langue anglaise au Lycée bilingue de Nylon à Douala, succombe à des violences décrites par l’autopsie comme violence physique compliquée d’hémorragie interne abdominale. Au banc des accusés, Eric Bekobo l’époux de la défunte, fait partie du casting. L’affaire fait grand bruit. Ses échos garnissent les colonnes de la presse.  Le 1er avril 2025, Eric Bekobo est condamné à cinq ans de prison avec sursis et à une amende de 52 000 FCFA. Rendu par la juge Dany L’Or Medou épouse Bana Yangona, le verdict soulève fantasmes et énigmes. Au sein de l’opinion publique nationale, la sentence égare et blesse. A la détresse de la famille de la victime s’ajoute l’humiliation de se sentir inaudible et désavouée par la justice. Selon les proches de Diane Yangwo, le verdict est bien chaotique et infructueux. Pas une ligne de gras, rien que du factuel, des questions, des réponses, des plaidoiries, des témoignages, un verdict.  Mais, la vérité, elle, est restée muette, glauque et effrayante à la fois.


Aujourd’hui, la famille de Diane Yangwo partage son trouble et son malaise face aux « cinq ans de prison avec sursis et à une amende de 52 000 FCFA ». Ses interrogations, ses tâtonnements, ses vacillements sont les nôtres, ses contradictions et craintes aussi. Et pourquoi ? Parce qu’au-delà de ces aspects très actuels, un tel scénario peut se reproduire n’importe où, n’importe quand si on n’en tire pas d’urgence les enseignements. Evidemment, en lâchant plus de questions que de réponses, l’affaire reprend une ampleur inouïe. Avec une acuité remarquable, elle brasse des thèmes contemporains qu’on évite pudiquement de nommer ici. Seulement, c’est compris :  le verdict rendu par la justice rend compte de ce que lorsqu’elle est confrontée à une affaire exceptionnelle, l’institution révèle toutes ses faiblesses. Bien plus, ce verdict n’en finit pas de mettre dans le même bocal d’autres affaires ayant mêlé intrigues judiciaires et versions contradictoires. Autant de controverses qui s’étalent aujourd’hui dans les revues juridiques spécialisées comme dans les médias et dont on trouve la trace jusqu’aux tribunaux eux-mêmes. Et là, il faut bien convenir du fait que les « résultats » judiciaires des enquêtes autour de ces affaires sont bien maigres, au regard du nombre et de l’importance des instructions engagées. Ces données paraissent d’autant plus significatives que les nombreux acquittements auront été lus comme autant de coups d’arrêt pour les juges et comme autant de réhabilitations pour les accusés. Sans doute n’est-ce pas là le moindre des paradoxes que de constater que la justice semble offrir une sorte de blanc-seing qui couvre jusques et y compris les faits dont les juges ont pourtant bien attesté l’existence.  


Il reste que derrière chacun de ces débats en apparence techniques, c’est aussi chaque fois la question des conditions dans lesquelles les magistrats peuvent saisir et appréhender la gravité des faits qui est posée, et singulièrement les pratiques politiques occultes et les pactes implicites dont on sait qu’ils ne sont pas seulement difficiles à qualifier juridiquement mais aussi à établir matériellement. Et sous l’effet du vif intérêt qu’a suscité l’affaire Diane Yangwo, il est désormais temps qu’au Cameroun, l’institution judiciaire soit placée sous « haute surveillance » dans l’espace public. 

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