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Viviane Ondoua Biwole : À l’autel de la bonne gouvernance

L’experte en management public a été débarquée du poste de directeur général adjoint de l’Institut supérieur de management public. Objectif : empêcher la jurisprudence qu’elle tentait d’instaurer sur le respect des lois de 2017 au sujet des entreprises et établissements publics.

En écoutant, ce 6 mars, le décret de nomination de Jean Marcel Okeng au poste de directeur général adjoint (DGA) de l’Institut supérieur de management public (ISMP), en remplacement de Viviane Ondoua Biwolé, beaucoup n’ont pas hésité à faire le lien entre cette décision et ses prises de position publiques. Certains établissent même une relation de causalité entre cet acte de Paul Biya, rendu public au journal de 13 heures de la CRTV (la radio d’État), et un billet publié plus tôt sur le blog de l’experte en management public. Intitulé « une femme camerounaise pour succéder à Paul Biya », ce texte de l’enseignante d’université, rédigé à l’occasion de la Journée internationale de la femme, stipule que le Cameroun a une expertise féminine capable de diriger ce pays d’Afrique centrale. «Alors, mesdames, sentez-vous capables ! », achève l’experte dans son texte.

Rappel de la loi
Il est clair, ce billet a une connotation féministe. Et dans un environnement camerounais encore machiste, peut-être a-t-il accéléré le processus. Mais au moment où l’ancien inspecteur général du ministère de la Fonction publique et de la Réforme administrative fait ce post, une procédure est déjà enclenchée à sa demande. Tout commence, courant février 2019. Lors de la session budgétaire, le Conseil d’administration est informé de l’existence d’une correspondance à lui adressée. L’objet de la lettre: «disposition à prendre pour la fin de mon mandat ».

Dans ce courrier, le DGA d’alors, informe que le poste qu’elle occupe sera vacant dès le 30 juin 2019 au plus tard, car son mandat s’achève un jour avant. En effet, rappelle celle qui a codirigé, quelques mois plus tôt, la rédaction d’un ouvrage intitulé « Lois sur les établissements et entreprises publics au Cameroun. Innovations et reculades », dans ses alinéas 1 et 3, l’article 36 de la loi No 2017/210 du 11 juillet 2017 dispose que « le directeur général et le directeur général adjoint sont nommés pour un mandat de trois (3) ans renouvelable éventuellement deux fois » et « dans tous les cas, les mandats cumulés du directeur général ou de son adjoint ne peuvent excéder neuf (9) ans ». Ayant été nommée le 29 juin 2010, elle ne devrait plus être en poste le 29 juin 2019.

Jurisprudence
De ce fait, l’experte en management public invite le Conseil d’administration à prendre « les dispositions nécessaires pour le bon fonctionnement de l’établissement public, en attendant la nomination par l’autorité investie du pouvoir de nomination», comme prescrit dans l’article 42 alinéa 3 de la même loi. Mais la démarche est regardée d’un mauvais œil. En fait, à l’ISMP comme dans plusieurs autres institutions, les mandats des directeurs généraux, des présidents et de certains membres des conseils d’administration sont échus, au regard de ces dispositions légales. Il faut donc à tout prix ramener cette « rebelle à la raison » pour éviter que son cas fasse jurisprudence.

Malgré les pressions, cette femme de conviction ne plie pas. Sa ligne de défense : le respect de la loi est un principe de bonne gouvernance. Et comme elle l’a souvent rappelé, la responsabilité pénale est individuelle. À l’issue du Conseil, l’affaire est montée en épingles dans le sérail jusqu’à la décision de ce 6 mars 2019.

Aboudi Ottou

Akono Mbida, Cadreuse à la CRTV

« Les femmes méritent d’avoir plus de chance pour s’exprimer »
« Je dirais que beaucoup de choses sont déjà faites par le gouvernement. Mais cela ne suffit pas. Jusqu’ici, les femmes n’ont pas le sentiment d’être prises en compte comme cela se doit. En effet quand on regarde au niveau de l’administration camerounaise, il y a des disparités au niveau des postes de responsabilité. Par exemple, on a plus d’hommes aux postes de directeurs que de femmes. Pourtant, il faudrait savoir que les femmes peuvent assumer certaines fonctions et même faire mieux que les hommes. Il faut leur faire plus confiance, parce que les femmes sont plus concentrées dans le travail et produisent un bon rendement. »

 

Kwarissa Dina, commerçante et membre de l’association AFPO

« Le gouvernement devrait faire mieux »
« Le gouvernement camerounais s’investit déjà dans l’accompagnement des femmes pour les aider à trouver des activités rentables. Mais c’est toujours difficile pour nous qui sommes dans l’informel. On manque de formation et de financement, pour pouvoir réaliser nos projets. Nous avons la volonté et les idées, et on espère que l’action gouvernementale se densifiera pour que la femme camerounaise se sente plus intégrée et épanouie. Le gouvernement doit donc mettre sur pied une politique d’insertion socioprofessionnelle pour les femmes. Nous demandons au gouvernement de nous aider à nous former pour contribuer à l’avancement socio-économique de notre pays, à travers l’informel. »

Ngo Nguidjol Pulchérie, comptable

« Nous réclamons plus d’implications dans la gestion des affaires »
Le gouvernement a entrepris de très bonnes initiatives pour l’insertion de la femme dans le milieu professionnel. Mais ce n’est qu’un début, parce qu’il faut encore beaucoup faire pour que les femmes s’épanouissent vraiment dans leurs secteurs respectifs. La femme a besoin d’accéder aux postes de responsabilités. Le gouvernement doit faire appel à la femme, véritable aide de l’homme et plaque tournante de la société, car elle a la sagesse nécessaire pour bien gérer certaines affaires de notre pays. Nous réclamons plus d’implication dans la gestion des affaires. Le gouvernement doit nous faire confiance.

 

Propos recueillis par JJO

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