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Yaoundé : Un mur sort de prison et s’émiette

Une partie de la clôture de la prison principale de Yaoundé (sise au quartier Kondengui, dans le 4e arrondissement de la capitale) s’est effondrée en fin de matinée du dimanche 7 mai 2023.

Débris du mur après écroulement

«Aucune perte en vies humaines, aucune évasion. Seul ce mur situé à l’arrière du pénitencier et dont la hauteur et la longueur sont respectivement estimées à environ 7 et 30 mètres est tombé», souffle un officier du corps national des sapeurs-pompiers. « Le mur qui servait de clôture est tombé dans le dos, comme on dit dans notre jargon. C’est-à-dire qu’il s’est excentré de sa position initiale pour s’émietter ensuite sur la route qui talonne le pénitencier. On peut dire qu’il est sorti de prison», explique encore notre source.

Branle-bas
Dans l’immédiat, aucune information officielle sur les circonstances de l’incident ne filtre. Cependant, selon quelques récits obtenus dans le voisinage de la maison d’arrêt, c’est «un violent vent qui en est la cause». «C’est lors du passage de ce vent qui a précédé la petite pluie de ce matin que le mur est tombé. J’ai entendu un grand bruit et, immédiatement, je me suis rappelé dehors. J’ai vu des gardiens de prison qui allaient dans tous les sens. Tous armés, certains se sont établis en grand nombre sur la ligne marquée par la fondation. D’autres sont descendus vers nous ici, nous intimant l’ordre de rentrer dans la maison», raconte un riverain.
Il n’en fallait pas plus pour qu’un important dispositif de sécurité mixte (composé d’unités spéciales de la police et de la gendarmerie) se déploie sur les lieux. Ils patrouillent le long des rues perpendiculaires à la prison principale de Yaoundé. Selon une source de première main, « des instructions particulières ont été données aux éléments en faction ici ». « Vous devez comprendre pourquoi », blague notre interlocuteur.

Passif
En essayant de comprendre cette ébauche de précautions, l’on se rappelle vite que c’est ici que sont incarcérées les personnes suspectées d’avoir ôté la vie à Martinez Zogo en janvier dernier. Bien plus, le pénitencier est présenté de mille et une légendes depuis sa construction en 1964. Selon l’esprit et la lettre du décret présidentiel N°4/CF/CAB/PR du 15 avril 1964, on l’appelait alors « Brigade mixte mobile» (BMM) et faisait partie des repères incontournables de la répression politique au Cameroun après l’indépendance. Quelqu’un qui a travaillé pendant une décennie raconte que le bâtiment a reçu sa dernière cure de jouvence en octobre 2007. Notre informateur postule que le mur est tombé ce dimanche a été ravagé par l’anarchie architecturale et la décrépitude.Quelques riverains semblent lui donner raison. L’un parmi eux estime qu’« il était temps que ce mur s’écroule » ; puisqu’il gorgeait d’eau dès qu’il se mettait à pleurer». «Il n’était protégé par aucune étanchéité et, plus grave, le réseau de plomberie qui fuyait en plusieurs endroits s’était lentement dégradé», ajoute un autre.

Jean-René Meva’a Amougou

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