Dans un élan convoquant la sémantique messianique, le récit de la réalisation de l’avant-centre contre la Serbie donne à voir la performance d’un Lion indomptable qui a su satisfaire la demande des fans de football.
Selon le mot de Raphaël Nkoa, «Vincent Aboubakar a marqué un but qui fait perdre la tête à tout un pays; la stupéfaction qu’il a suscitée est énorme parce que, d’une part, ce but contre la Serbie apparaît comme un contrepoint tragique aux diseurs de mauvaises phrases quant à la capacité de Vincent Aboubakar à tenir le coup de la haute compétition et que, d’autre part, il rend hautement compliqué la tâche des experts en buts de légende marqués pendant une coupe du monde». Comme le journaliste de la CRTV, une foule de commentateurs tente de décrire le but d’Aboubakar, entré en jeu à la 55e minute du match Cameroun-Serbie, en ouverture de la deuxième journée dans le groupe G. Pour dépasser l’admiration, l’interprétation qui alimente la gazette de la rencontre.
Hurluberlus et idolâtres mis à part, tout le monde s’attarde sur son geste. Le numéro 10 des Lions indomptables en ressort même grandi dans la mesure où son geste révèle le sang-froid dont il a dû faire preuve face à Vanja Milinkovic-Savic, le gardien de but serbe. «Le lob complètement fou de Vincent Aboubakar ! Il met un défenseur dans le vent avec un crochet génial, avant de martyriser le gardien d’une louche sublime !», écrit beIN Sports . «Ce but permet à tous les fans de football de vivre par procuration le football-spectacle, au propre comme au figuré», enchaîne le Canard Enchaîné. « Au fond, c’est le geste d’un enfant qui prend le football comme un art», dégaine le quotidien égyptien The Cairo Post.
Les journalistes ne se lassent pas de relayer le chœur des footballeurs, entraîneurs et anonymes rappelant la majesté du but de l’avant-centre camerounais le 28 novembre 2022 au Qatar. Georges Weah : «ce but fait confondre en Vincent Aboubakar les qualités du saint et du guerrier, du génie et du guerrier, au besoin des trois». Jules Bocandé Junior: «Ce but a certainement alourdi la dette de Vincent Aboubakar par rapport au public africain qui en redemande». Rabah Majer : «Moins intuitif, un but plus réfléchi». José Mourinho : «C’est à enseigner dans des écoles de football moderne».
Il faut ajouter à ce tableau des dessins et boutades de quelques artistes, tous explicitement employés à magnifier la réalisation de Vincent Aboubakar. Selon Alpha Blondy, «l’auteur de ce but peut se dire qu’il a joué mille coupes du monde en une minute». À Yaoundé, à Douala, à Limbé ou Dschang, des fresques se déploient en des lieux stratégiques. À Maroua, rapporte un reporter de la CRTV-radio, «les textes qui accompagnent des images rappelant ce but s’influencent les uns les autres et construisent des figures rhétoriques qui régalent le public».
Jean-René Meva’a Amougou