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Vestiaires : La prime, ce gros serpent de mer

La tendance à la revendication du pactole s’accélère avant et après les compétitions d’envergure. 

Bal de faux-semblants à l’aéroport de Nsimalen

Primes. Le mot s’est, une nouvelle fois, installé sur les lèvres de Lions indomptables peu avant leur départ pour l’Egypte. Dans la tanière, il y a eu crise. Accouché dans la douleur, un plan de sortie a été validé et Clarence Seedorf et ses poulains ont pu embarquer, ventilant derrière eux, une déclaration. «Les mouvements de réclamation ont été initiés par une petite nébuleuse. C’est la perversion des valeurs sportives par l’argent», confie la cellule de communication du Minsp. «En l’absence de référents clairement identifiés sur la question des primes, les joueurs s’adonnent souvent à des initiatives désordonnées, causant doublons et chevauchements et s’exposant au désaveu sans sommation quand une fraction concurrente parvient à persuader le gouvernement est sur la bonne ligne», ajoute-t-on dans le même service.

Illustrations
De là, on en sait un peu plus sur le rapport de force qui s’est joué entre les joueurs et les pouvoirs publics. Au cœur de ce constat : la forme gazeuse de la colère des joueurs à la veille d’une compétition d’envergure d’une part, et les reproches réciproques d’autre part. «Cette affaire est un gros serpent de mer pour bon nombre d’équipes africaines», se désole le journaliste Jean-Bruno Tagne. La preuve : à chaque fois, la question explosive des primes revient sur la table. Et pas seulement au Cameroun.
Il y a quelques jours, les joueurs du Syli National étaient en grève pour une affaire de primes. Les coéquipiers de Naby Keita ont même refusé de s’entraîner, instaurant un bras de fer avec les dirigeants. Nerf de la guerre : 19 millions de FCFA (à chaque joueur) de primes non payées lors des éliminatoires de la CAN 2019.

En 2015, un gros malaise a pollué les relations entre la fédération de football, le gouvernement et le Trésor public ivoiriens. Une grande partie des primes des Éléphants victorieux de la Can 2015 se serait volatilisée: plus de 700 millions FCFA sont dans la nature. Un gros scandale !

En 2018, c’était au tour des filles maliennes qualifiées à la phase finale de la Coupe d’Afrique des Nations féminine de football. La sélection malienne a dû le faire savoir bruyamment avant de rentrer dans ses droits.

A quelques jours du début des éliminatoires de la CAN 2019, le camp de regroupement des Panthères du Gabon s’était vidé pour une affaire de primes; les joueurs avaient quitté l’hôtel protestant contre une décision du ministère des Sports. En effet, le ministère des Sports n’avait décidé de payer que 18 joueurs sur les 25 en regroupement ainsi que 3 membres sur les 11 qui composaient le staff.

En 2017, les joueurs de la RD Congo avaient fait grève pour protester contre le non-versement de leurs primes de participation à la Coupe d’Afrique des nations.

Après avoir remporté le trophée de la Coupe d’Afrique des Nations du football féminin au Cameroun, des Super Falcons du Nigeria avaient la grève pour obtenir le paiement de leurs primes et bonus. La capitaine Rita Chikwelu et ses camarades étaient allées jusqu’au parlement. Elles réclamaient 23 650 dollars, soit 14.429.040 FCFA pour chacune d’entre elles. Elles avaient alors décidé de ne remettre le trophée de la Coupe d’Afrique à la Fédération que lorsque leurs revendications seraient satisfaites. Les Super Falcons, également vainqueurs de la Coupe d’Afrique en 2014 avaient déjà dû faire du bruit à l’époque pour rentrer en possession de leur argent.

Jean-René Meva’a Amougou

Les potins

Pactole
A en croire le journal français Les Echos, les Lions de la Téranga recevront un joli pactole en cas de victoire finale. Le média croit savoir que d’après le protocole signé entre l’équipementier du Sénégal, Puma, et la Fédération sénégalaise de football, chaque joueur recevra 131 millions de francs Cfa si le Sénégal est champion d’Afrique. Sans compter la prime de qualification de 65,5 millions. Par ailleurs, le protocole stipule aussi que les joueurs recevront 49 millions de FCFA s’ils sont demi-finalistes et 65 millions s’ils sont finalistes malheureux.

Cash
Une équipe qui dispute la phase finale de la Coupe d’Afrique des nations 2019 (21 juin-19 juillet en Egypte) touchera au minimum 600.000 dollars, tandis que le futur vainqueur de la CAN 2019 empochera 4,5 millions de dollars, a indiqué le président de la Confédération africaine de football (CAF), Ahmad, en marge du tirage au sort du tournoi. «Evidemment, on a augmenté le prize money pour la compétition , a assuré le Malgache, qui n’a pas précisé le montant des autres primes.

Assistance vidéo (VAR)
Le sujet n’a pas franchement mis le football continental dans les meilleures dispositions ces dernières semaines. Toutefois, Ahmad Ahmad, le président de la Confédération africaine de football, a en parlé au cours d’une conférence de presse le 20 juin dernier au Caire. Une assistance vidéo sera finalement partie prenante en Égypte, même s’il faudra attendre les quarts de finale pour qu’elle entre en jeu. «Si vous regardez les différents pays qui utilisent la VAR, vous voyez bien qu’ils ne se précipitent pas. C’est une technologie que l’on ne maîtrise pas encore totalement. Après discussions et concertations avec les techniciens, nous avons hésité entre les demi-finales et les quarts de finale. Le comité exécutif a tranché pour les quarts. […] N’oubliez pas qu’il y a des matches où il n’y a pas de VAR ! », a longuement expliqué Ahmad Ahmad pour justifier cette décision.

Binationaux
À la Can 2019, de nombreuses sélections comptent sur le renfort de joueurs binationaux français. Ils évoluent sous le maillot du pays de leurs parents ou de leurs grands-parents. Jusqu’en 1964, il était possible pour les footballeurs de jouer successivement pour plusieurs équipes nationales, à condition d’en avoir la nationalité : soit par la double nationalité, soit en ayant été naturalisé. La FIFA est alors intervenue pour réguler la situation. Depuis, les binationaux devaient faire un choix concernant leur nationalité sportive avant l’âge de 21 ans : un jeune joueur ayant par exemple défendu les couleurs françaises en catégories juniors ou espoirs ne pouvait plus opter pour une autre sélection après cet âge-là.

Bobo Ousmanou

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