Unité et développement de l’Afrique : Benoit Bouato ressuscite le panafricanisme

Dans son ouvrage «L’Afrique confisquée ou l’urgence d’une contre-conférence de Berlin», l’auteur appelle à une nouvelle conférence africaine pour créer les États-Unis d’Afrique mieux intégrés.

Le panafricainisme à l’oeuvre

Il faut déberliniser l’Afrique», selon Charles Binam Bikoi, secrétaire exécutif du Centre international de recherche et de documentation sur les traditions et les langues africaines (Cerdotola). Autrement dit, il faut briser les barrières érigées par de la Conférence de Berlin tenue entre 1884 et 1885 sous l’égide du Chancelier Allemand Otto Von Bismarck. Car elle constitue l’acte fondateur de la colonisation et de la conquête de l’Afrique. Dans son ouvrage «L’Afrique confisquée ou l’urgence d’une contre-conférence de Berlin», paru aux éditions du Cerdotola, Benoit Bouato défend alors l’idée que ladite conférence est à l’origine des problèmes contemporains de l’Afrique, du remodelage du continent qui a abouti à des micro-États ou mieux encore aux «États têtards». Selon l’auteur, il est urgent de «constituer un État africain fort et intégré parlant d’une seule voix pour défendre les intérêts de ses populations». C’est la quintessence de l’œuvre dédicacée le 20 juillet dernier à Yaoundé en présence des intellectuels de haut vol. À l’instar de Jean Emmanuel Pondi, Efoua Mbozo’o, Nkolo Foe, Charles Binam Bikoi, le préfacier, Ntunda Ebode, Eric Essousse et des ambassadeurs du Sénégal et de l’Algérie au Cameroun.

L’ouvrage
Selon le Pr Jean Emmanuel Pondi chargé de la note de lecture, l’ouvrage susmentionné s’étale sur 310 pages subdivisées en deux parties. La première comporte deux chapitres et la deuxième partie un chapitre. L’introduction s’articule sur une préface scintillante du Professeur Charles Binam Bikoi. Il revient sur la notion de «déberlinisation de l’Afrique» un néologisme dont il assume la paternité. Dans son phrasée, Jean Emmanuel Pondi invite les Africains à «inventer les concepts, créer des néologismes, mettre sur le terrain de la pensée intellectuelle des idées propres à nous et à cesser d’être enfermés et encerclés dans un monde que nous n’avons pas créé, que nous n’avons pas imaginé et que nous n’avons pas voulu».

Le premier chapitre évoque l’histoire de l’intégration régionale et de la répartition de l’Afrique. Il revient sur le groupe de Casablanca et de Monrovia et parle de toutes les tentatives de l’unité africaine, et le statu quo assez gênant. Ensuite, le chapitre 2 parle des institutions internes et externes à la promotion du panafricanisme. Pour ce faire, l’emphase est faite sur le panafricanisme. Parce qu’il n’est pas un terme galvaudé. Le panafricanisme est de saison et est aujourd’hui de rigueur. S’il y a un mouvement dans le temps de l’histoire de l’Afrique où il faut revaloriser le panafricanisme, c’est maintenant. «Le rapport de force culturelle, intellectuelle, morale et éthique dont se prévaut le panafricanisme ne peut pas être plus important à être basculé qu’aujourd’hui», a-t-il souligné. «Nous sommes à un moment décisif de l’histoire du monde, nous sommes au carrefour d’un basculement réel entre les anciennes puissances qui se croyaient inattaquables, qui se croyaient intouchables et qui réalisent bien que le roi est nu», poursuit-il.

Ce livre est donc une remise en cause de la Conférence de Berlin et de cette «normalisation anormale». Le chapitre 3 s’intitule «Plaidoyer pour la place de l’Afrique au sein du Conseil de sécurité de l’Onu». Ensuite il y a la Zone de libre-échange continentale (Zlecaf). La Zlecaf est présentée comme la bouée de sauvetage de l’Afrique. En revanche, la question est de savoir «où l’enseignons-nous? À qui l’enseignons-nous? Et comment l’enseignons-nous?». La Zlecaf, c’est aussi les langues africaines. L’accompagnement d’une intégration africaine ne peut se faire avec une langue étrangère. Il n’y a aucun continent qui a émergé dans la langue des autres. «Quand on parle d’intégration continentale, nous devons l’accompagner d’un package, d’une langue africaine transcontinentale comme un projet politique et culturel en même temps», conclut jean Emmanuel Pondi.

Olivier Mbessite

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *