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Tunisie : Il était une fois, Essebsi

L’Afrique perd un homme de conviction et la Tunisie un de ses plus valeureux combattants pour la dignité.

Un combattant, un idéaliste, un âme éternellement jeune

Une fois l’annonce du décès du président Beji Caid Essebsi le 25 juillet, l’Union africaine a déclaré un deuil continental. Comme signes extérieurs, l’organisation continentale a mis ses drapeaux en berne pendant trois jours à son siège à Addis Abeba, ainsi que dans toutes les délégations de son système. En Tunisie, c’est un monument de l’histoire de la Tunisie qui rejoint ses pairs.

L’infatigable
Beji Caid Essebsi était sans aucun doute le dernier mohican tunisien. Dès 1938, alors jeune étudiant, il entame son engagement militant. Son éternel combat pour la dignité débute lorsqu’il devient vice-président de l’Association des étudiants musulmans nord-africains et membre actif de la résistance contre le protectorat français. Ami de lutte du président Bourguiba, il fut plusieurs fois ministre sous sa présidence, de 1965 à 1986. Dans la sécurité, la défense ou les affaires étrangères, il a toujours eu un rôle de premier plan auprès de Bourguiba. Il lui consacrera d’ailleurs un ouvrage intitulé «Habib Bourguiba : le bon grain et l’ivraie». Il finira par entrer en désaccord avec son système de gouvernance. Il fera de même avec Ben Ali. Après la révolution de 2011 et le départ de Ben Ali, il devient, le 27 février, Premier ministre du gouvernement provisoire postrévolutionnaire. Il quitte ce poste, le 24 décembre, pour céder la place à Hamadi Jebali. Il fonde le parti Nidaa Tounes, officiellement reconnu le 6 juillet 2012. Son élection à la tête de la Tunisie moderne en 2014 est la consécration d’une carrière politique. Il a la lourde responsabilité de forger la seconde république.

L’incompris
«Un jour ils comprendront, mais ce jour-là, je ne serai plus de ce monde», confiait Béji Caid Essebsi à Saida Garrach, porte-parole de la présidente, quelques mois avant son décès. Le 5 octobre 2011, il se rend aux États-Unis à la suite de l’invitation du président Barack Obama ; il y rencontre le président du Sénat Daniel Inouye et la secrétaire d’État Hillary Clinton. Il affirme «l’existence d’une ligne rouge à ne pas dépasser, et qui consiste à garder la définition de la Tunisie telle qu’inscrite dans la Constitution de 1959, un pays dont la religion est l’islam, et non pas une République islamique». Tout en exerçant la fonction présidentielle, celui qu’on nommait affectueusement BCE n’a pas cessé d’être militant.

Le 30 janvier, Béji Caïd Essebsi participe au 24e sommet de l’Union africaine à Addis Abeba, qui marque sa première sortie à l’étranger depuis son investiture. Il déclare que « la guerre nous a unis dans le passé dans notre lutte contre le colonialisme. Elle nous unit aujourd’hui plus que jamais dans la lutte contre le terrorisme ». Il affirme « la fierté de la Tunisie pour son appartenance africaine et sa détermination à reprendre sa place, à restaurer son prestige et l’éclat de ses liens historiques avec les pays du continent ». Il met l’accent, non seulement sur la lutte contre les organisations terroristes, mais aussi sur sa détermination à trouver une solution concernant la crise que connaît la Libye.

La Libye est l’un des dossiers sur lesquels il s’est le plus appesanti. À Paris, il déclare au président Macron que la solution militaire a toujours été la pire. Il lui indique que la solution est d’accompagner les Libyens à se parler et à se comprendre. Il est donc normal que la Libye et l’Algérie aient déclaré 3 jours de deuil national pour lui rendre hommage.

Zacharie Roger Mbarga

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