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Yaoundé : Requiem pour les mesures d’hygiène

Depuis le 30 avril 2020, les populations de la ville observent de moins en moins les gestes-barrières contre Covid-19.

Au quartier Carrière, les dispositions d’accompagnement prises par le président de la République ont retenti tel un coup de tonnerre. «Le président Paul Biya a restauré nos activités économiques », nous dit une commerçante de « poisson braisé ». Derrière cette joie retrouvée, il y a surtout une idée : «Si le président a décidé de la reprise des activités économiques, cela veut dire que la maladie finit déjà» dit une vendeuse de solutions médicales traditionnelle. Mais à la réalité, les gestes phares prescrits à titre préventif contre la pandémie ne sont plus l’apanage de tous.

Lavage des mains

Dans une alimentation à quelques pas de là, les faits parlent bien d’eux-mêmes. Ce dimanche matin, il est presque 9 heures. À l’aile droite de l’entrée de la boutique git un bidon doté d’un robinet. Bien installé sur une table il est quasiment plein. Une trentaine de minutes nous suffisent pour élucider le phénomène: les clients ne songent plus à se laver les mains avant d’accéder à la boulangerie. Chacun a ses raisons. «Je suis pressée !», lance une jeune femme, la face renfrognée. Tandis qu’un autre affirme être paré «j’ai mon gel hydroalcoolique», brandit-il. Il y a quelques semaines, il était imposé à toute personne désirant entrer dans cette boite de se laver les mains à l’eau et au savon.

Port du masque

Autre pratique jetée dans les oubliettes, le port du masque de protection. Constat fait au lieudit Flaminco, lieu de commercialisation des brochettes de la viande de porc. Il est 19 heures. Agglutinés autour des comptoirs, des clients remuent les morceaux de chair. Aucun masque de protection à l’horizon. Même les commerçants ont l’air de ne pas s’en soucier. «Il fait chaud» lance un d’entre eux. À quelques mètres de là sont stationnées les forces de l’ordre. Du côté de Tsinga (Dubaï) les forces de police tentent de mettre la main sur les véhicules dont les occupants ne portent pas de protection. «Vous ne portez pas de masque. Je vais vous verbaliser et vous allez payer 6 000 Fcfa» déclare un inspecteur de police en service au GMI. En face de lui, un jeune homme âgé d’une trentaine d’années. «J’ai mon cache-nez. Et je suis avec mon frère dans mon véhicule. Ce n’est pas un lieu public», se défend-il.

Fini la distanciation

Dans les véhicules de transport en commun, la mesure de distanciation n’est plus que de l’histoire ancienne. «Le gouvernement a dit qu’on peut maintenant porter trois personnes derrière », se félicite Christian au volant de son taxi aux pots de phares fracassés. Son collègue Jean Je ne dit pas le contraire. «Ce sera difficile maintenant de rester éloigné les uns des autres», dit-il en souriant.

Regroupement

Dans les lieux publics dédiés à la pratique de sport, les Yaoundéens ont renoué avec leurs habitudes d’hier. On pratique le sport désormais par groupe. C’est le cas le long des rues allant de la mosquée de Tsinga au Mont Febe, en passant par le rondpoint Bastos. Quelques rares personnes portent le masque. Et la grande majorité, pas du tout.

Pour rappel, le 30 avril dernier, Joseph Dion Ngute, Premier ministre a rendu public les mesures d’accompagnement prises par le chef de l’État. Celles-ci, prescrivent «l’ouverture au-delà de 18 heures, des débits de boissons, des restaurants et des lieux de loisirs, avec obligation pour les clients et usagers de respecter les mesures barrières, notamment le port du masque de protection et la distanciation sociale» ;  ainsi que «la levée de la mesure réduisant le nombre réglementaire de passagers dans tous les transports en commun par bus et taxis. Le port du masque restant obligatoire et la surcharge interdite».

Joseph Julien Ondoua Owona, stagiaire

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