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Yaoundé et Douala : Capitales poubelles

Les ordures sont partout et dictent leur loi dans les deux matropoles du Cameroun. Ce qui laisse penser que les autorités ne donnent qu’une apparence ordurière au sujet.

Les autorités municipales et les populations dos à dos

Les populations de la ville de Yaoundé et Douala suffoquent sous l’emprise des odeurs des ordures ménagères. Au niveau des carrefours et également à proximité des établissements scolaires (lycée d’Efoulan, Lycée de Ngoa-Ekelle et autres), se dressent des montagnes d’immondices. Au quartier «Bonas», dans la zone universitaire à Yaoundé, l’on se bouche les narines. Les odeurs puantes se dégagent, les essaims de mouches accueillent tout passager soit sous le coup du vent, soit au moment ou un enfant ou un adulte vient à vider sa poubelle. Les asticots rampent le long de la route, les ordures se décomposent sous le regard impuissant des riverains. «C’est depuis plus de six mois que la société d’Hygiène et salubrité du Cameroun (Hysacam) ne passe plus ici pour ramasser les ordures dans ce quartier. On ne sait quoi faire; nous sommes obligés d’inhaler ces odeurs nauséabondes chaque jour», fulmine Cédric, cordonnier. Et de poursuivre: «La société Hysacam a enlevé le bac à ordures du coup tout le monde jette ses ordures à même le sol sans gêne, cela est normal, et lorsqu’elles se décomposent vous sentez vous-mêmes les odeurs insupportables, nous sommes exposés aux maladies pulmonaires, respiratoires et autres si rien n’est fait», se lamente-il. Le coiffeur de la place s’interroge bien sur le rôle d’hysacam et de la commune d’arrondissement de Yaoundé 3. «Au regard de la situation, je me demande bien où sont passées les structures compétentes d’hygiène de la mairie de Yaoundé 3. On a l’impression qu’Hysacam a démissionné. Que fait le maire de la localité en de pareilles circonstances, puisqu’on nous parle de la décentralisation, et nous occupants des espaces commerciaux, payons des taxes? Ce n’est pas évident pour nous de travailler dans cet environnement pollué», peste Amougou.

Les autorités municipales et les populations dos à dos

Bouche d’égout
Il ne fait pas bon vivre à Biyem-Assi (Yaoundé 6) au lieu-dit «Carrefour Caca». L’appellation fait sens au vu de la bouche d’égout majestueusement dressée en pleine chaussée et qui rejette des eaux noires souillées. «Cela fait déjà plus d’un an que ces matières fécales se déversent sur la route. Il y a des jours où on arrive au lieu de travail et tout le carrefour est inondé de matière fécale, y compris toutes les boutiques environnantes. L’odeur est très fortes et insupportable. Nous qui exerçons dans le secteur des affaires sommes déjà malades. On est contraints de nous rendre à l’hôpital. Pour nous désintoxiquer, on prend les produits pour purifier la poitrine», lâche Derick couturier.
Avec le retour des pluies, la situation est plus grave. «Les drains sont bouchés, l’eau ne circule pas. Il y a des inondations partout, et avec la circulation des mototaxis, à la moindre petite erreur, ils tombent dans ces eaux souillées et dans la matière fécale», ajoute-t-il. Le plus embêtant est que le maire de Yaoundé 6 n’habite pas loin de là, et les autorités passent dans l’indifférence par là au quotidien pour regagner leur domicile au quartier Jouvence. «Nous sommes dépassés de la situation, en pleine capitale politique et à Biyem-Assi de surcroît. Si on pouvait faire quelque chose, nous les riverains on le ferait, mais là on se résigne». Nadège est indignée puisque cela fait déjà des mois que cette bouche d’égout déborde de nouveau, et ceci dans l’indifférence des autorités. «Pourtant nous payons les taxes pour l’hygiène, on ne sait où vont ces fonds. Nous respirons vraiment des odeurs nocives pour notre santé, nous sommes obligées de porter les cache-nez pour mieux respirer». Un autre interlocuteur fait savoir que la situation est similaire au quartier Tam-tam, au Marché central, et ailleurs. Et de se demander à quoi servent le service d’hygiène dans la ville de Yaoundé et la Communauté urbaine, vu que les fonds sont collectés auprès des populations pour l’assainissement de la ville. À cette interrogation, Florence Minkoumou fait savoir que cela relève de la Communauté urbaine de Yaoundé (CUY). «Les égouts et les boues de vidange sont gérées par la mairie de la ville. Tous les travaux sur la route principale relèvent des compétences de la communauté urbaine, et les voies secondaires des mairies d’arrondissement», explique le chef d’hygiène et d’assainissement de Yaoundé VI. Et plaide par la suite: «si nous avions les moyens nécessaires, nos engins, nous ne souffririons pas de ce type de problèmes. Parce que le maire Jacques Yoki Onana est disposé à soulager les populations. Bien que certains travaux ne relèvent pas de ses compétences, il s’y implique tout de même», dit-elle.

Inondations assurées à Douala
Caniveaux et drains bouchés, rigoles débordant et présence d’ordures ménagères à des carrefours, sont aussi le lot quotidien des habitants des quartiers Bonapriso, Ndokotti, Maképé Missoke, Bepanda, Logbaba, rondpoint Deido et autres. Dans certaines rues de ces quartiers, le ruissellement des eaux usées s’accompagne d’odeurs nauséabondes. À Bonapriso au lieu-dit Ancien dépôt Guinness, dans l’arrondissement de Douala 1er par exemple, les populations disent vivre le martyr. «À cause de ces odeurs, j’ai eu des problèmes respiratoires. Ma famille tombe malade tout le temps à cause des moustiques. Lorsqu’il pleut un peu, l’inondation est totale», se plaint une riveraine.
À Tradex Ndokotti, c’est le même scénario. «Les drains sont bouchés. Conséquence l’eau trouve abri en route. Cette zone est toujours humide. De temps en temps, les gens de Tradex nettoient mais seulement, ce n’est pas suffisant. Il faut le faire plus fréquemment afin d’éviter que la situation ne se répète. Sinon, c’est toute la station qui sera dans l’eau», constate Valdès, mototaxi.

Du côté du quartier Makepe Missoke, la situation est semblable. «Depuis des mois déjà, on ne parvient plus à respirer dans ce quartier à cause du ruissellement des eaux usées. Les rigoles sont bouchées, les caniveaux aussi. L’eau dévie des rigoles et part se caser au milieu de la route où elle crée l’insalubrité et entraîne des inondations à la moindre occasion de la tombée des pluies. La saison des pluies commencent déjà à Douala, et si rien n’est fait d’ici quelques temps, je pense que le choléra risque de repartir de plus belle», se plaint un riverain. Même chose au rondpoint Deido. Cette situation va jusqu’à creuser la chaussée et causé des embouteillages. «Piétons et automobilistes partagent une même voie. Le non-entretien des drains crée des embouteillages parce qu’il y a une marre d’eau sur la route. Et l’eau présente sur la route la creuse aussi. Conséquence, le mauvais état de la route qui à son tour provoque des accidents de la circulation», dixit un riverain. Les populations de Douala craignent le pire et lancent un appel aux autorités compétentes de la ville de Douala.

Aveux de faiblesse
Selon Florence Minkoumou, les récriminations des populations sont fondées. La responsable d’hygiène et d’assainissement à la commune de Yaoundé VI se veut néanmoins rassurante en soulignant les efforts faits pour endiguer l’insalubrité dans les quartiers.
Approchée par Intégration, la société Hysacam incriminée, présente le planning de collecte d’ordures dans la cité. «Avec l’ordre du Maire de la ville de Yaoundé, Hysacam ne se déploie plus dans toutes les mairies d’arrondissement comme jadis. Elle s’occupe de Yaoundé I, II et VI. Et la société camerounaise Thychlof est chargée de ramasser les ordures à Yaoundé III, IV, et V», révèle le point focal d’Hysacam.
De son côté, le maire de la ville, Luc Messi Atangana, a demandé à ladite société d’enlever ses bacs à ordures. «Ils seront remplacés progressivement par ceux de la Communauté urbaine de Yaoundé estampillés mairie de la ville», renchérit-elle.

Olivier Mbessité et Diane Kenfack

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