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Transport de l’électricité et indemnisations à Yaoundé : Le désarroi des familles sans titres fonciers

En l’absence d’un dédommagement, ces ménages basés à Meyo, Toutouli et Minkan (Yaoundé 4ème) ne savent pas où mettre la tête.

 

Un champ en attente de pylônes

Quand on perd un membre de sa famille, on se sent perdu, parce que l’on ne verra plus jamais la personne qui part. C’est très exactement le sort qui est réservé à plusieurs familles et personnes touché par la très haute tension. Cette traversé est localisée dans les villages de Meyo, Toutouli et Minkan dans l’arrondissement de Yaoundé 4e. En fait, ces dernières n’ont pas de chèques pour toucher des millions comme leurs frères et sœurs. On en compte une quinzaine dans le désarroi.

Ce qu’elles jugent inadmissible. «Pourquoi l’Etat se comporte comme les hommes d’affaires, en excluant certaines personnes des indemnisations? Où est-ce que nous irons?», se demande Etoungou Mani. Ce chef de famille est prié de faire ses bagages. Tout le monde devrait être indemnisé avec ou sans titre estiment-ils. C’est ici que nos ancêtres sont «quand même», se lamente Tobie Atemkoumou, également exproprié, mais pas indemnisé.

Cause
Le chef du village de Meyo fait la mise au point afin que ses sujets sachent pourquoi elles ne reçoivent pas des indemnisations. «L’Etat ne paye que les terrains possédant les titres fonciers, moi à mon niveau, j’essaye de parler aux autorités, on m’explique que c’est la loi», explique Sa Majesté Mani, chef de Meyo.

La désolation se lit sur le visage de Florentine Mbezele. Ce mardi 16 août, à la chefferie de Meyo, elle espère avoir une bonne nouvelle, mais le chef anéanti tout espoir. Elle fond en larmes. «Avec mes deux enfants et mes petits-fils, j’irai où, si on me donne un peu d’argent, je pars au sud chez ma mère. Je n’ai plus de village, où est ce qu’on va m’enterrer», se lamente la cinquantenaire.

Partage
Dans cette indemnisation, il y a des laissés-pour-compte dans les familles, surtout les héritiers des foyers polygamiques. D’autres estiment que le chèque venu au nom de la famille, doit être partagé entre tous les membres. «Nous sommes tous les enfants de papa, cet argent nous appartient aussi», estime Anicet Olounou Mane. Les autres membres de la même famille estiment que le courant épargne leurs frères, mais veulent partager l’argent. «C’est méchant de vouloir partager l’argent avec nous», soulève Elisabeth.

Mise en garde
Les chefs de 3e degré on aussi un autre rôle. C’est celui de demander aux populations de ne pas essayer de perturber les travaux. «Les forces de l’ordre vont sévir si vous essayer de déranger lors des travaux», avertit-il. Cette mise en garde est une trahison selon les populations. Elles estiment que les chefs n’ont pas joué leur rôle. Du coup, elles se constituent en groupes pour faire intervenir les médias. Inacceptable pour ces derniers. Ils ne souhaitent pas le scénario de Mehandann dans l’arrondissement de Mfou. Leurs sujets sont très remontés. «Nous avons un chef qui a peur des autorités administratives, il est amorphe», largue Joel lui aussi sans titre foncier. «Il sait seulement nous dire d’attendre. Les médias descendront quand il y aura les travaux et Paul Biya sera au courant», avertit-il.

André Gromyko Balla

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