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Trouver autre chose que la démocratie occidentale

Le 23 janvier 2020, rentrant d’Israël où il avait participé aux commémorations de la libération du camp nazi d’Auschwitz, Emmanuel Macron tenait les propos suivants : «En démocratie, la liberté du peuple et sa souveraineté sont reconnues.

 

Une dictature, c’est un régime où une personne ou un clan décident des lois. Si la France, c’est cela, essayez la dictature et vous verrez. La dictature, elle justifie la violence pour en sortir». Le président français est ainsi convaincu que la France est une démocratie. L’historien Emmanuel Todd, lui, estime que cette démocratie est morte, que les Français sont plutôt dirigés par un petit nombre de personnes alors que la démocratie est le gouvernement (kratos) du peuple (dêmos) par le peuple pour le peuple. Ce constat, il le faisait pour la première fois en 2008 dans son ouvrage «Après la démocratie» qui défend l’idée qu’une oligarchie engagée dans une course aux profits manipule des citoyens en voie de paupérisation.

Todd est bien gentil en affirmant que son pays a basculé dans un régime post-démocratique mais il aurait employé le mot «dictature» qu’il aurait tapé dans le mille. Pourquoi? Pour cinq raisons. La première, c’est que la démocratie macronienne utilisa en 2018, via les policiers, la violence contre les gilets jaunes. Lors de ces violences, des manifestants perdirent qui un œil, qui un bras. La démocratie accorde pourtant le droit de protester contre de mauvaises conditions de vie et de travail.

Deuxièmement, lorsqu’un référendum fut organisé le 29 mai 2005 et que le peuple français se prononça contre la ratification du nouveau traité constitutionnel de Maastricht, Nicolas Sarkozy, trois ans plus tard, ne tint pas compte de ce «non». Or, en démocratie, seul le peuple est souverain. La troisième raison, c’est que, plusieurs fois, ni le Parlement ni le Sénat ne furent consultés quand des soldats français devaient intervenir à l’étranger, ce qui est une violation de l’article 35 de la Constitution française. Le gouvernement se contenta de les informer. Cela montre à quel point est ignorée la théorie de Locke et Montesquieu selon laquelle seule une séparation des pouvoirs permettra au législatif de contrôler l’action gouvernementale. Quatrièmement, plusieurs médias ont perdu leur esprit critique, ne sont plus le quatrième pouvoir, parce qu’ils appartiennent à des milliardaires (Dassault, Bolloré, Bouygues, Lagardère, Arnault et Drahi) ayant des accointances avec les hommes politiques. Enfin, quelle est cette démocratie qui soutient en Afrique des dynasties (Gnassingbé, Bongo et Deby) et le troisième mandat ? Les Chinois et les Russes, qui n’ont pas adopté la démocratie occidentale, sont-ils malheureux et sous-développés? Si la réponse est «non», alors l’Afrique doit tracer sa propre voie.

Jean-Claude DJEREKE

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