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Transhumance transfrontalière : des solutions pérennes pour réduire les conflits entre États

À l’issue de la conférence, la principale recommandation des différentes parties est la signature des accords transfrontaliers pour encadrer le secteur d’activité afin de contribuer à l’atteinte des objectifs de développement durable.

Prise de conscience collective à Yaoundé

Du 10 au 12 juillet dernier à Yaoundé, s’est tenue la deuxième conférence internationale des ministres sur la transhumance transfrontalière-nexus: «transhumance, aire protégée et ressources naturelles, développement, paix et sécurité». Il faut souligner que la première conférence a eu lieu en 2019 à Ndjamena (Tchad). Pour cette deuxième édition, une dizaine de pays ont fait acte de présence à savoir le Cameroun, le Nigeria, le Niger, la République Centrafricaine, la République Démocratique du Congo, le Soudan, le Sud du Soudan, le Gabon, le Tchad, et le Burundi. La participation de ces hôtes témoignent à suffire de l’impérieuse nécessité pour les acteurs de trouver des solutions appropriées devant régir la transhumance transfrontalière. Le ministre de l’Élevage, des Pêches et des Industries animales, Dr Taïga, représentant le ministre des Relations extérieures (Minerex), a salué cette facilitation de la République Fédérale d’Allemagne, de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et enfin de la Commission des Forêts d’Afrique centrale (Comifac). Le motif, «leur soutien multiforme à la réussite de ces assises», se réjouit-il. «À l’issue des travaux, les conclusions reflètent parfaitement l’importance que les délégations attachent à l’approfondissement des relations de coopération entre nos États, les organisations et les partenaires internationaux qui traduisent sans équivoque la volonté de nos chefs d’État respectifs de travailler sur les questions de transhumance transfrontalière», renchérit-il.

Le président en exercice de la Comifac, Santus Niragira, ministre de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Élevage de la République du Burundi a affiché son satisfecit à la fin de la conférence. «Nous sommes heureux de voir cette conférence arrivée à la fin des travaux avec des conclusions satisfaisantes par rapport aux résultats attendus». Il en est de même pour Christian Ruck, facilitateur de la République Fédérale d’Allemagne du partenariat pour les Forêts du Bassin du Congo qui a exprimé «toute sa satisfaction pour le bon déroulement de cette rencontre, ainsi que les résultats attendus». Ces résultats ou conclusions devront à coup sûr «contribuer à la restauration, à la protection des écosystèmes fragilisés. De même, ils serviront de base à la gestion rationnelle des ressources naturelles d’Afrique centrale et au-delà de la région».

Recommandations
La conférence sur la transhumance en Afrique centrale s’est achevée par une série de recommandations. Celles-ci vont servir de boussole aux États membres pour mieux encadrer l’activité économique. Au final, sept points sont arrêtés. Il s’agit de la signature des différents accords transfrontaliers sur la transhumance. Les différents ministres ont pris acte du point de signature des accords et encouragent les pays à continuer les négociations bilatérales en vue de la finalisation et de la signature de tels accords. Les ministres recommandent ainsi à chaque délégation de porter au niveau de leur gouvernement respectif en vue de prendre des orientations conséquentes pour le développement des accords. Les États concernés par les accords transfrontaliers devraient s’appuyer sur la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), et la CEEAC. Par ailleurs, il est demandé aux intervenants de la mise en place d’un fonds de transhumance, les ministres recommandent de mener une étude élargie en vue de la mise en place d’un fond sur la transhumance et d’explorer les autres modalités de financement directement accessibles. En outre, il est recommandé aux États de mettre sur pied des politiques et stratégies pastorales en vue de sécuriser le foncier pastoral. Au final, les ministres notent que l’éducation des enfants pasteurs existe déjà dans certains pays. En revanche, ils invitent les différents États à veiller à la vulnérabilité sociale des éleveurs transhumants et de mettre en place un système d’éducation adapté à la mobilité et en s’inspirant des modèles qui existent dans certains pays.

Olivier Mbessité

Passations de service

France et Gabon, nouveaux facilitateurs entrants

Ils ont été présentés le 12 juillet dernier pour poursuivre les objectifs de la Commission des Forêts d’Afrique centrale (Comifac), pour la protection et la préservation des forêts du Bassin du Congo.

 

La Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) a présenté les nouveaux membres entrants facilitateurs qui vont travailler pour la poursuite des objectifs du développement durable (ODD), à l’instar de la protection de l’environnement et surtout du grand Bassin du Congo. Il s’agit du français Christophe Guilhou, directeur du développement durable, facilitateur du partenariat pour les forêts du Congo, et de Ghislain Moussavou, directeur général, au ministère des Eaux, des Forêts, de la Mer, de l’Environnement, chargé du plan climat et du plan d’affectation des terres au Gabon. Les deux personnalités remplacent à ce poste le facilitateur Allemand Christian Ruck. Pour le directeur du développement durable de la France, la nomination au poste de facilitateur «représente beaucoup pour la France, une fonction que la France a longtemps exercé il y a seize ans», déclare Christophe Guilhou.

Engagements
L’engagement de la France pour la gestion des forêts du Bassin du Congo s’inscrit dans le prolongement des interventions de l’Agence française de développement (AFD). À cet effet, il a fait savoir qu’en tant que directeur du développement durable au ministère français des Affaires étrangères, il est «en charge de faire avancer l’agenda 2030, et la transhumance est une thématique qui touche et fait écho à beaucoup de sujets portés au quotidien dans les enceintes internationales et régionales. En outre le directeur exécutif de l’AFD a rappelé l’intervention de la France sur ce sujet à travers trois principes opérationnels. À savoir: adopté une approche différenciée selon les contextes socio-économiques et écologiques, prioriser les populations vulnérables sur le plan économiques et social, et prendre en compte systématiquement les enjeux du changement climatique et de la protection de la biodiversité. À travers les projets donnés par l’AFD et l’Union européenne, la France continuera à se mobiliser pour appuyer les stratégies nationales au développement pastoral à l’exemple du projet pasteur mené au Tchad en 2015».

Le facilitateur gabonais Ghislain Moussavou, fait savoir que le leadership de son pays est reconnu mondialement sur la question de la gestion durable des forêts et sur la question des changements climatiques. Il jouit de cette expérience pour avoir travaillé avec le gouvernement français et d’autres sur les questions relatives aux engagements de nos États. «Nous avons pensé des initiatives dans le cadre de la protection de l’environnement, ainsi nous avons pris des décisions avant-gardistes sur l’exportation des grumes, il s’agissait là des décisions courageuses qui allaient dans le sens de la préservation des forêts», fait-il savoir. Et de conclure qu’il va travailler avec la France qui est un partenaire ancien. «Nous travaillerons avec la France de manière très solidaire, mais nous allons aussi pouvoir aider la France pour mieux construire ce partenariat au niveau de l’Afrique centrale».

OM

Santus Niragira, ministre burundais, président en exercice de la Comifac

«Les conclusions des travaux sont satisfaisantes»

Nous sommes arrivés à la fin de nos travaux avec des conclusions satisfaisantes par rapport aux résultats attendus. Nous saluons à cet effet les efforts des experts et des partenaires qui ont contribué à la mise en œuvre de ce processus. À travers les débats dans les différents panels, la transhumance a subi plusieurs formes d’agressions qui impactent sur la sécurité, et la dégradation des écosystèmes dont les aires protégées. Concernant les accords de coopération, nous sommes convaincus que les pays doivent suivre les consultations, pour qu’ils prennent en compte toutes les parties prenantes. Il est aussi important que le processus de transhumance soit pris en compte par les institutions concernées, notamment la CEEAC, la CEDEAO, tout en impliquant les institutions spécialisées de la sous-région telles que la CBLT, la CEBEVIRHA ou la Comifac.

 

Jules Doret Ndongo, ministre camerounais des Forêts et de la Faune

«Nous devrions signer un accord de coopération transfrontalière»

Au Cameroun, nous partageons les frontières avec beaucoup de pays dans lesquels se déroule soit la transhumance, soit il y a des activités d’aires protégées. Le Nigeria en fait partie. Du côté du nord, nous avons les accords avec le Tchad, la République Centrafricaine. Il y a des aires protégées transfrontalières du côté du Sud-Est avec le Congo et la RCA et du Sud-Centre avec le Congo et le Gabon, pour arriver à ce qui nous concerne avec le Nigeria. Nous avons une aire protégée importante qui est le Parc national de «Korok», et ce parc, lorsque vous traversez la frontière, il devient le Cross river national parc. Alors nous avons à faire aux acteurs qui n’ont pas besoin de passeport ou de visa et qui franchissent la frontière allègrement. Dans cet esprit d’une meilleure gestion des ressources naturelles et notamment de la faune, le Cameroun a bénéficié des appuis du ministère nigérian des Relations extérieures, du ministère camerounais des Relations extérieures et je voudrais dire que nous devrions signer en date du 16 mai dernier un accord de coopération transfrontalière au niveau de la conservation et de la gestion des aires protégées korok, et Cross river national parc.

Serge N’Guessan, directeur général pour l’Afrique centrale de la Banque africaine de développement (Bad)

«La Bad envisage le processus de modernisation de la transhumance»

En tant que partenaire technique et financier, la Bad joue un rôle de financement du Bassin du Congo, dans le financement des thématiques liées au changement climatique. Cette thématique sur la transhumance par les représentations des institutions est une thématique cruciale sur le plan économique, social et sur le plan de la sécurité. Je voudrais insister sur la dimension économique et sociale de cette tradition africaine de la transhumance. La banque souhaite faire de la transhumance un moyen d’élévation de nos communautés locales. Nous voulons voir en ce phénomène un moyen de financement de nos économies locales. Et partant de cela, l’approche stratégique de la Bad, est l’amélioration des conditions de vie de nos éleveurs, de nos communautés, et surtout la modernisation de ce processus de transhumance.

Propos recueillis par Olivier Mbessité

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