Dans les entreprises, mises en chômage et licenciements se conjuguent désormais au gré de la pandémie.
«Nous étions près de 50 employés à recevoir la fin de contrat ce mois-là». Avec l’avènement de la crise sanitaire due à la Covid19, la société MAGIL Construction a revu ses effectifs à la baisse. Pour le top management de l’entreprise chargée du projet de réhabilitation de certaines infrastructures sportives au Cameroun, les raisons de cette option sont liées à la fermeture des frontières et au manque de matériel de construction.
L’administration, constituée à 90% d’expatriés, très fragile face au virus, a précipité la suspension et le licenciement de plusieurs travailleurs. Plus encore, l’enregistrement d’un cas infecté parmi les travailleurs blancs n’a pas favorisé le travail. Bien que la première phase du chantier avait été livrée quelques jours avant, la signature de la 2e phase des travaux n’a pas pu être faite à cause de la crise. Il a fallu rendre effective la situation de confinement dans le chantier, ceci en réduisant au maximum le personnel.
Ayant été mis en chômage depuis environ 7 mois, le jeune Bissi Joël n’a toujours pas été recruté ailleurs et peine à être repris par son ancien employeur. «J’ai travaillé avec cette entreprise pendant pratiquement 2 ans à Douala et jusqu’à présent je n’ai pas été rappelé. Or, certains ayant des relations avec des personnes haut placées ont été rappelé pour continuer à Yaoundé, au compte du chantier d’Olembé». Une situation pas du tout facile pour un jeune de 29 ans, sans une formation spécialisée dans un domaine technique, qui se voit encore financièrement dépendant.
«On va dire que je subsiste par la grâce de Dieu; ce n’est pas du tout facile de gérer certaines charges lorsqu’on a plus de rémunérations mensuelles. Je suis obligé de recommencer à solliciter l’aide de mes parents qui, eux aussi, broient du noir, car déjà à la retraite». Joël a été dédommagé, mais la totalité de ses droits ne lui a pas été. Il n’a donc pas pu investir dans une activité rentable.
Pour survivre, le jeune est obligé de se prêter aux travaux en famille. Quotidiennement, la recherche d’un emploi sur la toile, à travers le téléphone et dans les rues de la ville rend difficiles les journées de cet ex-employé. La télévision reste le seul recours pour déstresser.
Pour la plupart des entreprises, le refrain est pratiquement le même: «on ne recrute pas pour l’instant à cause de la Covid-19», au contraire on cherche à compresser le personnel. Si jusqu’à ce jour le Cameroun se bat pour faire sortir sa jeunesse de la pauvreté et du chômage, l’engagement reste difficile avec l’arrivée de la crise sanitaire depuis le début de l’année.
Joël Godjé Mana (stagiaire)