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Un portefeuille de 19 projets pour la sous-région

D’innovations en innovations

La fin prochaine de l’année 2023 ouvre le chantier de l’implémentation du programme budgétaire 2024-2027 de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Celui-ci est fixé à 103 millions d’euros (67 563 571 000 FCFA), en hausse de 21% par rapport au budget 2023. Il doit bénéficier à vingt projets pour l’Afrique, l’Amérique, l’Asie pacifique, les Caraïbes, l’Europe, le Moyen-Orient et l’Océan indien.

Une innovation ponctue la démarche de l’OIF dans le cadre de cette nouvelle programmation. Il s’agit des concertations menées auprès de ses États-membres. En témoignent des rencontres officielles comme celle tenue le 3 novembre au palais de l’Unité du Cameroun. Le président de la République du Cameroun y a reçu en audience Louise Mushikiwabo, secrétaire générale de l’OIF. Les échanges ont porté sur des questions de recapitalisation de l’institution. Ce qui fonde l’organisation à décrire la programmation 2024-2027 comme la manifestation «d’une volonté de co-construction et de mobilisation collective». «Pour la première fois, l’OIF a bâti sa programmation après avoir mené de larges consultations auprès de ses États et gouvernements membres, à qui j’exprime notre gratitude pour leur engagement et leur soutien», peut-elle alors se réjouir à l’apogée de son deuxième mandat.

Pour la quatrième secrétaire générale de l’OIF, ce programme budgétaire se resserre autour des axes structurant de la Francophonie. Lesquels renforcent la présence du français et de la Francophonie dans les secteurs de l’éducation et de la culture, du développement économique, de la démocratie et la paix. «Le résultat se traduit donc par une programmation plus concentrée, resserrée autour de nos axes structurants et de quelques nouvelles thématiques porteuses comme le tourisme durable, les industries culturelles et la découvrabilité des contenus francophones», souligne-t-elle en avant-propos du document de programmation. Celle-ci est la première portée par Louise Mushikiwabo. Lire le zoom.

Louise Nsana

 

Les interventions de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) dans la sous-région, dès le 1er janvier 2024, touchent l’éducation, la démocratie et la paix, ainsi que le développement économique.

 

La Francophonie poursuit sa vision à l’horizon 2030: devenir, un espace solidaire mieux gouverné, inclusif, numérique, innovant, durable et prospère, au profit du mieux-être des populations. Ce postulat fixe les grandes lignes du programme budgétaire de l’OIF adopté à Yaoundé courant novembre, pour la période 2024-2027. L’Afrique centrale y bénéficie de 19 projets sur les 20 qu’entend mener l’Organisation durant la période susmentionnée. Ces derniers se fondent sur trois grands piliers visant à renforcer l’influence de la langue française. Il n’est pas encore possible de donner le montant de l’enveloppe réservée à la sous-région. Elle était toutefois de 17 983 033 euros (environ 11 796 096 378 FCFA) pour la période 2019-2022.

1- La langue française au service des cultures et de l’éducation
La feuille de route de l’OIF en Afrique centrale consiste dans un premier temps à étendre et à valoriser l’usage de la langue française auprès des décideurs nationaux et internationaux, les acteurs de la création artistique et culturelle. Pour une enveloppe collective de 15,55 millions d’euros (10 200 131 350 FCFA). L’instance entend parvenir à une importante augmentation du nombre de décideurs certifiés à la pratique du français; ainsi que des contenus culturels et intellectuels produits dans la langue de Molière, entre autres. Elle procèdera, pour y parvenir, à la collecte et l’analyse de données sur les avancées enregistrées. Elle envisage par ailleurs de conduire des plaidoyers et de sensibiliser en faveur du multilinguisme à l’échelle internationale. Cela tout en apportant un soutien aux artistes et scientifiques.

Les visées de l’OIF consistent, dans un second plan, à l’amélioration de la qualité de l’enseignement du français. Au travers de la mise au point d’approches pédagogiques adaptées aux contextes locaux. Les actions répertoriées pour la cause consistent en la mise à disposition d’une plateforme numérique de ressources pédagogiques et de formations en faveur des enseignants; le renforcement des compétences linguistiques et professionnelles des enseignants; le déploiement d’enseignants volontaires au sein de certains établissements scolaires; et le développement de plans d’actions nationaux pour renforcer la place du français dans les systèmes éducatifs. Ce plan d’action est consolidé par la poursuite de l’initiative francophone pour la formation à distance des maîtres (Ifadem). Celle-ci cible prioritairement les zones rurales au Cameroun, en Centrafrique, au Burundi, au Tchad et en RDC, pour ce qui est de l’Afrique centrale. L’Afrique de l’Ouest, l’Océan Indien, l’Asie-pacifique, les Caraïbes et le Moyen-Orient en bénéficient également.
Les langues nationales ne sont pas laissées en marge des actions de l’institution que dirige Louise Mushikiwabo au Cameroun, au Burundi et en RDC. La deuxième phase du projet dénommé «Ecoles et langues nationales (Elan)» est le garant du respect de la diversité culturelle en matière d’éducation. Grâce aux centres de lectures et d’animation culturelle (Clac).

L’OIF dédie une marge de ses actions au développement des industries culturelles pour la période 2024-2027. Elle ambitionne par ailleurs d’étendre les compétences et l’autonomie des acteurs culturels par un soutien à la création, la production, la distribution et la découvrabilité des œuvres et des contenus culturels francophones. Il est également question de faciliter l’accès de ces acteurs aux marchés et réseaux internationaux; tout en accompagnant et en accélérant la diffusion d’innovations et de nouveaux modèles. Un montant de 8,6 millions d’euros (5 641 230 200 FCFA) est de ce fait alloué à l’ensemble de l’espace francophone. Priorité est cependant accordée aux pays d’Asie-Pacifique, d’Afrique de l’Ouest, d’Afrique centrale, d’Afrique du Nord, de l’océan Indien, du Moyen-Orient et des Caraïbes.

Une place est accordée à la découverte des talents sportifs et culturels de la sous-région lors des Jeux de la Francophonie. La 10e édition est prévue en 2027 avec un montant de 2,65 millions d’euros (1 738 286 050 FCFA). Pendant ce temps, la jeunesse tchadienne profitera de l’opportunité de la Radio Sahel pour exprimer son point de vue sur la crise politique qui secoue ce pays.

2- la langue française au service de la démocratie et de la gouvernance
«Alors qu’au sein de l’espace francophone, le principe même de la démocratie est parfois remis en cause et que la recherche de la paix et de la stabilité se heurtent à des obstacles inédits, l’OIF entend utiliser au mieux le potentiel fédérateur de la langue française pour transcender les barrières culturelles et linguistiques et promouvoir, par une culture du dialogue, les valeurs qui la fondent: attachement à la démocratie, au pluralisme, à la bonne gouvernance», souligne l’institution internationale. Elle octroie à la cause un budget de 3,2 millions d’Euros (1 738 286 050 FCFA), dont bénéficiera partiellement l’Afrique centrale, pour l’implémentation du projet «Etat civil». Lequel devrait favoriser la modernisation des systèmes d’Etat civil et l’enregistrement systématique des naissances. Les moyens d’y parvenir portent essentiellement sur la formation, la sensibilisation, les plaidoyers, la production et la vulgarisation des bonnes pratiques. Des activités sont également projetées en vue de la tenue des campagnes d’enregistrement.

L’Organisation internationale de la Francophonie est résolue à intervenir pour le maintien de l’État de droit, des droits de l’Homme et de la justice dans les pays frappés par des crises. En l’occurrence, le Tchad, la Centrafrique, le Cameroun, pour ce qui est de l’Afrique centrale. Un financement de 5,7 millions d’euros (3 738 954 900 FCFA) permettra de renforcer les institutions pour l’adoption des lois et mesures y afférentes. La programmation de l’instance internationale de la francophonie en faveur de la cohésion sociale est enrichie d’un chapitre dédié au «soutien à la paix et à la stabilité».
L’OIF part en lutte contre les «désordres de l’information» pour les quatre années à venir. Son action va s’étendre aussi à la prévention des conflits dans les territoires de son ressort. Ce projet, précise l’organisme, sera implémenté dans les pays en phase de transition politique, ceux faisant face à des crises sécuritaires et au terrorisme. Ce critère a sans aucun doute permis de qualifier la sous-région pour ce financement collectif de 5,35 millions d’euros (3 509 369 950 FCFA). À la condition cependant que le Cameroun, le Tchad et la Centrafrique, principalement concernés, en fassent la demande officielle auprès de l’OIF.

3- La langue française, vecteur de développement durable
Le développement économique des 88 pays réunis au sein de l’OIF est une préoccupation. L’institution dénombre un certain nombre de pesanteurs qui en bloquent l’apogée. On y compte pêle-mêle les changements climatiques, la compétition pour l’accès aux ressources naturelles, la perte de la biodiversité, les inégalités économiques et sociales persistantes. Sept projets sont de ce fait arrêtés pour répondre à ces défis. La démarche dont bénéficie l’Afrique centrale consiste dans un premier temps en la réduction des inégalités et des disparités de genre. Il s’agit de booster l’autonomie économique et sociale des femmes en situation de vulnérabilité. Au travers du Fonds «la Francophonie avec elles», les organisations de la société civile (OSC) engagées pour leur cause reçoivent un soutien financier. Celui-ci devrait permettre de renforcer leurs actions de plaidoyer et d’accompagnement de la cible. Un montant de 4,4 millions d’euros (2 886 210 800 FCFA) est engagé subséquemment en faveur de l’Afrique centrale, de l’Ouest et du Nord, de l’Océan indien, de l’Asie pacifique, du Moyen Orient et du pacifique.

L’accomplissement de l’objectif de développement durable numéro 17 (partenariats pour la réalisation des objectifs) vient dans les priorités de l’Organisation internationale pour le prochain cycle quadriennal. Le projet «Innovations et plaidoyers francophones» en fait son cheval de bataille. Il entend accroître l’influence des femmes, des jeunes et des organisations de la société civile lors de l’élaboration des politiques publiques. Budget établi: 4,2 millions d’euros (2 755 019 400 FCFA) en faveur de l’ensemble des États francophones.

4- Le numérique
Un autre volet du portefeuille de projets de l’OIF en Afrique est consacré au renforcement des compétences numériques des populations. Ainsi, le projet «D-CLIC» a pour but d’outiller les femmes et les jeunes pour leur permettre de mieux appréhender les mutations de l’économie. Pour un montant de 6,8 millions d’euros (4 460 507 600 FCFA), l’institution entend «améliorer l’employabilité des jeunes et des femmes dans le domaine du numérique, à travers le développement de formations aux métiers du numérique, ainsi que l’initiation et le renforcement des compétences numériques de base des populations», renseigne le document de programmation. Il est également question de «renforcer les politiques publiques sectorielles en termes de structuration et gouvernance du numérique mondial, ainsi que les dispositifs nationaux favorisant la transformation numérique et le développement de l’emploi dans les filières numériques».
L’Afrique centrale bénéficiera du projet dénommé «Promotion des échanges économiques et commerciaux francophones». Il est arrêté avec l’objectif d’accompagner le développement des entreprises francophones; renforcer l’influence des États et gouvernements francophones sur la scène internationale; contribuer à l’amélioration de l’environnement des affaires. L’enveloppe collective dédiée à cette rubrique est de 6,2 millions d’euros (4 066 933 400 FCFA).

5- L’environnement
Les questions environnementales constituent une priorité pour l’OIF. Elle ambitionne d’outiller les acteurs étatiques dans le but d’optimiser la défense de leurs positions lors de négociations internationales. Le projet «Accompagnement des transformations structurelles en matière d’environnement et de climat» est de ce fait au programme. Il devrait aboutir à la mise en place des cadres de concertation francophones sur les enjeux des négociations; des actions de formations à la préparation des sessions de négociations pour les décideurs publics; des plaidoyers pour l’accès à la finance durable; et à la mise à jour des plans nationaux sur la biodiversité, entre autres.
En matière de préservation de l’environnement, le Bassin du Congo fait figure de priorité pour l’OIF. Elle implémentera de fait son projet de «Soutien aux initiatives environnementales dans le Bassin du Congo» au Cameroun, en Centrafricaine, RDC, République du Congo, Guinée Équatoriale et au Gabon. Pour un montant global de 4,775 millions d’euros (3 132 194 675). Ce dernier fonde des actions en faveur de la résilience des écosystèmes et des populations dans la zone concernée. Il est articulé autour de l’appui financier aux initiatives entrepreneuriales agricoles. Ledit projet vise aussi les formations pratiques en agriculture des jeunes et des femmes, le soutien à la mise en œuvre, au transfert et à la valorisation socio-économique d’éco-innovations intégrées, transformatrices, adaptées aux conditions régionales et accessibles aux populations vulnérables.

Louise Nsana

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