Yaoundé : de l’argent dans les nids de poules
S’improvisant spécialistes en voirie, quelques jeunes de la capitale ont fait des trous sur la chaussée leur gagne-pain.

Aux endroits de la chaussée caractérisés par une détérioration particulière, ils travaillent. Et ceux qui s’engagent à faire ce travail se nomment eux même les «waah man». Considérés comme la racaille des quartiers à cause de leurs agissements et leurs comportements, ces jeunes en ces périodes de pluies se rendent utiles dans leurs environnements proches. Pour éviter les accidents, les embouteillages, les embourbements de véhicules dus à la dégradation des routes, les jeunes de certains quartiers de la capitale camerounaise s’improvisent en ingénieurs de génie civil. «Notre but est d’essayer de colmater les brèches parce que nous avons mal lorsque nous voyons les voitures, les motos et les piétons circuler difficilement, indique Achille, leader d’un groupe de jeunes la route à la monté Kodengui.
Concrètement
Quel que soit l’endroit de la capitale, le processus est le même. Même si les approches peuvent un peu différer. Du côté d’Odza, au lieudit Mekenseur à Borne 10, dans le 4e arrondissement, 6 jeunes dont Henri Manga et son cousin Jean Mbarga sont les chefs. Armés d’une pioche, de deux pèles et une machette pour boucher les trous qui font office d’engins en lieu et place de matériels de génie civil. Et c’est la terre enfouie dans les sacs qui sert de bitume. Et au passage de chaque véhicule, de moto une assiette est présentée par Alain (benjamin de bande pour recevoir la «motivation». «Mollâ, nous avons eu 17 kolo aujourd’hui», nous explique le leader à la fin du travail, notons qu’il est 11 heures.
Dans un autre secteur de la ville, ce sont les caillasses et les pierres qui sont versées dans les trous pour faire disparaitre les grosses mares d’eau qui mènent la vie dure aux usagers. Ceux qui s’attèlent à la tache sont mieux organisés puis ce qu’ils ont des chasubles et les bottes.
Querelles
Mais le constat fait est que l’on assiste à des conflits. Cela s’explique par le «gombo» qui se cache derrière cette activité. En assistant à cette activité citoyenne du coté de Coron, une grande querelle éclate entre deux groupe de jeunes. L’un formé d’autochtone et l’autre d’allogène. Tels les trafiquants de drogues, ils se disputent le territoire. «Vous ne devez pas nous gêner chez nous», avertit-il. D’un brin provocateur, le Daishi le leader du camp adverse demande à son alter égo de lui présenter le titre foncier, «ou sont tes papiers de terrain, quand la route est gâté tout le monde doit mettre la main».
André Gromyko Balla