À Douala du 9 au 11 mars 2021, des artisans ont exposé leur savoir-faire à l’orée d’un séminaire dédié aux boissons locales.
Allons au plus simple : «Ces produits sortent de l’ordinaire avec des notes de fruits secs et d’écorces d’agrumes, de fruits exotiques, de fruits confits, des notes épicées. Nous utilisons une levure sauvage assez compliquée à maîtriser pour obtenir un goût très corsé, et nous avons aussi ajouté un colorant très utilisé dans l’industrie viticole», mentionne Pierre Amougou, participant. Des boissons gazeuses ou pas faites à base des produits locaux. Du vin de banane et de banane-plantain, du vin de champignon, vin de pastèque, du vin du cocktail, du citronné, de l’ananas? Les saveurs et goûts se mélangent et trouvent leur place aux côtés de boissons en même temps thérapeutiques. On se retrouve dans l’Afrique en miniature qu’est le Cameroun. Papilles en alerte et narines frémissantes, on prend du bonheur à faire l’inventaire intime d’une cave pleine d’enchantements savoureux et de bonnes bouteilles fabriquées par des artisans locaux. Peu reconnus et entendus, ces hommes et femmes ont souhaité s’organiser pour porter leurs valeurs et leurs spécificités. Et c’est opportun car les boissons artisanales locales prennent des parts de marché au vin.
Et pourquoi ?
Les étiquettes des bouteilles sont très singulières, très créatives. Cela plaît. La désirabilité est beaucoup liée à l’innovation du packaging ou à la forme de la bouteille. Il faut aussi prendre en compte que c’est une boisson qui ne titre que 4 ou 5 degrés d’alcool. «Nous ne sommes pas sans savoir qu’une certaine clientèle se détourne du vin pour des raisons de santé. Il est aussi remarquable que la bière plaît aux femmes. Enfin, chacun peut observer que les consommateurs sont sans cesse en recherche de nouveaux goûts et de nouvelles histoires», Thérèse Ndongmo Tonfack, promotrice du vin de champignon.
Offensive
Le secteur n’en est qu’aux balbutiements. Les participants au séminaire décrivent des entreprises dont les propriétaires ont investi juste de modestes sommes, hors les murs, pour disposer d’un outil technique. Souvent, ces entreprises ne fonctionnent qu’avec deux personnes. L’une s’occupe de la production et l’autre prend en charge le reste de l’activité. Mais la crise sanitaire et la fermeture de restaurants et cafés ne les ont pas aidés. Maintenant, il faut contourner la situation autrement. «Il s’agit simplement de penser comment disposer d’équipes commerciales qui visitent les supermarchés et les hypermarchés. Nous savons que toutes les enseignes ont besoin de produits qui sortent de l’ordinaire pour conserver ou attirer les clients qui sont tentés d’aller acheter ailleurs, en e-commerce notamment», justifie Jean Christian Tene, promoteur du séminaire.
Diane Kenfack