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Viviane Ondoua Biwolé : Ô grands scandales de la République… Un livre!

Aux Éditions Clé, l’universitaire vient de commettre un ouvrage qui remue les sinuosités, les impasses, les frustrations et les vanités de certains bordels d’État au Cameroun. Note de lecture.

 

«Nomination du DG du Chantier naval et industriel, la gouvernance à la SODECOTON, l’élection des délégués du personnel à la CNPS, les logements sociaux, le concours d’entrée à l’IRIC, les élections à la SOCAM, l’Affaire Boney Philippe contre Samuel Eto’o Fils, la débâcle des Lions au Mondial 2014, le glissement de la CAN 2019, l’affaire Bapès Bapès et la cascade de décès de personnalités publiques dans les prisons». Sur la scène nationale et internationale, voilà qui continue de générer sidération et incompréhension.

En vrille depuis 2014, ces «actualités» ont quelque peu perdu leur corps et ne gardent plus que leur ombre. En dépit des cris de la presse, la question de l’élucidation de ces «affaires» n’est toujours pas au centre des préoccupations de gouvernants, préoccupés à les garder dans leur étroit corset. De quelque façon que le public retourne le problème, il finit par se lasser, question de ne pas se faire des nœuds dans le cerveau.

À Yaoundé, ce 6 juin 2019, Viviane Madeleine Ondoua Biwolé en reparle. Le verbe haut et le panache revendiqué, l’ancienne directrice générale adjointe à l’Institut supérieur de management public (ISMP) du Cameroun appelle cela «scandales». En 230 pages portées par ce mot, elle permet au public de deviner les sinuosités, les impasses, les frustrations et les vanités de ces bordels. «À vous de vous poser des questions et d’ouvrir un débat de fond», lance-t-elle au cours de la cérémonie de dédicace de son ouvrage.

Déjà entendu…
Selon l’experte en management, le vrai sens du livre est donné par son sous-titre: «Éléments de casuistique pour une viabilité organisationnelle au Cameroun». L’exposé est remarquablement clair. Chapitres et sous-chapitres sont si bien ordonnés qu’on en saisit l’idée dès qu’on a lu les titres. Leur compilation propose une lecture radicalement nouvelle et iconoclaste des évènements et réalités méconnus et occultés de ces «scandales», en les replaçant dans le contexte des faits, des témoignages et de l’analyse. «Ce travail a pour objet de débusquer les tentacules de la pieuvre politico-technico-administrative», explique Patrice Amba Salla, commis pour la note critique.

À en croire l’ancien ministre des Travaux publics, «c’est parce que nous savions déjà ces choses au fond de nous-mêmes que leur cohérence et leurs incohérences éclatent, maintenant qu’elles sont mises sous nos yeux». Pour l’ex-membre du gouvernement, «le titre du livre est donc à double sens puisqu’il entend combattre autant le management artisanal et ouvrir une nouvelle fois des dossiers que certains Camerounais s’efforcent de tenir fermés depuis des années».Seulement, nuance l’ancien maire d’Ayos (Centre), là où on aurait aimé lire de nouvelles révélations, l’auteur compile surtout des informations déjà sorties par d’autres, tout en se targuant d’avoir le courage d’écrire ce que tout le monde tait.

Et même s’il ne contient pas de pépites, il a de quoi intéresser les Éditions Clé. «Au nom de ma liberté d’éditeur et de ma sensibilité à mon époque, j’ai jugé que les conditions méthodologiques et mémorielles sont réunies pour publier sereinement ce livre qui devrait faire scandale», confesse l’éditeur camerounais. Il explique : «Parce que, loin de se masquer, Viviane Ondoua Biwolé laisse clairement des indices de son identité. Elle est brillante, rebelle et désormais une personnalité en pointe sur de nombreux sujets».

Jean-René Meva’a Amougou

Ingérence 

Trop présent, Paul Biya !

Pour Viviane Ondoua Biwolé, les interventions du président de la République délestent certains citoyens de leurs prérogatives de prise de décision autour des questions simples.

 

À Viviane Ondoua Biwolé, certains comme le Pr Eric-Mathias Owona Nguini concèdent que le mot «Scandales» n’est pas de trop. Présent à la cérémonie de dédicace, l’universitaire salue le courage de la «passionnée des préoccupations de gouvernance à faire de ces affaires bouleversantes un crève-cœur». «Elle n’a pas écrit un pamphlet contre “la maladministration”, mais suggère des repères instructifs sur le modèle camerounais de gouvernance», loue l’enseignant.

Pour la concernée, ce modèle de gouvernance dégage un sentiment d’improvisation, de balbutiements, de manque de transparence et une absence de hiérarchisation des priorités. Elle l’a souvent décrié. D’ailleurs, dans son ouvrage, Viviane Ondoua Biwolé retient quelques exemples : celui de la nomination d’un directeur général au Chantier naval et industriel du Cameroun ; ceux du concours d’entrée à l’IRIC et de la gestion du dossier Can 2019.

Par l’engorgement qu’elles ont créé, l’une et l’autre affaire ont poussé Paul Biya à décider par défaut. «Ces scandales sont le résultat de la mise en œuvre impersonnelle d’une profusion de règles enchevêtrées dans la gestion publique», pense Clovis Tchapda. «De fait, aucun collaborateur du chef de l’État ne sait pas quand faire quoi et pour quel intérêt», fulmine l’expert en management.

En plus d’autres défaillances, Viviane Ondoua Biwolé pense que la trop grande ingérence de la présidence de la République dans tous les circuits de gestion publique consacre cet état de choses (voir page 204). De son point de vue, l’expression «sur très hautes instructions du président de la République» construit un mécanisme de prise en otage de la scène publique et décline la figure dominante de l’hyper président. Cette posture de l’«homme du 6 novembre 1982», on l’a vue à plusieurs reprises : controverse autour des admissions définitives à l’IRIC ; lendemain de la débâcle des Lions au Mondial brésilien, affaire Bapes Bapes ; Can «glissée» de 2019.

Il y a quelques années, après avoir reconnu « des retards dans les aménagements techniques », Paul Biya a fini par imposer, au pied levé, la date du Cinquantenaire de la Réunification. Bien avant, le 23 juin 2002, le président de la République nomme presque au pied levé, Marafa Hamidou Yaya au poste de ministre de l’Administration territoriale, cumulativement avec ses fonctions de secrétaire général de la présidence de la République.

Le contexte de cette nomination est tout à fait particulier ; ce jour-là, une double consultation électorale (municipale et législative) doit se tenir. C’est seulement la veille qu’on s’aperçoit que les conditions d’organisation de ces deux élections ne sont pas réunies. Le matériel électoral n’a pas été acheminé, les bureaux de vote sont à peine identifiés, bref, rien n’est prêt. Le chef de l’État va alors signer un décret pour reporter les élections de sept jours, c’est-à-dire au 30 juin 2002.

Jean René Meva’a Amougou

Patrice Amba Salla

Le coup de gueule d’un ancien ministre de Biya

Extraits de sa note critique.

Professeur chercheuse avec pour centres d’intérêts la Gouvernance et l’Entreprenariat, Viviane Ondoua Biwole (VOB), tout fraîchement partie du poste de directeur générale adjointe de l’ISMP, pour des raisons que la presse est incapable de donner avec précision, en tout cas des raisons restées imprécises pour le grand public, commet, avec cet essai, son cinquième livre (…)
Il m’a été donné de lire deux de ses livres précédents et ils ne m’ont pas laissé un sentiment négatif, mais plutôt le plaisir de compter dans ce monde de l’écriture une brave dame qui a la force de ses convictions et les défend avec l’assurance de sa science. Après «Au secours, je suis patron» paru en 2014 et «Les lois sur les établissements et entreprises publics au Cameroun, innovations et reculades» paru en 2018, «Scandales; éléments de casuistique pour une viabilité organisationnelle au Cameroun» se présente à première vue comme la mise de la main à la pâte pour améliorer la gouvernance par la fermeture de toutes «les fenêtres de vulnérabilité» organisationnelles identifiables et identifiées ici, au détour de quelques scandales ayant secoué l’actualité de notre pays (…).

Pour éviter que les scandales soient scandaleux parce qu’on s’en habitue tel que le pense Simone de Beauvoir, l’auteure prend le partie d’en analyser quelque uns de son choix selon qu’ils semblent constituer des cas d’école des aspects de la gestion de la cité. Autant dire qu’elle veut avec cet essai, traduire dans les faits de l’analyse scientifique et de la prospective qui en est la plus grande externalité, l’adage qui dit «À quelque chose malheur est bon». Elle ambitionne, au travers de l’analyse froide et du processus d’abstraction qui la ponctue ou la conclut, trouver et proposer à la communauté nationale d’abord «le cadeau caché» de ces scandales (…)

L’auteure utilise un scandale dont la relation des faits, l’identification des thèses en opposition, la discussion qui s’en suit et le processus d’abstraction qu’elle y applique permettent d’appréhender assez précisément la norme transgressée, les valeurs bafouées, les devoirs non accomplis, les comptes non rendus à l’effet de projeter des pistes de solutions aux trois problèmes récurrents identifiés dans la gestion de notre pays que sont: les dérives managériales, la présence de la présidence de la République dans le secteur opérationnel par le biais des «Hautes et Très Hautes instructions» et la faillite des organisations (…)

Le plus grand mérite de VOB est d’avoir ouvert cette réflexion et offert à la critique et la communauté scientifique de disposer un repère pour théoriser faire de la prospective pour des lendemains qui chantent pour notre pays.

 

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