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Vaccins Anti-covid-19 : l’Afrique sous la colonisation des lobbys de l’industrie pharmaceutique

Peut-on comprendre au juste pourquoi l’Afrique donne un marché de vente des vaccins anti-Covid-19 ? A qui cela profite-t-il ? Qui en a le plus intérêt ?
S’il est admis que la particularité de l’Afrique face à la pandémie est entière, il est nécessaire de se demander pourquoi les réponses en Afrique sont identiques à celle des autres régions du monde ? Pourquoi l’Afrique ne diligente pas une réponse particulière inhérente à la nature et à la hauteur du visage de la pandémie sur son territoire ?

 

Il y a une donnée encore plus affligeante : bien que ces vaccins soient disponibles, l’Afrique ne pourra les recevoir qu’à partir du deuxième trimestre 2021. Voire plus tard. L’institution spécialisée de l’Union Africaine chargée de la prévention des maladies et qui s’occupe de la stratégie continentale de riposte contre le Covid-19 indique que le coût des vaccins reste élevé. Bien plus, John Nkengasong, directeur du centre de contrôle et de prévention des maladies (Africa CDC) a même confié à BBC qu’il est préoccupé par les modalités d’attribution des vaccins anti-Covid-19. Il ne peut pas garantir que l’Afrique y aura accès au regard des conditions nébuleuses.

Africanité refoulée ?
Ces préoccupations rappellent à suffisance tout le débat sur la dépendance des décideurs africains vis-à-vis de l’extérieur. Pour l’heure, aucune solution endogène de riposte à la maladie de coronavirus n’a été promue. Ce n’est pas faute d’en manquer pourtant. Chaque pays du continent africain a pu produire au moins une solution endogène efficace pour protéger contre le virus. Même si personne ne pouvait témoigner de la sureté. Car toutes ces solutions n’ont pas passé le test de toxicité.

Africa CDC du Dr John Nkengasong, qui a reçu mandat de poursuivre les recherches sur l’Artemisia malgache, n’a pas livré de conclusions jusqu’ici. Est-ce à dire que plus de 5 mois, les laboratoires africains ne sont pas en capacité de garantir et d’établir ou non la fiabilité d’un produit pharmaceutique ? Et le cas échéant d’enrichir sa composition ?

On pourrait sans doute nous faire un procès de naïveté. Car oui, la protection des données scientifiques est de rigueur. C’est un fait. Mais, on serait en droit de se demander aussi s’il s’agit d’une omerta ?

OMS et industrie pharmaceutique
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) ne s’est pas très vite emballée pour la réponse immunitaire au virus. En n’incitant pas la course au vaccin, son directeur éthiopien a été sous le feu des critiques des puissants de ce monde pour l’essentiel des firmes pharmaceutiques. Donald Trump s’en est d’ailleurs mêlé. Il a fallu attendre le troisième trimestre, loin des lobbys, pour voir l’OMS mettre en place son propre système de recherche et développement pour un vaccin équitablement accessible dans le monde.

Au 31 octobre, l’OMS avait répertorié 321 vaccins potentiels contre le coronavirus SARS-CoV-2. La Russie, la Chine et Cuba sont les premières à injecter massivement un vaccin et à le commercialiser. En Chine, déjà 350 000 personnes vaccinées en début octobre 2020.

Sur le continent européen, les bourses se sont envolées aux annonces des industries pharmaceutiques et de biotechnologies. Le weekend dernier, le Royaume Uni a autorisé l’accès des supporters au match de football. Une première depuis mars 2020. Le 2 décembre dernier, le pays de la reine Elisabeth avait approuvé le vaccin des firmes Pfizer-BioNTech, par l’Agence de régulation des produits de santé et de la médecine. La prochaine étape c’est la commercialisation. Inutile de préciser que les pays d’influence britannique dans le monde (Afrique, Caraïbes, Pacifique, Asie, Orient) sont déjà demandeurs.

Cette course au vaccin réussira aux premiers. Ce sont eux qui bénéficieront des hauteurs de la bourse. Alors, il faut faire vite. L’OMS suivra peut-être (en prudence). L’Afrique consommera ?

Rémy Biniou

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