Union africaine : La palabre du Caire sur le Far West libyen et la révolution de Khartoum !

Face à ses premiers dossiers chauds, le général président Abdel Fatah Al Sissi devait être à la hauteur ! Le président de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement, fidèle à son plan d’action, veut contenir au maximum les foyers de tension sur le continent. Le sommet de crise du Caire avait au menu la situation très préoccupante en Libye et la transition militaire contestée au Soudan.

La marche du maréchal Khalifa Haftar sur Tripoli a envoyé le message que la Libye se transformait au mieux en Far West africain, ou pire, en « no right land » international. Selon l’Organisation mondiale de la santé, Plus de 200 personnes, dont des civils, ont péri dans les violences. Au Soudan, les contestations populaires, tombeuses du général Al-Bachir, ont redoublé d’énergie pour imposer la fin de la transition militaire imposée. Les répressions ont fait 60 morts. Face à l’enlisement de la situation et aux premiers ultimatums du Conseil de paix et de sécurité de l’organisation continentale, le président égyptien a convoqué quelques-uns de ses homologues pour assurer une issue politique à la situation.

Le 7 avril dernier, le président Guinéen Alpha Conde avait dit à son homologue égyptien que l’Union africaine ne devait pas être absente de la Libye une fois de plus. Al Sissi n’a visiblement pas fait fi de ce conseil.

 

 

Embrasement en Libye : Al Sissi refuse le bis repetita

Réunie en sommet de crise au Caire, l’Union africaine a demandé la fin du carnage à ciel ouvert orchestré par l’offensive du maréchal Haftar contre le gouvernement d’union nationale.

Le président Al Sissi

Le 23 avril 2019, la réunion de crise sur la Libye, convoquée au Caire (Égypte) par le président de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine, a demandé «l’arrêt immédiat et inconditionnel» des combats en Libye. Plusieurs dirigeants africains ont ainsi, aux côtés de Abdel Fatah Al Sissi, appelé «toutes les parties à la retenue» et à permettre «l’arrivée de l’aide humanitaire».

Les présidents du Rwanda, Paul Kagame, et d’Afrique du Sud, Cyril Ramaphosa, membres de la «troïka» sur la Libye, ainsi que celui du Congo, Denis Sassou-Nguesso, président du Comité de haut niveau de l’Union africaine sur la Libye, ont pris part à ce conclave. Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’UA et bien d’autres dirigeants, y ont pris part.

Selon la présidence égyptienne, il s’est également agi de réfléchir sur «les moyens de relancer le processus politique ainsi que l’élimination du terrorisme». À ce propos, l’Union africaine a réitéré l’application des recommandations du rapport sur la Libye présenté par Denis Sassous-Nguesso lors de la dernière Conférence des chefs d’État et de gouvernement en février. Il était question de tenir une rencontre entre les Nations unies et l’UA, en vue d’établir des passerelles pour la gestion conjointe UA-ONU du dossier libyen ; d’organiser un forum réunissant les acteurs politiques, militaires et la société civile libyenne pour s’accorder sur un calendrier politique ; de tenir une élection générale qui serait l’épilogue logique du forum national.

Situation
Depuis plusieurs semaines, des combats opposent les forces loyales au gouvernement d’union nationale aux troupes du maréchal Haftar. L’homme fort de l’Est libyen a lancé le 4 avril, avec son armée nationale libyenne autoproclamée, une offensive sur Tripoli. Plus de 200 personnes, dont des civils, ont péri dans les violences, selon l’Organisation mondiale de la santé. La Libye, pays du nord de l’Afrique, riche en pétrole, est plongée dans le chaos depuis la chute en 2011 du régime de Mouammar Kadhafi. Celui-ci a été renversé par une révolte populaire qui a provoqué sa mort. L’émissaire de l’ONU pour la Libye, Ghassan Salamé, a multiplié les mises en garde alarmistes sur un «embrasement généralisé», réclamant une réaction urgente de la Communauté internationale (pour le moment divisée).

Présent en Libye au début du mois d’avril, Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU, s’était dit très préoccupé sur la Libye, à cause du risque de confrontation. Pour l’ONU, «il n’y a pas de solution militaire» en Libye. «Seul le dialogue inter-libyen peut résoudre les problèmes libyens», soutient en constance le chef de l’institution.

Pour Smail Chergui, commissaire de l’UA à la paix et à la sécurité, les nombreuses interférences extérieures sur le dossier libyen «compliquent une situation déjà compliquée». «Je peux vous dire qu’il y a aujourd’hui un accord total entre l’UA et l’ONU pour travailler main dans la main afin de promouvoir et organiser la conférence de réconciliation nationale. Cette dernière devrait être la plus inclusive possible» avait-il déclaré en février dernier à l’occasion d’une réunion de haut niveau sur la Libye.

Zacharie Roger Mbarga

Transition militaire au Soudan

L’UA délégitime la « rue » !

Trouvant des circonstances atténuantes, les dirigeants de l’organisation continentale ont prolongé le bail de la transition militaire au détriment de la revendication populaire.

 

L’Union africaine s’est dédite en l’espace de 8 jours. Idriss Déby Itno du Tchad, Ismaël Omar Guelleh de Djibouti, Paul Kagame du Rwanda, Denis Sassou-Nguesso du Congo, Mohamed Abdullahi Mohamed de la Somalie, Cyril Ramaphosa de l’Afrique du Sud et Abdel Fatah Al Sissi de l’Égypte ont exhorté, mardi 23 avril dernier, le Conseil militaire de transition du pays et les responsables de la contestation à une «transition pacifique». L’Éthiopie, le Soudan du Sud, l’Ouganda, le Kenya et le Nigeria étaient représentés par de hauts responsables. Le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki, était aussi au Caire, après une récente visite à Khartoum.

L’Afrique, réunie sous la houlette de l’Égypte, a appelé le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA) à assouplir sa position et «à prolonger de trois mois le délai accordé au pouvoir soudanais». Pour parvenir à une telle transition, l’UA avait menacé, le 15 avril, de suspendre Khartoum si l’armée ne quittait pas le pouvoir dans les 15 jours, au profit d’une «autorité politique civile».

Comme gage à l’endroit du mouvement de contestation de l’ordre militaire, les dirigeants africains présents ont convenu de «l’urgence du rétablissement d’un système constitutionnel par le biais d’une transition politique démocratique, menée par les Soudanais eux-mêmes», a affirmé le chef de l’État égyptien Abdel Fattah Al-Sissi, président en exercice de l’UA.
« Solution africaine ».

Au Caire, les dirigeants africains ont également exprimé «le soutien total de l’Union africaine et des pays voisins au Soudan face à ses défis économiques, politiques et sécuritaires». Ils ont promis à ce pays de l’aider à maintenir la «stabilité régionale».
Au regard de l’épilogue de cette rencontre, l’on est en droit de se poser la question suivante: Qui de l’UA et du mouvement contestataire a respecté la charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance ? Cette charte interdit toute prise de pouvoir non conforme à la constitution. De plus, les difficultés socio-économiques du Soudan demeurent liées à une capacité économique limitée du pays. Tirant essentiellement ses revenus des ressources pétrolières, le Soudan a sombré depuis la partition du pays. Les tensions sécuritaires et la crise des matières premières ont exacerbé les déséquilibres.

Le Conseil militaire de transition au Soudan, qui dirige le pays depuis la destitution, le 11 avril, du président Omar El-Béchir est sous la pression de la rue. Il a jusque-là résisté aux appels du mouvement de contestation à un transfert immédiat du pouvoir à une autorité civile. Lundi, ce conseil a toutefois déclaré être en train d’étudier «une proposition» des chefs de la contestation.

 

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