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Zone Cemac : Les rues désormais plus liquides

Duel

« Crise des devises ». Voici une expression ajustée au millimètre dans la science économique. Parmi les érudits de cette discipline, il y a ceux qui l’avaient annoncée et avaient été taxés d’inaltérables pessimistes. Et il y a ceux qui minimisent la gravité de la situation, et sont considérés comme d’éternels optimistes. Les premiers avaient utilisé (et continuent de le faire) un vocabulaire dramatique, voire cataclysmique. De leur côté, les seconds essayent de faire tenir debout la pantomime du « tout va bien ».

Voilà en résumé la situation financière actuelle de la zone Cemac (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale) ; où, depuis longtemps, il y a un cocktail explosif de mauvais signes. On se croyait pourtant averti, mais cela n’a été d’aucune aide pour appréhender ce qui allait fatalement arriver. À côté des populations dans le désarroi, les opérateurs économiques et les banques commerciales, écœurés par cet état de choses, ne se montrent pas indulgents et occasionnent un duel de grandes gueules avec la Beac (Banque des États de l’Afrique centrale). Le tout laisse penser à un manège bon pour creuser le tombeau des économies de la sous-région. Entre l’emballement des événements et les déclarations plus ou moins renversantes, il n’échappe plus à grand monde que le marché de change légal est aujourd’hui pétrifié. Pendant ce temps, dans la caverne de l’informel, on se frotte les doigts.

Politique monétaire restrictive ou comportement spéculatif des acteurs économiques ? Les certitudes vacillent, les hypothèses demandent parfois à être rebattues. Pour autant, la banque centrale applique sans faiblesse la nouvelle réglementation sur les devises. Il est question de remettre le marché à l’équerre et discipliner les acteurs.

D’après une enquête réalisée au premier trimestre 2019, par le patronat, 71 % des entreprises du Gicam considèrent comme une préoccupation majeure cette difficulté d’accès aux devises. Quelle est la réalité du terrain ? Que disent les uns et les autres ? Qui fait quoi ? Le présent dossier s’emploie à répondre à ces questions.

Dossier réalisé par

Jean-René Meva’a Amougou

et Alain Biyong

 

Des géants de la finance aux petits portefeuilles, ils sont nombreux à se ravitailler désormais en devises étrangères dans les marchés de change informels.

« Change ! » Prononcé en anglais, le mot qui, il y a peu, avait un côté désinvolte, résonne agréablement aux oreilles des usagers. Devant les supermarchés, les banques ou les grands établissements hôteliers de Yaoundé, l’ambiance souligne une vérité essentielle: il y a beaucoup d’argent dans la rue. « Depuis janvier 2018, l’indice du marché noir de devises étrangères ne s’est jamais aussi bien porté dans la capitale camerounaise », expose Abbo Youssoufa. Sur la foi d’une étude que cet enseignant assistant à l’université de Yaoundé II a menée depuis lors dans tous pays de la Cemac (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale), parle d’«environ 50 millions de francs CFA qui se changent chaque jour, beaucoup plus dans les capitales économiques des pays ». «Au moins 90 % des échanges impliquent le dollar américain, le Yuan et l’euro», ajoute l’expert camerounais en monnaie et finances internationales, soulignant un marché fréquenté par de gros, mais aussi de petits clients

Business
En approchant quelques-uns parmi ces derniers, c’est à l’insulte qu’on tend le micro. Au milieu des plus courtois, une voix fait valoir que venir ici c’est à la fois le produit de l’intelligence et de la résilience. «Dans les banques, on ne peut pas acheter plus de 2000 euro ou dollars tandis qu’ici, il n’y a pas de barrière. Et aussi, par exemple, si la banque vend le dollar aujourd’hui à 510 FCFA, nous, nous pouvons le vendre un peu moins», affirme notre interlocuteur. Plus incisif, un autre soutient que «le caractère liquide du change dans la rue donne des preuves que l’économie informelle est en avance sur les politiques monétaires de la Cemac».

En clair, la rareté des coupures étrangères dirige une clientèle importante vers les «dollars» (nom donné aux vendeurs de devises à la sauvette au centre-ville de Yaoundé). «Partout dans la sous-région, on voit des cambistes des microfinances ou des banques, des investisseurs institutionnels (assureurs, opérateurs pour compte propre) écumer les rues ouvertes 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, à la recherche de la moindre devise», souffle Abbo Youssoufa. Pour lui, la tendance est généralisée et accentuée au Gabon et au Cameroun, «pays les plus touchés par la récession actuelle des devises , selon Babissakana, économiste camerounais.

Suite aux contrôles de la Banque centrale et la carence avérée en devises à l’intérieur, certains acteurs dans deux pays se sont organisés. «En tout cas, il s’agit bien d’un système», tranche l’analyste économique Mays Mouissi, dans une interview accordée à Gabon Media Time, le 7 février dernier. À la vérité, il se murmure que pour pallier le difficile accès aux devises auprès des banques commerciales, par solidarité, des entrepreneurs camerounais et gabonais se vendraient des devises. Raison : «Avant, un chef d’entreprise devait compter entre deux et trois jours. Aujourd’hui il y a un mois et demi d’attente. Il vaut mieux explorer d’autres pistes, car la survie du secteur privé en dépend», brandit sous le manteau, un opérateur économique.

À la Beac, tout cela est connu. À Douala, le 4 juillet dernier, une source proche du gouvernement de cette institution financière souffle que «cela a développé un marché interbancaire des devises et même un marché parallèle au circuit formel. Le produit de ce commerce des devises et autres services financiers pèse entre 50 et 80 % dans la structure du produit net bancaire (PNB) des établissements de crédit (chiffre d’affaires annuel des banques) en activité dans la zone Cemac».

Jean-René Meva’a Amougou

Et la Beac appliqua la réglementation

Pour la Banque centrale, dans le fond, il n’y a pas de crise, juste une application rigide des mesures.

 

« Sans devises, les entreprises sont à l’agonie ». En posture d’invité du 13 h sur les ondes de la CRTV-Radio le 4 juillet dernier, Alain Blaise Batongué, le secrétaire exécutif du Gicam (Groupement inter-patronal du Cameroun) a fait «officiellement» état du profond malaise et de l’inquiétude grandissante de nombreux hommes d’affaires camerounais face aux contraintes imposées par la Beac. Il a été entendu. Le même jour, autour de Abbas Mahamat Tolli, le gouverneur de la Beac, opérateurs économiques et banquiers se sont rencontrés en fin d’après-midi à Douala, «pour réunion de sensibilisation sur la nouvelle réglementation des changes », selon le libellé du programme du jour.

Entre témoignages et réflexions sur la situation, toutes les parties sont reparties, calées sur deux mesures. Selon les lignes d’un communiqué publié à cette occasion, la Banque centrale a consenti à ne plus rejeter systématiquement les demandes de transferts des banques commerciales ayant «des avoirs extérieurs suffisants qui auraient dû servir à l’exécution, par les banques elles-mêmes, de ces transferts sans recourir à la Beac». En contrepartie de cette mesure de flexibilité décidée par la Banque centrale, les banques commerciales, elles, se sont engagées à rétrocéder sur leurs avoirs extérieurs, et dans des délais raisonnables, les volumes de devises ainsi mis à leur disposition par la Beac. Au cas contraire, apprend-on, il leur sera infligé une sanction pécuniaire d’une valeur de 5 % du montant des avoirs qu’elles détiennent illégalement à l’extérieur de la zone Cemac.

Toujours selon le même communiqué, l’on retient que les banques et les opérateurs économiques vont désormais mettre à la disposition de la Banque centrale les coordonnées des importateurs et autres entreprises sollicitant des transferts à l’international. De cette manière, la Beac pourra directement informer l’opérateur économique du traitement de sa demande, afin que ce dernier se rapproche de sa banque pour s’enquérir du sort réservé à sa demande de transfert.

Pour rappel, la pénurie des devises dans la Cemac découle du dessein de la Beac, Banque centrale des six États de la Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, RCA et Tchad), de limiter la saignée du compte des opérations. Cette caisse commune aux États de la Cemac, qui est logée au Trésor français pour soutenir les importations des pays de la Cemac, a été très sollicitée et peu renflouée depuis 2015.La raison est la chute des prix des matières premières (notamment le pétrole brut) exportées par les pays de la Cemac.

Afin de reconstituer ce compte des opérations et de le maintenir à un niveau permettant d’éviter une dévaluation du FCFA, la Beac a entrepris de durcir les conditions des transferts des fonds à l’international. Cette politique monétaire restrictive se traduit par le difficile accès aux devises auprès des banques commerciales. Accusée par les banques d’être à l’origine de la rareté des devises, la Beac a toujours rejeté la responsabilité sur les banques commerciales. Elle les accuse à son tour d’entretenir des « pénuries artificielles ».

Dans l’optique de restreindre l’accès aux devises, la Beac a rendu publique une nouvelle réglementation sur le change, jugée beaucoup plus contraignante. Le 10 juin 2019, cette Banque centrale a défini «les conditions et modalités d’utilisation hors de la Cemac des instruments de paiement électronique . Il y est prescrit que désormais, le montant des opérations de paiement et de retraits sur des guichets et terminaux situés à l’extérieur de la Cemac est plafonné à cinq millions de FCFA par individu et par voyage. En outre, le règlement des transactions à distance, notamment les paiements en ligne, est plafonné à un million de FCFA par personne et par mois. Au-delà de ces montants, les transactions doivent être justifiées.

Alors, à Douala, le Pr Michel-Cyr DjienaWembou, secrétaire permanent du Programme des réformes économiques et financières de la Cemac (Pref-Cemac), a tranché : « il faut respecter la nouvelle réglementation des changes. Je peux vous assurer que lorsque vous ferez la panoplie des mesures, vous comprendrez pourquoi on a pris d’abord cette nouvelle réglementation, où nous voulons aller ensemble dans la communauté».

Ongoung Zong Bella

Dieudonné Essomba

«Le Gicam devrait être le dernier à se plaindre»

Dans une tribune publiée sur sa page Facebook la semaine dernière, l’économiste-statisticien camerounais affirme que la crise des devises actuelle est normale. Pour lui, elle était prévisible, au regard des réalités de la zone Cemac depuis quelques années.

Fuite des capitaux : la Beac durcit les conditions d’ouverture de compte en devises.

La Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale, à travers le comité ministériel de l’Union monétaire de l’Afrique centrale, a adopté le 21 décembre 2018, une nouvelle réglementation des changes. Celle-ci stipule en son article 41 que : « L’ouverture d’un compte en devises hors de la Cemac au profit d’un résident, est interdite, à l’exception des établissements de crédit ». Sont aussi concernés par cette restriction, ceux qui séjournent même de façon discontinue pendant plus d’un an dans l’un des pays de la sous-région ou ayant l’intention d’y exercer une activité économique pendant au moins un an, y compris les réfugiés. « Toutefois, la Banque centrale peut autoriser une personne morale résidente à ouvrir un compte en devises hors de la Cemac dans les conditions et modalités fixées par elle. Par la suite, la Banque centrale en informe le ministère en charge de la monnaie et du crédit », indique la nouvelle réglementation.

Celle-ci précise que le compte en devises ouvert dans la sous-région ne peut être crédité ni de versements en franc CFA ni par le débit d’un compte en franc CFA. En outre, il ne peut présenter un solde débiteur. Les retraits de devises sur un compte de résident en devise pour la couverture de besoins locaux sont interdits. Cette nouvelle réglementation de la Beac viserait à juguler la rareté des devises dans la zone Cemac. En effet, selon les révélations faites par le Fonds monétaire international (FMI) dans un rapport sur la Cemac, publié le 24 mars dernier, « certains signes laissent penser que d’importants dépôts sont effectués à l’étranger par les résidents de la Cemac, ce qui n’est probablement pas tout à fait conforme à sa réglementation des changes ».

En tenant compte des données fournies par la Banque des règlements internationaux (BRI), le FMI a indiqué que les fonds dont disposent les résidents de la sous-région dans les banques étrangères sont d’environ 5 milliards de dollars US, soit près de 2 897 milliards de francs CFA, à la fin de l’année 2017, dépassant ainsi le montant notionnel autorisé. Quand vous associez ces deux mesures, vous pouvez comprendre que les devises soient devenues si rares. Surtout pour des gens habitués à la gabegie des devises comme c’était le cas avec nos gens de la Cemac.

Importation. Il faut savoir que nous consommons les devises quand nous importons de l’étranger. Et nous produisons des devises quand nous exportons des produits. Actuellement, malgré notre croissance, nous avons une balance commerciale déficitaire. Raison ?

Nos importations sont supérieures à nos exportations !
Et parmi les grands importateurs du Cameroun, nous avons nos grands bayam selam internationaux du Gicam que nous appelons fallacieusement hommes d’affaires. Ils avaient l’habitude de prendre de grosses sommes en crédit dans les banques pour importer des produits livrés à leurs clients. D’autres prenaient des crédits pour soutenir leurs appareils de production dont la majorité des intrants étaient importés. Ceux-là qui importent tout au lieu de produire sur place. Et quand même ils essayent de produire sur place, leurs appareils de production sont en majorité importés. L’info claire et nette. Tout ce qui compte pour eux c’est faire du profit. Ils ne se préoccupent pas de la politique nationale ou même du patriotisme économique. Ils importent, font des bénéfices, et ce sont les devises produites par le cacao du petit paysan du Centre, le bois de l’Est, le café du paysan des hauts plateaux de l’Ouest, la banane de Njombe Penja au Littoral, le pétrole du Sud-Ouest ou encore les bovins de l’Adamaoua…qui sont consommés pour réduire le déficit.

Pourtant il suffirait que ces gens, que l’État du Cameroun a aidés à s’enrichir, sachent simplement prendre la mesure de leurs responsabilités. Ils peuvent investir dans les secteurs porteurs, afin d’accompagner l’État dans sa politique de mise en valeur des chaînes de valeurs nationales et ainsi porter à bout de bras le Made in Cameroon.

 

Le cri des businessmen

Dans ce communiqué publié le 1er juillet 2019, le Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam) exprime ses vives préoccupations face à la situation de pénurie des devises dont souffre l’économie camerounaise depuis plusieurs mois.

 

Ce manque de devises est d’une ampleur sans précédent dans notre pays. Il se traduit au niveau des entreprises par un ralentissement considérable des opérations d’importation d’intrants, produits et équipements de production, ainsi que de maintenance de l’outil de production. En outre, à plus ou moins brève échéance, cette pénurie pourrait contraindre les entreprises à suspendre voire cesser leurs activités du fait d’une perte de confiance dans des relations distendues avec leurs fournisseurs et partenaires extérieurs. D’ores et déjà, certains prestataires ont suspendu leurs opérations avec le Cameroun et aucune visibilité n’est perceptible à l’horizon pour rassurer nos partenaires.

Au 15 juin dernier, les demandes de transfert totalisaient plusieurs dizaines de milliards de FCFA. Les délais d’exécution ne sont plus respectés, ils varient de plusieurs semaines à plusieurs mois. De plus, les commissions de transfert et d’achat des devises, ainsi que divers frais bancaires sont à la hausse, et les procédures de transfert plus longues et plus complexes.
Au total, les conséquences de cette pénurie sont désastreuses pour les entreprises et pour l’économie en général.

Aux premières heures de cette crise, le Gicam, en liaison avec l’Apeccam, a attiré l’attention des autorités monétaires sur les risques grandissants qui pèsent sur l’économie du pays du fait de cette pénurie des devises. De fait, les entreprises sont exposées à la perte de protection de leurs actifs en lien avec le non-paiement effectif des primes dues aux compagnies de réassurance internationales. Le risque-pays se dégrade et tend à détourner les assureurs-crédit de nos entreprises.Nos efforts sont restés vains malgré la nouvelle réglementation de change. Cette réglementation n’a jusqu’ici pas permis d’apporter des solutions concrètes aux problèmes des entreprises, ni à rassurer les opérateurs économiques, s’est caractérisée par des contrôles administratifs accrus préjudiciables aux opérations d’importation.

Face aux menaces réelles de paralysie de l’économie, le Gicam maintient le contact avec les autorités monétaires pour que des solutions à cette problématique soient identifiées et mises en œuvre. Le Gicam propose notamment que trois (3) mesures conservatoires soient prises dans l’urgence, et qui permettront de limiter les effets néfastes de cette crise des devises :

– La suspension temporaire de l’importation de certains produits ;

– le contingentement de l’importation de produits plus ou moins essentiels ;

– la priorité donnée au paiement des importations de produits et services essentiels, ainsi que des secteurs stratégiques.

 

Pr Michel-Cyr Djiena Wembou

«Nous n’avons pas une crise des devises»

Dans un entretien exclusif qu’il a accordé à Intégration le 6 juillet 2019 à Douala, le secrétaire permanent du Pref-Cemac livre sa lecture de la situation.

Que propose le Pref-Cemac pour sortir de la crise des devises qui secoue les États ?
Je pense que nous n’avons pas une crise des devises. Nous devons plutôt avoir des séances d’explication sur la nouvelle réglementation des changes, ainsi que les liens entre cette nouvelle réglementation et le rapatriement des recettes d’exportation. C’est pour clarifier les choses qu’il y’aura une concertation à Douala, le 04 juillet 2019, laquelle permettra d’organiser la communication autour de la nouvelle réglementation des changes et d’édifier sur les liens entre cette réglementation des changes et le rapatriement des recettes d’exportation. Ce sont des questions techniques. Après le 04 juillet, nous serons en mesure de vous livrer les mesures qui seront prises. Cette communication ne concerne pas seulement les responsables de la Cemac, il y’aura toutes les institutions communautaires notamment la Beac qui est en première ligne. Il y’aura également les principales sociétés d’exportation et les banques. Tout le monde va être associé, puisqu’il s’agit d’une démarche participative.

Dans la sous-région, il y’a des entreprises qui se plaignent de ne pas avoir accès aux devises d’exportation pour leur opération…
Il y a une question de discipline budgétaire, tout comme il y’a une discipline dans le transfert. Il y’a d’ailleurs une partie de la discussion que nous devons avoir avec les banques commerciales de la place. C’est après cela que nous devons, de manière consensuelle, trouver des solutions. Mais, quelles que soient les solutions, la question de discipline budgétaire, financière et de respect de la règlementation pour nous même et les autres doit être posée. On ne peut pas toujours demander aux autres de respecter ce que nous avons fait et ne respectons pas.

Propos recueillis par Alain Biyong

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