Très en deçà de la moyenne, le cumul pluviométrique dans la zone n’augure pas de brillantes perspectives pour les paysans.
Les chiffres relatifs à la production agricole en 2022 ne sont pas bons. Et quoi qu’en disent ou en pensent les paysans et agriculteurs, la vie sera très difficile en 2023 du fait des mauvaises récoltes l’an dernier. Selon les enquêtes soumises par les équipes du journal Intégration, les pertes liées à ce changement climatique sont réparties par trois. Tout le monde est en pleurs. À peine un sac d’arachide en gousse de 50 kg et un demi-sac de maïs sur une superficie de 2500 m². Contrairement à l’année dernière où l’on enregistrait pour une même superficie 2,5 sacs d’arachides et le double pour le maïs. Esther Mengue, cultivatrice, en fait l’expérience. Sa grange est située du côté d’Essazock (près de Nsimalen, dans l’arrondissement de Mfou). Elle dit avoir reconnu à peine un sac d’arachide. Elle explique alors que les pluies ne sont tombées que pendant 5 semaines. Bien plus, « elles se sont arrêtées lorsque les cultures amorçaient leur maturation », explique la cultivatrice.
Gilbert Odi et son épouse dépendante de l’agriculture à plus de 80 % comme ils le disent. Dans leur concession du côté d’Odza à Yaoundé 4e, l’on voit à travers un champ témoin commenter le maïs qui borde leur demeure est chétif et malingre. Cette situation désole le couple et ce n’est pas tout. Car pour eux, « le grand champ de près de 3000 m² est dans un état lamentable. J’ai commencé la récolte des arachides et je l’ai abandonnée», révèle la dame de maison.
C’est le même constat chez le patriarche Jean Ndi du côté de Nkolmeyang dans l’arrondissement de Nkolafamba. Dans son champ de maïs, des plantes présentent une mauvaise mine. Le maïs n’a pas atteint la bonne taille et des épis sont sans grains. D’un ton rempli de colère, il explique que c’était le meilleur moyen pour lui de s’adapter puisqu’il est un jeune retraité. « Regardez vous-même commentez plus de 2 millions de FCFA et 3 hectares de maïs sont partis en fumée, à cause de l’absence des pluies. C’est après le 20 septembre que j’ai semé. Je comptais avoir au minimum 7 à 8 tonnes ce qui me permettait de mieux lancer mon élevage de poulet», révèle le sexagénaire. Il avoue alors avoir misé ses économies pour un nouveau départ.
Inquiétudes
Les inquiétudes sont nombreuses pour Julienne. L’option d’abandon des cultures vivrières gagne de plus en plus de place dans ses perspectives. La cinquantenaire vivant tout près de la scierie sur la route de Mfou est dépassée par les événements. Elle pense ne pas avoir de l’argent pour se procurer la semence lors de la campagne de mars. «Je crois que je vais essayer de faire autre chose pour avoir les aliments, surtout les tubercules», envisage la femme.
Jean Mouafo, boutiquier, fait une mise en garde à ses voisins lors des échanges ce 1er janvier 2023. « Cette mauvaise récolte tombe à un très mauvais moment. Tout va augmenter au marché», ajoute-t-il. Dans la même origine, Augustin Mbarga croit que la seule option est «d’ouvrir moi-même une buvette». Nous sommes là au quartier Minkan. Pour ces paysans, la vie quotidienne sera mise à très rude épreuve cette année 2023, avec l’augmentation des prix de nombreux produits de grande consommation.
André Gromyko Balla