La production des déchets en passe d’être taxée par la Communauté urbaine de Yaoundé.
Sur le papier, cela se résume en une phrase: «plus vous produirez des ordures, plus vous payerez». « C’est ce qui se fait dans d’autres pays», indique Luc Messi Atangana. En posture d’invité du journal de 17 heures de la CRTV-radio le 13 juillet dernier, le maire de Yaoundé relève que l’idée a été émise au cours de la réunion sur la gestion des ordures ménagères le 12 juillet 2023 à l’hôtel de ville de Yaoundé. Y ont pris part : les représentants des ministères de la Décentralisation et du Développement local (Minddevel), de l’Habitat et du Développement urbain (Minhdu), du préfet du Mfoundi, les maires d’arrondissement de Yaoundé 2, 3, 5 et 7, les responsables des deux entreprises en charge de la gestion des ordures et les autorités traditionnelles des sept arrondissements du département du Mfoundi. Selon la cellule de communication et des relations publiques de la Communauté urbaine de Yaoundé (CUY), «ces assises ont recommandé la création d’une redevance payable par les producteurs de déchets pour remédier à la modicité des ressources disponibles ; le traitement des ordures coûte cher pour la mairie de la ville. Nous n’avons pas assez d’argent et les charges incombant à la mairie de Yaoundé dans le cadre de la gestion des ordures induisent des coûts». En clair, il s’agit d’un système de facturation censé inciter chaque citoyen à réduire sa production de poubelles. Ce système, renseigne la CUY, recouvre un des axes majeurs : l’implication des usagers dans la mise en œuvre de la politique d’hygiène et salubrité menée par les autorités municipales. «Nous éprouvons encore de la peine à faire comprendre aux populations qu’en tant productrices des ordures, leur gestion responsable leur incombe au premier chef», avise Luc Messi Atangana.
Enjeu
À écouter le premier magistrat de la ville aux sept collines, l’accroissement quantitatif exponentiel des déchets ménagers et assimilés, leurs coûts d’exploitation et de traitement exorbitants ainsi que leurs impacts écosystémique, environnemental, sociétal et économique négatifs représentent, aujourd’hui plus que jamais, et à tous les niveaux, un enjeu citoyen majeur. En poste depuis le 3 mars 2020, Luc Messi Atangana est embourbé, comme ses prédécesseurs, dans les tonnes de poubelles que génère la capitale camerounaise chaque année. Les causes de cette situation sont connues : prolifération des marchés spontanés, tolérance administrative sans fin, difficile accès à certains quartiers et, surtout, le fait que les objectifs de collecte des ordures fixés en 2012 sont aujourd’hui largement dépassés en raison de l’explosion démographique et l’extension rapide de la ville. Pour la mairie de Yaoundé, il faut alors tout faire pour, non seulement réparer les dégâts, mais en plus, pour entretenir les actifs à travers l’amélioration de la qualité du service. Or, d’après Luc Messi Atangana, l’affaire n’en finit pas d’empoisonner la trésorerie des entreprises impliquées dans la collecte et le traitement des ordures à Yaoundé. « Hysacam (Hygiène et salubrité du Cameroun) lui-même avoue qu’il est débordé par le volume d’ordures», déplore le maire de Yaoundé. Tout cela combiné, l’option participation financière des populations semble trouver une justification. En attendant son application, l’on s’interroge déjà sur l’assiette de facturation de la taxe. Il en est de même de la problématique liée à la constitution et la mise à jour d’un fichier exact des redevables (noms, adresses notamment) et de la gestion de la relation avec les usagers (communication, gestion des réclamations et autres).
Jean-René Meva’a Amougou